31/10/2011
Berlusconi à l’attaque contre l’euro.
« Berlusconi à l’attaque contre l’euro » (La Repubblica)
« Sur la monnaie unique, Quirinal et palais Chigi ne sont pas en harmonie » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore de samedi) : « Quirinal et palais Chigi divergent quant à l’avenir de la monnaie unique. Pour Napolitano, l’euro est un choix irréversible, sans alternative autre que dramatique. Mais pour Berlusconi l’euro est ‘une devise qui n’a jamais convaincu personne’ (d’où les attaques spéculatives frappant notamment l’Italie), car ‘monnaie étrange, non pas d’un seul pays mais de plusieurs nations qui n’ont ni gouvernement unitaire ni banque de référence’ – et voilà pourquoi il est difficile de vendre les titres d’Etat, ou alors à des taux plus élevés, ce qui compromet les stratégies de désendettement de l’Etat. Attaque singulière. Le président du Conseil a beau, en fin de soirée, déclarer qu’on mal interprété ses propos, ces derniers, clairs, laissent peu de place à l’équivoque. Après la lettre portée à Bruxelles, par laquelle Berlusconi s’est engagé à mener à bien les réformes nécessaires, tout a changé en quelques heures : son européisme a commencé à vaciller quand le spread est remonté, quand les taux d’intérêt des Bons du Trésor se sont envolés au-delà de 6%, quand la Bourse a chuté. A dessein ou non, Berlusconi a attaqué non seulement l’euro mais aussi, entre les lignes, la politique de l’Allemagne et de la France, au moment où l’Union aurait surtout besoin de sérénité et de ténacité dans la mise en œuvre de la ligne fixée. Etonnamment, quelques heures avant cette charge imprévue, le porte-parole du gouvernement allemand avait dit ‘espérons que l’exécutif italien voie les choses de la même façon que le chef de l’Etat’. Le président du Conseil, qui semble se préparer à la campagne, ne s’embarrasse pas de subtilités. Il tente de se rallier les eurosceptiques en reprenant ses thèmes à la Ligue et paraît même lorgner du côté de la gauche radicale ennemie de la technocratie financière – et tant pis pour la cohérence. Or c’est là-dessus, cohérence et crédibilité, que l’Italie va être très bientôt jugée en Europe. »
« Le PdL remonte dans les intentions de vote. Effet Grillo, le PD en baisse » (Renato Mannheimer, Corriere de dimanche) : « L’exécutif se retrouve dans une situation complexe et dangereuse : pressé par l’Europe d’agir vite et efficacement, et en proie à des divisions internes (entre PdL et Ligue et au sein même des deux partis) qui l’empêchent souvent d’agir. Mais un élément joue en sa faveur : les forces d’opposition ne sont pas mieux loties, vu leurs conflits internes empêchant toute action incisive. En intentions de vote, on voit ces temps-ci un renforcement relatif du centre (dont FLI), vu comme une alternative aux deux camps dominants et, simultanément, une légère hausse du vote virtuel PdL et une érosion du score du PD – dont les conflits internes minent la crédibilité et amènent des voix au mouvement de B. Grillo. Par-delà ces évolutions partielles, la gauche est 7 points devant la droite en intentions de vote – ce qui ne veut pas nécessairement dire qu’elle gagnerait les élections, vu le poids crucial des alliances dans la victoire finale. La majorité des partisans du 3e pôle paraissent préférer qu’il reste autonome. Tous les électeurs, indépendamment ou presque de leur bord, demandent à l’exécutif de vite engager des initiatives concrètes de nature à favoriser à la fois la croissance et la réduction de la dépense publique. La quasi-totalité des Italiens souhaitent prioritairement la baisse du nombre de parlementaires, une lutte plus efficace contre la fraude fiscale, des aides aux entreprises qui embauchent et des incitations à créer des activités. L’idée d’un impôt sur le patrimoine est bien vue. La hausse de l’âge de départ à la retraite suscite une grande perplexité : 8% seulement des Italiens l’estiment ‘très opportune’ et 12% ‘assez opportune’, mais 4 Italiens sur 5 condamnent cette perspective – surtout chez les sympathisants des partis d’opposition et de la Ligue, mais aussi du côté du PdL. Une difficulté de plus pour l’exécutif, qui doit faire face à l’opposition d’une fraction élevée de ses électeurs sur l’un des projets-clefs du plan d’action économique et financier projeté. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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