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27/12/2023

"Les plans de Meloni et la tentation de se présenter aux élections européennes."

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Italie. Revue de presse. 

La politique intérieure et les derniers amendements en vue de l’adoption de la loi de finances sont cités : « Les nouveaux taux d’imposition pour les professions libérales » (Sole 24 Ore), « Primes pour la rénovation énergétique des logements : l’étau se resserre » (Messaggero), « La grande crise de Forza Italia – L’abstention des députés lors du vote pour la ratification du MES suscite des critiques contre Tajani (Forza Italia) dans son camp » (Repubblica), « Sondages, les électeurs de Meloni déçus par l’Italie » (Stampa). 

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Les plans de Meloni et la tentation de se présenter aux élections européennes » : « Demain, la Présidente du Conseil devra se présenter à sa deuxième conférence de presse de fin d’année. Elle sait déjà quelle sera la question que les journalistes lui poseront avec insistance : ‘’Allez-vous vous porter candidate aux élections européennes ? Si oui, dans toutes les circonscriptions? ’’. Ces derniers jours, la cheffe de Fratelli d’Italia a beaucoup réfléchi à ce sujet, en échangeant avec les autres dirigeants de parti et ses conseillers les plus proches au gouvernement. L’idée serait de ne pas se prononcer tout de suite, car cela pourrait monopoliser l’attention médiatique au détriment de la loi de finances. Certes, la présence de son nom sur les bulletins de vote lui assurerait un maximum de voix, comme cela fut le cas pour Renzi en 2014. Il est vrai aussi qu’un large succès pourrait avoir des retombées sur les équilibres et la stabilité du gouvernement, [en accentuant la faiblesse relative des autres partis qui le composent]. Concernant la loi de finances, elle ne s’est pas déroulée comme Meloni le souhaitait, car elle ne pourra pas revendiquer l’adoption du budget lors de cette conférence de presse de fin d’année. Les travaux parlementaires ont duré plus que prévu. L’adoption à la Chambre doit encore se faire et le mot d’ordre est de ne faire passer aucun amendement. Car cela ferait passer à nouveau le texte au Sénat, ressuscitant le spectre de l’exercice provisoire. Par conséquent, l’hypothèse du vote de confiance se fait de plus en plus concrète. Concernant les élections européennes, tous les symboles électoraux devront être présentés à la cour d’appel de Rome d’ici le 15 janvier, puis les candidatures des têtes de liste devront être déposées avant le 18 janvier. L’année 2024 sera marquée par la réforme constitutionnelle, par la réforme de l’autonomie régionale différenciée et par le renouvellement du soutien à l’Ukraine. Meloni compte beaucoup sur la présidence italienne du G7 et a prévu des missions à l’étranger dont le Japon, le Canada et les Etats-Unis. A cela pourrait s’ajouter la Chine, afin de renouer les liens avec Pékin après la sortie du mémorandum sur les Routes de la Soie. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, « Deux coalitions paralysées » par Stefano Folli : « C’est l’heure du bilan de fin d'année pour les deux coalitions, de droite et de gauche, et il révèle l'étrange bipolarisme italien. Elles ont deux caractéristiques en commun : elles sont mal assorties et en même temps inamovibles. Elles ont aussi les mêmes limites et divisions internes. La droite au pouvoir ne sait pas ou ne parvient pas à marquer clairement ses choix de politique économique, elle est décevante dans le domaine social, inerte sur les réformes, à commencer par celle de la justice. Et elle devra désormais gérer sa relation avec l'Europe après le "non" au MES. La fracture interne qui a conduit à la prévalence de la ligne intransigeante de Salvini montre que cette coalition n’a pas d’idée cohérente sur l'avenir de l'Union, ni ne propose une alternative crédible à l'establishment actuel. Tout le monde a compris que Meloni était favorable à une solution de compromis, peut-être un peu bâclée mais permettant d'éviter une rupture totale avec Bruxelles. Au lieu de cela, Salvini en a profité pour régler de vieux comptes. Il avait déjà commencé il y a quelque temps avec des rassemblements d'extrême droite, ouverts même aux néo-nazis allemands, et n’a d’autre perspective pour l'Europe que la dissolution, en phase avec les souhaits de son ami Poutine. Salvini a atteint son objectif : acculer sa rivale Meloni, la clouer à son discours anti-européen passé pour la pousser vers une nouvelle délégitimation. La droite montre qu’elle peut trouver son unité, mais au prix d'une radicalisation. Ceux qui ont voté pour Fratelli d'Italia en septembre 2022 dans l'espoir de favoriser la naissance d'un parti conservateur moderne assistent aujourd'hui au retour du "salvinisme", avec de surcroît une particularité : la Ligue n'est plus à 34% dans le pays, comme en 2019, mais juste en dessous de 10. Une différence qui suffit pourtant à mettre en crise le leadership melonien. Dont l'atlantisme demeure, avec la défense à l'Ukraine et, jusqu'à présent du moins, le soutien à Israël dans la tragédie du Moyen-Orient. Mais tout le reste sombre dans des jeux tactiques internes et aboutit à une forme d'immobilisme, qui se manifeste aussi à gauche. Sur le MES, le Pd a voté pour, le parti de Giuseppe Conte M5S contre. Confirmant ainsi que même si la gauche gouvernait, l'Italie ne serait pas en mesure de se montrer un partenaire fiable, à l'égal de la droite. Cette opposition s'appuie trop souvent sur des slogans pour masquer l'absence de vision, c'est-à-dire d'une idée de l'Italie, comme on l'aurait appelée autrefois. Tout ce qui est sûr pour l'instant, c'est que tout changement de gouvernement - dont les sondages ne donnent d'ailleurs aucun signe - se traduirait par le remplacement d'un groupe de pouvoir par un autre. Mais l'immobilisme resterait le fil conducteur du psychodrame national. Si Giorgia Meloni semble avoir épuisé la charge dynamique sur laquelle elle avait construit son image, Elly Schlein est loin d'avoir imposé son leadership au sein du centre-gauche. L'avenir proche laisse entrevoir une radicalisation réciproque des deux coalitions. » 

