26/11/2024
"Unicredit-BPM, le gouvernement monte au créneau."
Italie. Revue de presse.
Les Unes ce matin se concentrent sur l'offre de rachat de Banco BPM par Unicredit : « Unicredit offre 10 milliards pour BPM mais le gouvernement s'y oppose » (Corriere della Sera), « Le défi des banques » (Repubblica), « Unicredit-BPM, le gouvernement monte au créneau » (Stampa), « Unicredit-BPM, Giorgetti (Ligue) : « il n'y a pas eu d'accord autour de cette opération » » (Sole 24 Ore), et le Moyen-Orient « Biden et Macron pourraient annoncer une trêve au Liban » (Corriere, Stampa).
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, les cérémonies pour la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, et les frictions entre G. Conte et B. Grillo sur les nouveaux statuts du M5S.
La presse italienne consacre ses Unes et ses premières pages à l’Offre publique d’achat (Opa) d’Unicredit sur le Banco BPM. Repubblica : « Est-il préférable pour le pays d'avoir deux grands pôles bancaires (Intesa Sanpaolo et Unicredit-Banco Bpm-Mps) ou trois pôles (Intesa, Unicredit et Banco Bpm-Mps) ? C'est face à ce dilemme que se divisent les partisans et les détracteurs de la dernière opération d'Andrea Orcel, le numéro un d'Unicredit qui joue sur deux tableaux, d’abord en Allemagne avec la Commerzbank et maintenant en Italie avec Banco Bpm ». Corriere della Sera : « Giorgetti menace de recourir aux pouvoirs spéciaux de l’Etat (golden power) afin de bloquer l’opération mais au sein du gouvernement les avis divergent : si Matteo Salvini (Ligue) affiche sa perplexité ‘’que fait la Banque d’Italie ? quelle est son opinion ?’’, Antonio Tajani (Forza Italia) ne veut pas d’interventions sur une opération de marché ‘’cela n’est absolument pas notre ligne’’. C’est une nouvelle source de friction. Selon le ministère de l’Economie, ‘’il en va de la défense de l’épargne des Italiens‘’. Corriere : « le Conseil d’administration de BPM se réunira ce mardi matin : le premier actionnaire, la banque française Crédit Agricole (9,2%) sera déterminant ». Sole 24 Ore : « l’opération d’Unicredit prend tout le monde de court, après l’impasse de l’opération sur Commerzbank. L’opération pourrait avoir le mérite de protéger BPM des convoitises des Français de Crédit Agricole. Selon des indiscrétions, les Français n’auraient pas apprécié l’opération du dirigeant Castagna sur les groupes Anima et BMPS et envisageraient de monter en capital. Il se peut qu’Orcel (Unicredit) ait voulu alors changer la donne ». Messaggero : « l’opération d’Unicredit a pris de court le gouvernement, qui s’oppose à l’OPA. Orcel, avant le CDA, avait prévenu Gaetano Caputi, chef du cabinet du Palais Chigi, recueillant un accueil froid. Hier, la Présidence du Conseil a repris à son compte les propos du ministre Giorgetti : « La décision a été communiquée peu avant la réunion du conseil d'administration, nous en avons pris note. En outre, l'objectif de l'opération n'est pas clair en raison de la concomitance des intérêts sur Commerz, le gouvernement déterminera s’il aura recours ou non au Golden Power après examen minutieux ».
Le débat au sein de la majorité sur les amendements à prévoir pour la loi de finances est également commenté par la presse. Sole 24 Ore : « La réunion de dimanche n’a pas permis de trouver une entente entre la Ligue et Forza Italia. Le bras-de-fer est très dur. Lors du conseil des ministres, qui a commencé en retard, tous les ministres de Forza Italia étaient absents ‘’pour des raisons institutionnelles’’. Une heure plus tôt, la réunion de la Commission Budget au Sénat, qui aurait dû adopter le décret fiscal, comprenant la redevance Rai, a été reportée. Même histoire pour le décret sur la justice (surnommé le ‘’bâillon pour les juges’’), qui a été reporté à vendredi prochain ». Repubblica : « Arrivée au Conseil des Ministres, Meloni décide de s’adresser surtout aux absents : ‘’il faut arrêter de donner l’image d’un exécutif divisé’’. Antonio Tajani a donné aux siens l’ordre de déserter la réunion de gouvernement, irrité de ne pas avoir obtenu des réponses satisfaisantes sur le budget. Selon des sources proches du Palais Chigi, Tajani aurait également demandé la nomination d’un ministre issu de Forza Italia pour remplacer R. Fitto aux Affaires européennes, obtenant jusque-là un refus. Salvini, pour sa part, se réjouit d’une baisse de la redevance de la RAI que personne n’a encore décidé (et qui ne plait pas à la famille Berlusconi et donc à Forza Italia). Il y a trop de confusion et Meloni est inquiète. ». Stampa : « L’appel de Meloni de mettre de côté les batailles identitaires sur la loi de finances en les confiant au ministre de l’Economie Giorgetti a été perçu par ses alliés Salvini et Tajani pour ce qu’elle est : un non catégorique à toutes leurs demandes. »
La journée internationale contre la violence à l’égard des femmes. Corriere della Sera : ‘’ ‘Les chiffres des violences commises à l’égard des femmes sont alarmants. C’est un comportement qui ne peut pas être justifié, enraciné dans les inégalités, les stéréotypes de genre et une culture qui tolère ou minimise les abus, souvent dans le cercle familial’ a déclaré le Président de la République italien dans un message’’. ‘’Les rues étaient encore pleines de monde ce lundi, après des cortèges ce week-end ayant rassemblé 150 000 personnes, notamment à Rome’’.’’ ‘Ce qui a été fait jusqu’à présent ne suffit pas à protéger les femmes, il faut des actions concrètes’ appelle Sergio Mattarella’’. ‘’En ouverture du Conseil des ministres, la Présidente du Conseil a affirmé que ‘’la lutte contre les violences faites aux femmes est une priorité du gouvernement’’’. ‘’Dans une interview, Giorgia Meloni déclare qu’il y a une ‘incidence majeure, malheureusement, dans les cas de violences sexuelles, des personnes immigrées, en particulier illégalement’ car ‘cela produit une dégénération qui peut amener à tout’ ‘’. ‘’Un discours repris sur les réseaux sociaux par Matteo Salvini sur ‘l’incidence inévitable et croissante des agresseurs étrangers, un fait inquiétant qui ne relativise en rien les cas italiens mais met en évidence les conséquences dangereuses d'une immigration incontrôlée’’’. ‘’La secrétaire du Parti démocrate Elly Schlein critique quant à elle ceux qui nient le rôle du patriarcat’’. ‘’Les ministres Maria Elisabetta Alberti Casellati (Réformes – Forza Italia) et Eugenia Roccella (Egalité des chances – Frères d’Italie) ont parlé d'un ‘texte unique sur la violence fondée sur le genre’ selon une approche ‘innovante’ qui sera prêt pour le 8 mars 2025.’’
