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10/02/2021

Salvini : " Nous sommes avec Draghi mais arrêtons les polémiques. Sur les migrants, les contrôles se feront avec les lois en vigueur."

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Italie. Revue de presse.

Les dernières consultations des partis par Mario Draghi, hier, en vue de former un nouvel exécutif, et les premiers éléments de programme de gouvernement afin  d’obtenir la confiance au Parlement, font les gros titres des médias italiens : « Chaos parmi les 5 Etoiles face au chemin tracé par Draghi » - La consultation en ligne des membres du Mouvement reportée par Grillo : attendons son discours public (Corriere della Sera), « Gouvernement, Draghi dicte ses conditions à Salvini » - Opposition à la Flat tax, Europe forte et droits de l’Homme, le dirigeant de la Ligue mis au pied du mur (La Repubblica), « Draghi, la plateforme Rousseau représente son dernier obstacle» - Berlusconi et Salvini disent oui à Draghi ; Grillo reporte la consultation des siens (La Stampa), «Draghi, une imposition progressive et moins de taxes sur le travail» (Sole 24 Ore), «Draghi, moins de taxes sur le travail» (Il Messaggero), « L’effet Berlusconi» - La rencontre avec Draghi (Il Giornale), « Berlusconi est de retour » - Grillo bloque la consultation sur Rousseau et attaque Salvini (Fatto Quotidiano).

ARTICLE, La Repubblica, de S. Folli « Quand le centre droit devient la vedette » : « Avec une certain esprit rusé, le centre-droit a réussi à occuper la scène médiatique. Il a mieux exploité les deux « tableaux » sur lesquels se déroule la crise gouvernementale. Le première se situe dans la salle où Draghi a rencontré les délégations des partis. Le deuxième, en revanche, correspond à la salle de presse où les partis politiques se mettent en scène. Ils y font connaître leurs priorités, mais ils s'adressent surtout à leurs électeurs ; et l'on n'échappe pas au sentiment que derrière ce micro, ils parviennent à donner plus de détails et à être plus prolixes que devant le Président du Conseil désigné qui les a poussés à la synthèse. Les partis sont renvoyés dans leur domaine d’exercice, ce qui est essentiel et ne peut être confondu avec les intrigues d'une classe politique sans souffle. C'est pourquoi on dit que Draghi peut inciter le système à se régénérer : pour la bonne raison que l'ancien président de la BCE n'agit pas comme un technocrate, mais comme un homme doté d'une sensibilité politique. Cette sensibilité dont il a besoin pour prendre en compte certaines des demandes des partis qui voteront son soutien au Parlement. Draghi n'est certainement pas naïf. L'intelligence politique pourra le porter vers le bon équilibre entre techniciens et politiciens dans l'équipe. Dans tout cela, comme nous l'avons dit, le centre-droit a occupé le devant de la scène, hier. Le retour de Berlusconi après une longue période, le nouveau style « européiste » de Salvini, l'opposition pragmatique annoncée par Giorgia Meloni. Le centre-droit a habilement joué ses cartes. Alors que le PD et son allié 5S semblaient plus conventionnels, encore étourdis par la chute de Conte : le problème pour eux est que la majorité politique n'est pas là, comme l'a rappelé avec suffisance Berlusconi. Et l'hypothèse de la fameuse « majorité Ursula » a fait un bond en avant grâce à Salvini. Il appartient maintenant au centre-gauche de rattraper le retard pris au niveau des médias, mais peut-être surtout au niveau politique.».

