28/12/2023
"Giorgia Meloni dit ‘’avoir encore la grippe’’ et reporte (pour la deuxième fois) sa conférence de presse."
Italie. Revue de presse.
L’audition du ministre de l’économie Giancarlo Giorgetti (Ligue) devant la Chambre hier fait la une de plusieurs quotidiens, notamment sur ses propos relatifs à la révision du pacte de stabilité et de croissance, au MES et à la réforme du « superbonus » de 110% pour la rénovation énergétique des bâtiments : « Giorgetti (Ligue) accuse, la tension monte » (Corriere della Sera), « Superbonus, la colère de Forza Italia » (Repubblica), « Giorgetti : le superbonus donne des hallucinations » (Stampa) ; « Giorgetti admet son échec sur le pacte de stabilité et de croissance ; sur le superbonus, désaccord entre Tajani (Forza Italia) et Meloni » (Domani). Plusieurs journaux titrent sur la disparition de Jacques Delors : « Adieu à Delors, l’homme qui a su réconcilier l’Europe » (Repubblica), « Adieu à Delors, le visionnaire qui a su construire une Europe unie » (Corriere), « Delors, père et architecte de l’euro et de l’Europe moderne » (Sole 24 Ore), « Delors – Shäuble : l’Europe n’a plus de pères » (Stampa).
Les JT couvrent essentiellement l’examen de la Loi de Finances aujourd’hui à la Chambre, le report de la conférence de presse de fin d’année par la Présidente du Conseil, l’audition du ministre de l’Economie Giorgetti devant la Chambre et notamment ses propos sur la ratification du MES et la réforme du ‘’superbonus’’, l’alerte de l’OMS sur la situation des hôpitaux à Gaza, les propos du président turc Erdogan sur Netanyahou et le spectacle son et lumière projeté sur la Tour Eiffel à l’occasion des 100 ans de la disparition de G. Eiffel.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Giorgia Meloni dit ‘’avoir encore la grippe’’ et reporte (pour la deuxième fois) sa conférence de presse » : « Il n’était jamais arrivé qu’un Président du Conseil annule deux fois de suite la traditionnelle conférence de presse de fin d’année, mais Giorgia Meloni ne s’est pas encore remise de sa méchante grippe et ne rencontrera donc pas les journalistes ce matin comme prévu. La conférence se tiendra en début d’année prochaine, une fois la Loi de Finances approuvée. On raconte que la Présidente du Conseil, au-delà d’être éprouvée physiquement, serait ‘’abattue par la polémique politique’’ autour de sa santé. Antonio Tajani est contraint de démentir les commentaires sur l’agacement de Forza Italia concernant le MES et le bonus sur la rénovation écologique, alors que Giuseppe Conte attaque Meloni sur le Pacte de stabilité. La Fédération nationale de la presse italienne proteste contre ce qu’elle appelle la ‘’loi-bâillon’’, interdisant la publication du mandat de détention provisoire tant que l’enquête préliminaire est en cours, et sa direction boycottera la conférence de fin d’année. C’est le début d’une mobilisation, soutenue par le Parti démocrate, contre ‘’des mesures qui ont un air de censure’’. Avec cette annulation, c’est déjà le deuxième ‘’forfait’’ de Giorgia Meloni en une semaine. Le 20 décembre elle était attendue au Palais présidentiel pour les vœux de fin d’année du Président Mattarella, avec les plus hauts représentants de l’Etat, mais elle avait décliné, toujours pour des raisons de santé, et la Présidence du Conseil avait alors annulé tous ses rendez-vous dont la première conférence de presse. La Présidente du Conseil a passé Noël à Milan avec les parents de son ex-compagnon avant de rentrer à Rome le 25 même et d’annuler une deuxième fois la rencontre avec les journalistes sans indiquer cette fois de nouvelle date. Même ses collaborateurs les plus proches, qui l’aident à se préparer aux questions potentielles, sont déstabilisés. A la Chambre, les journalistes s’interrogent sur les véritables raisons de cette double-annulation et assaillent de questions les députés Fratelli d’Italia. Meloni les fuit-elle ? Craint-elle leurs questions ? Le premier ‘’forfait’’ de ce genre avait eu lieu en décembre 2022 lorsqu’elle ne s’était pas rendue à Alicante. La tension entre l’Italie et la France sur les migrants était alors très forte et le Président Emmanuel Macron était lui bien présent au Med9 en Espagne. »
ENTRETIEN, il Giornale, d’Antonio Tajani, vice-Président du Conseil, ministre des Affaires étrangères et coordinateur de Forza Italia, « Une bouée de sauvetage pour le bonus écologique » : « [Le récent article de Repubblica évoquant un ‘’procès’’ à mon encontre pour m’être abstenu sur le MES ou la crainte de ‘’disparaitre’’ lors des élections européennes] ne raconte que des âneries. C’est une attaque politique venant du quotidien de référence à gauche, employant un vocabulaire typique d’un régime soviétique, et cela ne peut que nous renforcer. Forza Italia est en parfaite santé et donne tort à ceux qui prédisaient notre disparition après la mort de Berlusconi. Le grand miracle de Silvio Berlusconi est d’avoir construit une classe dirigeante assez solide pour lui survivre. Il l’a emporté en 1994 et il l’emportera lors des prochaines élections européennes, n’en déplaisent aux détracteurs qui nous attaquent depuis 30 ans. Nous montons dans les sondages, les ministres Forza Italia sont très populaires, nos congrès régionaux ont lieu partout en Italie et en février le congrès national se tiendra à Rome. De nouveaux membres nous rejoindrons prochainement, au niveau régional, parlementaire et européen. Les adhérents affluent aussi, nous avons enregistré 100 000 nouvelles inscriptions. Quant aux désaccords en interne, je n’ai pour ma part entendu aucune dissension