17/01/2025
"Séparation des carrières, premier accord à la chambre, la révolte des magistrats."
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour portent sur le Moyen-Orient « Conflit sur la trêve en Israël, nouveau raid à Gaza: plus de 80 morts » (Corriere della Sera), « Bombes à Gaza, Israël divisé » (Repubblica), « Bombes sur la trêve à Gaza » (Stampa), « La trêve provoque une crise dans le gouvernement de Netanyahou » (Messaggero) et la réforme de la justice « Séparation des carrières, premier accord à la chambre, la révolte des magistrats » (Corriere della Sera), « La justice de Berlusconi » (Repubblica), « 1er oui pour la séparation des carrières » (Messaggero), « 1er oui sur la justice « le rêve de Berlusconi » » (Giornale).
Sur X, #Bibbia (bible) fait tendance suite à l’annonce du ministre italien de l’Education Giuseppe Valditara d’introduire la lecture et l’étude de la Bible à l’école.
La réforme de la Justice. Corriere della Sera : « La satisfaction de la majorité pour avoir obtenu le premier feu vert sur la séparation des carrières des magistrats est compréhensible. C’est la seule des trois grandes réformes qui semble avancer. Quant aux protestations de l’association nationale de la magistrature (ANM), du PD et du M5S, elles sont qualifiées de simples « préjugés ». Toutefois, la posture du ministre de la Justice Nordio (Frères d'Italie), qui accuse la magistrature de ‘’ne pas être indépendante’’ car elle serait ‘’otage des courants internes’’ est un prélude à un conflit de plus en plus dur pouvant faire monter la réaction d’un pouvoir qui se sent attaqué. D’autant plus que si le quorum des 2/3 des voix du Parlement ne devait pas être atteint, il y aurait un référendum. Le dernier mot irait donc aux citoyens et les positions ne seraient que polarisées. Le ministre semble croire au scénario du référendum et évoque ‘’une majorité écrasante’’, sur une consultation qui devrait se tenir ‘’d’ici l’automne’’. L’ANM tire pour sa part le signal d’alarme. Cela anticipe un conflit institutionnel inévitable ».
Le débat autour de la limite des deux mandats. Corriere della Sera : « Le leader [de la Ligue, Matteo Salvini] ravive la cohésion interne au parti. Il devra convaincre Giorgia Meloni de ne pas présenter son candidat Fratelli d’Italia en Vénétie, fief historique de la Ligue, pour le bien de la coalition, ‘de la même façon que le Ligue avait renoncé à se présenter en Ligurie par esprit d’équipe’ ’’. ‘’Lors du Conseil fédéral de la Ligue, la volonté de maintenir la Ligue à la tête de la région Vénétie a été réaffirmée, y compris par les ministres de l’Economie et des Affaires régionales, Giancarlo Giorgetti (Ligue) et Roberto Calderoli (Ligue). La Ligue repasse donc la balle à Fratelli d’Italia. Pour le président sortant de la région Vénétie, le léguiste Luca Zaia, ‘renoncer à la Vénétie serait la fin de la Ligue’. » – Repubblica : « Zaia fait pression sur Salvini et l’appelle à "défendre le Nord". Le parti reste dans les tranchées sur le Piave. Au Conseil fédéral de la Ligue, on assiste au règlement des comptes entre le chef Salvini et les présidents de région : Le secrétaire promet de se battre sur la limite des législatures mais demande plus de soutien contre ceux qui le critiquent sur le front des transports ». – Repubblica :« La stratégie de Meloni pour prendre la Vénétie : la présidente du Conseil considère le troisième mandat comme une affaire classée et n’a aucune intention de la rouvrir. A ce stade, elle évite l’affrontement publique avec Salvini. Elle est persuadée que le problème sera résolu directement avec le président de la région Zaia. Elle a plusieurs gages à lui donner, même en termes de postes dans l’exécutif. ». – La Stampa « l’irritation de Fratelli d’Italia et de Forza Italia ne fait qu’augmenter. Quand ils entendent parler de la Ligue, les dirigeants et les ministres se crispent. ‘’no comment, c’est toujours la même histoire, après quoi ils se calment’’ est la réponse standard que l’on reçoit de leur part. Il y a une certaine fatigue, une exaspération qui a poussé le secrétaire d’Etat Fazzolari (Frères d'Italie), proche de Meloni, à imposer le silence aux troupes ‘’que personne ne réagisse aux déclarations des léguistes sur la Vénétie et Zaia’’ est un peu le sens du message passé. »
Gaza. Messaggero : « Israël souhaiterait repousser le vote sur le cessez-le-feu à samedi soir, ce qui veut dire que la libération des otages se ferait pendant la prise de fonctions de Trump. La Maison Blanche a réagi aux rumeurs d’un retard dans la ratification de l’accord sur la trêve en exprimant sa ‘’stupeur’’ et sa ‘’colère’’. La communauté internationale est prête à jouer son rôle, et le ministre de la Défense italien G. Crosetto (Frères d'Italie) a répété que l’Italie fournira sa contribution ‘’si cela nous sera demandé’’. Mais l’attente risque de se transformer en une lente agonie ».
