27/02/2025
"Crosetto et Meloni défient Macron."
Italie. Revue de presse.
Les Unes sont consacrées aux propos de Trump sur l'Europe « Trump sur l'UE: « née pour nous arnaquer » » (Corriere della Sera), « Trump contre l'Europe » (Repubblica), « Trump anti-UE : à présent, les droits de douane et l'UE ralentit sur le green deal » (Messaggero), « Choc Trump: droits de douane à 25% » (Giornale) et à l'éventuel déploiement de soldats européens Ukraine « Soldats à Kiev, bagarre européenne » (Stampa).
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, l’état de santé du Pape François, la visite de V. Zelensky prévue à Washington, la grève des magistrats contre la réforme de la Justice, et le Moyen-Orient avec notamment l’échange de prisonniers entre Israël et le Hamas.
Debriefing européen sur la visite du Président à Washington / troupes européennes en Ukraine. – Corriere della Sera « Les tensions entre Meloni et Macron. Au-delà de la méthode, il y a un clivage profond, en ce moment, entre d’une part l’Elysée et Downing Street et d’autre part le Palais Chigi. Il y a aussi deux approches diplomatiques différentes. A ce stade, sur la ligne de Meloni, on trouve l’Allemagne et la Pologne, hésitants à l’égard des projets de Paris et de Londres. Cette même perplexité a été exprimé hier par Tajani au général américain Cavoli, commandant de l’OTAN en Europe et chef des troupes américaines en UE. ». La Repubblica : « Meloni et Crosetto (Frères d’Italie) freinent Macron » : « La présidente du Conseil en visio avec les grands du Conseil de l’UE dicte ses conditions : "Seulement sous l’égide de l’ONU" Le ministre de la Défense répond à la France et au Royaume-Uni : "On n’envoie pas de contingent comme des fax". Dans un appel plutôt tendu, où la plupart des grands du Conseil européen sont restés silencieux, Giorgia Meloni a choisi d’intervenir. Deux piques à Emmanuel Macron, qui avait demandé la visio-conférence pour relater ses collègues sur son face à face avec Donald Trump. La première remarque de Meloni a été sur la méthode, adressée indirectement aussi au président du conseil européen, Antonio Costa, qui avait programmé le sommet en accord avec Paris : pour Meloni « ces formats » improvisés « sont peu utiles ». La seconde est sur le fond : devant le Français, elle a réaffirmé le non de l’Italie à l’idée de troupes européennes seules à la frontière russo-ukrainienne comme mission de maintien de la paix. « Peu efficace et très risqué », dit-elle. Rome sera là, mais seulement dans un contingent sous l’égide de l’ONU. Et en tout cas « les garanties de sécurité » pour Kiev, ajoute-t-elle, « doivent être réalisées dans le cadre de l’alliance atlantique », c’est-à-dire avec le plein appui des États-Unis de Donald Trump. Ce n’est qu’ainsi que l’on pourra « garantir une paix juste, qui ne soit ni fragile ni temporaire », comme le précise peu de temps après la rencontre bilatérale avec le suédois Ulf Kristersson. Contre l’initiative française, soutenue par le Royaume-Uni, les mots du ministre de la Défense, Guido Crosetto, sont encore plus durs sur les réseaux sociaux. Donc non à la mission uniquement européenne proposée, écrit Crosetto, par le « président d’une nation communautaire et par celui d’une nation extracommunautaire ». Encore : quand on « parle au nom de l’Europe, il faudrait avoir la foi pour se concerter ». Ce qui n’a pas eu lieu. Meloni évite toutefois d’attaquer le Premier ministre britannique Keir Starmer, notamment parce qu’elle le verra lors d’un entretien bilatéral, dimanche à Londres, avant le nouveau sommet. Mais la distance se creuse. » – La Stampa : « Crosetto et Meloni défient Macron » : c’est par le biais de la voix du ministre de la Défense Guido Crosetto que se fait entendre l’irritation de la présidente du Conseil. Cependant, le tout se réduit à un sentiment d’impatience que la droite a à l’encontre du Président français. Il ne fait pas de mystère sur le fait que Meloni est gênée par l’activisme de Macron ». Corriere della Sera « il n’est pas clair si le gouvernement italien est pris de court ou irrité, voire les deux ensemble, face à l’initiative de France et du Royaume-Uni. Il y a sans doute aussi le fait que l’Italie n’ait pas été consultée, ce qui a été considéré comme une impolitesse institutionnelle. En revanche, c’est un sentiment de gêne qui filtre des propos du ministre Crosetto. Quant à la majorité, c’est un défi de l’Europe lancé à un gouvernement désuni ». – Il Foglio « L’Europe et son armée fantôme, des discours surréels se tiennent alors que la seule voie possible demeure l’OTAN, sous laquelle l’Europe doit se renforcer »– La Stampa « le chemin qui se trouve devant Matteo Salvini est de plus en plus étroit. A la fin, la Ligue sera contrainte de voter le prochain paquet d’aides à l’Ukraine au Parlement, malgré la polémique soulevée, ce scénario se répète depuis 3 ans »
