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29/05/2024

Giorgia Meloni : "Nous avons poussé l’Europe à regarder vers le Sud."

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Italie. Revue de presse.

La presse titre sur la poursuite de l’opération de l’armée israélienne à Rafah : « Israël ne s'arrête pas, les chars entrent à Rafah » (Corriere della Sera, Avvenire)« Les chars israéliens dans le centre de Rafah, un million de Palestiniens en fuite » (Sole 24 Ore). Les réactions aux déclarations du Secrétaire Général de l’Otan sur le fait d’autoriser Kiev à utiliser les armes fournies par les pays de l’Alliance pour frapper des cibles en territoire russe sont encore citées : « Armes contre la Russie, le front du oui s'élargit » (Messaggero), « Macron et Scholz donnent leur feu vert; Poutine attaque Stoltenberg » (Corriere), « Macron-Poutine, l'Europe tremble » (Stampa). Enfin, Repubblica titre en Une sur la campagne électorale pour les européennes « Scholz torpille Ursula [en raison de son virage à droite] », et propose une interview de Raphaël Glucksmann (« Jamais [d’alliance] avec les conservateurs, la gauche européenne est une protection contre les pro-russes »), tandis que la politique intérieure reste présente en une : « Meloni à Caivano, c’est l’affrontement avec De Luca » (La Stampa) [En déplacement, Giorgia Meloni a salué le président de la Région de Campanie en se qualifiant de « salope », en référence à une insulte prononcée à son encontre dans la presse par ce dernier.]

Les JT couvrent essentiellement   la guerre au Proche-Orient, avec l’entrée des chars israéliens dans le centre de Rafah, les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’utilisation d’armes occidentales dans le cadre du conflit en Ukraine et les menaces de Vladimir Poutine, ainsi que la réforme du « Premierato » dont le premier amendement sur la nomination des sénateurs à vie a été voté hier, et les excuses du pape François suite à ses propos sur les prêtres homosexuels.

ENTRETIEN, Il Mattino, de Giorgia Meloni, Présidente du Conseil, par Roberto Napoletano, « Nous avons poussé l’Europe à regarder vers le Sud » : « Il ne doit plus y avoir de lieux où l’Etat cède le pas, disparait et ignore les problèmes. A Caivano [ville proche de Naples qui avait été remarquée dans l’actualité, ndrl], nous avons montré que les choses pouvaient changer. Nous avons rétabli à Caivano la présence de l’Etat, des institutions et des forces de l’ordre, redonner à la population un parc où emmener les enfants, une crèche, un centre sportif. Cette ville doit être un modèle à exporter partout en Italie où il y a des difficultés semblables. Dans le dernier décret Cohésion nous avons alloué 3 milliards d’euros à destination de la périphérie de 14 villes métropolitaines et 39 villes moyennes du Sud de l’Italie. Cela nous permettra de lancer un vaste programme de régénération urbaine et sociale. Cet engagement de l’Etat enclenche un cercle vertueux qui encourage également les privés à apporter leur propre contribution. Le gouvernement suit par ailleurs avec une grande attention la situation sismique des champs Phlégréens, la priorité absolue est de garantir la sécurité des habitants. Beaucoup avaient prédit une catastrophe économique avec l’arrivée au pouvoir de notre gouvernement, pourtant les données économiques de cette première année et demie sont encourageantes. Pour en revenir au sud, que ce soit de l’Italie ou du continent européen, nous sommes convaincus que son destin n’est pas de vivre d’aides publiques et d’assistanat, mais de travail et de développement. Il faut pour cela valoriser la situation stratégique qui n’a pas été assez exploiter jusqu’à maintenant. Je pense en particulier à la mer, l’Italie est une plateforme naturelle au cœur de la Méditerranée, un pont entre l’Europe et l’Afrique, un carrefour entre l’océan Atlantique et Indopacifique, et pourtant pendant des décennies l’Italie ne s’est pas positionnée comme telle. Nous avons choisi de dépasser ce paradoxe en nous tourant vers la mer et en nous dotant d’une vision d’ensemble. La première pierre de cette stratégie est le Plan de la Mer pour lequel nous avons réuni tous les acteurs publics ayant des compétences en lien avec la mer, fait dialoguer les filières, recueilli les propositions des entreprises et établi un document concernant tous les aspects de cette ressource et définissant des objectifs ambitieux. Notre système