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20/04/2023

"Migrants, le gouvernement dans le chaos, la protection spéciale a juste été limitée." et "Réduire les impôts pour ceux qui font des enfants."

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Italie. Revue de presse.

L’adoption du décret modifiant le Plan national de relance (PNRR) et la limitation de la protection spéciale pour les migrants (au lieu de sa suppression)  se partagent les gros titres « PNRR, le rappel [de Fitto (Frères d'Italie)] aux ministres [pour collaborer et mettre fin aux résistances] » (Corriere della Sera), « [Migrants, PNRR et justice] les ministres en échec » (La Repubblica), « Migrants, le gouvernement dans le chaos, la protection spéciale a juste été limitée » (La Stampa). « Baisse du taux de natalité, le plan du ministre Giorgetti (Ligue) : réduire les impôts pour ceux qui font des enfants » (Il Messaggero). « Evasion de l’homme d’affaire russe Artem Uss, les magistrats critiquent le ministre Nordio pour la procédure disciplinaire décidée contre les juges de Milan » (Corriere della Sera).

Les JT couvrent la visite du Président de la République S. Mattarella à Cracovie, le débat politique sur l’adoption du décret sur les migrants, et le déraillement d’un train de marchandises bloquant le trafic ferroviaire entre le nord et le sud du pays. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, F. Basso, E. Marro : « Le Pnnr passe le vote de confiance. Le Palais Chigi dirigera le dossier et aura plus de pouvoir » : « La Chambre des députés a approuvé hier, par vote de confiance, le décret de loi sur le Pnrr, qui avait déjà obtenu le feu vert du Sénat. Aujourd’hui est attendu le vote final sur le texte qui réforme la gouvernance du Plan national de relance, en attribuant en rôle majeur dans la gestion à la Présidence du Conseil, avec l’objectif d’améliorer la réalisation des interventions prévues jusqu’en 2026 et ne pas risquer de perdre 19.5 milliards d’euros de financements européens. Le décret prévoit également des mesures de simplification des procédures du Pnrr et le renforcement du système des ‘vases communicants’, cher au ministre Fitto. Cela permet de renvoyer les projets qui ne pourront être conclus avant 2026 sur les fonds de cohésion qui prévoient des délais plus longs, jusqu’en 2029. La nouvelle gouvernance aura une Structure de mission auprès du Palais Chigi tandis que le monitorage sur l’utilisation des ressources du plan reste une compétence du Ministère de l’Economie. L’Italie négocie actuellement avec l’UE une nouvelle modulation du Pnnr ‘’ pour favoriser les secteurs de la culture et du tourisme ‘’ affirme Fitto. La secrétaire du Pd, Elly Schlein, se dit très préoccupé pour la mise en place du Plan et a accepté de travailler conjointement avec le M5S sur le sujet. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Cremonesi : « Migrants, la protection spéciale inquiète la majorité. La Ligue se démarque des déclarations du ministre Lollobrigida (Frères d'Italie) » : « Cela fait deux mois que le gouvernement discute de l’abolition de la protection spéciale pour les migrants, et le moment est venu de faire la différence entre les proclamations et la complexité de l’action gouvernementale concrète.  Le sujet agite les groupes à l’UE et les alliances internationales. Mais aussi le front interne, avec la demande du président de la Conférence des Régions, Massimiliano Fedriga de la Ligue, qui a demandé hier une rencontre au ministre de l’Intérieur, Matteo Piantedosi (Indépendant). Des représentants de la Ligue ont également critiqué les déclarations du ministre Lollobrigida sur le remplacement ethnique. La loi sur les migrants sera approuvée ce matin au Sénat avec les restrictions sur la ‘protection spéciale’. Piantedosi déclare que ‘’ le gouvernement veut que ces instruments puissent être utilisés pour mieux protéger les migrants en fuite de situations dangereuses, mais ne doivent pas servir comme un raccourci pour ne pas respecter les règles d’entrée et de séjour dans le pays. A la Chambre des députés le gouvernement proposera avec toute probabilité le vote de confiance sur le décret Cutro. Entretemps hier, une double votation au Parlement européen a bloqué la proposition du PPE sur l’attribution de ressources aux Etats pour construire des ‘murs’ aux frontières. »

