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22/05/2024

"Les souverainistes se divisent, Marine Le Pen abandonne l'AfD."

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Italie. Revue de presse.

La polémique suscitée par la nouvelle mesure fiscale nommée « redditometro »,  le mécanisme qui vérifie les dépenses réelles du contribuable par rapport à ce qui a été déclaré, fait les gros titres de la presse : « Les alliés se divisent sur le redditometro » (Corriere della Sera, Stampa), « Voici les nouvelles règles sur le mécanisme mesurant le revenu réel du contribuable » (Sole 24 OreGiornale), « Redditometro : les contrôles assurent plus de garanties » (Messaggero). La campagne électorale en vue des élections européennes est aussi largement citée : « Les souverainistes se divisent, Marine Le Pen abandonne l'AfD » (Repubblica, Domani), « La droite européenne se concrétise avec l'adieu à l'AfD » (Giornale). Enfin, Repubblica titre en une sur les suites de l'enquête visant le président de la région Ligurie « Les financements secrets sur le compte bancaire de Giovanni Toti ».

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de P. Di Caro, « La Ligue et Forza Italia critiquent un choix qui ‘’se retourne contre nous’’ mais pour FdI, il ne faut pas d’’’exploitation électorale’’ » : « A la direction de Fratelli d’Italia, on ressent de l’irritation après la réaction dure des alliés de Forza Italia et de la Ligue sur la mise en place du système de contrôle fiscal dit « redditometro  ». ‘’Soit ils n’ont pas vu ou compris le texte du décret ministériel, soit ils sont en train de faire de l’exploitation politique dans le cadre de la campagne électorale’’. En effet, par définition, un décret ministériel ne passe pas en Conseil des ministres. Quand on demande si c’était le bon moment de sortir cette décision à quelques semaines des élections, la réaction de FdI est vive : ''le problème est que [les alliés] ont été influencés par un titre de journal racoleur qui titrait sur le retour du « redditometro » et ils ont réagi. Il n’y a absolument aucune intention de notre part de faire du tort aux Italiens’’. Entretemps, Forza Italia fait savoir que, de toute manière, cet instrument de contrôle fiscal ''doit être aboli’’. Encore une fois, la réaction au sein de FdI est forte : ‘’dans aucun pays il n’est possible d’abolir toute forme de contrôle fiscal, sinon comment serait-il possible de dénicher les fraudeurs ?’’. C’est donc un sentiment d’embarras qui plane au siège de Fdi à Via della Scrofa, tout comme au ministère de l’Economie et au Palais Chigi. En effet, le ministre des Finances Giorgetti (Ligue) n’aurait pas été informé de cette décision. Le raisonnement que l’on fait est le suivant : le vice-ministre de l’Economie Maurizio Leo (Frères d'Italie) est quelqu’un de très scrupuleux et qui travaille bien mais le timing et la communication ne seraient pas ses points forts. En effet, le Palais Chigi fait savoir que Leo s’expliquera lors du prochain Conseil des ministres et que, de toute manière ‘’il n’y aura pas de retour du « redditometro »’’ ‘’. C’est donc l’entourage même de Meloni qui reconnait la nécessité d’une explication. Il faudra voir ensuite si FI et la Ligue utiliseront ou pas cette polémique comme ‘’arme’’ électorale pour attaquer leur allié. Quant aux partis de l’opposition, ils pourront toujours dire qu’il s’agit du ‘’gouvernement des impôts’’ ou d’une coalition ‘’désordonnée’’. Forza Italia et la Ligue tiennent toutefois à souligner : ‘’nous n’étions pas informés et quand on aborde certaines thématiques, il faut être prudent. Leo a agi plutôt maladroitement’’. »

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Maurizio Leo (Frères d’Italie) et Giancarlo Giorgetti (Ligue)