ni déclarations critiques. Concernant le MES, nous nous sommes dissociés de nos alliés sans pour autant prêter main-forte au Mouvement 5 Etoiles ou à la gauche. Giancarlo Giorgetti est un bon ministre de l’Economie et a tout notre soutien. Le PPE n’a pas sollicité un vote de Forza Italia ni dans un sens ni dans l’autre sur le MES, et personne ne s’est plaint ensuite de notre position. Il est évident que la gauche craint que Forza Italia occupe l’espace au centre, modéré et pro-européen, que la gauche est en train de perdre. Nous miserons pour notre part sur une Europe plus politique, avec une défense, une politique industrielle et agricole communes, avec une écologie qui ne soit pas celle de G. Thunberg mais une sorte de ‘’troisième voie’’ et qu’on ne décide plus forcément à l’unanimité. Pour nous l’objectif sont les Etats-Unis d’Europe. Sur le plan national, nous travaillons à une solution positive sur le ‘’superbonus’’, pour protéger les entreprises et pour que les particuliers n’aient pas à rendre l’argent avancé par l’Etat. Que ceux qui disent que nous avons peu de poids au sein du gouvernement pensent aux interventions sur les superprofits des banques, l’impôt sur la succession, la réduction des charges salariales, les retraites minimum, la défense de l’accès à la propriété, la politique migratoire… Forza Italia et Noi Moderati vont travailler ensemble au conseil régional du Latium, mais ce n’est que le début du renforcement de l’aile populaire. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, « Giorgetti (Ligue) : "Le pacte de stabilité est un compromis. Concernant le MES, le vrai problème, c’est la dette », par Enrico Marro : « Si on reconnait une qualité à Giorgetti, c’est sa patience. Face aux questions pressantes de l’opposition en commission budget, Giorgetti a aussi fait preuve de réalisme dans ses réponses. Sur le pacte de stabilité, il dit notamment que "sans accord, l'ancien pacte aurait subsisté. De ce point de vue, nous avons fait des progrès, même si, par rapport à la proposition de la Commission, il y a eu un recul. De nombreuses clauses ont été introduites pour répondre aux demandes de nombreux pays. Il s'agit d'un compromis. Nous évaluerons les conséquences de ce nouveau pacte de stabilité dans quelques années“. Mais « nous avons créé un système de règles compliqué", qui "risque d'être procyclique", c'est-à-dire d'aggraver les récessions éventuelles au lieu de les résoudre. Mais la musique change certainement par rapport à "l'hallucination psychédélique dans laquelle nous vivons depuis quatre ans" lorsque, grâce à la suspension du pacte de stabilité à la suite de l'urgence Covid, on "pensait que nous pouvions faire de la dette et du déficit". Nous nous sommes habitués à cette drogue", a averti M. Giorgetti, "et nous devons éliminer point par point toutes les mesures que nous ne pouvons pas nous permettre". Une référence claire au Superbonus. Et d'ajouter : "Les chiffres des derniers mois sont encore plus mauvais que prévu en termes de dépenses. Le Parlement décidera (d'éventuelles prolongations, ndlr), mais je connais dans mon cœur la limite de ce que je peux faire et je le dirai au Conseil des ministres (lors de la réunion d'aujourd'hui, ndlr), parce que ce règlement a des résultats radioactifs que nous ne pouvons pas gérer". Le ministre semblait plus en difficulté sur la réforme du MES, que la Chambre des députés n'a pas ratifié (et l'Italie est le seul pays à avoir dit non) contrairement aux souhaits de Giorgetti lui-même. Puis il a minimisé : "Le MES n'est ni la cause ni la solution de nos problèmes. Notre problème s'appelle la dette, en particulier son coût". »
PREMIER PLAN, Messaggero, « Giorgetti : “Je n’ai jamais dit qu’on allait ratifier le MES. Et il n’y aura pas d’autre budget“ par Francesco Bechis : « Le nouveau pacte de stabilité porté par le duo franco-allemand n’est pas « une raison de faire la fête » mais un « compromis » qui est utile à l’Italie, « sinon on retournait aux anciennes règles ». Le MES « aurait pu être pratique » mais tout le monde à Bruxelles savait que « l’Italie n’allait pas le ratifier ». Giorgetti sort son bouclier en commission du budget à la Chambre pour répondre aux questions accusatrices de l’opposition. Quant au budget, qui est en passe d’être approuvé à la Chambre, « il n’y en aura pas d’autre ». Sur la ratification du MES, le problème ne serait pas le mécanisme en soi mais « la dette qui doit être contenue, sinon notre pays ne tient pas ». « Je n’ai jamais dit nulle part que l’Italie allait ratifier le MES » se défend-t-il. « Le Parlement a voté de la façon que j’avais annoncée dans les enceintes européennes, j’avais dit qu’à une large majorité, le résultat serait le vote contre ». Donc, aucune crise de conscience au sein de la coalition de droite. Ses collègues du parti (la Ligue) le soutiennent dans un communiqué : « on espère que le message du ministre aura été entendu ». Giorgetti ne pense pas à donner sa démission, réclamée par l’opposition. Il défend la ligne de Meloni sur les questions économiques et financières en Europe, à commencer par la « logique de paquet » par laquelle la première ministre avait laissé pressentir un vote favorable au MES, du moment que le nouveau pacte de stabilité aurait permis à l’Italie d’obtenir un résultat satisfaisant. Donc le non du gouvernement au MES aurait été une manière de « prendre acte » du manque de progrès en Europe sur les marchés des capitaux et l’union bancaire ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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