portuaire et logistique doit être plus central dans les flux maritimes européens et internationaux, et nous devons soutenir la transition énergétique du transport maritime. Il faut aussi renforcer la primauté italienne dans le domaine des grands chantiers et de l’industrie navale, en étant attentifs aux spécificités du secteur de la mer, sans oublier des atouts nationaux qui contribuent à notre PIB de manière irremplaçable : le tourisme, la pêche et l’aquaculture. Un des nouveaux défis qui nous attendent est par ailleurs celui du monde sous-marin et des ressources géologiques des fonds marins, un nouveau domaine dans lequel l’Italie peut jouer un rôle de premier plan. [La cohésion et la réforme de la gestion commune des fonds européens] peuvent être décisives pour permettre au Sud d’être dans la compétition à armes égales avec le reste du territoire national. Nous avons réformé l’instrument de cohésion, c’est-à-dire en permettant de lutter contre les disparités entre les territoires, pour faire en sorte que les ressources, européennes et nationales, soient dépensées au mieux. Il s’agit au total de 74 milliards d’euros dont 42 milliards de fonds européens. Des ressources très précieuses qui, trop souvent par le passé, n’ont pas été dépensées correctement. Nous avons notamment introduit une mesure fondamentale pour le sud, à savoir le Fonds de péréquation des infrastructures et l’obligation d’allouer au moins 40% des investissements pluriannuels. 2,8 milliards d’euros ont été dégagés pour soutenir l’emploi, essentiellement dans les régions du sud. Une Zone économique spéciale unique pour la Sud a été instituée (simplifications administratives, allègements fiscaux), remplaçant la précédente ZES limitée aux territoires liés aux ports. Nous travaillons à un plan stratégique pour la valorisation des points forts du sud. Pendant longtemps, les gouvernements italiens se sont contentés d’être des ‘’appendices’’ de ce qui était décidé au cœur de l’Europe, faisant de l’Italie la périphérie de l’Europe et du sud de l’Italie la périphérie de la périphérie. Nous plaçons la Méditerranée au centre de notre vision géopolitique, poussant l’Europe à regarder vers son Sud. L’Italie est ainsi devenue centrale dans une nouvelle dynamique internationale qui comprend l’Afrique du Nord et la Méditerranée élargie. Depuis toujours, je m’engage pour construire une Europe diamétralement opposée à celle que nous avons connue jusqu’à présent. Nous ne voulons pas d’une Europe qui nous impose quoi manger, quelle voiture conduire, quels vêtements porter, comme rénover nos maisons et peut-être quoi écrire et quoi penser. Nous voulons une Europe qui n’en fasse pas tant mais mieux, qui s’occupe des grands enjeux, à savoir la politique étrangère et de sécurité commune, protagoniste dans les théâtres de crise, et qui laissent tout le reste à la souveraineté nationale. C’est la position historique des conservateurs européens, que nous continuons à défendre. Nous promouvons la vocation de l’Italie et en particulier du Sud de devenir un hub de l’approvisionnement énergétique de l’Europe, en nous appuyant au mieux sur la position stratégique en Méditerranée. L’énergie doit être utilisée comme source de développement pour tous, avec un modèle avantageux pour les pays qui produisent cette énergie comme pour les pays qui la consomment et peuvent compter sur des chaînes d’approvisionnement plus proches et plus résistantes aux chocs extérieurs. Il ne faut rien soustraire aux autres nations, mais laisser quelque chose en retour et construire quelque chose ensemble, c’est pour cette vision qu’il y a une grande demande d’Italie en Afrique et ailleurs, et que les portes nous sont ouvertes. Nous portons plusieurs projets, comme l’interconnexion ELMED entre la Tunisie et l’Italie, au nouveau corridor H2 Sud pour le transport d’hydrogène d’Afrique du Nord vers l’Europe centrale, aux projets pilotes que nous voulons lancer au Kenya sur les biocarburants en lien avec 400 000 agriculteurs d’ici 2027, et au Maroc avec un grand centre de formation d’excellence dans le domaine des énergies renouvelables. Le Plan Mattei bénéficiera d’une dotation initiale de 5,75 milliards d’euros, véritables investissements pour une croissance commune de l’Italie et l’Afrique. Il y aura d’autres contributions des institutions financières internationales, des banques multilatérales de développement, de l’UE, d’autres pays. L’approche italienne se distingue par le refus de toutes les approches précédentes, paternalistes, caritatives, prédatrices, et nous serons à l’écoute de nos partenaires. L’Afrique est parmi les priorités de la présidence italienne du G7. