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30/11/2023

"Haute tension entre le gouvernement et les juges."

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Italie. Revue de presse.

Les Unes se concentrent sur différents sujets d’actualité concernant la justice : « Haute tension entre le gouvernement et les juges » (Corriere della Sera), « [Enquête sur Delmastro] : l'offensive de la magistrature a commencé » (Giornale), « L’étau se resserre sur les écoutes téléphoniques » (Messaggero). Sondage : « Une femme sur trois a subi des violences » (Repubblica), « L’Italie sanctionnée pour le traitement réservé à 4 migrants mineurs » (Avvenire). Le sort des otages israéliens et notamment la mort d'un nourrisson est citée avec large couverture photographique : « Le petit Kfir est mort avec sa maman et son frère » (Corriere, Stampa, Messaggero). 

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « La ligne de la Présidence du Conseil [sur Delmastro] : ‘’on ne touche pas au secrétaire d’Etat’’ ; le Parti démocrate demande une motion de  censure » : « La mauvaise nouvelle était considérée inévitable depuis plusieurs jours et Giorgia Meloni s’attendait à ce procès visant le secrétaire d’Etat à la Justice, Andrea Delmastro (Frères d’Italie), qu’elle avait défendu avec ferveur quelques mois auparavant, au risque de provoquer un bras-de-fer avec la magistrature. Hier, lorsque la nouvelle est tombée, tous, gouvernement et groupes parlementaires, ont attendu la réaction de la Présidente du Conseil avant d’hasarder tout commentaire. Finalement, c’est le secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, Giovanbattista Fazzolari (Frères d’Italie), qui s’est chargé d’exprimer le soutien au collègue de Fratelli d’Italia : ‘’les accusations sont infondées’’. On ne touche pas à Delmastro, tel est l’ordre du Palais Chigi, et la Présidente du Conseil ne demandera en aucune manière à son protégé de se mettre en retrait. Si les oppositions maintiennent la motion de censure contre Andrea Delmastro, Giorgia Meloni sait qu’elle dispose d’une majorité très confortable afin qu’elle ne passe pas et contrer l’attaque du PD et des 5 Etoiles. Au sein de la majorité, le sentiment est que le verdict finira par passer au second plan ‘’puisque le parquet a demandé le non-lieu’’. On peut toutefois se demander s’il est opportun de réagir à un procès contre le secrétaire d’Etat à la Justice pour non-respect du secret professionnel dans une phase de forte tension entre le gouvernement et les juges. Depuis l’affaire qui avait visé la ministre du Tourisme Daniela Santanché, le gouvernement semblait avoir clairement défini ce qui relevait de la démission et ce qui n’en relevait pas. La mise en examen devait précisément être la limite, mais aujourd’hui Fratelli d’Italia n’en semble plus si sûr. L’épisode renforce par ailleurs la conviction de la Présidente du Conseil et de son entourage que les ‘’robes rouges’’ se font entendre et luttent contre le gouvernement. Un ténor de Fratelli d’italia souligne qu’il est rare qu’un juge impose l’inculpation malgré la demande d’abandon du procureur, ‘’il y a quelque chose de peu transparent’’ dit-il. Mais l’opposition aussi attaque. La demande du PD de se constituer partie plaignante a été écartée. La Chambre et le Sénat prépare une stratégie articulée : motion de censure, convocation du ministre Nordio (Frères d’Italie) pour qu’il s’explique devant la Chambre, et plainte pour diffamation contre le colocataire de Donzelli (Delmastro, donc). » 

