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08/01/2024

"Giorgia Meloni décidera en fonction des sondages si elle sera ou non candidate."

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Italie. Revue de presse.  

Plusieurs titres se partagent la Une ce matin : « Proche-Orient les Etats-Unis alertent [sur une escalade régionale du conflit] » (Corriere della Sera), « Plan de relance national (PNRR), l’autorité anticorruption s’inquiète [de l’assouplissement des contrôles] » (La Repubblica), « Politique intérieure, Giuseppe Conte (M5S) dénonce « tous les mensonges » de Meloni » (Stampa), « Economie, voici les 140 nouveautés allant de la fiscalité aux retraites en passant par les emplois et les maisons» (Sole 24 Ore) « Administration : les salaires seront désormais liés aux objectifs atteints » (Il Messaggero). 

Sur X le hashtag #AccaLarentia domine en référence à la commémoration à Rome de l’assassinat de deux militants d’extrême droite en 1978, commémoration au cours de laquelle des militants ont fait le salut romain, ce qui suscite une polémique sur les réseaux. 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Cremonesi, M. Galluzzo « La Présidente et la course aux européennes. Elle décidera en fonction des sondages si elle sera ou non candidate » : « Giorgia Meloni (Frères d’Italie), Matteo Salvini (Ligue) et Antonio Tajani (Forza Italia) devront décider –  ensemble, comme l'a dit la Présidente du Conseil – s'ils se présenteront comme têtes de liste aux élections européennes. Et cela dépendra en grande partie des sondages. En effet, Fratelli d'Italia progresse dans les enquêtes d’opinion avec des pourcentages proches de 29 %. Giorgia Meloni ne veut pas gagner de façon trop écrasante, car elle ne veut pas créer de problèmes à sa majorité dont l’équilibre est déjà précaire. Meloni sera donc confrontée dans les semaines à venir à des choix politiques et diplomatiques délicats, en lien avec ses deux vice-présidents. Tajani a déjà déclaré publiquement qu'il ne pensait pas que la candidature de Meloni serait un bon choix. Pour sa part, le leader de Forza Italia ne pourra certainement pas s'engager avant que se tienne le congrès de Forza Italia, fin février. La décision n'est pas plus facile pour Salvini. L’idéal pour la Ligue serait que les gouverneurs du nord et le général Vannacci soient également candidats, mais les présidents de régions ne semblent pas convaincus et, pour sa part, le général n'a pas encore décidé. Il en irait autrement si, d'ici à la fin février ou mars, Frères d’Italie descendait en dessous des 27 % dans les sondages. Dans ce cas, le parti aurait besoin d’une confirmation électorale complète, et justifierait que Meloni aille sur le terrain confirmer sa popularité. D'autre part, si nous imaginons l'après-vote, il y a au moins deux points sur lesquels mise le Palais Chigi : une alliance des conservateurs avec les populaires, au moins pour la formation de la Commission, parce que la majorité des 27 États sont actuellement de droite. Cela signifie qu'Ursula von der Leyen a de bonnes chances d'être réélue. Au Parlement, actuellement, les majorités sont variables et Ecr vote souvent avec Marine Le Pen. Mais la possibilité que Draghi devienne président du Conseil n'effraie pas le Palais Chigi. L'Italie pourrait toujours chercher à obtenir les portefeuilles de commissaire au Marché intérieur ou à la concurrence, qui sont déjà dans le viseur de Giorgia Meloni. » 