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Matteo Piantedosi

ARTICLE, La Repubblica, « Baisse du taux de natalité, Meloni mise sur la fiscalisation » : « Giorgia Meloni aurait voulu annoncer elle-même la baisse des impôts pour favoriser la natalité. C’est la raison pour laquelle elle considère comme une impolitesse (un mauvais geste attribué à la Ligue) le fait que la nouvelle ait été anticipée hier dans la presse, sur l’existence d’un dossier ouvert au Ministère de l’Economie du ministre Giancarlo Giorgetti. Il s’agirait de l’énième duel politique entre le Palais Chigi et Matteo Salvini. Il est utile d’expliquer les priorités repérées par la présidente du Conseil comme pilier d’une prochaine réforme. L’idée est d’introduire une baisse importante des impôts (allant de 50 à 66%) pour les familles qui ont au moins deux enfants et de baisser de 100% ceux qui en ont trois. C’est donc sur ce projet, qui est encore à un stade d’embryon, qu’un bras-de-fer souterrain entre Meloni et la Ligue a commencé. Pour Meloni, cette mesure vise à se substituer au chèque unique des allocations familiales versé chaque mois aux familles ayant des enfants. La Ligue a une idée différente, voulant maintenir ce chèque et introduire des déductions fiscales d’environ 10 000€ pour chaque enfant en charge, sans limitation de revenu. En général, selon Meloni, cette mesure galvaniserait les consommations, ainsi que les recettes fiscales, réduisant ainsi l’impact sur les caisses publiques. Un coût qui apparait néanmoins bien important. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Francesco Lollobrigida (Frères d'Italie), ministre de l’Agriculture et vice-président de Fratelli d’Italia « Je ne connaissais pas la théorie du complot, c’est une attaque injuste contre moi » : « ‘’Je n'ai pas fait référence, dans mes propos, à des points de vue qui sont d’ailleurs très éloignés de mes origines. Je ne pense pas qu'il soit correct de me qualifier d'ignorant parce que, jusqu'à hier, je ne savais pas qui était M. Kalergi [théoricien du « remplacement ethnique », utilisé par le ministre, ndt.]. Je ne perds pas mon temps à lire ce qu'écrivent les comploteurs fous. Je parlais de manière positive de l'immigration légale, dont le premier ennemi est l'immigration illégale. Certains pensent que si nous avons moins d'enfants, la solution serait d'avoir plus d'immigrés. Mon propos visait à indiquer une alternative à cette solution. C’est un concept clair pour dire que le gouvernement prend acte d’une baisse dramatique du taux de natalité. Si nous sommes Italiens et nous pensons qu’il est juste de sauver nos valeurs, alors nous devons les protéger par le biais de la naissance d’enfants. Je suis contre l’utilisation politique du mot « race ». Celui qui ne comprend pas la différence entre ethnie et race est un fou. Je ne participerai pas aux célébrations de la Fête de la Libération du 25 avril car je serai au G7. Ce n’est pas un alibi, j’espère faire retour à temps pour y participer car j’y tiens. »

ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri « Elly ou pas Elly ? » - La nouvelle dirigeante du PD à sa première conférence de presse mais les journalistes n’ont pas saisi ce qu’elle a dit au juste : « Interrogée par les journalistes sur l’incinérateur de Rome, Elly Schlein répond ‘’je viens d’être élue il y a juste un mois. Nous héritons de choix déjà faits’’. Et si cela dépendait de vous ? ‘’Je ne m’y opposerai pas’’. Interrogée sur le soutien à Kiev, elle répond avoir confirmé son soutien à l’ambassadeur ukrainien, mais se dit ‘’perplexe’’ quant à la hausse des dépenses militaires pour contribuer à la défense de l’Otan, affirmant ‘’je suis plutôt favorable à des politiques de défense européennes’’, qui, à ce stade, n’existent pas. Interrogée sur la GPA et la bataille pour la défendre, elle répond ‘’je suis favorable’’, ce qui représente une nouvelle. Puis elle ajoute ‘’mais j’écoute aussi ceux qui s’y opposent’’. Il fallait s’y attendre. Bref, quand les questions deviennent piégeuses, Schlein adopte une vieille ruse, celle de répondre rapidement tout en restant flou. Quand en revanche la question est innocente, comme ‘’qu’en pensez-vous des politiques migratoires ?’’, elle répond jusqu’à ennuyer son interlocuteur. La journée d’hier aura été marquée aussi par une sorte de compétition à deux, dans l’opposition : d’une part Schlein à sa conférence de presse, d’autre part Giuseppe Conte qui manifeste avec les siens à Rome, contre l’incinérateur voulu par le maire PD Gualtieri. Le dirigeant du M5S a dit aux micros des journalistes ‘’le PD doit être clair. Schlein devrait être cohérente et participer à cette manifestation’’ puis il lance sa provocation ‘’si elle est d’accord avec nous, elle peut toujours changer d’avis’’. Conte a bien raison d’adopter cette stratégie, puisque son alliées est piégée par une longue série de « j’aimerais bien mais je ne peux pas ». Par ailleurs, le 25 avril, les deux dirigeants participeront aux célébrations dans deux villes différentes. »  