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de G. Bianconi, « Réforme de la justice : l’appel des magistrats et le rôle du Quirinal pour assurer l’indépendance de la magistrature » : « Le fait de montrer de manière préalable au Quirinal une proposition de réforme impliquant notamment le Chef de l’Etat en tant que chef du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) est une coutume de politesse institutionnelle. La Présidence de la République n’a pas fait de recommandations mais a juste pris acte de la volonté politique du gouvernement d’avancer sur une réforme constitutionnelle. La majorité peut ainsi modifier l’article 107 prévoyant que ‘’les magistrats se distinguent entre eux uniquement en raison de la diversité des fonctions’’ et qui représente la pierre angulaire de l’unicité de la carrière entre juges du siège et du parquet. Ou encore effacer le terme ‘’élus’’ pour les membres du CSM, introduisant ainsi le système de la nomination par tirage au sort. Cela relève des compétences du pouvoir législatif même si la Constitution prévoit des procédures et modalités particulières. Toutefois, des modifications aussi radicales ont des limites indiquées par la Cour Constitutionnelle : ne pas toucher les principes fondamentaux fixés par la première partie de la Constitution, prévoyant entre autres la séparation des pouvoirs de l’Etat et par conséquent l’autonomie et l’indépendance de la magistrature. Et c’est justement ce point qui suscite les craintes et les critiques des magistrats (de toute orientation ou courant) qui voient dans la séparation des carrières la prémisse d’une soumission des juges d’instruction au pouvoir exécutif. Le gouvernement et la majorité assurent ne pas vouloir cela et cet aspect a été répété encore hier au Quirinal par le ministre de la Justice Carlo Nordio. D’où la proposition d’instituer deux CSM, qui seraient présidés par le Chef de l’Etat. Il faudra voir ensuite dans le détail le texte de la réforme approuvé en Conseil des ministres et surtout comment il sera modifié lors du passage parlementaire qui s’annonce compliqué. Cette réforme est devenue une bannière identitaire du gouvernement, même si cela n’a aucune influence sur les vrais problèmes de la justice : la lenteur des procès et les sous effectifs, qui auraient besoin de simples lois, rapides et bien ciblées. Cela est bien connu par les magistrats tout comme par Sergio Mattarella. Le Président de la République ne peut qu’attendre de voir la physionomie que prendra cette réforme et exercer ensuite son rôle de contrôleur et de garant des principes fondamentaux. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Franco, « Les préjugés et les soupçons qui tuent le dialogue politique sur la réforme du Premierato » : « Ce qui s’est passé hier au Sénat confirme que le dialogue autour des réformes institutionnelles s’annonce difficile et il le sera davantage notamment sur le ‘’Premierato’’. Non seulement car à l’origine le quorum n’était pas atteint à cause de l’absence d’une partie de la majorité. Quand le débat a commencé, la tension entre le gouvernement, la présidence du Sénat et les oppositions a atteint un tel niveau que la séance a dû être suspendue pendant de longues minutes. Croire que ce bras-de-fer s’explique par le climat de campagne électorale n’est qu’en partie vrai. On a désormais un sentiment commun d’être déjà en pleine campagne référendaire. Or, le Parlement doit encore se prononcer sur la réforme et le référendum n’est pas encore une étape inévitable. Le dialogue se trouve toutefois enlisé car ni la majorité ni les partis d’opposition ne le croient vraiment possible. Chacun se prépare ainsi à l’affrontement. Il suffit d’un mot mal choisi pour déclencher la polémique. A cela s’ajoute le flou sur le contenu du texte et surtout sur le système électoral qui sera choisi. Les propos récents de Meloni sur la ‘’mère de toutes les réformes’’ suscitent des doutes, au point que Renzi a dit ‘’Il n’y aura pas de Premierato, ce n’est qu’une perte de temps’’. Il est improbable toutefois que le Palais Chigi renonce à cette réforme. Or, les incertitudes sur les délais pour l’adoption du texte demeurent et les oppositions, divisées sur plusieurs points, sont en train de s’unir contre ce changement radical de la Constitution. Les difficultés sur l’avancement en parallèle de la réforme de l’autonomie régionale, chère à la Ligue, ne facilitent pas les choses. Par ailleurs, le ministre de l’Economie Giorgetti a reconnu qu’il était impossible d’en prévoir l’impact financier. Tout laisse croire qu’une réforme partagée de la Constitution est à ce stade impossible. Il y a trop de soupçons et de préjugés réciproques, auxquels s’ajoute la tentation de faire prévaloir la force des voix dans l’hémicycle sur l’exigence de trouver un terrain commun. »

