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13/09/2012

Pays-Bas : quelles leçons tirer des élections législatives ?

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1/ La focalisation du scrutin autour de deux visions différentes de la situation actuelle : la rigueur budgétaire stricte face à une rigueur modérée et un plan de relance en vue de soutenir la consommation.

Le Premier ministre VVD (Parti libéral de droite) sortant Mark Rutte défend la rigueur, promet le retour en dessous des 3% de déficit public en 2013 et est très critique vis-à-vis des pays du sud de l’Europe. Le dirigeant travailliste Diedrik Samson (PvdA) est plutôt critique à l'égard de l'orthodoxie budgétaire de Bruxelles. Il soutient modérément les pays du sud de l'Europe et désire un plan de relance de l'économie néerlandaise.

2/ L’effondrement continu  d’un des 3 piliers du système.  Les Pays-Bas disposent de 3 partis du système : un parti démocrate-chrétien, un parti socialiste (travailliste) et un parti libéral situé à droite (et aussi un parti libéral centriste).

Le plus ancien de ces 3 piliers est en déclin permanent.  Le CDA, parti démocrate-chrétien, a obtenu 44 sièges en 2003, 41 sièges en 2006,  21 en 2010 et 13 en 2012.

Voici les résultats de cette mouvance depuis la fin de la Première guerre mondiale :


Chambre à 100 députés :


1918 - 50 - (RKSP 30, ARP 13, CHU 7)

1922 - 59 - (RKSP 32, ARP 16, CHU 11)

1925 - 54 - (RKSP 30, ARP 13, CHU 11)

1929 - 53 - (RKSP 30, ARP 12, CHU 11)

1933 - 48 - (RKSP 28, ARP 14, CHU 10)

1937 - 56 - (RKSP 31, ARP 17, CHU 8)

1946 - 53 - (KVP 32, ARP 13, CHU 8)

1948 - 54 - (KVP 32, ARP 13, CHU 9)

1952 - 53 - (KVP 30, ARP 12, CHU 9)


Chambre à 150 députés :


1956 - 77 - (KVP 49, ARP 15, CHU 13)

1959 - 75 - (KVP 49, ARP 14, CHU 12)

1963 - 76 - (KVP 50, ARP 13, CHU 13)

1967 - 69 - (KVP 42, ARP 15, CHU 12)

1971 - 58 - (KVP 35, ARP 13, CHU 10)

1972 - 48 - (KVP 27, ARP 14, CHU 7)

1977 - 49 - (CDA)

1981 - 48

1982 - 45 → 43

1986 - 54

1989 - 54

1994 - 34

1998 - 29

2002 - 43

2003 - 44

2006 - 41

2010 - 21

2012 – 13

Cette tendance qui a représenté entre 1918 et 1963 la moitié des électeurs dispose désormais de moins de 10 % des députés.

Lors de ce scrutin de 2012, les électeurs sont revenus vers les partis du système, hors le CDA poursuit malgré cela sa chute.

3/ Parmi les partis de la coalition sortante (VVD-CDA, soutenus de l’extérieur par le PVV de Geert Wilders), le Parti libéral de droite du Premier ministre sortant Mark Rutte est le seul vainqueur. Une partie des électeurs du CDA n’a pas apprécié cette alliance avec le PVV. Le PVV de Geert Wilders  a perdu des plumes en soutenant le gouvernement CDA-VVD de l’extérieur (c’est ce qu’ont montré les sondages réalisés après la chute du gouvernement néerlandais), alors que cette méthode avait profité au Danemark au Parti du Peuple danois. La perte apparaissait cependant plus limitée que si le PVV avait eu des ministres.

4/ Les raisons de la raclée électorale enregistrée par le PVV de Geert Wilders sont à trouver avant tout dans la stratégie mise en place par ce parti lors de la campagne électorale. Geert Wilders a décidé de transformer le scrutin en référendum sur l’Union européenne et sur l’euro. Il n'a pas beaucoup exploité les thèmes qui ont fait son succès lors des autres élections : rejet de l'immigration, de l'islamisation, de l'insécurité,... Les propositions du PVV visant à sortir de l’euro et de l’Union européenne ont été considérées comme trop radicales et les électeurs ont préféré que leur pays reste au sein de ces structures.

Geert Wilders a dénoncé les économies que le gouvernement veut réaliser sur le dos des personnes âgées. Il n’a peut-être pas su convaincre sur ce sujet et le parti 50plus, qui défend les plus de 50 ans, a obtenu ses deux premiers députés nationaux.

En transformant le scrutin en plébiscite sur l’euro et l'Union européenne, le PVV a placé les électeurs face à un choix : voter pour la sortie de l’euro et de l’Union européenne avec le PVV ou poursuivre la politique actuelle avec les partis du système. La population a préféré l’aventure du soutien et des garanties financières pour les pays du sud de l’Europe, plutôt que l’aventure de la sortie de l’Union européenne et de l’euro. Entre deux aventures, la population a préféré celle qui est présentée par les médias comme un moindre mal et la moins risquée.

De plus, le PVV de Geert Wilders est apparu comme étant avant tout le parti d’un seul homme qui prend toutes les décisions, ce qui a amené des tensions au sein du parti et des départs.

5/ La gauche de la gauche, le SP, donnée en progression dans les sondages reste finalement sur ses positions. Elle garde ses 15 députés. Ce parti est opposé à de nouveaux transferts de souveraineté vers Bruxelles et ne désire pas voir respecté les 3 % de déficits public imposés par l’Union européenne. L’euroscepticisme n’a pas porté ses fruits non plus à gauche.

6/ Les écologistes de Groenlinks passent de 10 à 3 sièges. Ils doivent désormais licencier une partie du personnel du parti.

7 / Les libéraux du centre de D66 augmentent leur score de 2 sièges et atteignent 12 postes de député.

8/ Le Parti des animaux garde ses deux sièges.

9/ Les possibilités de formation d'un gouvernement sont restreintes. Soit les libéraux de droite et les travaillistes se mettent ensemble, soit le nouveau gouvernement devra être constitué d'une série de partis aux programmes peu compatibles, ce qui donnera naissance à un gouvernement instable  peu en mesure d'affronter la grave crise que traverse l'Europe.

10/ Le DPK, dirigé par l'ancien député du PVV Hero Brinkman, n'obtient pas de député. La fondation, il y a peu, de ce parti regroupant les restes d'anciennes formations politiques patriotiques n'est pas arrivée à conduire au développement au cours d'un laps de temps aussi restreint d'une seconde force politique patriotique en concurrence avec le PVV. L'avenir nous dira si cette formation politique arrive à percer.

11/ Les solutions prônées par Geert Wilders sont peut-être celles qui seront appliquées dans un futur plus ou moins lointain. Peut-être verrons-nous la fin de l'euro et même celle de l'Union européenne ? Cependant, pour gagner les élections, il ne faut pas être un visionnaire, il faut savoir dire au peuple ce qu'il a envie d'entendre au moment où il a envie de l'entendre. C'est ce qu'ont fait les libéraux de droite et les travaillistes. Demain est un autre jour. Le PVV survivra-t-il à cette défaite ? Geert Wilders sera-t-il remis en cause au sein de son parti ? Un autre parti patriotique ou un autre dirigeant prendront-ils la place de Geert Wilders et de son PVV ? Le PVV qui reste le troisième parti du pays gagnera-t-il les prochaines élections ? Geert Wilders sortira-t-il grand vainqueur du prochain scrutin ?  En attendant, Geert Wilders remercie ses électeurs et poursuit avec force le combat.

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Geert Wilders

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