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Battistini « Mattarella rend hommage à Wojtyla et fait pression sur l’intégration européenne, vitale pour la défense commune » : « N'ayez pas peur, c'est le sens "wojtylien" de son appel à l'un des gouvernements européens les moins pro-européens, le gouvernement polonais, et peut-être aussi à ceux qui, en Italie, voudraient faire prévaloir les seuls intérêts nationaux. Le président cite Jean-Paul II et sa foi dans le Vieux Continent : n'ayez pas peur de vouloir l'Europe et de la défendre ensemble, car "la nécessité de faire de l'Europe un protagoniste ne trouve pas de réponse adéquate dans la vision d'une Union comme somme temporaire et changeante d'humeurs et d'intérêts nationaux, donc, par définition, perpétuellement instable". On ne peut pas être anti-européen et en même temps poursuivre une défense commune, comme c'est parfois le cas des pays qui côtoient la frontière ukrainienne. Toujours dans son allocution à l’université de Cracovie, Mattarella a souligné ‘’il est erroné de penser à une Europe étant le fruit d’une course à perte d’haleine pour affronter des problèmes décidés par d’autres’’. »

ARTICLE, La Repubblica, « Les magistrats critiquent la décision du ministre Carlo Nordio (Frères d'Italie) » : « Il s’agirait d’une ‘’grave ingérence’’ voire même d’une ‘’dérive dangereuse’’. L’Association Nationale des magistrats (ANM) et les juges milanais sont sur le pied de guerre après la décision du ministre Nordio d’ouvrir une procédure disciplinaire contre les trois juges de la Cour d’Appel, accusés de ‘’négligence grave et sans excuses’’ au sujet de l’affaire Uss. Ainsi, l’évasion de l’oligarque russe est en train de creuser un clivage entre le Garde-sceaux et la magistrature. Le ministre est prêt à défendre sa décision et prendra la parole à la Chambre cet après-midi, dans le but d’exclure toute sous-estimation ou décisions non prises à temps de sa part. Le Parti démocrate déplore lui un rejet de responsabilité. Hier après-midi, une rencontre entre Nordio et Meloni a eu lieu, le gouvernement ne pouvant pas se montré divisé face à l’irritation des Américains. En même temps, la Présidente du Conseil veut comprendre s’il y a eu ou pas au ministère de la Justice des ‘’temps de réaction’’ trop lents. »

 

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Carlo Nordio

COMMENTAIRE, Repubblica, M. Minniti, ancien ministre de l’Intérieur : «Au-delà de l'Ukraine, l'Europe et les nouveaux équilibres » : « La guerre en Ukraine semble clouée dans une dramatique "impasse sanglante". L'offensive russe est en effet en train de s'essouffler et le principal effort porte aujourd'hui sur le renforcement des lignes de défense. Cette impasse n’est pas une trêve. Au contraire, elle est dramatiquement alimentée par la mort de combattants et de civils. L'après-guerre, la fin de la guerre, aujourd'hui, reste encore difficilement imaginable. A ‘ partir d’un possible renforcement significatif de la présence de l'OTAN avec des forces ‘prêtes au combat’ en Pologne et dans les États baltes. Comme l’anticipe le New York Times, tout cela pourrait être décidé lors du prochain sommet de l'OTAN à Vilnius. Le maximum de force défensive et le maximum de force de dissuasion seront déployés. L’initiative la plus importante depuis la guerre froide. La guerre civile qui a éclaté au Soudan est une preuve supplémentaire du lien entre la guerre en Ukraine et l'Afrique. Dans ce grand pays africain très peuplé, la Russie a d'énormes intérêts. A’ partir des mines d'or gérées par Wagner en étroite relation avec les paramilitaires du Rsf de Hemedti. Jusqu’à la construction, approuvée lors de ces dernières semaines, d'une base militaire navale qui ouvrirait les portes de la mer Rouge à la Russie. Une mer stratégiquement de plus en plus cruciale dans les équilibres mondiaux. Nous ne savons pas s'il y a eu une ingérence directe de la Russie dans le déclenchement du conflit. Mais nous savons que l'évolution possible du conflit vers une "guerre civile" aurait des effets catastrophiques. D'où l'initiative d'acteurs régionaux importants pour l’éviter : de l'Égypte aux Émirats Arabes Unis, de l'Union africaine à l'Arabie Saoudite, en faveur d'un cessez-le-feu immédiat. L'Arabie saoudite, de plus en plus "indépendante" des États-Unis, a signé un accord historique avec l'Iran.  Les deux pays, rivaux depuis toujours, ont ouvert une voie de coopération sur un thème parmi les plus importants pour les Saoudiens : le Yémen. L'échange de prisonniers avec les Houthi consolide le cessez-le-feu et ouvre la perspective de la paix. Mais tout le monde sait que sans la Chine, sans sa médiation et ses garanties, cet accord n'aurait jamais vu le jour. Mais le Sud du monde ne peut être laissé aux mains de la Chine et de la Russie. Un grand défi, décisif pour la construction de la paix et d'un nouvel ordre mondial, qui met directement en cause les États-Unis, l'Europe, "la grande alliance des démocraties". C'est l'Europe qui peut, plus que toute autre, retrouver une mission historico-politique. C'est à elle de dialoguer avec le Sud. Une Europe forte d'un partenariat stratégique indissoluble avec les États-Unis : ensemble, en tant que protagonistes, pour construire une paix juste et durable et créer un nouvel ordre mondial. Aujourd'hui, plus que jamais, ce sont les deux faces d'une même médaille. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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