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco « Un laboratoire qui limite les manœuvres de la part des partis » : « La marge de manœuvre et l’influence des diverses forces politiques seront moins importantes que ce que les dirigeants des partis voudraient faire croire. La question de la durée de cet exécutif n’est pas non plus entre leurs mains, malgré les déclarations divergentes de chacun. L’horizon semble plutôt celui, au moins, des prochaines élections présidentielles en 2022. Il est très probable aussi que l’équipe gouvernementale soit faite d’un panachage de techniciens et de politiques, désignés par Mario Draghi avec l’appui du Quirinal, et que le reste des forces politiques ne soient tenues au courant de la liste des ministres qu’à la fin, et tenues de l’accepter. Le silence de Draghi jusqu’à présent tranche avec la profusion de déclarations des partis. Quant au fameux ‘’périmètre’’ de la nouvelle majorité, une seule chose est sûre : un ancrage européen et pro-atlantique clairs en matière de politique extérieure, sans dérogations ni concessions possibles. Le virage pro-européen de Salvini n’est qu’un début. Au nom de la crise, les frontières du système politique sont en train d’être redéfinies selon un modèle plus inclusif mais désamorçant le jeu des oppositions de principe. Le M5S a tenté de combler son retard vis-à-vis des autres forces politiques au cours de ces derniers mois, mais la consultation via la plateforme Rousseau continue d’apparaître comme une caricature de démocratie. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « La vidéo de Grillo qui fait monter les enchères : nous attendons ses idées puis nous voterons » : « Beppe Grillo a annoncé sur le blog du M5S le report du vote sur le gouvernement Draghi. La nouvelle date est incertaine, mais ce sera probablement vendredi. ‘’Nous attendons qu’il ait les idées claires, qu’il dise ce qu’il compte faire’’. Le fondateur du Mouvement affirme que le nouveau Président du Conseil a apprécié la proposition de revenu universel et les demandes des 5 étoiles en matière d’environnement. Il continue à prôner le oui en faveur de Draghi mais fait monter les enchères : ‘’La Ligue ne doit pas faire partie du gouvernement, elle ne comprend rien à l’environnement. Mais Draghi dit qu’il ne sait pas encore. Donc nous verrons’’. Le changement de cap survient suite aux consultations. On assiste à la première vraie campagne électorale de l’histoire du mouvement. Les rebelles s’organisent et tentent d’attirer les indécis sur la décision à prendre sur Draghi. Certains protestent : ‘’de cette façon nous risquons de faire naître une majorité relative’’. »

ENTRETIEN, Avvenire, de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue « Nous sommes avec Draghi mais arrêtons les polémiques. Sur les migrants, les contrôles se feront avec les lois en vigueur » : «’’Ce qui nous intéresse, c’est de défendre l’intérêt des Italiens en Europe et nous pensons être en mesure de le faire. Les conditions sont là. En tant que premier parti italien, nous avions le devoir de répondre à l’appel du Président de la République : nous travaillons pour relancer l’Italie. Nous sommes en Europe pour changer certaines règles européennes - le professeur Draghi lui-même a reconnu qu’elles ne marchaient pas - et pas pour changer de groupe ou de bannière. Nous sommes pragmatiques. Draghi n’est pas comme Monti : il n’est pas là pour faire des coupes ou pour condamner les Italiens avec des lois iniques comme celle de la réforme des retraites « Fornero ». Il a une idée de relance que nous apprécions, basée sur les investissements, moins d’impôts, et sur les infrastructures. Mon entrée dans l’équipe de gouvernement ? Je ne cache pas que cela me ferait plaisir mais je laisse les pronostics aux autres. Ce qui m’intéresse, ce sont les projets concrets. J’attends les propositions du Président Draghi. L’Immigration ? Je crois qu’il est utile de s’aligner avec les autres pays européens, en rappelant que celui qui se passe en Italie arrive aussi en Europe. Sur les expulsions, les refoulements et les contrôles des frontières, nous pouvons suivre l’exemple de l’Espagne, de l’Allemagne ou de la France, qui sont bien plus sévères que nous. Quand j’étais ministre, je n’ai pas uniquement défendu la sécurité des Italiens mais surtout quelques milliers de vies, les données de l’ONU sur les morts et les disparus en témoignent. J’ai également aidé les vrais réfugiés à avoir l’accueil et les droits qu’ils méritent. La loi actuellement en vigueur me suffit, avec une politique de contrôle digne de ce nom. Il faudrait insérer au niveau fiscal le principe du quotient familial et de la réduction des impôts sur la base du nombre d’enfants : ce serait un investissement pour le futur. La défense de la vie et la protection de la famille sont des points incontournables pour la Ligue. Nous avons évoqué clairement avec le professeur Draghi un ministère pour les personnes handicapés, qui ont été oubliée cette année, et qui mérite la plus grande attention’’ »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Vito Crimi, chef de file du Mouvement 5 Etoiles « Nous avons obtenu des éléments rassurants, mais nous n’entrerons pas dans cette majorité à n’importe quel prix » : « Le vote sur la plateforme Rousseau a été repoussé car une approbation du gouvernement Draghi pourrait faire exploser le Mouvement, mais Crimi se montre sûr de lui : ‘’Je suis mon chemin la tête haute, il est sérieux et responsable’’. ‘’Mario Draghi m’a fait bonne impression sur les différentes thématiques, notamment pour son approche pragmatique. Mais nous n’entrerons pas au gouvernement à tout prix, nous sommes en train de nous concerter. Nous ne nous dirons pas simplement oui ou non à la figure de Draghi, mais à un programme : nous attendons de voir ce qu’il ressortira des consultations avec les partenaires sociaux. En dix ans, nous sommes toujours restés unis, il y a des personnes qui voient les choses différemment mais aucune scission ne se prépare. La participation au nouveau gouvernement est une occasion à ne pas perdre. Nous souhaitons un exécutif politique. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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