10/01/2024
"Un demi-million d’emplois supplémentaires grâce aux nouvelles mesures restrictives sur les retraites."
Italie. Revue de presse.
Les JT couvrent essentiellement la mission du Secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken à Tel Aviv, la crise politique en Equateur, le débat autour de l’abolition du délit d’abus de pouvoir et enfin l’enquête à la suite du rassemblement fasciste à Rome lors d’une commémoration en hommage à des membres du front de la jeunesse du MSI assassinés en 1978.
Sur X le hashtag #AccaLarentia continue d’être en tendance pour la troisième journée consécutive.
COULISSES, La Repubblica, de G. Foschini, « De Verdini à Palamara, tout le monde est sauvé, la nouvelle loi supprime même le trafic d’influence » : « Tommaso Verdini, à la tête de la société INVER, déjà inquiété dans une affaire de corruption en lien avec la société publique des infrastructures routières et proche de Matteo Salvini, n’a plus à s’inquiéter d’être poursuivi également pour trafic d’influence. Le gouvernement, comme il l’a déjà fait avec l’abus de pouvoir, entend en effet supprimer ce délit. Pas formellement, mais dans les faits : d’après des juristes, la loi telle qu’elle a été réécrite rendra son application pratiquement impossible. On passe ainsi l’éponge sur plusieurs dizaines d’enquêtes en cours en Italie, plusieurs procès n’auront sûrement pas lieu (ceux de Beppe Grillo ou d’Alberto Bianchi, l’avocat très proche de Matteo Renzi) et l’on permet la réhabilitation de plusieurs personnes condamnées, en particulier Luca Palamara (ancien juge et membre du Conseil supérieur de la Magistrature) et Gianni Alemanno (ancien ministre sous Berlusconi et ancien maire de Rome, Indipendenza !). La réforme voulue par le gouvernement prévoit que, pour être condamné, le ‘’facilitateur’’ doive recevoir de l’argent et le verser à un fonctionnaire en exercice, un cas marginal. Au Parlement et dans les tribunaux, beaucoup sont convaincus que derrière le prétexte d’une requête des maires, cette réforme de la justice est en réalité une façon de dépénaliser le trafic d’influence et jouer sur l’étroite frontière entre la figure du lobbyiste et celle d’’intermédiaire, de ‘’facilitateur’’, à la base de la corruption. On sait que la famille Verdini demandait aux collaborateurs de ne laisser aucune trace ‘’car leur activité était mal vue et très borderline’’. L’avocat italien très engagé en matière de corruption Raffaele Cantone avertit sur le fait qu’en ‘’dépénalisant les abus, on risque de rendre licite le fait de verser une somme d’argent à un tiers afin pour influencer dans ses décisions et ses fonctions un juge, un homme politique, un membre d’une commission publique etc’’. Il alerte sur le risque de considérer ‘’des faits de corruption caractérisés qu’aucun pays occidental ne saurait tolérer comme de simples activités de lobbying’’. »
PREMIER PLAN, Repubblica, P. Berizzi « Les sièges réduits de moitié et les militants en fuite : la grande crise de Casapound qui compte désormais sur les bras tendus » : « ‘’C’est l'effet Acca Larentia’’. Les réactions au rassemblement d’extrême droite, organisé par CasaPound - avec les saluts romains et le "présent" militaire au-dessus de la gigantesque croix celtique, comme chaque année depuis des années - risquent de redessiner les équilibres de la galaxie néofasciste italienne. Il s’agit d’un univers complexe et fragmenté, en constante évolution et soumis à des chocs depuis l’arrivée du gouvernement Meloni, en octobre 2022. Le fait qu’il s’agisse du gouvernement le plus à droite de l'histoire républicaine constitue un problème ‘tactique’ pour les militants de la droite extra-parlementaire. ‘’Acca Larentia les a relancés alors qu'ils avaient presque disparu’’, commente l'un des nombreux exilés de CasaPound Italia. C'est ce qui pourrait arriver. Après deux années pour le moins difficiles, les "fascistes du troisième millénaire" – qui admirent les chefs nazis Himmler et Priebke - ont aujourd'hui une possibilité de sortir de l’insignifiance dans laquelle ils s'étaient engouffrés. C’était l’objectif de la commémoration de Acca Larentia. Car le 7 janvier et son cérémonial fasciste sinistre et indigne représente la seule véritable appartenance politique qui reste à CasaPound. L'objectif maintenant, comme on l’affirme au siège de Via Napoléon III, est de retrouver un rôle de premier plan dans l’univers de l’extrême droite, comme ce fut le cas à l'époque de l'alliance avec la Ligue de Salvini. Après juin 2019, lorsqu'il a cessé d'être un parti pour redevenir un mouvement méta-politique, CasaPound a été affaibli par le départ de noms de poids : l'ancien secrétaire national Simone