ENTRETIEN, La Stampa, de Giuseppe Conte, leader du Mouvement 5 Etoiles et ancien Président du Conseil, par Annalisa Cuzzocrea, « Avec Meloni, l’Italie n’a plus qu’un rôle de second plan en Europe, il y a beaucoup de mensonges sur les questions économiques et la réduction des taxes » : « Meloni et ses proches font prévaloir sur la morale une logique de défense de caste, au détriment du prestige des institutions. Par exemple, Matteo Salvini devrait donner des explications dans l’affaire Verdini car la société visée [l’Anas, société publique des infrastructures routières, ndlr] est sous la tutelle de son ministère. Mais je doute qu’il le fasse, comme il ne l’a pas fait par le passé dans d’autres affaires. J’espère que le Parti démocrate se joindra à nous dans cette bataille pour la démocratie, d’autant que le désintérêt et de la méfiance des citoyens vis-à-vis des institutions sont en jeu. Meloni gère son parti et son entourage politique en favorisant trop ses proches. Delmastro, Sgarbi, Santanché, Lollobrigida et d’autres ministres et secrétaires d’Etat doivent assumer une responsabilité politique éthique particulière, qui figure dans notre Constitution. Plus grave encore, Giorgia Meloni semble sourde au problème de la forte contamination entre politique et affaires. Les complots évoqués par la Présidente du Conseil ne servent qu’à rejeter sur d’autres les insuffisances de son gouvernement, d’où les attaques contre la magistrature, la remise en cause d’enquêtes en cours, le bras-de-fer avec plusieurs autorités de régulation (Cour des comptes, autorité anti-corruption…). Si Meloni a des problèmes avec certains lobby c’est parce qu’elle en favorise quelques-uns et se met les autres à dos. Contrairement au Parti démocrate, le Mouvement 5 Etoiles n’a pas voté pour le MES car il risque d’être un instrument de distraction et un mécanisme obsolète, et nous avons toujours été contre. Nous sommes pour une nouvelle loi d’ensemble, comprenant également une révision profonde du Pacte de Stabilité. C’est une question cruciale, [en l’état nous avons] un Pacte que la France et l’Allemagne nous ont imposé sans que Meloni ait eu le courage de mener une véritable bataille. Elle a admis elle-même que ce n’est pas le Pacte qu’elle aurait voulu, même si elle a dit après qu’elle était satisfaite. Mais de quoi ? Des 12 milliards de coupe budgétaire que nous devrons faire chaque année ? De la correction de la Loi de Finances qu’il faudra faire dès 2024 ? Ne serait-ce que pour financer la réduction des charges fiscales et de l’impôt sur la fortune, il faudra revoir le budget de 30 milliards d’euros. Une fois au pouvoir, Meloni s’est avérée soumise à Bruxelles et à Washington, c’est une trahison politique qu’elle a du mal à défendre. Elle évoque une croissance nationale supérieure à la moyenne européenne, alors que le PIB de l’Union est estimé à 1,3% et le PIB italien à 0,9%. La Banque d’Italie estime même que nous ne dépasserons pas 0,6% pour 2024. Elle s’est vantée d’avoir baissé les impôts en diminuant les dépenses publiques alors qu’elle l’a fait en creusant la dette publique. Concernant la situation à Gaza, je trouve ce gouvernement indigne de représenter l’Italie, laissant mourir plus de 20 000 civils palestiniens sans avoir le courage de condamner fermement la stratégie militaire de Netanyahou. En vue des élections régionales, notre objectif n’est pas forcément de nouer des alliances mais de construire des projets politiques qui répondent aux besoins de nos concitoyens. Avec la ‘’loi-bâillon’’ (sur la presse), le gouvernement crée un système de justice qui s’agenouille devant les politiques et les puissants mais se montre inflexible face aux autres citoyens. L’autocritique de Meloni sur l’immigration ne concernait pas l’accord avec l’Albanie qui ne sera jamais mis en œuvre car il suppose de débourser des sommes conséquentes sans grand résultat. Elle entretient des chimères au lieu d’affronter les problèmes concrets de l’intégration et de la nationalité obtenues grâce à la scolarité en Italie. » 

