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04/02/2009

Suisse : la votation, c'est dimanche.

Voici un article de La Liberté.
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L'INCERTITUDE EST TOTALE À QUATRE JOURS DU VOTE
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LIBRE CIRCULATION • En matière de prévisions, on nage en plein brouillard! Bien malin celui qui peut prévoir l'issue du scrutin du 8 février sur la libre circulation. Le sujet est aussi d'actualité au Royaume-Uni. Des milliers de salariés britanniques sont en grève depuis vendredi. Une colère aux airs protectionnistes: ils protestent contre l'engagement de travailleurs immigrés européens dans le secteur de l'énergie. C'est le premier mouvement social d'ampleur depuis que le pays s'est enfoncé dans la crise.
ERIK REUMANN


Côté façade, tout va bien. Le dernier sondage de la SSR donne le «oui» gagnant avec 50% contre 43% de «non» en vue de la votation sur la libre circulation de ce week-end. La campagne est restée calme et rationnelle, bien loin des émotions que suscitent en temps normal les questions européennes en Suisse.Côté coulisses, les partisans de la libre circulation et de son extension à  la Roumanie et la Bulgarie se rongent cependant les ongles. «Je suis très inquiet», avoue un responsable du PS. Le même sondage, réalisé entre le 19 et le 24 janvier dernier, montre aussi que le camp du «non» a progressé plus rapidement que celui du «oui». Un sondage précédent donnait encore 49% de «oui» contre 40% de «non», avec 11% d'indécis.

L'électorat flottant oublié

Le problème, ce ne sont pas tant les fidèles de chaque parti. «Je crois que tous tiennent bien leurs troupes», analyse le cadre socialiste interrogé. C'est d'ailleurs un reflet de la campagne: que ce soient l'UDC, le PS ou les partis centristes, tous semblent s'être avant tout adressés à  leur base, oubliant un peu l'électorat flottant. «Ce qui me fait souci, ce sont les citoyens qui gagnent entre 3000 et 5000 francs par mois et qui n'ont pas de préférence partisane. Avons-nous réussi à  les atteindre?», s'interroge notre observateur socialiste.La campagne n'a pas vraiment pris, note pour sa part Damien Cottier, responsable de communication du Parti radical. Le PRD a lancé ses annonces en décembre, dans la foulée de la dernière votation. Mais la crise financière et l'actualité internationale (transition gouvernementale américaine et crise de Gaza) ont tout relégué en arrière-plan, observe-t-il.Du côté de l'UDC, la campagne est aussi restée assez confidentielle. Certes, Christoph Blocher a fait une série d'apparitions publiques. Mais sa propre crédibilité a été malmenée par ses atermoiements sur la question. Dans un premier temps, il était opposé à  la tenue d'un référendum, avant de se voir forcer la main par les jeunes de son parti. Mais durant toute la campagne, on avait plutôt l'impression qu'il cherchait avant tout de convaincre les siens qu'il est bien resté le même et qu'il se contenterait d'une défaite honorable.«Au début je croyais aussi cela», avoue Damien Cottier. Mais depuis que l'UDC a tout récemment lancé une série d'annonces imputant l'accroissement du chômage en Suisse à  la libre circulation, il est moins convaincu par cette analyse. «Ils veulent gagner», estime-t-il désormais.Le front de l'UDC reste cependant confus: il mêle côte à  côte ceux qu'anime une hostilité totale à  la libre circulation, à  ceux qui se limitent à  la critique du paquet noué par le parlement, qui lie la poursuite des accords de libre circulation à  leur extension à  la Bulgarie et la Roumanie dans un même référendum. «C'est antidémocratique», répète Kevin Grangier, président des jeunes UDC vaudois. L'aile économique de l'UDC préconise pour sa part majoritairement le «oui», ce qui n'ajoute rien à  la clarté du message.

L'affichage tombe à  plat

Le camp du «oui» ne va pas beaucoup mieux. La campagne d'economiesuisse avec ses pommiers menacés de stérilité est tombée émotionnellement à  plat en dépit des moyens mis en œuvre, tandis que l'argument jusqu'au-boutiste du Conseil fédéral - «il n'y a pas de plan B en cas de non» - suscite plus de suspicions que de convictions dans une large frange de l'électorat. Même la traditionnelle polémique sur l'affiche de l'UDC - les Roumains et les Bulgares comparés aux corbeaux - est tombée à  plat.Les affrontements picaresques qui marquent habituellement les votations sur les questions européennes font donc totalement défaut. Les médias, pris dans le tourbillon de l'actualité de la crise financière et en partie démoralisés par les restructurations que celle-ci leur impose, n'ont pas pris le relais. «Ils se sont contentés de publier des dossiers majoritairement favorables à  la libre circulation», observe Kevin Grangier.

Prévisions difficiles

Mais n'est-ce pas là  le retour à  un certain train-train de la politique suisse observé par le passé? Il suffit de se pencher sur les courriers des lecteurs des quotidiens pour se rendre compte que sous le calme apparent, les opinions fermentent toujours. Les inquiétudes sur la présence de frontaliers à  Genève et d'Allemands de plus en plus nombreux à  Bâle et Zurich augmentent. Elles fragilisent des bastions traditionnels de la libre circulation. «S'ils deviennent trop hostiles, nous commencerons à  perdre systématiquement ce genre de votations», observe un de nos interlocuteurs. L'absence d'un débat public électrique, polarisant les citoyens de façon révélatrice, rend toute prévision sur le résultat de dimanche extrêmement difficile. Tous les camps s'accordent pour le dire: cela sera serré.

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