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Andrea Delmastro

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Giovanbattista Fazzolari

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Une guérilla permanente qui complique le chemin des réformes » : « Il est légitime de se demander comment il sera possible de mener à bien toute réforme institutionnelle dans l’ambiance qui est en train de se cristalliser. D’une part il y a la convocation du secrétaire d’Etat à la justice A. Delmastro (Frères d’Italie) pour violation du secret judiciaire, d’autre part s’ajoute la polémique soulevée par les déclarations du ministre de la Défense Crosetto (Frères d’Italie) sur l’existence d’une « opposition de la magistrature » contre le gouvernement Meloni. C’est donc le scénario le plus redouté qui est en train de se matérialiser : un bras-de-fer entre la politique et la magistrature. On peut même dire : entre le gouvernement de droite et les hautes sphères de l’ordre judiciaire. Les oppositions s’en prennent à Crosetto, au ministre de la justice et à Delmastro, dont elles exigent sa démission. Entretemps, la majorité est de plus en plus prise en otage par ceux qui, en son sein, estiment qu’un règlement de comptes est inévitable. Pourtant, la réforme de la justice avait été mise de côté afin d’éviter les polémiques et les exploitations politiques. Il n’y a que Forza Italia qui insiste sur la séparation des carrières entre juges et avocats, sujet encore brûlant. Les oppositions et l’Association Nationale de la Magistrature commencent à soupçonner que derrière les déclarations de Crosetto se cache une stratégie préventive afin de délégitimer toute action judiciaire contre les membres du gouvernement. Le PD et le M5S demandent au ministre de s’expliquer devant le Parlement. La réaction prévisible du gouvernement montre à quel point il sera difficile de rétablir le dialogue. Le parcours des réformes se transformera en chaos et en guérilla, au sein et à l’extérieur du Parlement. » 

COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « La hausse des factures d’énergie est plus importante que l’affaire Delmastro ou Crosetto » : « Cette fois-ci, les oppositions n’ont pas laissé passer l’occasion de faire brèche dans le quotidien des gens. Elly Schlein évoque ouvertement la « taxe Meloni sur les factures » après la décision du gouvernement d’ouvrir le marché de l’électricité à tous les opérateurs avec la fin des mesures de compensation. C’était le gage offert par le gouvernement pour obtenir de la Commission européenne le feu vert aux modifications du PNRR et le versement de la 4e tranche des fonds. Salvini non plus ne souhaite pas renoncer à une bataille aussi populaire. Aussi, la ligue a-t-elle décidé de déverser les responsabilités sur Meloni, en la mettant devant ses contradictions. C’est-à-dire en pointant l’écart entre les promesses d’hier et la gestion politique d’aujourd’hui. Au Palais Chigi on sait très bien que les polémiques judiciaires autour de Delmastro ou de Crosetto n’occuperont qu’une petite p  art de la campagne électorale. A tout cela s’ajoutent les prévisions de l’OCDE qui revoir à la baisse la croissance de l’Italie (0,7% par rapport aux prévisions du gouvernement à 1,2%) et surtout le pouvoir d’achat des Italiens (-0,3%) alors que la moyenne dans la zone OCDE a augmenté de 5%. C’est là que se jouera le défi des élections européennes. » 

ENTRETIEN, La Stampa, de Matteo Piantedosi (Indépendant), ministre de l’Intérieur, “Il n’y aura jamais aucun [migrant] mineur dans les Centres de permanence pour les rapatriements ; le modèle que nous mettons en place avec l’Albanie peut être reproduit ailleurs ; sur les féminicides, nos agents sont préparés » : « Le droit international prévoit que les mineurs bénéficient d’un traitement différent, c’est un principe juste mais l’envolée des arrivées et le manque de structures ne permettent parfois pas de le respecter. Nous prévoyons donc qu’ils puissent être placés dans des structures qui ne leur sont pas strictement dédiées mais ce pour une période limitée et en tenant tout de même compte de leur âge. En revanche, ni le décret dit ‘’Cutro’’ ni aucune autre norme nationale ne prévoit la détention de mineurs en vue de leur expulsion ou toute autre forme de privations de leurs libertés. Certains juges, comme à Catane ou le Tribunal de Florence, estiment que le droit n’est pas respecté mais nous soutenons le contraire, ce sera à la Cour de Cassation de trancher et je suis très respectueux du pouvoir judiciaire. Je ne veux pas entrer dans la polémique actuelle autour de Crosetto et de l’opposition politique des juges. Le connaissant, il devait avoir une très bonne raison de dire ce qu’il a dit. Les questions politiques et les questions juridiques doivent restées bien distinctes, et tout le monde doit faire en sorte d’éviter la confrontation entre les deux sphères. Concernant la Tunisie, l’accord qui a été passé fonctionne : la police a empêché plus de 60 000 départs. Mais la situation est complexe. L’Italie est parvenue à imposer en Europe une approche plus globale sur l’immigration. Il faut travailler aussi sur la situation économique et sociale des pays de départ et de transit des migrants. Les accords doivent être élargis, avec l’Egypte, la Côte d’Ivoire et d’autres pays stratégiques. Le centre que nous voulons ouvrir en Albanie aura de multiples fonctions, d’abord avec le premier accueil des migrants clandestins (contrôles sanitaires, identification), puis avec la détention et la permanence (qui peut durer jusqu’à 18 mois d’après la réglementation européenne même si nous essaierons de faire moins). La zone concernée sera sous juridiction italienne, avec nos normes et nos personnels. Cela s’inscrit dans un projet d’ensemble qui se veut notamment dissuasif pour ceux qui voudraient partir. Beaucoup de pays témoignent d’un grand intérêt, comme par exemple l’Allemagne, et il n’est pas exclu que si le projet fonctionne, il puisse être reproduit ailleurs. Nous voulions qu’il soit mis en place d’ici le premier semestre 2024. Concernant les violences faites aux femmes, le féminicide n’est que le tragique point culminant de violences continues, la loi peut faire beaucoup mais pas tout. L’école fait déjà beaucoup en matière d’éducation. Les forces de police aussi sont impliquées, il existe au moins 300 ‘’salles roses’’ dans les commissariats et les agents sont préparés depuis des années mais la formation se poursuivra. Le projet de loi signé avec les ministres de la Famille et de la Justice prévoit de faciliter l’usage des bracelets électroniques. Nous promouvons également le projet des ‘’Salles de sport de de la Légalité’’ qui s’adresse aux jeunes et doit être déployé dans les zones les plus sensibles (Caivano, Naples, Palerme, Turin…). Sur le sentiment d’insécurité, j’ai le plus grand respect pour la perception des citoyens mais les chiffres disent le contraire. A Turin, où le maire se plaint du manque de moyens et d’agents pour assurer la sécurité de la ville, nous aurons recruter 248 agents supplémentaires d’ici la fin de l’année. Ce plan est inscrit dans la Loi de Finances et se poursuivra au cours des prochaines années dans toute l’Italie. » 

