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01/09/2011

Interview de la sœur de György Budaházy, le prisonnier politique le plus célèbre de Hongrie.

Hongrie. Ces 5 et 6 août 2011, nous avons rencontré à Veröce, près de Budapest, la sœur de György Budaházy, la femme de György Budaházy et le Député élu sur les listes du Jobbik et avocat Gaudi-Nagy Tamás.

 

Soeur Budahazy.JPG

Edda, soeur de György Budaházy, et une inculpée.

Interview d’Edda Budaházy, sœur de György Budaházy :

 

Depuis quand György Budaházy est-il maintenu en prison ?

 

György Budaházy est emprisonné depuis 2 ans et 2 mois.

 

Combien de personnes sont-elles encore en prison ?

 

Deux personnes : György Budaházy et Endre Szàsz. Ce dernier a pu rentrer chez lui durant une semaine puis a été contraint de retourner en prison.

 

Combien de personnes sont-elles impliquées dans le procès ?

 

Au total, 16 personnes sont poursuivies, accusées de terrorisme. Une autre est suspectée d’avoir fourni des balles. Un des inculpés est assigné à résidence, mais est autorisé à se promener à 500 mètres, au maximum, de son domicile entre 10h et 12h. Deux autres personnes sont assignées dans la région où elles habitent.

 

Quel est l’état de santé mental et physique de György Budaházy ?

 

Son état mental est très bon. Il rédige des commentaires d’actualité qui sont publiés sur des sites Internet nationalistes.

 

Par contre, son état de santé physique se détériore. Il manque de vitamines et de soleil, ce qui lui occasionne des problèmes de peau. La nourriture est de mauvaise qualité. De plus, les autorités interdisent à la famille de lui envoyer de la nourriture ou des vitamines. En Hongrie, certaines prisons autorisent l’envoi de nourriture aux détenus, d’autres pas.

 

Où en est le processus judiciaire ?

 

La prochaine audience se déroule en septembre, mais la date du jugement n’est pas connue

 

Comment se porte la famille de György ?

 

Il a deux filles et un fils. La fille est un peu affectée mentalement. Son plus jeune fils a des problèmes psychologiques. Les enfants peuvent visiter leur père une fois par mois accompagnés d’un seul adulte. Je ne lui ai rendu visite en prison que deux fois en deux ans.

 

D’autres procès sont-ils en cours ?

 

Un autre procès a eu lieu à propos de l’attaque de 2006 contre le monument soviétique à Budapest au cours de laquelle la plaque qui figure sur cet ouvrage a été emmenée (lors de l’insurrection de 1956, le peuple a réalisé le même exploit et la population apprécie cet acte). La sanction est tombée : une amende de 200.000 forints et 800.000 forints pour les frais de justice. Cette somme, qui équivaut à 3.600 euros, a été réunie via une collecte de fonds.

 

Pour ses écrits de 2006 et 2007 visant à renverser l’ordre en place, György Budaházy a été condamné à un an de prison avec sursis.

 

Lors du procès actuel, les droits de la défense sont-ils respectés ?

 

Durant le procès, de nombreuses violations du droit ont lieu. Les allégations contre György Budaházy ne sont pas étayées par des preuves. En tant qu’inculpé, il n’a pas accès à tous ses documents. Il avait un ordinateur portable contenant les documents du procès et l’appareil lui a été confisqué. Le magistrat poursuit le procès alors que György Budaházy n’a pas accès à l’ensemble des documents de la procédure judiciaire. Lors d'un témoignage réalisé à son encontre, György Budaházy a été forcé de quitter l’audience.

 

Existe-t-il des indices de culpabilité ?

 

Les allégations contre György Budaházy ne sont pas étayées par des preuves. Il n’y a pas d'éléments matériels (empruntes, cheveux, communications téléphoniques, e-mails,…).

 

Quel est le premier objectif de la défense ?

 

Le premier objectif est que György Budaházy puisse rentrer à la maison et préparer sa défense. En Hongrie, il n’y a pas de possibilité de placer un bracelet électronique. L’avocat de György Budaházy a proposé que son client paye le bracelet, mais cela a été refusé. Pour pouvoir maintenir quelqu’un en détention préventive, il faut des preuves à son encontre. Il n’y en a pas à l’encontre des inculpés.

 

L’arrivée au pouvoir en Hongrie du Parti conservateur, le Fidesz a-t-elle changé la donne ?