Ukraine. Corriere della Sera : « La visite du Premier ministre britannique à Kiev, un pacte sous les bombes, un contrat d’assistance d’une durée de 100 ans avec une dotation de 4,2 milliards. Il s’agit d’un pacte de coopération militaire, commerciale et énergétique. Il faut se positionner, avant la prise de pouvoir de Trump. Comme l’ont fait il y a trois jours les Allemands et comme l’a fait la semaine dernière le président français Emmanuel Macron ». – Il Messaggero : « Le ministre de la Défense Crosetto, après avoir rendu hommage au Mur du Souvenir et aux photographies de militaires, répète que l'Italie aide militairement l'Ukraine à se défendre. Kiev utilise des armes de moyenne portée pour frapper les sites d'où partent les missiles, et non pour attaquer la Russie, explique-t-il. « Cela fait partie de cette chose dramatique qu'est la guerre, où l'agresseur doit prendre en compte le fait que le pays attaqué va réagir, et c'est ce que l'Ukraine a fait. Notre ligne ne change pas, car elle n'est pas décidée par le ministre de la défense, mais par le Parlement, par notre Constitution. »
Corriere della Sera, Guido Crosetto (Frères d'Italie), ministre de la Défense : « Concernant Gaza, nous le disons depuis longtemps, l’Italie sera au premier rang. Nous avons été sollicités par Blinken pour former la force de police qui pourra constituer le futur Etat palestinien. Je l'espère, car cela signifierait que cette terre tourmentée s'est engagée sur la voie de la reconstruction. Mais nous ne le ferons qu’à condition que tout le monde nous le demande. Nous n'irons pas là-bas parce que les Américains nous le demandent : nous irons là-bas si les Israéliens, les Palestiniens, tout le monde nous le demandent. Nous y allons pour la paix. Avec Meloni et Tajani, nous avons toujours dit que là où la paix éclate et où un contingent italien est nécessaire, ce contingent sera là. J'espère qu'un contingent multinational se mettra en place. Il ne m'appartient pas de dire s'il sera européen ou onusien. Concernant l’Ukraine, nous sommes en train de faire ce que toute la communauté internationale devrait faire : soutenir son combat pour se défendre. Souvent, nos aides ont été interprétées comme des aides pour attaquer la Russie. Elles servent en réalité à sauver des écoles ou des hôpitaux. Concernant l’appel de Zelensky pour un contingent étranger, ce n’est pas moi qui décide, mais le seul contingent qui pourrait arriver, en cas de paix, serait un contingent multinational. C’est-à-dire onusien. Qui puisse impliquer tout le monde, car il ne doit pas être vu comme représentant d’une partie du monde. Derrière l’Ukraine il faut qu’il y ait tous les pays, sinon il ne durerait pas longtemps. »
Corriere della Sera, Carlo Nordio (Frères d'Italie), ministre de la justice : « Il ne s’agit pas d’une revanche mais de rééquilibrer les pouvoirs. De cette façon les droits des citoyens sont mieux garantis. A ceux qui invoquent la Constitution, nous rappelons que l’indépendance de la magistrature est inscrite dans la Constitution. Jusqu’à présent les juges étaient indépendants vis-à-vis de la politique mais pas d’eux-mêmes et des courants de la magistrature. La séparation des carrières éloigne l’inquisiteur – c’est-à-dire les procureurs, qui sont déjà une sorte de ‘superpoliciers’ – du juge impartial. Par exemple, un magistrat qui affirme que le Président du Conseil est dangereux ne peut être jugé par des personnes qu’il a lui-même élu et qui lui sont redevables, mais par une Haute cour indépendante. C’est un sujet délicat qui devrait faire l’objet d’un referendum par respect de la souveraineté du peuple. J’espère qu’un tel referendum ne sera pas instrumentalisé, contre le gouvernement ou contre les juges. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:52 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.