12/05/2021
"Le silence de l’Europe sur les migrants ; personne ne répond à l’appel de l’Italie."
Italie. Revue de presse.
La presse italienne s’intéresse à nouveau ce matin au débat sur les réouvertures, le premier ministre Mario Daghi refusant de céder aux pressions des partis souhaitant que les règles soient assouplies plus rapidement. « Sur les réouvertures, Draghi dit stop à tout le monde. La réunion n’aura lieu que lundi prochain, et le centre-droit l’attaque en demandant la suspension du couvre-feu » (Corriere della Sera). « Sur les réouvertures, Draghi ralentit » (Il Messaggero). « Réouvertures et couvre-feu, nouvelle rencontre. Pour les régions, le plan vaccinal est à revoir » (La Stampa), « Sur les réouvertures, à présent Draghi appuie sur le frein, et il y aura de nouveau paramètres » (Il Fatto Quotidiano). Le sujet de la vaccination est aussi mis en avant par La Repubblica : « En juillet, des vaccins pour les jeunes ».
L’autre sujet qui occupe les unes concerne la crise migratoire à Lampedusa, avec l’entretien dans la Stampa du ministre des infrastructures intitulé : « Giovannini, il ne faut jamais fermer la porte aux migrants ». Le Corriere della Sera reprend en première page une tribune de Roberto Saviano sur le même sujet : « Migrants, l’urgence humanitaire ». D’autres titres relèvent l’attente d’une réponse européenne : « Sur les migrants, pour le moment l’UE déçoit Rome « (La Repubblica), « A présent, il faut des vrais règles » (Avvenire).
Sur Twitter, parmi les hashtags les plus fréquents, à signaler #Gervasoni, en référence à l'enquête déclenchée par la publication sur les réseaux sociaux de propos violents à l’encontre du Président de la République Sergio Mattarella. Cette enquête vise un professeur universitaire se proclamant ouvertement souverainiste. C’est surtout le post de la dirigeante de Fratelli d’Italia, Giorgia Meloni, laquelle remet en doute la légitimité de l'enquête au nom de la liberté d’expression, qui soulève plusieurs réactions.
ARTICLE, Corriere della Sera, « Les réunions (séparées) entre Démocrates, Salvini et Meloni pour parler du Quirinal » : « Si ces derniers jours, des dirigeants influents du Parti démocrate de différents courants ont rencontré séparément Salvini et Meloni pour discuter du Quirinal et de la loi électorale, il y a une raison. En fait, deux. La première est qu'ils sont conscients de ne pas disposer d'un bloc numérique suffisamment important pour élire leur propre candidat à la présidence. La seconde est qu'ils sont convaincus qu'ils doivent changer la loi électorale s'ils veulent concourir à l'avenir pour la (re)conquête du Palais Chigi. Mais même le centre-gauche aborde le vote en se divisant. Et malgré le fait que les Démocrates et les 5Stelle soient ensemble depuis deux gouvernements, les barrières politiques et les polémiques révèlent encore qu’ils se considèrent comme des adversaires. Au point qu'hier, Appendino a annoncé que le M5S ne voulait pas voter pour le candidat démocrate à Turin, s'il arrive un jour à se présenter au scrutin. Soyons clairs : la situation n'hypothèque pas le résultat des élections de l'automne. Boccia (membre du PD) a déjà parié que "à la fin, nous gagnerons 4-1" dans les cinq villes les plus importantes. Mais il ne fait aucun doute - comme l'explique Quagliariello pour Cambiamo - que "les jaune et rouge sont plus faibles un match dans lequel, sur le papier, nous sommes les outsiders"».
ENTRETIEN, Il Fatto Quotidiano, de Giuseppe Conte, dirigeant désigné du Mouvement 5 Etoiles : « Nous sommes alliés avec le PD mais nous ne sommes pas ses subordonnés » : « ‘’La refondation d'une force politique prend du temps, elle nécessite une discussion continue à tous les niveaux. Nous sommes prêts maintenant. Nous avons une charte de principes et de valeurs, un nouveau statut, une plateforme de vote alternative : dans quelques jours, nous aurons les coordonnées des membres, il y aura un grand moment de confrontation publique et ensuite nous voterons. D'ici un mois, vous connaîtrez le programme et le nouveau M5S. La limite du second mandat ne figure pas actuellement dans le statut et ne figurera donc pas dans le nouveau statut. C'est une question que nous aborderons plus tard, en totue transparence. La direction politique du M5S doit être distinguée de la gestion technique de la plateforme. Malheureusement, de la part de l'Association Rousseau, il y a eu une ingérence pressante dans les choix politiques : mais en démocratie, si vous avez un projet alternatif, vous le présentez et vous le faites voter. La meilleure approche à l'égard du Président du Conseil Draghi, qui a des qualités incontestables, est de partager avec lui la complexité de la phase d'urgence que nous traversons. Le soutenir de manière loyale, sans faire croire aux citoyens qu'un seul homme au pouvoir peut résoudre tous les problèmes du pays. La meilleure approche est de soutenir le gouvernement et nous espérons tous qu'il pourra poursuivre son chemin. Ce ne serait pas responsable envers les citoyens de dire en ce moment, avec tous les problèmes en cours, que Draghi doit aller au Quirinal. J’ai des origines catholique-démocrates, je viens du centre modéré, qui regarde vers la gauche. Ce sera un mouvement caractérisé par une culture écologique, nous serons à l'avant-garde dans ce domaine. Nous serons du côté de l'inclusion et de la justice sociale. Sommes-nous de gauche ? Classez-nous comme vous le voulez, mais la réalité est que nous allons également aborder les besoins de l'électorat modéré. Je soutiens la réduction des impôts. Nous devons réformer le système fiscal pour le rendre plus équitable. Je suis engagé avec le PD dans un dialogue sur un pied d'égalité, sans aucune subordination. Je n'ai jamais eu de doutes sur le fait de soutenir la candidature de la maire Raggi. J'espère qu'au second tour, le candidat qui l'emportera sera soutenu par tous. A Turin aussi : essayons de trouver des synergies, il y a un candidat de la société civile qui peut rassembler tout le monde et être très compétitif. Je ne dirai pas son nom, mais le PD le connaît bien’’.»