ARTICLE, Repubblica, E. Lauria : « L'avertissement de Draghi à l'Europe : "l’UE doit devenir un Etat " » : « Mario Draghi revient sur la scène et lance un avertissement, voire un véritable cri d'alarme afin de relancer l'institution qui lui est la plus chère : une Europe dont le modèle "s'est dissous". Il s’est exprimé à l'occasion de la présentation du dernier livre du journaliste Aldo Cazzullo sur la Rome antique. Au premier rang, il y avait entre autres Carlo Calenda et Lorenzo Guerini, mais aussi Ernesto Galli della Loggia et Gianpiero Mughini. Draghi évite habilement d’émettre tout jugement sur les sujets du débat politique intérieur – immigration, violence contre les femmes et patriarcat, Expo – pour se concentrer, dans la dernière partie de l'entretien, sur les questions relatives à l'UE. L'Europe, dit-il, "traverse un moment critique et nous espérons que les valeurs fondatrices qui nous ont rassemblés nous permettront de rester unis". Draghi ne cache pas ses inquiétudes et ses craintes : "Le modèle de croissance s'est dissous et nous devons en réinventer un nouveau, mais pour y parvenir nous devons devenir un État. Le marché européen est trop petit et se compose en fait de nombreux marchés distincts. C'est pourquoi, lorsqu'une entreprise naît et grandit, elle préfère s'installer aux États-Unis. Nous avons commis une erreur colossale à la fin des années 1990, en délibérant sur l'élargissement sans avoir changé les règles concernant la prise de décisions". Draghi décrit une Europe en difficulté car trop éloignée d’une entité politique unique : "Le marché est divisé : par exemple, pour les médicaments aux Etats-Unis, il n'y a qu'une seule agence, en Europe, il y en a 26’’. Sur le changement climatique, à la veille de la Cop28 à Dubaï, l'ancien Président affirme que "chaque pays a sa propre politique. La lutte n'avance pas au même rythme, mais l'urgence appartient à tout le monde". "En ce moment, il y a une paralysie de la prise de décision. Il faut penser à une véritable intégration politique". Sur la crise au Proche-Orient : "L'Europe devra faire quelque chose de plus, il ne suffit pas d'injecter beaucoup d'argent. Elle devra jouer un rôle, je ne pense pas à un rôle militaire parce que nous sommes faibles et peu crédibles, mais certainement un rôle humanitaire". Des déclarations qui ressemblent à un appel pour qu’une nouvelle Union puisse se constituer, tandis que certains déjà font des hypothèses sur un possible poste important pour Draghi au niveau européens après les élections. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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