SONDAGES, La Stampa, d’A. Ghisleri, « Les électeurs de Meloni déçus par l’Italie, un pays plutôt désabusé mais globalement satisfait » : « Selon un sondage Euromedia Research du 20 décembre 2023, 68,6% de la population italienne se dit satisfaite de ses conditions de vie. Il y a toutefois des différences en fonction du niveau socio-économique des personnes interrogées : 90,1% des personnes à revenus supérieurs ou moyens se disent satisfaites, contre 51,5% de personnes se disant ‘’pas du tout satisfaites’’ parmi les catégories plus défavorisées. En revanche, l’opinion est globalement critique face à la situation nationale émerge, avec 70% d’insatisfaction et un pic atteignant 83,5% parmi les catégories les plus défavorisées. A l’inverse, l’électorat des partis de la majorité se distingue par des avis positifs, en particulier Forza Italia dont 80,4% des électeurs se disent satisfaits et estiment que l’Italie va dans la bonne direction. La satisfaction est plus contenue chez les électeurs de la Ligue (49,2%) et de Fratelli d’Italia (46,8%). On relève donc qu’un électeur sur deux de Giorgia Meloni se dit peu voire pas du tout satisfait de la situation actuelle. 49,1% des Italiens identifient l’inflation et la hausse des prix comme une ‘’urgence nationale’’, les impôts jugés trop élevés ‘’étouffent’’ les familles et les petites entreprises pour 25% des interrogés, 24,4% soulignent les difficultés et les délais trop longs dans le secteur de la santé et des soins, une préoccupation qui se situe juste avant la question de l’immigration et des arrivées sur le territoire italien relevée par 24,2% de la population. La crise climatique et la protection de l’environnement est un problème majeur évoqué par 19,7% des Italiens, l’évasion fiscale et la micro criminalité par 16,8% d’entre eux, et la gestion des fonds du PNRR est problématique pour 11,6%. En 2023, la part de la population se disant pessimiste sur la situation économique de sa propre famille n’est pas descendue sous les 50,7% et se situe en moyenne à 55,5%. » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’E. Marro, « Sprint final pour la Loi de Finances [qui sera présentée] à la Chambre par le ministre Giorgetti (Ligue) alors que les oppositions se préparent à faire pression sur le MES » : « On comptabilise plus de mille amendements présentés mais pas un seul ne sera approuvé. La Loi de finances 2024 a déjà été votée par le Sénat et son examen reprendra aujourd’hui en Commission à la Chambre. Entre le gouvernement, la majorité et les oppositions, il y a une forme d’accord pour parvenir à une validation définitive ce vendredi 29 décembre. Lors de ce sprint final, le Parti démocrate, le Mouvement 5 Etoiles, Italia Viva et Azione devraient réduire drastiquement le nombre d’amendements présentés pour se concentrer sur les thèmes les plus chers à l’opposition, du salaire minimum aux financements du système sanitaire, tout en sachant qu’ils seront rejetés. En échange, le gouvernement s’est engagé à ne pas recourir au vote de confiance. Le projet de Loi de Finances s’élève à 28 milliards d’euros dont 10,7 milliards destinés couvrir la réduction des charges salariales pour les revenus les plus bas : moins 7 points pour les revenus inférieurs à 25 000 euros bruts et moins 6 pour les revenus compris entre 35 000 et 25 000 euros annuels bruts, ce qui correspondra en moyenne à une centaine d’euros nets supplémentaires sur la fiche de paie. Une mesure qui s’ajoute à la réduction du nombre de tranches d’imposition pour l’impôt sur le revenu (dit IRPEF), qui passera de 4 à 3 pour un coût de 4,3 milliards en 2024. Trois milliards devraient également être alloués au renouvellement des contrats des employés de la fonction publique, avec des clauses plus sévères concernant la retraite anticipée. Le gouvernement avait toutefois partiellement revu ses mesures de réduction des pensions de retraite pour les médecins et certains fonctionnaires lors de l’examen au Sénat. Une augmentation du déficit de 15,7 milliards est prévue afin de financer ce budget. Le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti doit s’exprimer cet après-midi devant la Chambre sur demande des oppositions, suite au rejet de la ratification du MES la semaine dernière. Le ministre s’était pourtant exprimé en faveur de la ratification et les oppositions ont demandé sa démission. » 

