08/03/2024
"Le soutien implicite de Fratelli d’Italia à Ursula mais Salvini repart à l’attaque."
Italie. Revue de presse.
Plusieurs sujets se partagent la Une ce matin : l’affaire du fichage de nombreuses personnalités par un agent de la garde des finances : « Un nombre impressionnant de personnes contrôlées » (Corriere della Sera), « L’ombre des services secrets étrangers derrière l’affaire du fichage » (Messaggero), la campagne électorale pour les élections régionales dans les Abruzzes ce dimanche : « Le défi sur la santé publique s’invite dans le vote dans les Abruzzes » (Repubblica), le congrès du PPE à Bucarest « Von der Leyen-Salvini, c’est le bras-de-fer sur l’Europe » (Stampa) et enfin la crise humanitaire dans la bande de Gaza : « Les Etats-Unis annoncent l’installation d’un port temporaire à Gaza pour les aides humanitaires » (Sole 24 Ore).
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo « Affaire de fichage, Meloni évoque des « adversaires rancuniers » » : « Invitée sur le plateau de Rete4, Meloni a évoqué la métaphore du « casque de guerre » qu’elle porte durant cette campagne électorale car ‘’la nature rancunière de nos adversaires politiques est en train d’émerger et cela me fait comprendre qu’il faut s’attendre à tout mais je ne suis pas préoccupée, ce qui m’intéresse c’est la popularité auprès des électeurs’’. Concernant l’affaire du fichage, elle explique que ‘’ce qui se passe est assez simple : certains fonctionnaires de l’Etat ont accès à des données sensibles qu’ils devraient utiliser pour lutter contre la mafia, mais les passent à des personnalités politiques qui ne sont pas nos amis ou à des journaux comme par exemple [Domani] proche du parti démocrate. J’espère que l’enquête permettra de remonter jusqu’aux principaux responsables’’. Concernant la polémique autour des manifestations pro-Palestine, elle répète ce qu’elle dit déjà depuis quelques jours : ‘’si un agent de police commet une bavure, il en paie les conséquences mais si un manifestant agresse un policier, il n’y a pas de conséquences, il y a une forme d’impunité. Je tiens à remercier les forces de l’ordre et à exprimer mon soutien face aux campagnes de haine qui ont parfois lieu. L’année passée il y a eu 120 agents agressés et personne n’a manifesté sa solidarité. Manifester est un droit mais respecter les règles est un devoir’’. Hier, Giorgia Meloni a reçu Enrico Letta au Palais Chigi : l’ancien secrétaire du parti démocrate a été consulté en tant que président de l'Institut Jacques Delors, chargé par le Conseil européen de rédiger un rapport sur l'avenir du marché unique. Parmi les priorités mises en avant par le gouvernement italien figure la révision "des priorités de la transition écologique en mettant l'accent sur la compétitivité industrielle et l'emploi", rapporte le Palais Chigi. »
PREMIER PLAN, Repubblica, R. Castelletti « Poutine et le street artist italien : encore un selfie pour influencer le pays qui préside le G7 » : « Moscou veut s’adresser à l'Occident et cherche, en Europe, un appui après de l’Italie qui assure la présidence tournante du G7 et qui a parfois eu une attitude ambiguë. Le dernier acte de cette ‘Opération Sympathie’ qui bat son plein s'est déroulé mercredi soir au festival de la jeunesse de Sotchi. Un Italien a demandé à Vladimir Poutine si l'art pouvait "devenir un instrument qui unit les pays" et, tel un fan en présence de sa star, lui a demandé un selfie "pour que nous puissions montrer en Italie que vous êtes un être humain comme les autres et que la propagande à votre sujet est fausse". Le protagoniste de cet échange est le street artist napolitain Ciro Cerullo, alias Jorit, qui a réalisé une fresque dans la Marioupol conquise par les Russes et en a dédié une autre à l’actrice Ornella Muti à Sotchi. L'inaccessible Poutine se laisse aller à une étreinte pour la photo et profite de l'occasion pour parler du "désir de liberté" commun aux Russes et aux Italiens et pour citer Garibaldi. Une scène qui suit de seulement quelques semaines un échange semblable entre Poutine et une étudiante italienne. Un épisode suivi par les provocations de l'ambassadeur russe à Rome, Aleksej Paramonov, qui, dans une interview à Tass, a accusé l'Italie de capituler devant "l'aile anglo-saxonne" et d'être "hostile" à la Russie et, dans une autre tribune parue dans Repubblica, avait reproché aux "anciens partenaires européens" d'être "entraînés dans un conflit qui va à l'encontre de leurs intérêts et les conduit à l'autodestruction". Autant de messages codés auxquels s'ajoute un intense