ENTRETIEN, La Repubblica, de Giuseppe Busia, président de l’Autorité anti-corruption (ANAC), « [Sur le PNRR], beaucoup d’argent est en jeu, les contrôles sont le seul remède et en faire moins ne réduira pas les délais » : « Les contrôles préventifs et en collaboration avec les autorités concernées sont le seul antidote à ce qu’on appelle ‘’la peur de signer’’ [la crainte de prendre la responsabilité d’attribuer un marché et d’être ensuite accusé de corruption]. Il faut aussi une réglementation claire et le renforcement de l’administration. Lorsqu’il y a beaucoup d’argent à dépenser dans des délais très rapides, il risque de finir entre de mauvaises mains ou d’être gaspillé. Cette vigilance, que l’on met en place sur demande des administrations elles-mêmes lors de gros appels d’offre, fait gagner du temps et de l’argent. Il faut à l’inverse éviter d’éliminer certaines étapes dans le but de réduire les délais. L’indépendance de toutes les autorités effectuant les contrôles est indispensable, qu’il s’agisse de l’ANAC ou de la Cour des comptes. La crainte observée est souvent due également au manque de moyens suffisants pour organiser et suivre correctement les procédures. Il faut investir et mener des réformes dans ce sens. De façon générale, nous entrons dans la phase la plus difficile de la mise en œuvre du Plan national de Relance, car nous passons de la conception et des appels d’offres à l’exécution des projets. En parallèle, il faut mener à bien des réformes délicates, comme sur la concurrence ou la réduction des délais judiciaires. Nous avons exprimé plusieurs doutes lors de la présentation du nouveau code des appels d’offres car si nous avions introduit, grâce à la collaboration avec le Conseil d’Etat, la numérisation de tous les avis d’attribution favorisant la simplification et la transparence, on a observé une régression sur d’autres points tels que la concurrence, la diminution des contrôles préventifs et la hausse des attributions directes. L’ANAC effectue également des contrôles concernant l’égalité, notamment de genre, malheureusement les données recueillies ne sont pas encore satisfaisantes. Les contrats publics doivent être un levier pour favoriser l’emploi des femmes et des jeunes, ainsi que l’inclusion sociale. » 

ARTICLE, Repubblica, L. Milella « Le gouvernement défie l’Europe et le Quirinal sur l’abolition du délit d’abus de pouvoir » : « Carlo Nordio (Frères d’Italie) risque de perdre son poste de ministre de la Justice s'il était désavoué sur son projet de loi concernant l'abus de pouvoir. En même temps, si l'Italie devait supprimer l'abus de pouvoir, elle irait contre l’avis de l’union européenne, laquelle encourage les Etats à faire figurer dans leur code pénal le délit d’abus de pouvoir.  Nordio est resté sourd à tout rappel, même à celui du juriste Gian Luigi Gatta qui a expliqué que sa suppression entraînerait "l'annulation de 3 623 condamnations définitives au cours des 25 dernières années". À partir de demain, au Sénat, la commission Justice examinera et votera son seul projet de loi depuis qu'il est ministre. Introduite dans le code pénal signé par Benito Mussolini et par le ministre de l'époque, Alfredo Rocco, l'infraction a déjà changé cinq fois depuis la fondation de la République. La dernière modification a eu lieu en juillet 2020 lorsque le gouvernement Conte l'a redéfinie. Mais cela n'a pas suffi à Nordio et au député Costa. C'est Costa lui-même qui a présenté sa proposition de loi pour l'éliminer. À la Chambre, magistrats et juristes s'y opposent. Pendant ce temps, Nordio annonce sa "réforme révolutionnaire" sur une norme qui a créé "la peur de la signature" de la part des élus ayant un pouvoir réglementaire, ce qui aurait ‘’paralysé l’administration au détriment des citoyens’’. Entretemps, l'UE a exprimé ses doutes sur ce projet de loi, mais la Chambre des députés a préféré passer outre :  l'Italie n’en tiendra pas compte. Aujourd'hui, après plusieurs étapes ayant retardé la présentation du texte voulu par le ministre, la commission présidée par Giulia Bongiorno (Ligue) devra trancher. La responsable de la Justice de la Ligue était initialement opposée à l'abolition.  Elle a finalement suivi la ligne de Nordio en obtenant en échange le feu vert de ce dernier sur la restriction des écoutes téléphoniques. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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