27/12/2024
"Salvini, Orban et Le Pen organisent un voyage à Washington pour l’investiture de Trump."
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour portent sur la guerre en Ukraine ("le mouvement de Poutine sur la guerre : 'elle peut prendre fin" Corriere della Sera, "mettre fin à la guerre" Repubblica, "Poutine 'je veux la fin de la guerre'" Stampa, "Poutine 'mettre fin à la guerre'" Messaggero) et la loi de finances ("loi de finances sans discussion, 800 amendements supprimés" Repubblica, "loi de finances, aujourd'hui l’examen au Sénat, demain le vote de confiance" Messaggero).
« La Ligue sur un remaniement ‘améliorer l’équipe’. (…) Pour la première fois, un représentant de la majorité prononce le mot qui fait siffler les oreilles de Giorgia Meloni : « Remaniement ». Le jour de la Saint-Etienne, sur les réseaux sociaux, c’est un homme de la Ligue très proche de Matteo Salvini, le sénateur Claudio Borghi (Ligue), qui le prononce, au sujet du retour, rejeté par la première ministre, du secrétaire du Carroccio au Ministère de l’Intérieur, après l’acquittement au procès Open arms : « J’ai toujours été favorable aux remaniements, dit Borghi sur X, ils aident à améliorer l’équipe et les citoyens apprécient, un peu comme les remplacements dans un match de football ». En réponse à la cheffe de FdI, qui s’oppose à l’idée d’un retour, il dit : « Malheureusement les gouvernants détestent changer de ministres, peut-être pensent-ils que c’est un peu comme admettre des erreurs ». Même si Borghi ne détient pas de poste dans la direction de la Ligue, cette sortie n’est pas appréciée à la tête de Fdi. (...) « Salvini au Viminale ? Une aspiration légitime - répond Lucio Malan, chef de groupe de FdI au Sénat - mais il a déjà un ministère de poids ». (...) Le président des sénateurs du groupe Fdi réplique ainsi : « Les choses n’ont pas changé par rapport à il y a deux ans. Si le procès avait été un problème, Salvini ne serait pas ministre. Borghi ? C’est une personne très respectable, mais il exprime une opinion personnelle. Il n’y a aucun intérêt à faire un remaniement ». » (Repubblica).
Claudio Borghi
« Loi de finances sans discussion : 800 amendements supprimés. Il y a plus de 800 amendements que les oppositions ont présenté sur le budget, au Sénat : 540 du Pd et Italia Viva, 90 d’Avs, et entre 150 et 200 du Mouvement 5 étoiles. Mais aucune de ces propositions ne sera jamais discutée. Comme en 2018, la loi de finances est réservée à une seule branche du Parlement : l’examen effectif a été confié à la Chambre des députés cette année. Le Sénat est donc contraint à un rôle notarial seulement avec des délais serrés. » (Repubblica). « Loi de finances, un dernier acte au Sénat. Vers le vote de confiance. (…) le feu vert définitif au budget de 30 milliards d’euros est attendu demain, après un passage éclair de 24 heures au Sénat, malgré les 800 amendements déposés. (…) Les oppositions parlent d’un ‘Parlement humilié’ et d’un ‘monocaméralisme de fait’ » (Corriere).