travail de propagande, qui passe également par des projections de films et l’organisation de conférences. Sans parler de la désinformation : l'Italie est première en UE pour le nombre de contenus retirés des réseaux sociaux au cours du premier semestre 2023. Les efforts de Moscou sont évidents. Après l'échec de la contre-offensive ukrainienne, Poutine compte sur la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine en novembre pour mettre sur la table un accord à "ses conditions" et espère que l'Italie en sera le porte-parole en Europe. Il a commencé à semer et entend récolter un résultat à la fin de l'année. En inaugurant la présidence italienne du G7 à Kiev, à l'occasion du deuxième anniversaire de l'offensive russe, et en rencontrant Joe Biden à Washington, la Présidente Giorgia Meloni a réitéré le choix de son camp. Hier, le ministre des affaires étrangères Antonio Tajani (Forza Italia) a répondu à Poutine : "la propagande était l'art du KGB, la désinformation était l'art de l'URSS". Cependant, l'ambiguïté de la Ligue de Matteo Salvini, qui reste liée au parti de Poutine par un accord de coopération, demeure. Aux élections européennes, la Ligue voudrait profiter du soutien mitigé des Italiens à l’Ukraine pour revoir à son avantage les équilibres au sein du gouvernement. La Russie joue son jeu, en alimentant les divergences au sein du gouvernement et en essayant de pousser Meloni à abandonner, ou du moins à assouplir, son atlantisme pour plaire à l'électorat de droite, le but ultime étant de la convaincre de suspendre l'aide à Kiev ou de le conditionner à l'ouverture d'une table de négociation avec Moscou. En clair, trouver un terrain d'entente. La fermeté de Meloni sera mise à l'épreuve lors du sommet du G7 qui se tiendra dans les Pouilles en juin. D'ici là, l'offensive de Moscou ne fera que s'intensifier. »
COULISSES, Repubblica, E. Mauria « Le soutien implicite de Fratelli d’Italia à Ursula mais Salvini repart à l’attaque » : « Le dialogue souterrain, désormais visible, se prolonge. Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni, travaillent en silence à une possible collaboration lors de la prochaine législature européenne. Les faits d’hier, le jour de la nouvelle candidature de von der Leyen à la tête de la Commission, représentent l’énième preuve. Salvini aussi s’en est aperçu et, irrité, juste après l’intervention à Bucarest d’Ursula prenant pour cible Marine Le Pen et l’AfD (les alliés de la Ligue), il a fait diffuser un communiqué attaquant la responsable de l’exécutif européen. ‘’Ce sont les politiques folles de cette misérable et sinistre Commission qui détruisent l’Europe et qui n'a rien fait pour lutter contre l'immigration clandestine et l'extrémisme islamique, qui s'est employée à voler les agriculteurs italiens et européens à grands coups de taxes, de règles idiotes, de farine d'insectes et d'aliments synthétiques, de la perte de milliers d'emplois dans la filière automobile pour favoriser la Chine et nous inonder de voitures électriques, pour mettre en difficulté les propriétaires de logements avec de nouvelles obligations et taxes. Les socialistes qui volent des millions de citoyens : plus jamais". C’est surtout un message adressé à Meloni qui devra assumer, selon le chef de la Ligue, sa responsabilité en cas d’une possible alliance avec le PSE. Nous assistons de plus en plus à une guerre froide au sein de la coalition de droite. Antonio Tajani tente diplomatiquement de désamorcer la tension : "nous sommes conscients de la position de la Ligue mais cela n'affecte pas la position du gouvernement". En attendant on remarque surtout le silence assourdissant de Fratelli d'Italia qui n’a fait aucune déclaration officielle. Il s'agit en fait d'un langage codé, qui n’est pas seulement fait de mots. Meloni sait bien qu’elle devra soutenir la présidente sortante, notamment par politesse institutionnelle : Il n'est jamais arrivé qu'un parti au pouvoir dans un pays membre ne soutienne pas le candidat à la présidence de la Commission européenne. Et aussi parce que dans le prochain exécutif européen, il devra y avoir un commissaire italien, comme l'a souligné la Présidente du Conseil, probablement le ministre Raffaele Fitto (Frères d’Italie). La présence de francs-tireurs pendant le congrès du PPE n’a pas échappé à la Présidence du Conseil. Cela rend les voix des Conservateurs encore plus précieuses et Meloni n’est pas disposée à les céder gratuitement. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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