ARTICLE, la Repubblica, S. Folli : « Conte entravé dans ses ambitions, un signal envoyé au Parti Démocrate » : « Les sondages les plus récents nous montrent que l’écart entre le PD et le Mouvement 5 Etoiles (M5S) s’est creusé : 20% pour le PD contre 15% pour le M5S. Un chiffre à prendre avec prudence, puisque 38% des personnes interrogées ne disent pas pour qui elles voteront ou bien se disent incertains. Mais le parti d’Elly Schlein gagne quand même, petit à petit, du terrain, ce qui pourrait le placer dans de bonnes conditions pour réclamer un « vote utile » le 9 juin prochain. 15%, ce n’est pas rien, mais ça ne permet pas à Conte de réaliser ses ambitions : dépasser le PD et redevenir un jour président du Conseil. En réalité, il semble que le M5S ne parvienne pas à sortir de sa condition de « junior partner » au sein de l’opposition, bien que (et c’est là tout le paradoxe) Conte continue à revendiquer une hégémonie sur le centre gauche, dont il croit être le véritable et immanquable moteur. C’est aussi pour ça que la récente sortie de Paolo Gentiloni ne doit pas être négligée. En effet, affirmer que la part attribuée à l’Italie pour le plan de relance est le produit d’un algorithme équivaut à briser la légende forgée par Conte lui-même, celle d’un combattant acharné contre une Europe méprisant l’Italie. Ce mythe fondateur du « contisme » permettait pourtant à l’intéressé de revendiquer un leadership à gauche, mais les propos de Gentiloni, qui prépare également son retour en Italie après plusieurs années au service de Bruxelles, ont révélé que le roi était en fait sans couronne. C’est un signal envoyé à Elly Schlein, la secrétaire du Parti Démocrate : son poste n’est pas en danger, mais il faut tourner la page de la ligne timide et résignée, une ligne qui ne pourra plus fonctionner après le 9 juin. Après cette échéance, l’enjeu sera de récupérer le leadership laissé vacant au centre gauche. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Franco « Les deux visions de l’Europe qui provoquent des tensions au sein du gouvernement » : « Forza Italia est en train d’affiner au fur et à mesure son identité européenne par rapport au reste de la majorité. L’impression est que le parti de Tajani semble profiter du passage progressif des alliés vers des postions de plus en plus critiques envers l’UE. FI décide ainsi de se démarquer du slogan de la Ligue ‘’moins d’Europe’’. Du point de vue politique, FI se démarque aussi de Fratelli d’Italia de Meloni, après la participation de cette dernière par message vidéo au meeting de Vox en présence de tous les partis extrémistes européens. Les ouvertures de Meloni au parti de Marine Le Pen, lors de ce meeting, ont créé de l’embarras. C’est la raison pour laquelle Tajani a voulu commenter les paroles de Meloni comme ‘’ des propos prononcés en tant que dirigeante des Conservateurs et pour cela, je ne veux pas la juger’’ pour ajouter juste après de n’avoir ‘’rien à voir avec les extrémistes de droite’’. Tout cela tandis que Salvini faisait savoir que lui et Marine Le Pen sont ‘’parfaitement alignés et d’accord’’. Tajani lance un avertissement à Meloni : indépendamment des résultats électoraux, il faudra ensuite débattre avec des chiffres et des enjeux encore plus grands : ‘’ce qui compte, ce sont les familles européennes et surtout faire partie de celles qui comptent’’. Selon Tajani, le ‘’PPE distribuera encore une fois les cartes du jeu’’. Ensuite, Tajani dit clairement que ‘’ceux qui jouent un rôle important en Italie ont un poids beaucoup moins important en Europe en raison de leur appartenance à des familles qui comptent beaucoup moins’’. Ce sont des visions différentes de l’Europe qui font surface et cela est encore plus évident face à la compétition interne entre FI et la Ligue. Il est difficile de ne pas prévoir les retombées de cette compétition sur le gouvernement au lendemain du vote des 8 et 9 juin. La possibilité d’une crise gouvernementale, comme le souhaitent les partis d’opposition, est toutefois improbable. Il y aura inévitablement un rééquilibrage interne des forces composant la coalition. Le principal risque de crise pourrait venir plutôt des enquêtes judiciaires ou du mécontentement social croissant pouvant faire augmenter l’abstention à des niveaux inquiétants. Cela délégitimerait alors toute victoire. »