 

Le gouvernement a changé, mais la procédure se poursuit. Le système a besoin de terroristes. Alors qu’en Hongrie, il n’y a pas ce genre de choses, grâce au terrorisme supposé, le système peut faire ce qu’il veut, comme c’est le cas sur la base américaine de Guantanamo, située sur l’île du Cuba. Partout en Europe les gouvernements s’attaquent aux nationalistes.

 

Les médias sont contre György Budaházy. La télévision hongroise dit qu’il a commis les faits au lieu de dire qu’il est peut-être coupable et peut-être innocent.

 

Y-a-t-il d’autres projets pour aider György Budaházy ?

 

Oui, nous pensons lancer une campagne dans l’ensemble de l’Europe en contactant les organisations des droits de l’homme.

 

György Budaházy dérange-t-il l’establishment ?

 

En 1989-1990, lors de la sortie du communisme, des pans entiers du pays ont été vendus par les postcommunistes. Le communisme a tué 100 millions de personnes, il n’y a pas eu de condamnations et ces gens sont restés en place. Ils ont de l’argent et du pouvoir. György Budaházy a parlé de cela il y a dix ans et a toujours combattu pour la nation. Les dirigeants du pays travaillent contre la nation, ils roulent pour les banques.

 

Avant d’être arrêté, György Budaházy a manifesté, en 2008-2009, contre l’homme d’affaire israélien qui voulait construire une ville de casinos, près du beau lac de Velence, dans le village de Sukoro. L’ensemble du gouvernement socialiste de l’époque était impliqué dans cette affaire. L’homme d’affaire en question a acheté des terrains à des gens pauvres. La construction d’une autoroute a été planifiée à cet endroit et en contrepartie l’homme d’affaire a voulu échanger ses terrains contre une parcelle le long du lac. Finalement, cet investisseur n’a pas pu obtenir le terrain. György Budaházy a toujours combattu la corruption. Il dérange.

 

Recevez-vous de l’aide ?

 

Oui, celle d’une organisation juridique dirigée par Tamas Gaudi qui est député élu sur la liste du Jobbik.

 

Avez-vous des contacts à l’étranger ?

 

Des Hongrois qui vivent à l’étranger diffusent des informations sur ce cas.

 

Désirez-vous demander aux lecteurs d’intervenir auprès de certaines organisations ?

 

Oui, dans le cadre de la campagne que les proches de György Budaházy lancent, nous demandons aux lecteurs de contacter par courriel ou courrier postal les organisations qui s’occupent des droits de l’homme ainsi que les ambassades et consulats hongrois afin de demander que les prisonniers politiques hongrois soient traités d’une manière correcte et équitable.

 

Merci pour cette interview

 

Nous avons rencontré ensuite le Député élu sur la liste du Jobbik Gaudi-Nagy Tamás :

 

Gaudi-Nagy Tamás nous déclare que György Budaházy est incarcéré dans une vieille prison, où les conditions de détention sont déplorables et cela porte atteinte à sa santé. Selon Gaudi-Nagy Tamás, la stratégie de défense doit être modifiée. Une campagne va être lancée afin d’envoyer un maximum d’e-mails et de courriers aux autorités hongroises. Un site Internet va être créé afin d’informer directement le public sans devoir passer par les médias du système. La manière dont la procédure judiciaire se déroule est très stricte et les audiences du tribunal se tiennent de 9h du matin à 18h. La présomption d’innocence n’est pas respectée. Le procès est entaché d’irrégularités.

 

Pour Gaudi-Nagy Tamás, György Budaházy doit être acquitté et sa famille dédommagée. En Hongrie, une personne peut être maintenue au maximum 3 ans en prison si sa culpabilité n’est pas établie. Gaudi-Nagy Tamás espère que les autorités seront contraintes de relâcher György Budaházy dans moins d’un an, ce qui ne signifie pas qu’il sera innocenté par la justice.

Bernnadett Budahazy.JPG

Bernadett, la femme de György Budaházy. 

La femme de György Budaházy a répondu également à nos questions.

 

La femme de György Budaházy est très affectée par la dégradation de l’état de santé physique de son mari. Elle est beaucoup plus tendue qu’il y a un an, lorsque nous l’avions interrogée sur cette affaire. Elle confirme les propos tenus par Edda Budaházy, la sœur de György. 

 

Lionel Baland

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