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31/10/2023

"Meloni critique ses alliés : sur le budget, le gouvernement a écorné son image."

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Italie. Revue de presse. 

La réunion de la majorité hier finalisant le projet de Loi de finances, présentée aujourd’hui au Sénat, fait les gros titres : « L’accord sur les locations et les retraites » (Corriere della Sera, Sole 24 Ore)L’opération militaire israélienne dans la Bande de Gaza ainsi que la diffusion de la vidéo des trois otages israéliennes par le Hamas sont aussi citées « On combat dans les rues de Gaza » (La Repubblica), « Le cri des otages » (La Stampa), « La guerre sur les otages » (Avvenire, Giornale). 

COULISSES, Corriere della Sera, M. Cremonesi « Meloni critique ses alliés : sur le budget, le gouvernement a écorné son image » : « La réunion-marathon aura duré deux bonnes heures et a permis d’aborder deux grands dossiers : la discussion sur le projet de loi de finances et l’évocation de la réforme constitutionnelle comprenant l’élection directe du Président du Conseil. C’est le ministre de l’Economie G. Giorgetti (Ligue) qui commente le budget, en soulignant que ‘’c’est une très bonne lo de finances, la meilleure que nous puissions faire’’, tout en rappelant que ‘’dans deux semaines, il y aura le jugement le plus important sur notre dette publique, celui de Moody’s. Toutefois, c’est l’avis des marchés qui nous permettra de faire ce qui est nécessaire’’. Giorgia Meloni exprime aux personnes présentes son mécontentement sur certains faux pas ‘’l’image du gouvernement a été écornée’’. La réplique du principal intéressé, Antonio Tajani, ne tardera pas. C’est en effet surtout Forza Italia qui a manifesté publiquement, ces jours-ci, ses doutes. ‘’il y a aussi une question de méthode’’, retorque Tajani ‘’des détails dont on avait parlé de manière très générique ont été transcrits tels quels dans le texte de loi’’. Tajani fait en réalité référence aux sujets des locations de courte durée, à la baisse de la redevance audiovisuelle et des retraites, notamment pour le secteur public. Le ministre sortira de la réunion en se disant satisfait, même si tout ne s’est pas passé comme il s’y attendait. S’il a obtenu le code d’identification national associé aux logements touristiques, une sorte d’Iban pour ceux qui louent des appartements pour des durées courtes, il n’obtient pas grand-chose sur les retraites. Quand Tajani évoque le sujet, Meloni prend ses notes et le bloque immédiatement. Les autres personnes présentes assistent sans intervenir. Plus tard, Tajani dira aux siens de s’être heurté à ‘’un mur’’ face à ses requêtes. » 

ENTRETIEN, La Stampa, d’Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des affaires étrangères  (extraits) « Sur la loi de finances, Meloni nous a écoutés » : « Q. Quelques passages sur la loi de finances : votre gouvernement restera dans l'histoire pour avoir baissé les retraites de deux catégories d'employés publics, des infirmiers aux employés municipaux, soit environ 700.000 personnes. Comment allez-vous leur expliquer cela ? ’Nous devrons voir ce qu'il est possible de faire. Tant de salaires ont augmenté, d'autres ont baissé. Nous n’avons pas pu faire plus’’Q. Et le taux d'imposition de 26 % sur les résidences secondaires destinées à la location ? ’Avec Meloni, nous sommes parvenus à un accord : la location d'une première maison permet d’arrondir les revenus ; à partir de la deuxième maison, on passe à une sorte d'activité immobilière. Nous pensons qu'il est possible d’intervenir sur ce type d'activités. Elles représentent 25 % des locations. Pour 75 %, le taux est de 21 %’’Q. Sur le présidentialisme, irez-vous de l'avant, même contre les oppositions ? ’Nous les avons écoutées, on peut en discuter, il suffit de ne pas être fermé par principe. Nous irons de l'avant de toute façon, même si les oppositions ne sont pas satisfaites. Dans une démocratie parlementaire, on vote et la majorité l'emporte’’. » 

ENTRETIEN, La Stampa, de Maurizio Landini, Secrétaire de la CGIL: « Le gouvernement s’en prend aux travailleurs, ils ont réussi à dégrader la réforme Fornero". »  

COMMENTAIRE, Corriere dalle Sera, M. Franco : « A la recherche d'une vision, entre loi de finances et élection directe du Président du Conseil » : « La culture du pouvoir vertical chère à la droite a désormais un objectif à atteindre. La réforme prévoyant l'élection directe du chef du gouvernement est inscrite dans le programme du parti de Giorgia Meloni. Il n'est donc pas surprenant que la présidente du Conseil cherche à la mettre en œuvre. L'accord avec les alliés sur les grands points de la réforme, enregistré hier avec satisfaction au Palais Chigi, n'est pas non plus surprenant, de même que le soulagement pour le compromis laborieux obtenu, semble-t-il, sur la loi de finances. Le « présidentialisme » a toujours été un drapeau brandi au nom de la stabilité, le principe étant que celui qui a gagné doit pouvoir gouverner sans entraves ni crainte du complot de la part de ses "ennemis". C'est pour cette raison que Meloni fera tout ce qui est en son pouvoir pour parvenir au résultat, ou du moins pour se montrer déterminée à y parvenir. À partir de vendredi, lorsque les cinq articles du texte arriveront au Conseil des ministres, un long chemin commencera. Il pourrait conduire à une approbation par le Parlement, une perspective actuellement très compliquée, ou à un référendum. Mais en attendant, la réforme deviendra un excellent outil à la fois pour tenter de compacter ou de faire taire une majorité querelleuse, au point de lui demander de ne pas présenter d'amendements au budget ; et pour se donner un objectif "populaire". Le tournant qui coïncide avec le vote du 25 septembre 2022 doit faire face à une situation économique et internationale préoccupante. Faire croire que les choses vont s'améliorer en changeant une constitution vue comme dépassée est une thèse insidieuse. Meloni a pris soin de préciser qu'elle ne veut pas toucher aux pouvoirs du chef de l'État : même si tout le monde sait que la réforme les touchera, en les réduisant et en obligeant à réviser les équilibres constitutionnels. Cette prudence naît de la volonté de ne pas effrayer une opinion publique convaincue que le Quirinal reste un garant indispensable. Pour l'heure, l'important est d'aller de l'avant : au moins, "le Premier ministre choisi par les citoyens" sera un thème à utiliser lors des élections :si les alliés le permettent. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, F. Ceccarelli « Le chantier sans fin de la Troisième République » : « Après deux référendums constitutionnels (en 2005 et 2016), il est possible d’affirmer que peu d’électeurs ont considéré comme importants ces sujets majeurs pour plusieurs anciens chefs de gouvernement, allant de Craxi à Segni et de Berlusconi à D’Alema, en passant par Renzi. Aucun de ces derniers n’y a trouvé un brin de bénéfice et le sujet commence à avoir, depuis, une valence mystique voire néfaste. Meloni pense peut-être exorciser le sujet avec sa rhétorique par le biais des réseaux sociaux, en évoquant des termes évocateurs tels que « Troisième République », « responsabilité historique » ou encore « renforcement de la démocratie de l’alternance ». Quoi qu’il en soit, la probabilité que les réformes institutionnelles puissent se réaliser est semblable à celle que le Pont de Messine soit réalisé un jour. On a le sentiment que cette classe politique et de gouvernement n’est pas à la hauteur du défi ou qu’elle fasse semblant de l’être. Elle utilise cette réforme institutionnelle plus comme un avertissement, un prétexte, un mirage, une intimidation ou un expédient. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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