Di Stefano, en rupture avec Gianluca Iannone et plus récemment, la pasionaria Carlotta Chiaraluce. L'effet de la scission a eu un contrecoup dans les sections : elles étaient une centaine, il en reste moins de la moitié. L'épicentre de l'hémorragie se situe dans le Nord. Suite aux procès, aux enquêtes judiciaires et aux problèmes liés à l'immeuble occupé à Rome depuis 2003 (où ils sont toujours basés), CasaPound s'était vidée comme l'avait fait son concurrent Forza Nuova. Idéologiquement englobé par Fratelli d’Italia et auparavant par la Ligue, CasaPound est aujourd'hui “un mouvement personnel de Iannone", témoigne un militant romain de la première heure. Les fidèles du leader, 'Pelo' et 'Atti', ont lancé à la foule à Acca Larentia l’appel à répondre "présent" - un prix et un honneur pour les néo-fascistes-. Alignés par rangées, ils étaient entre 500 et 600. Parmi les militants, beaucoup n'appartenaient pas à Casapound, mais venaient de l'extérieur. Des nostalgiques, des ultras du foot, des militants du Nord. S'il y a un point politique à relever, c’est que Acca Larentia "sauve", du moins pour l'instant, ceux qui l'ont mise en place. Et elle donne à l'extrême droite l'idée (ou l'illusion ?) de se rassembler, à droite de la 'modérée' Meloni. Et avec un 'allié extérieur : le président du Sénat et avocat Ignazio La Russa, qui a justifié les saluts romains ("certains verdicts ont affirmé qu’ils ne sont pas un crime"). Une musique douce pour les fascistes du troisième millénaire. »
EDITORIAL, Corriere della Sera, A. Panebianco « Peut-on rêver d’une réforme de l’Italie dans le pays des vétos et des corporations ? » : « Un an après la naissance du gouvernement Meloni, on peut faire un constat : le projet de grand parti modéré rêvé par la Présidente du Conseil se heurte à trois grands obstacles. 1/ l’hétérogénéité de la coalition de gouvernement : on a constaté la division des trois principaux partis de majorité sur plusieurs thématiques (comme par exemple le MES). Le gouvernement est ainsi poussé à choisir la survie et la durée aux dépens de l’efficacité de son action. Or, cela ternit son image et le prive de crédibilité, de vision et d’élan pour le projet conservateur. 2/ l’absence de culture politique à la hauteur de cette ambition. Par exemple, au lieu de viser l’un des principaux problèmes de notre justice (la quantité débordante de délits prévus par la loi) la majorité semble plutôt engagée à en créer de nouveaux. En outre, une loi sur le « made in Italy » a été adoptée en décembre, sans que presque personne ne s’en rende compte : un fonds important a été alloué à l’agriculture et à certaines activités culturelles à condition qu’elles représentent les excellences italiennes avec des registres auxquels s’inscrire. Il y a aussi la création d’un lycée « Made in Italy ». C’est une loi qui s’inspire au protectionnisme, nourrie d’une culture d’Etat et de corporation. Or, un parti conservateur moderne devrait s’inspirer du libre marché et de la libre concurrence. 3/ le dernier obstacle concerne le principe d’interdépendance entre la droite et la gauche. Il ne peut y avoir de parti conservateur moderne sans un parti social-démocrate à gauche et vice-versa. Comment sortir de cette impasse ? il faudrait alors envisager une réforme institutionnelle pouvant renforcer le gouvernement (mais avec un modèle bien différent du projet proposé par la majorité) avec en parallèle l’adoption d’un nouveau système de scrutin favorisant la compétition au « centre », pénalisant ainsi les partis extrémistes. Cela devrait favoriser, dans le temps, la naissance d’un grand parti conservateur et d’un grand parti social-démocrate. »
ARTICLE, Repubblica, V.Conte, « Un demi-million d’emplois supplémentaires grâce aux nouvelles mesures restrictives sur les retraites » : « Nous assistons à un record historique du nombre d'emplois atteint en novembre en Italie, 23.743.000, un peu plus que ce qu'annonçait l'Istat le mois précédent (+0,1 %). En novembre 2022, on en dénombrait 23.222.000. Plus de 500 000 emplois supplémentaires, dont 477 000 concernent des travailleurs de plus de 50 ans, soit 92 % du total. Ce record est le résultat de l'effet démographique qui conduit au vieillissement progressif du marché du travail combiné avec la réforme des retraites de 2011. Le gouvernement Meloni devrait donc remercier la loi Fornero qui a prolongé la vie professionnelle des personnes, qu'elle plaise ou non aux travailleurs et aux entreprises. La ministre du Travail, Marina Calderone (Indépendante), pense que "la bonne évolution de l'emploi photographiée par l'Istat" est "le reflet des politiques de l'emploi introduites au cours de cette première année de gouvernement". Toutefois, Les données de novembre montrent que l'emploi augmente beaucoup moins parmi les jeunes que chez les plus de 50 ans. Il y a moins de nouvelles embauches par rapport aux départs à la retraite, en raison de la réforme Fornero. Les données de l’Istat de novembre signalent ensuite une augmentation des inactifs ne recherchant pas d’emploi en un mois (+48 000). Les contrats à durée déterminée remontent également. Le taux d'emploi reste stable à 61,8 % en octobre. Le taux de chômage diminue de deux dixièmes, à 7,5 %. Un tiers de la population active en Italie n’est ni en situation de travail ni de recherche d'emploi. La moyenne de l'UE est à 25,5 %. »