Le Sole 24 Ore dresse un bilan négatif pour l’industrie en Italie et en Europe pour 2024 et des prévisions pessimistes pour 2025 dans presque tous les secteurs. Les difficultés du secteur automobile (la production a reculé de 32,4% depuis octobre 2023), les droits de douanes et le ralentissement de l’économie allemande tirent l’économie européenne vers le bas, et ce malgré l’élan généré par le Plan de Relance. ‘’Pour 2025, les inconnues sont nombreuses’’. ‘’Ce sera une année dure, très dure’’. ‘’Les politiques publiques seront essentielles : il faut des mesures simples, efficaces, concrètes, stables dans la durée’’. ‘’La politique est faible, ce qui ralentit la transition industrielle’’. ‘’Ce n’est pas normal qu’un ‘eurocrate’ de Bruxelles et un fonctionnaire ministériel de Rome – qui ont en commun leur faible connaissance du monde industriel – fassent de l’accès aux bénéfices fiscaux une mission impossible’’. Le président de la fédération automobile italienne Federauto avertit que ‘’le marché pourrait reculer de 30% en 2025 à cause des pénalités sur les émissions de CO2 qui pèsent sur les constructeurs.‘’
La Stampa commente une étude réalisée par YouGov et publiée par The Guardian selon laquelle seulement 15% des Italiens estiment qu’il est nécessaire de soutenir l’Ukraine jusqu’à ce que les troupes russes aient été repoussées hors du territoire. C’est également le cas de 23% des Français. De façon générale, l’étude met en évidence ‘’l’effondrement d’un soutien ‘jusqu’à la victoire’ de l’Ukraine dans 7 pays UE : en Italie, en France, Espagne, Allemagne, au Royaume-Uni, au Danemark et en Suède’’. ‘’Les Italiens apparaissent comme les plus désireux de mettre fin au conflit, y compris si cela implique accord cédant à la Russie une partie des régions occupées après l’invasion de févier 2022’’. ‘’Dans tous ces pays, le soutien à l’Ukraine est en net recul par rapport à 2023’’. ‘’Bruxelles aussi abandonne l’idée de vaincre militairement la Russie’’. L’article présente également un classement des pays ayant envoyé le plus d’aide à l’Ukraine (estimation de la valeur des aides militaires, financières et humanitaires) : la France est 10ème avec 5 milliards de dollars d’aides et l’Italie 14ème avec 2,5 milliards. L’Allemagne est 3ème, juste après tous les pays UE confondus, avec 16,5 Mds de dollars, et les Etats-Unis premiers avec 92,7Mds d’aides. ‘’39% des Italiens voudraient réduire le soutien à Kiev, contre 11% seulement qui voudraient l’augmenter’’. Dans la perspective éventuelle d’un désengagement des Etats-Unis, les gouvernements européens doivent choisir s’ils veulent prendre le leadership du soutien à Kiev et compenser le manque en augmentant leurs aides, ou s’aligner sur la position trumpienne en privilégiant la solution diplomatique. Le chancelier allemand Scholz penche de plus en plus vers cette seconde option.
La Stampa : ‘’Salvini, Orban et Le Pen organisent un voyage à Washington pour l’investiture de Trump alors que Joe Biden sera à Rome le 10 janvier pour rencontrer Giorgia Meloni. Matteo Salvini voudrait profiter de la transition aux Etats-Unis pour présenter un texte au Parlement courant janvier engageant le gouvernement italien à envoyer le dixième et dernier paquet d’aide à Kiev. Une hypothèse qui ne plait pas du tout ni aux alliés de Fratelli d’Italia ni à la direction de Forza Italia qui assure qu’elle ‘contraindra [la Ligue] à retirer le texte’ si elle le présente. L’entourage de Giorgia Meloni y voit une provocation du vice-président du Conseil qui joue les pacifistes, signe avec la majorité toute forme de soutien à l’Ukraine, tout en brossant l’électorat souverainiste dans le sens du poil. Bien qu’admettant elle-même sa ‘lassitude’, Giorgia Meloni ne peut pas encore se distinguer de ses partenaires européens. Elle compte beaucoup sur l’espoir d’obtenir un rôle de premier plan lorsque la question de la reconstruction de l’Ukraine se présentera.’’
Matteo Salvini, Marine Le Pen, Viktor Orbán
La Stampa : Malgré les trajets interrompus depuis le 20 décembre à cause du mauvais temps et qui ne reprendront qu’en début d’année, la Présidente du Conseil a été claire : le gouvernement n’attendra pas le jugement de la Cour de Justice européenne, prévue pour mars, car le soutien d’Ursula von der Leyen suffit amplement. Pour l’instant, le gouvernement et l’Intérieur font semblant de ne pas avoir lu la décision de la Cour suprême, reconnaissant malgré tout aux juges la possibilité de déterminer si le pays d’origine est sûr ou non pour chaque cas particulier. Giorgia Meloni sait qu’elle joue gros sur le dossier migratoire après avoir promis pendant des années ‘le blocus naval’ et elle n’entend rien lâcher. Face aux dépenses du gouvernement pour équiper le personnel de la ‘prison fantôme’ en Albanie, le syndicat de la police pénitentiaire fait entendre sa voix pour déplorer le manque de moyens qui leur sont alloués.’’
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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