25/11/2024
"Les 5 Etoiles choisissent Conte et licencient Grillo."
Italie. Revue de presse.
Les Unes ce matin se concentrent sur l’adoption des nouveaux statuts du Mouvement 5 Etoiles évinçant son fondateur B. Grillo : « Giuseppe Conte clôture l’ère Grillo » (Corriere della Sera), « Giuseppe Conte efface Grillo » (Repubblica), « Les 5 Etoiles choisissent Conte et licencient Grillo » (Stampa), « Le parricide des 5 Etoiles » (Fatto Quotidiano), la loi de Finances « Le gouvernement fait des concessions aux entreprises » (Messaggero) et le Moyen-Orient « Liban, l’accord sur une trêve s’approche » (Repubblica).
L’ensemble des quotidiens consacre les unes et les premières pages aux nouveaux statuts du M5S, votés hier par les inscrits. Corriere « L’ancien président du Conseil confirmé comme nouveau leader ». « La base du M5S, avec 63% de votes favorables, écarte le garant et fondateur Beppe Grillo, et réaffirme l’identité “progressiste indépendante” du parti ». « Pour Roberto Fico, cela ouvre la voie à une possible candidature à la présidence de la Campanie avec le front progressiste » « Pour le président du parti, difficile d’imaginer une meilleure issue. Les mauvais résultats électoraux en Ligurie, Émilie-Romagne et Ombrie semblent effacés d’un coup de gomme » Messaggero : « La règle des deux mandats a été enterrée par 72% des votants. » « La forme charismatique-religieuse a été abattue par le vote des adhérents, tout comme l’équidistance entre la droite et la gauche, moteur du grillisme originel ». « Les choix concernant le positionnement parlementaire encouragent un rapprochement avec le Parti démocrate : la majorité se reconnaît dans la définition de “progressistes indépendants”, supprime l’interdiction des alliances en autorisant des ententes fondés sur des “accords programmatiques précis” ». « Quant au symbole des 5 Étoiles, toute éventuelle modification passera par un vote des adhérents. 78,6 % des membres ne l’excluent pas ». La Stampa : « Le modèle de référence du populisme italien s’arrête net, car à partir d’aujourd’hui, le Mouvement 5 Étoiles devient un parti “classique” ». « Au cours de la dernière décennie, le modèle populiste a été la tendance la plus performante de la scène italienne ». « Mais maintenant que tous nos outsiders ont été domestiqués par les expériences de gouvernement, la question se pose : le populisme est-il une page tournée ou verra-t-on surgir d’autres “Monsieur Tout-le-monde” capables de séduire les Italiens qui apprécient ce genre d’approche ? ». « Le Grillo-Joker de 2019 avait sans doute su saisir le moment. Les nouveaux populistes semblent un peu hors du temps ». « Les résultats des référendums thématiques parmi les adhérents récompensent des causes résolument libertaires, comme sur la légalisation du cannabis, le service civique obligatoire, à de nouvelles normes sur la fin de vie et même à l’ouverture d’un débat sur la viande de synthèse ». « Les chiffres révèlent une transformation qui est en fait déjà largement advenue ».
Le dîner de travail chez Giorgia Meloni, dimanche soir, autour de la loi de finances, est largement rapporté. Corriere : « A cette occasion, la Présidente du Conseil a invité ses alliés à mettre de côté leurs batailles identitaires et à se concentrer sur la tenue des comptes publics. Le communiqué de presse diffusé hier explique que les chefs ont délégué au ministre de l’Economie G. Giorgetti (Ligue) la tâche d’évaluer la faisabilité de certaines propositions de modification de leur part. C’est une phrase-clé qui a comme objectif de désamorcer le terrain parlementaire de la loi de finances’’ ‘’Cela sert à balayer l’image d’un gouvernement divisé. Entretemps A. Tajani, galvanisé après les résultats électoraux qui ont vu Forza Italia devancer la Ligue, évoque des « compensations » : non pas en termes de remaniement de ministres mais en termes de fonds pour les amendements à la loi de finances. Salvini, pour sa part annonce que la baisse de la redevance RAI sera finalement maintenue ». Repubblica « Meloni freine l’assaut des alliés de FI et de Ligue : la réunion de la majorité se termine sur un appel à veiller à la tenue des comptes publics, au vu des retombées du bonus pour la rénovation énergétique des logements (« Superbonus »). Le Ministre de l’Economie Giorgetti sera l’arbitre des dépenses. » Il Messaggero : « Concernant le renouvellement du contrat de travail des forces de l’ordre, une injection de ressources (100-150 millions d’euros) pourrait permettre cela. Il y a aussi le cas du gel du renouvellement contrats après départ à la retraite dans l’administration publique : seuls 3 fonctionnaires sur 4 seront remplacés. Dans la loi de finances, le secteur sanitaire a été exempté de ce principe. Cette exemption pourrait être étendue à l’ensemble du personnel de la défense et des forces de l’ordre ».
Réforme de l’autonomie régionale Repubblica (sondage) : ‘’D’après un sondage mené par Demos, six Italiens sur dix se disent désormais contre le projet d’autonomie régionale différenciée, et ce dans tout le pays, y compris au Nord’’. ‘’Depuis le mois d’avril, le taux d’avis favorables a reculé de 10 points’’. ‘’Il y a un an, la réforme était approuvée par 50% des Italiens contre 35% actuellement, la chute du consensus a été particulièrement sensible au Nord-Est de la Péninsule’’. ‘’Une sentence de la Cour Constitutionnelle a récemment déclaré partiellement illégitime la réforme de l’autonomie régionale différenciée’’. ‘’La réforme est plus populaire auprès des électeurs de la Ligue (70%) et de Forza Italia (60%), à l’inverse de l’électorat du Parti démocrate.’’