ENTRETIEN, d’Adolfo Urso (Frères d'Italie), ministre de l’industrie et du Made in Italy « Un milliard d’aides pour le secteur automobile » : « Nous avons préparé un nouveau plan d’aides, durable d'un point de vue environnemental, social et productif, avec près d'un milliard d'euros en 2024. Pour le secteur automobile, nous avons trois objectifs : l’élimination des voitures les plus polluantes (les Euro 0, 1, 2 et 3), avec des aides pour les familles à faible revenu, principalement orientées vers les modèles fabriqués dans les usines italiennes afin d'augmenter la production nationale.  Pour que la chaîne d'approvisionnement nationale soit mise en sécurité, environ un million de voitures devront être produites en Italie : c'est l'objectif que nous nous sommes fixés. Nous avons pour objectif de faciliter en Italie des productions à technologie avancée et soutenable. Avec la loi de finances et la révision du PNRR, nous pouvons compter sur une dotation d’environ 3,5 milliards pour des contrats de développement. En ce qui concerne les autres initiatives, l'année prochaine, nous mettrons en œuvre trois lois-cadres sur l'industrie du futur : la première sur les technologies d'avant-garde, telles que l'intelligence artificielle, le métavers et la mécanique quantique ; la deuxième sur l'économie spatiale, pour faire de l'Italie un acteur majeur des politiques spatiales qui, au niveau mondial, se sont à nouveau fixé des objectifs ambitieux, tels que le retour sur la Lune et l'exploration de Mars ; et la troisième sur l'économie bleue [liée aux océans], pour réaffirmer notre primauté dans le domaine des ressources marines, y compris les ressources sous-marines. Concernant le site sidérurgique « Ilva », nous sommes déterminés à faire de Tarente le plus grand pôle européen de l'acier vert. Nous travaillons également ces jours-ci à définir la perspective de sa relance. L'année 2024 marquera pour l'Italie un vrai tournant. L'inflation baissera et avec elle les taux d'intérêt bancaires, ce qui devrait faciliter la relance de la consommation et des investissements. Nous avons préparé un cadre législatif qui facilite les investissements étrangers, avec la création d’un guichet unique et d’un commissaire extraordinaire pour les grands projets. Concernant la politique industrielle, nous avons réalisé un nouveau format trilatéral, avec la France et l’Allemagne, pour aligner nos politiques et orienter les décisions de la Commission et du Conseil Européen. Avec Bruno Le Maire et Robert Habeck, nous nous rencontrons sur des dossiers spécifiques et nous nous parlons avant toute décision. Ainsi, nos trois puissances industrielles dessinent le futur de la politique industrielle, technologique et productive de notre continent pour réaffirmer notre leadership global. L’Italie est à nouveau un acteur majeur. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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