ENTRETIEN, Il Messaggero, d’Enrico Letta, dirigeant du Parti démocrate « Roberto Gualtieri candidat pour Rome, le PD uni pour le soutenir » : « ‘’Jamais auparavant un ancien ministre de l'économie ayant occupé des postes prestigieux en Europe ne s'était présenté comme maire de Rome. Le raisonnement fait avec Nicola Zingaretti était que son engagement dans la capitale ne pouvait pas mettre en danger la pérennité du conseil régional, engagé dans la mission de mener la campagne de vaccination. Le PD ira bien aussi dans les banlieues. Parce que l'idée que Roberto Gualtieri avance est celle du tournant du centre-gauche que j'ai imprimé dans le discours du 14 mars : celui du parti de la proximité, non plus des ZTL (zones à circulation limitée propres aux centres-villes historiques en Italie, ndlr) et des centre-ville. Gualtieri est la personne qui peut refaire de Rome la capitale du monde. Parce que notre capitale n'aspire plus à avoir ce rôle de capitale mondiale, ce qu'au contraire la maire Hidalgo à Paris souhaitait fortement. C'est une histoire parallèle, celle de Rome et de Paris. Nous avons besoin d'un maire d’envergure mondiale. Le choix de Roberto Gualtieri est le choix d'une personne capable de rendre ce sens à Rome comme capitale mondiale. L'accord PD-M55 ? Nous parlons d'une convergence qui a conduit l'Italie à gouverner pendant la pandémie avec des résultats positifs, après quoi pour Rome et Turin, ce sont deux villes où en 2016 le PD a perdu et qui a vu l’élection de deux maires - Appendino et Raggi - dont le travail est jugé très mauvais par le PD. Il n'y a donc aucune possibilité de convergence sur ces deux maires qui briguent un deuxième mandat. Nous irons au second tour et ce seront les 5 étoiles qui devront se poser le problème des choix à faire’’. »
PREMIER PLAN, La Stampa, de M. Bresolin « Le silence de l’Europe sur les migrants ; personne ne répond à l’appel de l’Italie » : « Suite à la demande d’aide de l’Italie, relayée toute la journée d’hier par les services de la Commission européenne, aucun pays membre ne s’est porté volontaire afin d’accueillir les personnes arrivées en Sicile, pas même ceux qui auparavant se sont montrés disposés au principe de répartition. Pour le moment, les capitales ont évoqué des motifs liés à la pandémie qui complique tous les déplacements de personnes. Mais les raisons sont également politiques. Macron est freiné par le climat pré-électoral, il suffit de penser que Michel Barnier, tenté de rejoindre la course électorale pour les Républicains, a proposé hier de ‘’suspendre l’immigration pendant 3 à 5 ans’’ et de ‘’rediscuter des accords de Schengen’’. D’autres n’ont pas de problème à exprimer ouvertement leur opposition, à l’image de l’Autriche dont la ministre des politiques européennes parle d’un ‘’message erroné’’ à propos de la redistribution des migrants en Europe. Elle s’est exprimée après l’intervention au Conseil des Affaires Générales d’Enzo Amendola, qui considère la question comme prioritaire et européenne. Pourtant, le sujet des migrations n’a pas encore été inscrit à l’ordre du jour du Conseil européen informel du 25 mai et dont le programme est déjà dense. Mais le gouvernement italien souhaiterait que la question soit traitée, en prévision du sommet des ministres de l’Intérieur prévu le 7 juin prochain. En attendant, Mario Draghi a mis sur pied une équipe ministérielle sur la question réunissant ses ministres de l’Intérieur, de la Défense et des Affaires étrangères. Pour sûr, il ne sera pas facile de mettre en place une mission européenne de sauvetage en Méditerranée comme l’a proposé Enrico Letta à travers son idée d’élargir le mandat de la mission Irini, malgré l’opposition de la Ligue. La commissaire européenne pour l’immigration souhaiterait plutôt travailler directement sur les départs. Sur ce plan, la ministre Luciana Lamorgese insiste là aussi sur la nécessité d’une plus grande solidarité de l’Europe. »
