20/05/2024
"Meloni lance un appel aux droites : changeons l’UE."
Italie. Revue de presse.
L’accident d’hélicoptère qui a entrainé la mort du président iranien et du ministre des affaires étrangères fait la une de la plupart des quotidiens : « Iran, le drame du président » (Corriere della Sera), « Iran, le mystère autour de Raisi » (Repubblica), « Raisi disparu, l’Iran sans tête » (Stampa). La convention des conservateurs à Madrid et notamment le message vidéo de la présidente du Conseil fait également la une : « Meloni : changeons l’Europe » (Messaggero), « Meloni et l’Europe : elle s’est trompée sur tout » (Libero), « Meloni lance un appel aux droites : changeons l’UE » (Quotidiano Nazionale), « Meloni et Le Pen : ensemble nous lançons un défi à l’Europe » (Repubblica).
PREMIER PLAN, La Repubblica, « Les États-Unis et Israël en alerte sur la stabilité de l'Iran "Il faut éviter l'escalade » par Paolo Mastrolilli : « […] La Première ministre Giorgia Meloni a demandé une réunion ce matin avec le vice-Premier ministre et ministre des affaires étrangères Antonio Tajani (Forza Italia), le ministre de la défense Guido Crosetto (Frères d’Italie), le ministre de l'intérieur Matteo Piantedosi (Indépendant), le sous-secrétaire Alfredo Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance nationale) et la communauté du renseignement afin d'analyser l'évolution de la crise. L'incident n'aurait pas pu survenir à un moment plus délicat. M. Raisi est considéré comme un membre de l'aile dure de Téhéran, très proche du chef spirituel Khamenei, dont il était également, selon certaines rumeurs, candidat à la succession. Washington lui attribue le virage hostile de la République islamique, qui a fait échouer les négociations pour ressusciter l'accord nucléaire du Jcpoa. Les analystes américains sont désormais convaincus que le Hamas a déclenché son massacre du 7 octobre également pour aider l'Iran, qui voulait ainsi boycotter les négociations américaines avec l'Arabie saoudite, qui avaient atteint un stade avancé pour garantir à Riyad une protection sécuritaire contre Téhéran, et la reprise du processus de création de l'État palestinien, en échange de la normalisation des relations avec Israël. »
ARTICLE, Corriere della Sera, « Mains libres sur les alliances, Meloni se veut le "pont entre les modérés et les souverainistes“ » par Monica Guerzoni : « La scène est toujours celle de l'ultra-droite espagnole de Vox. Mais à la place du leader de l'opposition qui, en juillet 2022, haranguait les "patriotes" dans un crescendo de non et de décibels, à faire trembler les coffres et les chancelleries européennes, il y avait hier une première ministre plus prudente, déterminée à compter dans le futur gouvernement à Bruxelles et au Parlement européen. “Buenos dias patriotas", c'est ainsi que Meloni a salué les onze mille personnes présentes à "Europa Viva 2024", organisé par les populistes et nationalistes de Vox. La première candidate apparaît sur une vidéo et est saluée comme celle qui a réussi, la première femme de droite à diriger un pays fondateur de l'UE. Et patience si, dans la grande liesse des drapeaux et des ovations, le nom de l'invitée d'honneur apparaît à l'écran mal prononcé comme "Géorgie", comme le pays du Caucase en flammes à cause d’une loi pro-russe. Mme Meloni s'exprime en espagnol, ne harangue pas la foule et veille à ne pas mélanger l'agenda du chef de parti avec celui du chef de gouvernement. Elle s'adresse au "cher Santiago, mon ami", ce même Santiago Abascal qui, en septembre 2022, a épinglé comme des "médailles sur sa poitrine" les accusations portées contre ses patriotes d'être "machistes, franquistes, racistes et fascistes". La première ministre qualifie de "très similaires" les parcours politiques des deux partis, Vox et FdI. Elle se souvient de l'époque où la gauche européenne, "principale responsable du déclin" du