Justice / immigration Stampa (sondage) : ‘’Un Italien sur deux réprouve les juges refusant le transfert des migrants vers l’Albanie’’. ‘’Les conflits entre la magistrature et la politique sont symptomatiques d’un niveau de tension qu’on peut qualifier d’historique entre les pouvoirs de l’Etat’’. ‘’50,3% des citoyens n’ont pas approuvé la sentence des tribunaux italiens ayant suspendu le transfert de migrants vers le centre albanais de Gjader, contre 28,9% des Italiens qui soutiennent cette décision’’. ‘’Ce taux atteint 70% parmi l’électorat du Parti démocrate et de l’Alliance des Verts et de la gauche’’. ‘’45,5% des personnes interrogées estiment que les juges ont agi volontairement contre le gouvernement, avec une portée politique’’. ‘’L’indice de confiance vis-à-vis de la magistrature se situe aujourd’hui à 31,2%, ce qui signifie que 2/3 des Italiens portent un jugement très sévère vis-à-vis d’un pilier fondamental des institutions.’’
La crise au Moyen-Orient est aussi citée, notamment le sort des soldats italiens déployés au Liban dans le cadre de la mission de l’ONU. Messaggero « Soulagement pour les Italiens du contingent de la FINUL. « Encerclés par les combats qui font rage entre le Hezbollah et l'armée israélienne », « pour les militaires de la FINUL, la trêve au Liban est une bouffée d’oxygène attendue depuis des mois ». « L’accord implique que l’armée israélienne, dans des délais plus ou moins définis, rebrousse chemin jusqu’au territoire de l’État hébreu. Et avec le Hebzollah qui ne devrait plus être présent dans le Sud du Liban, il est maintenant temps pour les casques bleus des 48 pays de reprendre à plein régime le travail de surveillance de la « Blue line » et de soutien aux forces armées libanaises ». « Mais avec une armée qui a besoin d’entrainement, d’armes et de financement, et avec Tsahal qui devrait avoir une certaine liberté de manœuvre y compris après le cessez-le-feu, le rôle de la FINUL pourrait être encore plus important qu’avant. « Hier, A. Tajani a invité à l’Onu à faire preuve de plus de courage et à “renforcer les règles d’engagement de la mission pour permettre aux forces militaires de faire leur travail d’interposition’’ ».
Les retombées en Europe après la victoire de Donald Trump sont encore évoquées. Domani « Meloni face au test de Trump » : « Plusieurs observateurs en Europe se posent la même question « comment Meloni va-t-elle se comporter avec Trump ? ». La présidente du Conseil est vue comme un point de repère en Europe en un moment où tout change rapidement. Meloni est à la tête d’un gouvernement stable, bénéficie d’une popularité encore élevée et a des perspectives de législature. Chose rare parmi les autres dirigeants européens. Par ailleurs, l’Italie a obtenu une vice-présidence exécutive. Comment Meloni va-t-elle se comporter si Trump imposera comme annoncé des droits commerciaux à l’Union ? Si elle devait privilégier l’intérêt national, Meloni pourrait obtenir des bénéfices dans les courts délais mais pas à long terme. Elle devrait alors plutôt suivre l’exemple de Berlusconi et se faire reconnaitre un rôle de médiateur entre le bloc européen et la nouvelle administration républicaine. Le WSJ a suggéré à l’administration Trump de prendre en considération Giorgia Meloni. Si cela devait s’avérer, la présidente du Conseil pourrait remporter une autre victoire politique et une légitimité internationale accrue. »
Corriere della Sera, Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des affaires étrangères : « Sur la CPI nous ne sommes pas divisés, car la ligne de conduite en matière de politique étrangère est définie par la présidente du Conseil et le ministre des affaires étrangères. Et, en nous consultant les uns les autres, nous avons clairement indiqué que nous respections la Cour mais que nous étudierions bien les motifs de cette décision, parce que les opinions politiques ne doivent pas prévaloir sur le droit. Et parce que – sans remettre en cause nos déclarations répétées adressées à Israël sur la nécessité de protéger la population civile palestinienne - nous ne mettons pas sur le même plan ceux qui planifient un massacre de personnes pour détruire Israël et ceux qui se défendent d'une manière qui ne nous convainc pas. [Concernant B. Netanyahou] Matteo Salvini a seulement exprimé sa position personnelle. [Face à la guerre], nous misons sur la diplomatie. Aujourd’hui nous aborderons entre autres ce thème, lors de la session des Dialogues Méditerranéens ouverte aux ministres des affaires étrangères de nombreux pays, comme au sein du G7 des ministres des Affaires étrangères, qui sera élargi aux représentants des pays qui sont fondamentaux pour parvenir à la paix : Inde, Jordanie, Egypte, Emirats du Qatar, Philippines, République de Corée, Indonésie et le Secrétaire Général de la Ligue Arabe... Nous sommes pour l'implication de tous les acteurs sur le terrain. Concernant la mission FINUL, nous le demandons depuis longtemps, nous l'exigeons : l'ONU doit être plus courageuse et renforcer sa mission au Liban. Pour la paix, nous avons besoin d'une zone tampon solide afin d’éloigner le Hezbollah des territoires israéliens, nous ne pouvons pas rester inactifs. Il faut changer les règles d'engagement. Et c'est maintenant qu'il faut le faire, la frontière doit être renforcée ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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