plus de 500 000 emplois supplémentaires
ARTICLE, Il Messaggero, R. Dimito « Aciérie Ilva : Arcelor fait marche arrière et se dit prêt à collaborer. Le gouvernement veut arriver à une solution. »
ARTICLE, Foglio, D. Carretta « Pourquoi Mario Draghi ne sera pas le prochain Président du Conseil Européen » : « Dans les couloirs des institutions européennes, le nom de Mario Draghi circule depuis longtemps, même si de manière non officielle, pour remplacer Charles Michel à la tête de la Présidence du Conseil Européen. On peut apprécier sa méthode, utilisée pendant son mandat à la BCE : faire usage de son autorité pour pousser ses interlocuteurs à des compromis. A l’occasion de la présentation d’un livre du journaliste Aldo Cazzullo, Draghi a répété la nécessité que ‘’l’Union devienne un Etat’’. Mais ces qualités peuvent se transformer en défaut quand un groupe de dirigeants (où se sont les intérêts personnels et les craintes politiques qui s’imposent) doit choisir le président du Conseil Européen. ‘’Draghi à la tête de l’UE jetterait de l’ombre sur les Macron, Scholz, Sanchez et Meloni’’ fait savoir un diplomate européen, car ‘’les chefs d’Etat et de gouvernement veulent un notaire plutôt qu’un leader’’. Par ailleurs, les méthodes et les idées de Draghi ne favorisent pas sa candidature. ‘’Il est trop politique’’ révèle un fonctionnaire européen dans les pages du FT ; ‘’son discours sur une Union qui doit devenir un Etat n’est certainement pas consensuel’’, confirme un diplomate. Ses opinions sur la dette européenne ‘’se heurtent à la vision de l’Allemagne et des pays frugaux’’, prévient un ambassadeur. Ces dernières vingt années, les dirigeants européens se sont montrés courageux uniquement devant la crise de l’euro, devant la pandémie et face à l’invasion russe en Ukraine. ‘’il faut du courage pour nommer Draghi. Une grave crise pourrait être déterminante’’ ajoute l’ambassadeur. »
ARTICLE, Repubblica, « Macron choisit Attal : jeune, gay et anti-Salvini » par Anais Ginori : « C’est le premier ministre le plus jeune de l’histoire de la République française. Il n’a que 34 ans, et il semble physiquement encore plus jeune. Un choix qui a surpris bien que le ministre de l’éducation fut devenu l’un des marconiens populaire du gouvernement Borne. En six mois seulement, il s’est fait connaitre pour des mesures radicales et médiatisées, de l’interdiction de l’abaya au rétablissement du redoublement. Il est aussi l’un des rares politiciens français à avoir parlé sans tabou de son orientation sexuelle. Il a pris la carte du parti socialiste alors qu’il n’était pas encore majeur, dans le courant de Strauss-Kahn, le candidat à l’Elysée empêché par l’affaire à New York. Son premier bulletin de vote comme électeur fut pour les présidentielles de 2007, pour la socialiste Ségolène Royal bien qu’il ait été soumis ensuite à la fascination pour Nicolas Sarkozy, avec qui il a déjeuné en septembre. A 23 ans, une brève expérience ministérielle avec Marisol Touraine, et en 2016 il est séduit par Macron, qu’il suit dans son ascension du pouvoir. Il devient porte-parole du parti en Marche et en 2018 il devient secrétaire d’Etat à la jeunesse, rôle dans lequel il s’est fait connaitre en Italie pour avoir qualifié les mesures contre la politique migratoire de Salvini de « à vomir ». « Je n’ai rien contre l’Italie, peut-être que j’ai employé le mauvais terme, c’était une réaction à chaud » avait-il ensuite confié à la Repubblica. Son adversaire direct est à présent Jordan Bardella, 28 ans, d’origine italienne, devenu président du RN et chef de liste pour les prochaines européennes, avec des sondages qui vont jusqu’à 30% des intentions de vote. Attal, comme chef de la majorité, devra éviter une défaite cuisante. Dans cette bataille il retrouvera aussi, à distance, le meilleur allié de Le Pen, ce Salvini qu’il avait attaqué, sans détour, il y a quelques années. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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