continent, accusait les conservateurs de vouloir "détruire l'Europe". Et il a exhorté ses alliés à monter au créneau : "Aucun changement en Europe n'est possible sans les conservateurs". Les oppositions prédisent que l'Italie finira isolée à cause des "amitiés indigestes" de la locataire du Palais Chigi, des nationalistes de la trempe d'Abascal, Milei, Le Pen et Orbán. Elle, en revanche, n'a pas peur et est candidate pour servir de "charnière" entre les dirigeants de l'UE et les dirigeants moins gouvernementaux. Selon Carlo Fidanza, chef de la délégation de FdI, "nous visons à construire une majorité alternative de centre-droit en Europe également, sans faillir aux principes cardinaux des conservateurs de l'UE". La législature qui s'achève, attaque Meloni, "a été caractérisée par des priorités et des stratégies erronées". Et certainement pour son amie "Ursula", que la première ministre ne nomme jamais, ses oreilles sifflent fort. Le 4 janvier, Mme Meloni s'est déclarée prête à voter pour Mme von der Leyen. Et maintenant que l'étoile de la présidente sortante brille beaucoup moins, elle garde les mains libres. “Nous attendons le vote des citoyens", explique froidement Antonio Giordano, député FdI et secrétaire général du groupe Ecr. Et à la question de savoir comment Meloni s'y prendra pour voter pour les postes de direction de l'Union, elle prend son temps. Les proches de Meloni ont des doutes sur la réélection d’Ursula von der Leyen, compte tenu aussi du détachement dont a fait preuve Antonio Tajani lors de la venue de von der Leyen à Rome. Il y a une autre femme dans les horizons européens : Marine Le Pen. Les deux, c'est bien connu, ne s'aiment pas, mais sous la scène madrilène, le président du Rassemblement national a déclaré qu'avec Meloni "il y a des points communs". De la rivalité à l'idylle ? Entre Rome et Bruxelles, certains raisonnent sur l'hypothèse d'un nouveau groupe européen qui naîtrait de la fusion entre Meloniens et Lepéniens, mais les « fratelli » assurent qu'il n'y a rien de tel à l'horizon et expliquent que 'Marine devait mettre un bémol à l'attaque en trahison faite contre Giorgia lors des meetings de Salvini en février. Pour gagner l'Elysée, Marine Le Pen a besoin de se démarquer définitivement de ses positions pro-russes antérieures et s'ouvre donc à Meloni pour s'ouvrir au front occidental. Meloni serait prête à dialoguer avec Le Pen, parce qu'elle ne veut pas d'ennemis à droite et parce qu'il regarde vers le Parlement européen, où FdI et le Rassemblement national auront des groupes importants et où ils pourront unir leurs forces contre les socialistes sur des batailles communes. A condition que Le Pen lève les ambiguïtés sur l'Ukraine. Forza Italia est déjà sur le qui-vive et Maurizio Gasparri le dit clairement : "Le Pen est hostile à l'UE, comment pourrions-nous gouverner ensemble ?". »
ARTICLE, La Repubblica, « La direction des droites radicales : la première ministre lance le défi mais risque l'isolement » par Tommaso Ciriaco et Anais Ginori : « La coordination des droites radicales s'est mise en marche, sous les applaudissements des post-franquistes de Vox. On saura où elle mènera après le 10 juin. Mais le projet de Giorgia Meloni tient en quelques mots : additionner les voix des conservateurs et celles de l'ultra-droite de Marine Le Pen pour peser sur les dossiers qui passeront au Parlement européen. Une sorte de bloc minoritaire de 135 eurodéputés. L'autre objectif est de partager avec l'ultra-droite le profil des commissaires exprimés par les pays à direction conservatrice (quatre sur vingt-sept) avec l'ambition d'infléchir la ligne de la Commission sur quelques thèmes partagés : hostilité au Green Deal, droits civiques, immigration. En revanche, il n'est pas du tout certain qu'un groupe uni puisse voir le jour ou que les Français rejoignent le groupe ECR en cours de législature. Les