PREMIER PLAN, La Stampa, de M. Bresolin et F. Olivo, « Marine Le Pen rompt avec les néonazis (sic) : ‘’nous  ne voulons plus [d’accord avec] l’AfD ; Matteo Salvini relance l’idée d’un ‘’groupe unique avec Giorgia Meloni’’ » : « Ceux qui ont eu l’occasion d’échanger avec les proches de Marine Le Pen racontent que deux épisodes en particulier l’ont amenée à rompre définitivement avec les – désormais anciens - alliés allemands de l’AfD. L’alliance passée par le premier ministre croate Andrej Plekovic (PPE) avec les souverainistes du Mouvement patriotique, sur le point d’intégrer le groupe Identité et Démocratie d’une part, et l’accord pour la coalition de gouvernement aux Pays-Bas incluant le parti de Geert Wilders d’autre part. Deux évolutions significatives qui transformeront le groupe souverainiste en une force d’extrême-droite mais ‘’de gouvernement’’. Ainsi, même sans faire partie de la coalition qui dirigera la prochaine législature européenne, Identité et Démocratie pourra revendiquer quelques places importantes au sein du prochain Parlement européen, rompant le ‘’cordon sanitaire’’ derrière lequel ils avaient été relégués. Marine Le Pen souhaite par ailleurs accueillir Viktor Orban dans sa famille politique et de ce point de vue son projet est en concurrence avec celui de Giorgia Meloni, qui s’efforce elle aussi de mettre sur pied un camp politique de droite en Europe, avec une présence forte des partis au gouvernement. La Ligue a immédiatement soutenu la décision du Rassemblement National de rompre avec l’AfD et voit encore la possibilité de construire un groupe unique à la droite du PPE, ce qui augmenterait très significativement le poids de cette force politique à Strasbourg. Mais des obstacles demeurent, et pas forcément politiques, comme les dynamiques internes entre Marine Le Pen et Marion Maréchal avec la liste Reconquête d’Éric Zemmour. Marine Le Pen a utilisé les récentes déclarations du leader M. Krah comme prétexte pour se débarrasser de l’AfD mais avait déjà pris ses distances depuis un moment, et ce dans un but bien précis. Marine Le Pen et Matteo Salvini estiment que l’AfD n’arrivera jamais au gouvernement en Allemagne et représente de plus en plus un fardeau, raison pour laquelle le parti devrait bientôt être formellement expulsé d’Identité et Démocratie. Le groupe ne risque pas de passer sous le seuil minimum nécessaire à former un groupe car il sera rejoint par d’autres délégations lors de la prochaine législature : les eurodéputés portugais de Chega, les néerlandais de Wilders, ceux du Mouvement patriotique croate et peut-être des Polonais. En plus, éventuellement, des Hongrois du Fidesz, ce qui porterait à quatre le nombre de gouvernement soutenus par des partis membres du groupe ID. Les proches de Salvini expliquent que le leader de la Ligue n’a pas été pris au dépourvu par cette annonce, le ‘’coup’’ était en préparation depuis un moment et avait été décidé de concert, en rappelant que déjà lors de l’événement organisé à Rome le 29 mars dernier l’AfD n’avait pas été conviée. La Ligue n’est cependant certainement pas le parti qui distribue les cartes d’autant plus que, dans le meilleur des cas, son nombre de députés européens sera divisé par deux, de même que son poids politique. Salvini ne voit pas d’un bon œil les échanges – pour le moment seulement indirects – entre Le Pen et Meloni. La Ligue s’était empressée, après le rassemblement de Vox, de publier un communiqué pour de souligner la ‘’nécessité que la totalité des partis alternatifs à la gauche, y compris en Italie, confirment qu’ils sont contre toute alliance conter-nature avec les socialistes ou avec le belliciste Macron’’. La Ligue repart donc à la charge avec sa proposition de groupe unique à la droite du PPE, malgré les nombreux refus de Giorgia Meloni. Antonio Tajani continue de camper sur ses positions : ‘’Forza Italia fait partie du PPE et nous ne serons jamais alliés avec Marine Le Pen’’. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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