Immigration. Foglio : « La stratégie migratoire de Meloni repose sur plusieurs niveaux, mais l’Albanie en reste l’élément central. Le gouvernement ne veut pas attendre la décision de la Cour de justice de l’UE et prépare un nouveau décret. Objectif : transformer les structures de Shengjin et Gjader en centres de rapatriement (CPR), sans réviser le traité bilatéral avec Tirana, que le président albanais sortant, Edi Rama, refuse de modifier à l’approche des élections de mai. En parallèle, G. Meloni intensifie ses contacts européens pour affirmer qu’elle a réussi à « imposer à Bruxelles un nouveau modèle » de gestion de l’immigration. Après une rencontre avec le Premier ministre suédois, la prochaine étape est la France, qui, « contre toute attente, s’est rangée du côté de l’Italie sur la question des « pays sûrs » face à la CJUE ». Un entretien bilatéral est prévu demain à Paris entre le ministre de l’Intérieur italien, Matteo Piantedosi (indépendant), et son homologue français, Bruno Retailleau. »
StarLink. Corriere della Sera « Sur X, Andrea Stroppa, collaborateur le plus proche de Musk en Italie, durcit le ton : « Entente Frères d’Italie-PD. Ils sont en train de faire passer Starlink et SpaceX – qui ont lancé des missions en Italie, accélérant les délais pour donner un coup de main – pour les « méchants ». Les amis de Frères d’Italie, ne nous appelez plus : vous avez suivi le PD dans sa croisade anti-Musk. Starlink n’est pas le jouet de la politique ». L’itinéraire législatif du décret sur l’économie de l’espace, qui sera débattu au Parlement à partir de lundi, ouvre un débat crucial sur les règles encadrant l’accès des acteurs privés à l’espace italien. L’enjeu : concilier l’attractivité des investissements dans un secteur stratégique pour la compétitivité, la recherche et la formation, avec la crainte d’une dérive purement commerciale. Le gouvernement rejette un amendement du PD visant à « privilégier les acteurs européens et, uniquement en cas d’impossibilité avérée, ceux issus de l’Alliance atlantique » mais accepte un autre réservant à l’État la propriété et le contrôle exclusifs de la cryptographie et des composants des clients. FdI minimise : « Aucune nouveauté, juste un renforcement de la sécurité nationale », tandis que l’opposition dénonce « un décret truffé de faveurs pour Musk » (M5S). » - La Repubblica : « Le chantage du lobbyiste de Musk : il s’attendait à un accès facilité pour son patron, mais l’insertion de références à la « préservation de l’intérêt national » et au « gain pour l’industrie nationale » suffit pour déclencher sa colère. En coulisses, Fratelli d’Italia s’agace de ces tensions et digère mal les récents sondages en ligne de Stroppa, suggérant de remplacer Piantedosi par Salvini au ministère de l’Intérieur. Le parti craint que Musk, via son émissaire en Italie, ne délaisse sa « relation privilégiée avec Meloni » au profit d’un rapprochement avec le leader de la Ligue. Silence du ministre du Made in Italy, Adolfo Urso, promoteur du décret, tandis que Mascaretta, rapporteur FdI à la commission, tacle Stroppa : « Cette loi ne sert que l’intérêt national. Ceux qui prétendent le contraire n’ont pas lu le texte ou sont de mauvaise foi ». »
Hausse des prix énergétiques. Repubblica : « Factures [d’énergie], les aides pourraient être concentrées sur trois mois. Le gouvernement mise sur l’été, lorsque les cours du gaz devraient être plus bas. […] Giorgia Meloni entend concentrer autant que possible les aides, sur trois mois plutôt que sur six, pour des raisons économiques, car il y a peu de ressources, mais aussi politiques, car les oppositions ont mis le coût de l’énergie en tête des critiques adressées au gouvernement. Les aides pour les familles et en particulier les familles nombreuses devraient être renforcées et les critères de revenus élargis afin de bénéficier à 7 millions de familles. Dans la meilleure des hypothèses, 900 millions d’euros d’aides devraient bénéficier aux entreprises. Le gouvernement attend en effet l’avis de Bruxelles sur les aides aux secteurs les plus énergivores. Des mesures importantes mais assurément inférieures aux attentes de la Confindustria et des petites entreprises. »
Le nouveau plan « Green Deal » européen. Sole 24 Ore : « Le gouvernement italien accueille avec tiédeur le nouveau plan européen sur le Green Deal. Le ministre des Entreprises et du Made in Italy Adolfo Urso (Frères d’Italie) a commenté « il faut des interventions plus concrètes et rapides et des ressources adéquates pour soutenir les entreprises face à ce grand défi ». En revanche, le dirigeant de la Ligue, Salvini, va directement à l’attaque ‘’von der Leyen a déclaré l’inverse de ce qu’a décidé Trump et de ce que demandent toutes les familles et les entreprises. Continuer dans l’erreur est diabolique’’. En revanche, le Parti démocrate salue ‘’une approche pragmatique en mesure d’assurer la compétitivité et la croissance en Europe dans le respect des objectifs verts. C’est un tournant attendu depuis longtemps’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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