Immigration. Corriere della Sera : « Le ‘décret-flux’ sur l’immigration a été modifié au tout dernier moment par le gouvernement, sur indication de la Présidence de la République, irritant les oppositions qui dénoncent un ‘énième coup de force’’’. ‘’Un mois supplémentaire a été accordé afin d’organiser le travail, sur demande des Cours d’appel qui devront désormais valider la rétention des demandeurs d’asile, une compétence qui relevait jusqu’à présent des sections immigration des tribunaux’’. ‘’Le décret sur la Justice a été reporté à un prochain Conseil des ministres, Forza Italia ayant utilisé l’absence de plusieurs ministres pour renvoyer l’examen qui porte notamment sur la norme contre le fichage’’. ‘’La tension entre le gouvernement et les juges reste forte et s’élargit à toute la coalition de la majorité’’. ‘’Le ministre de la justice, Carlo Nordio, déclare que ‘la question des migrants doit être résolue au niveau européen’. » Repubblica : « La Présidence de la République italienne a joué un rôle derrière le choix du gouvernement de présenter à nouveau en commission affaires constitutionnelles du Parlement la norme attribuant aux Cours d’appel les recours des demandeurs d’asile’’. ‘’Les Cours d’appel sont très irritées depuis des jours par cette décision’’. ‘’Il est certain en tous cas que le Quirinal apprécie le choix de l'exécutif de revenir sur ses pas, en donnant aux juges plus de temps pour s'adapter à ce chamboulement du système des recours’’. ‘’Cette intervention était également nécessaire pour éviter ce qui, pendant quelques heures, a semblé être la tentation d'un forcing technique de la part du ministère de la Justice, longtemps resté sourd aux protestations des Cours d’appel’’. ‘’Quoi qu’il en soit, l’intervention de la Présidence de la République est purement technique, répondant aux demandes des Cours d’appel au nom du ‘bon sens’. »
Moyen-Orient. Sole 24 Ore. « Un optimisme prudent des pays du G7 sur les éventuels progrès vers un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah ». « Les sept ministres des Affaires étrangères, réunis à Fiuggi, se sont rencontrés pour la dernière fois avant qu’une nouvelle administration américaine ne prenne ses fonctions en janvier. Ils ont été rejoints par leurs homologues d’Arabie Saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats Arabes Unis et du Qatar ». Tajani : « Nous sommes peut-être proches d’un cessez-le-feu au Liban ». Il ajoute : « J’ai reçu des garanties de la part du gouvernement libanais pour la condamnation des attaques inacceptables du Hezbollah ». Par ailleurs, les leaders du G7 travaillent à une position commune sur le mandat d’arrêt de la CPI à l’encontre de Benjamin Netanyahou ». Messaggero : « Le destin politique et judiciaire du leader israélien est le véritable convive de pierre à Fiuggi ». Derrière cette prudence, la ligne italienne se dessine et, à Rome, on espère qu'elle s'imposera dans les conclusions finales. Une double voie : d’abord, respecter la CPI, parce que la critiquer (comme l’a fait d'ailleurs le leader de la Ligue Matteo Salvini) est risqué. Par conséquent, les visites et les campagnes éclair de Netanyahou en Europe seront évitées dans les mois à venir, en accord avec les Israéliens. Mais en même temps, la priorité sera donnée à la diplomatie, c'est-à-dire à la politique : « Pour la trêve au Liban et à Gaza, nous devons aussi pouvoir parler à Netanyahu », précise A. Tajani (Forza Italia). En coulisses, l'Italie fait pression pour que la procédure pénale soit suspendue tant que la guerre est en cours. La Farnesina et Le Palais Chigi sont très prudents. Le raisonnement est le suivant : avec un statut de paria international, Netanyahou est devenu plus imprévisible ; il pourrait chercher l’affrontement avec l’Iran ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
14:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.