14/01/2013
La trahison des techniciens.
« La trahison des techniciens » (Luigi Zingales, L’Espresso) : « Aux Etats-Unis toute interview à Mario Monti commencerait par ‘Président, quand vous avez été nommé, vous vous êtes engagé publiquement à ne pas vous présenter aux élections et à faire des pressions pour que vos ministres fassent de même. Vous avez cependant créé un parti qui présente vos ministres. Comment pouvez-vous convaincre les électeurs à avoir confiance en vous alors que vous avez manqué à votre première promesse d’homme public ?’ En Italie les journalistes sont moins agressifs et une réponse probable serait ‘j’ai été contraint à le faire pour sauver les efforts faits et pour continuer mon programme’. Une intention louable mais erronée. Avec sa ‘montée en politique’, Monti mine la crédibilité de tout éventuel gouvernement technique tout comme son programme. Si au moment le plus grave de la crise Napolitano a fait appel à Monti, cela a été possible car le précédent gouvernement technique (Ciampi) était resté tel et les hommes politiques n’avaient pas peur de venir privés de leur autorité. Après la volte-face de Monti, quel homme politique ira-t-il soutenir encore un gouvernement technique connaissant le danger de réchauffer un serpent dans son sein ? Les crises demandent des réformes structurelles douloureuses qui, par définition, donnent leurs bénéfices à long terme alors que les coûts sont perçus dans le court terme : un binôme insoutenable pour tout homme politique. Le gouvernement des ‘techniciens’ ne devrait pas avoir comme objectif la réélection, mais l’Histoire. C’est cette différente perspective qui donne à un gouvernement technique une crédibilité majeure. L’entrée dans l’arène de Monti change la donne et trouble la transparence des choix de son gouvernement. La réforme de l’article 18 du Statut des travailleurs a-t-elle été réalisée pour améliorer le marché du travail ou pour complaisance envers Confindustria ? La décision de ne pas demander à l’Eglise de payer l’impôt immobilier arriéré a-t-elle été prise pour s’assurer l’appui du cardinal Bagnasco ? L’agenda Monti, jadis vision d’un illuminé, devient le programme de n’importe quel homme politique voulant remporter les prochaines élections. De cette erreur Monti devra en répondre à l’Histoire. Et à sa conscience. »
(Ambassade de France à Rome)
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