ARTICLE, Correire della Sera, « Sur les Migrants, Rome presse l'UE mais c’est l'impasse sur les relocalisations » : « La reprise des débarquements à Lampedusa, interrompue hier uniquement en raison de mauvaises conditions météorologiques, inquiète l'Italie. Le sous-secrétaire aux affaires européennes, Enzo Amendola, a soulevé la question lors du Conseil "Affaires générales" de l'UE à Bruxelles, même si elle ne figurait pas à l'ordre du jour : "C'est une question qui concerne non seulement notre pays, mais aussi l'Europe et ses frontières, avec l'arrivée de nombreux migrants en provenance de Libye et de Tunisie - a-t-il expliqué -. Nous avons besoin d'une réponse urgente aux débarquements en cours, au nom de la solidarité européenne. La frontière maritime italienne est une frontière européenne". L'Italie a obtenu le soutien des pays du Sud, mais le mécanisme de solidarité européen ne fonctionne pas. La Commission européenne coordonne les relocalisations des migrants impliqués dans les opérations de recherche et de sauvetage, mais sur les dernières arrivées, aucun engagement n'a été pris par les États membres - a expliqué un porte-parole - malgré les efforts de la ministre de l'intérieur Luciana Lamorgese pour activer un système de relocalisation volontaire comme celui établi dans le cadre de l'accord de Malte de 2019. Les contacts avec les homologues des pays de l'UE les plus favorables se poursuivent. M. Lamorgese se rendra également en Tunisie le 20 mai avec la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, pour un projet de développement. L'Italie souhaite que l'UE apporte une solution "structurelle" au problème de la migration, comme le demande Mme Lamorgese, et pas seulement sur une base volontaire. Le problème ne concerne pas seulement la gestion des demandeurs d'asile mais aussi celle des migrants économiques irréguliers. Il y aurait jusqu'à 70 000 migrants sur les côtes libyennes, prêts à s'en remettre aux trafiquants. Depuis 2018 à ce jour, 1 273 migrants ont été transférés d'Italie vers d'autres États membres de l'UE. »
ARTICLE, La Repubblica, « Sur les migrants, le ministère de l’intérieur prévoit des hotspots en mer pour la quarantaine » : « Cinq navires, 3500 places, des tests et des soins à bord. C'est un énorme hotspot en mer sur lequel le Viminal compte pour ne pas se retrouver pris de court face à un été qui s'annonce très difficile. Une île de Lampedusa en état d'urgence permanent est une hypothèse que l'Italie entend absolument éviter en cherchant à obtenir le renouvellement du pacte de Malte. Luciana Lamorgese l’a rappelé hier devant les autres ministres de l'Intérieur européens réunis à Lisbonne sur la gestion des flux migratoires : "Nous avons besoin de mécanismes de solidarité concrets et solides, y compris d'urgence, sur le modèle de ceux prévus à Malte en 2019". Et, dans les prochains jours, le Premier ministre Draghi (qui a fait le point hier matin sur le dossier de l'immigration avec Lamorgese, Di Maio et Guerini) reviendra faire pression sur les États qui, en octobre 2019, avaient adhéré à l'accord de Malte (France, Allemagne, Portugal, Irlande) afin qu'ils renouvellent l'accord qui, au cours des six mois d'expérimentation avant que le Covid ne bloque le mécanisme, a permis la relocalisation d'environ 1000 migrants débarqués sur nos côtes. Si l'initiative italienne devait trouver des adhésions, le gouvernement en informera la Commission européenne. En attendant, le ministère italien de l'intérieur élabore son plan pour l'été. Et mise tout sur les navires de quarantaine : cinq (avec du personnel de la Croix Rouge à bord) ont été identifiés, pour une dépense journalière 36.000 euros, supportée par la Protection Civile avec l'aide de la Santé et des régions en ce qui concerne les frais de santé. Pour l'instant, les places ne manquent pas : pour alléger le hotspot, l'"Azzurra" et l'"Allegra" ont été envoyés à Lampedusa : sur les 1620 places disponibles, 1130 ont été occupées. Un troisième navire, l'"Adriatico", en revanche, vient de débarquer à Porto Empedocle pour quelques centaines de personnes secourues il y a deux semaines par Sea Watch. A disposition, toujours vides, on retrouve le Splendid et l'Excellence. "Les navires de quarantaine assurent un hébergement plus que décent et des soins de santé adéquats aux personnes qui arrivent, et garantissent également la paix sociale", expliquent les sources à l’Intérieur. Une fois la période d'isolement terminée, bien sûr, jusqu'à ce qu'un mécanisme de redistribution soit à nouveau actif, l'Italie devra prendre en charge l'hébergement des migrants en attendant le résultat des demandes d'asile. Même dans ce cas, les places dans les centres ne manquent pas : de 2019 à aujourd'hui, les places occupées du système d'accueil italien ont diminué de près d'un tiers, aujourd'hui à 75 000 contre près de 120 000 en 2019 ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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