Italiens n’en voudraient pas, la fille de Jean-Marie y pense. Ce qui est sûr, c'est que le projet de Meloni de toute façon risqué. Elle pourrait se retrouver à nouveau isolée, exclue des pays qui dirigeront vraiment l'Union au cours des cinq prochaines années. À Madrid, rien n'est laissé au hasard. Dans son discours, Mme Meloni évite de critiquer durement l'ennemi juré de Mme Le Pen, Emmanuel Macron. Elle veut éviter les incidents diplomatiques. De même, elle ne mentionne jamais l'Ukraine : les chers amis de Vox ne soutiennent pas Kiev. Au contraire, la première ministre piétine le travail de la Commission : c'est une critique implicite d'Ursula von der Leyen, un signe de méfiance à son égard, une ouverture à Le Pen. Qui veille également à ne pas exagérer, à poursuivre la voie de la "normalisation" en vue de la présidentielle de 2027 : après avoir pris ses distances avec l'Afd, elle prononce désormais des propos moins radicaux et n'exagère pas non plus à l'encontre de l'Elysée. C'est la preuve que les deux délégations se sont mises d'accord sur les discours, pour éviter de se gêner mutuellement. C'est le fruit du dialogue", note Antonio Giordano, secrétaire de l'Ecr. Mais pour Meloni, traiter avec Le Pen efface d'un coup dix-huit mois de politique, d'équilibrisme et de sourires diplomatiques accordés à Macron. Un retournement fondé sur l'espoir que le vote du 9 juin rendra la droite indispensable et poussera la "majorité Ursule" - composée de libéraux et de populaires- à frapper à la porte d'Ecr. Le problème - le pari, en fait - est qu'à ce jour aucun sondage ne confirme cette tendance. Et en effet, les socialistes sont décisifs dans tous les scénarios. Et puis aucune Commission ne négocierait avec la galaxie à droite des conservateurs. Alors pourquoi Meloni radicalise-t-elle sa campagne dès le stade de Vox, aux côtés de Le Pen et en mettant son visage sur le "non" à l'hypothèse d'un accord avec le Pse ? D'une part, parce qu'elle a subi ces dernières semaines un veto similaire de la part des socialistes et qu'elle tente de le compenser. En partie, parce qu'il mise sur l'échec de Macron et imagine que l'effondrement électoral du président français va rebattre les cartes à Bruxelles. Mais c'est précisément dans ce raisonnement que réside le pari : les sondages le disent, c’est l'accord entre Macron, Scholz et le Polonais Tusk qui permettra tout accord éventuel pour la Commission. La radicalisation de Meloni éloigne Rome de cette salle de contrôle. Dans le même temps, Meloni agit ainsi pour répondre à une nécessité politique interne : frapper Salvini. En fait, le dialogue avec Le Pen clôture l'incident d'il y a quelques mois, lorsque la Française a défié le Meloni, sous les applaudissements de la Ligue : cette fois-ci, c'est Salvini qui n'est même pas invité. Et c'est Meloni - qui a également réalisé l'erreur d'avoir ouvert les portes de l'Ecr à Zemmour, qui risque de ne pas passer la barre - qui traite directement avec ceux qui, en théorie, devraient être le principal allié de la Ligue. Salvini s'en aperçoit et tente de s'incruster : "Marine est sage", affirme-t-il, "maintenant tous les partis de centre-droit disent non à la gauche et à Macron". La réaction de Forza Italia est glaciale : "Marine est hostile à l'Europe, comment pourrions-nous gouverner ensemble ? »
Giorgia Meloni en vidéo lors du rassemblement organisé par Vox en présence de Marine Le Pen
ENTRETIEN, Il Messaggero, de Adolfo Urso (Frères d'Italie), ministre des entreprises et du made in Italy : "Tavares doit augmenter la production en Italie. Un autre acteur est en route" par Umberto Mancini : « Les usines Stellantis ne tiendront que si les niveaux de production sont augmentés, avec de nouveaux modèles électriques mais aussi hybrides. […] »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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