ARTICLE, Il Foglio, de G. Pompili, « Départ imminent du porte-avions Cavour, la mission dans l'Indopacifique commence samedi, mais Meloni ne veut pas déplaire à Pékin » : « La longue mission du Cavour, porte-avions de la marine italienne, dans l'Indopacifique débutera le 1er juin. Ce sera la première fois dans cette région et c’est un signal politique important dans une région où les alliés réclament depuis longtemps une plus grande présence des puissances européennes, en particulier face aux activités agressives de la Chine. Cependant, depuis un certain temps, la Présidence du Conseil tente de minimiser la mission italienne, et cela pourrait être lié à la visite de Giorgia Meloni à Pékin en juillet prochain. Meloni ne veut pas irriter la Chine. Le Cavour part en mission mais dans la discrétion. La Présidente du Conseil avait confirmé pour la première fois la mission italienne dans le Pacifique en février dernier à Tokyo aux côtés du Premier ministre Fumio Kishida, promettant que l'Italie serait ‘’de plus en plus présente dans l'Indopacifique’’. Une opération devant servir à "accroître et améliorer la présence italienne, en particulier l'année de la présidence du G7, l'Indopacifique étant, compte tenu de la taille du Groupe des Sept, particulièrement important", avait déclaré Meloni. Mais ensuite, la mission du Cavour a été peu médiatisée voire cachée. Le problème qui se pose à la Présidence du Conseil ces jours-ci de médiatiser le moins possibles les positions italiennes proches de celles de l'Amérique et de ses alliés lors des prochains mois, jusqu’à la visite de Meloni à Pékin, afin de ne pas provoquer de tensions avec la Chine (pas de message de félicitations, par exemple, au nouveau président taïwanais Lai Ching-te, qui a pris ses fonctions lundi dernier). Ces dernières semaines, les incidents dans ses eaux sensibles n’ont pas manqués, comme les tirs d’avertissements de la Chine contre un hélicoptère de la marine australienne dans le cadre d'une opération de l'ONU en Mer Jaune, et ce n’était pas le premier incident ayant suscité des protestations officielles de Canberra. Selon le Foglio, le Carrier Strike Group italien dans l'Indopacifique touchera certainement un port militaire japonais et participera aux exercices militaires bisannuels Pitch Black de l'Australie : il y a deux ans, entre l'Amérique, le Royaume-Uni, l'Inde, les Philippines et d'autres pays asiatiques, seuls deux pays européens, la France et l'Allemagne, avaient participé aux exercices Pitch Black. D’après l'annonce de la flotte américaine du Pacifique la semaine dernière, la présence de la France et de l'Allemagne est confirmée, ainsi que la première participation de l'Italie pour les Rimpac 2024, les plus grands exercices navals du monde prévus du 26 juin au 2 août dans les îles Hawaï et les eaux alentours. Le gouvernement italien a donc autorisé la participation d'un Carrier Strike Group à des exercices dont la portée est non seulement tactique mais aussi politique. Pour Washington, cette décision de Meloni, qui s’ajoute à la fin du projet de la Route de la Soie chinoise, suffit à considérer à nouveau le gouvernement italien comme digne de confiance, y compris pour ce qui est de ses relations avec Pékin. Pourtant, plusieurs rapports des Ambassades des pays du G7 à Rome évoquent la tentative de Meloni de naviguer avec prudence dans l'Indopacifique, sans déplaire ni à Washington ni à Pékin et en faisant tout son possible pour éviter que la mission du Cavour ne se transforme pas en un message anti-chinois. Les deux prochains mois, avec d'abord la réunion du G7 à Borgo Egnazia avec Joe Biden et immédiatement après la visite de Xi Jinping à Pékin, seront compliqués pour la cohérence de la politique étrangère italienne. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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