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07/03/2023

"Salvini défie le Quirinal : "Davantage de restrictions sont nécessaires sur les arrivées de migrants." Meloni freine son allié."

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Italie. Revue de presse.

Le drame du naufrage de migrants à Crotone, et notamment l’appel du Quirinal invitant l’Italie et l’UE à intervenir concrètement sur les flux migratoires, fait les gros titres « Migrants, l’appel du Quirinal » (Corriere della Sera), « Mattarella : « migrer est un droit » » (La Repubblica), « Pour un accueil qui soit concret » (Avvenire). « Pacte de Stabilité, il y aura plus de flexibilité sur la dette » (La Stampa). « Réforme de la fiscalité : un plafond pour les retenues à la source est prévu » (Il Messaggero), « La réforme du revenu de citoyenneté pénalise les pauvres » (Fatto Quotidiano), « Edison-Edf-Ansaldo : une alliance pour le nucléaire » (Sole 24 Ore).

Les JT couvrent essentiellement l’appel du Président de la République S. Mattarella invitant l’Italie et les pays européens à une pleine collaboration dans la gestion des flux migratoires, le siège de la ville de Bakhmout par l’armée russel’agression au couteau à la gare de Milan ayant fait plusieurs blessés.

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco, « Salvini défie le Quirinal, « Davantage de restrictions sont nécessaires sur les arrivées de migrants ». Meloni freine son allié. » Quelques heures après la tragédie de Cutro, les députés de la Ligue ont re-proposé à la Chambre les décrets sécuritaires du ministre Salvini. Mantovano joue un rôle clef : « Les léghistes ont, en effet, imposé au Parlement une accélération pour limiter les permis de séjour. Giorgia Meloni n’a pas apprécié et a compris que cela naissait d’une alliance entre Piantedosi (Indépendant) et Salvini (Ligue) pour opérer un nouveau tour de vis sur l’immigration. La crainte de la Présidence du Conseil est que le ministère de l’Intérieur tente de rétablir et d’ajouter certaines normes à l’ancien décret Salvini, aboli en 2020. La réaction du Palais Chigi est immédiate : elle reprend en main le dossier migratoire, avec le soutien du sous-secrétaire à la Présidence du Conseil, Alfredo Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance Nationale). L’ambition de Meloni est de proposer des normes peu clivantes en conseil des Ministres, concernant notamment le durcissement des sanctions contre les passeurs et le renforcement de corridors humanitaires. ‘’L’Italie ne peut plus rester seule. Nous ne voulons plus nous retrouver à déplorer des tragédies comme celles de Cutro, c’est notre devoir moral, avant d’être notre devoir politique, de faire en sorte que cela ne se répète pas » souligne Giorgia Meloni. Ce matin, le Palais Chigi a nié la convocation du ministre Piantedosi et l’existence de désaccords. Ils se sont pourtant bien consultés afin de définir la position que le Ministre de l’intérieur tiendra aujourd’hui à la Chambre des députés, notamment sur l’enquête en cour autour du drame de Cutro. Derrière cette dynamique entre le Palais Chigi et l’Intérieur, la figure de Salvini émerge. Il a notamment donné pour consigne aux députés de la Ligue de mettre à l’agenda de la Chambre plusieurs mesures reprenant ses anciens ‘’décrets sécurité’’. Une véritable bataille semble avoir cours au cœur du gouvernement ». 

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Matteo Salvini

ARTICLE, La Stampa, G. Legato, « Traités comme des animaux » : « Les avocats dénoncent ‘’les conditions inhumaines’’ dans lesquelles se trouvent ‘’les 98 survivants bloqués dans l’ancien centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Crotone (CARA)’’. Bancs en fer à la place des lits et salles de bains rudimentaires,… les avocats déclarent : ‘’c’est illégal, il est temps que ce centre soit fermé’’. Alessandra Sicura, enseignante à l’université de Palerme, évoque cet autre aspect de la tragédie ‘’d’un côté, il y a un pays qui s’émeut, et de l’autre il y a des personnes [les survivants] qui se voient nier leurs droits fondamentaux’’. L’avocate Lidia Vicchio souligne également que ‘’d’après les observations faite sur place, on a relevé l’absence totale d’indications claires et précises de la part du gouvernement et de la Préfecture de Crotone, l’absence d’une coopération institutionnelle, même pour garantir le soutien aux familles des victimes du naufrage (…). »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Breda, « L’accent mis sur ceux qui quittent leur terre dans la souffrance » : « Lorsque le Président de la République italienne revient sur le naufrage sur les côtes de Calabre, on entend encore dans sa voix l’émotion éprouvée face aux cercueils dans la chapelle ardente de Crotone, où il a représenté, dans la solitude, le deuil de tout le pays. Sergio Mattarella demande une véritable rupture. Cette fois, l’émotion et la douleur ne suffisent pas. Il faut des faits, ‘’des décisions concrètes, opérationnelles, de la part de tous, de l’Italie comme de toute l’Union européenne. C’est la seule vraie réponse qui soit’’. Le Président de la République tente de transformer l’escomptée course à la polémique autour du naufrage de Crotone en un cas de conscience politique et collectif. L’Europe, et chacun des pays membres sans exception, doit être considérée comme une terre d’asile et de solidarité. Sergio Mattarella ne s’immisce pas dans la dispute entre les oppositions et le gouvernement, cela ne le regarde pas. En revanche il revient sur les images de l’aéroport de Kaboul il y a deux ans, lorsqu’une foule d’Afghans suppliait pour monter dans les avions, pour faire comprendre comment ‘’des familles entières peuvent quitter dans la souffrance leur propre terre en quête d’un futur ailleurs’’ explique Mattarella. Des paroles de compassion qui tranchent avec celles du ministre de l’Intérieur qui avait qualifié d’ ‘’irresponsables ces parents qui mettent en péril la vie de leurs enfants’’. » 

COULISSES, Corriere della Sera, de F. Verderami, « Le dialogue direct avec Bruxelles : la Présidente du Conseil retire à Piantedosi le dossier des migrants » : « Giorgia Meloni a opté pour la voie du dialogue européen afin de se saisir du dossier immigration sans pour autant désavouer publiquement son ministre de l’Intérieur. Suite aux sollicitations de l’Italie sur l’urgence migratoire, des sources proches du gouvernement jugent ‘’très positive’’ la réponse d’U. von der Leyen car elle ‘’tient compte des arguments exposés par la Présidente du Conseil’’. En Europe comme en Italie, Giorgia Meloni entend suivre deux axes : d’une part renforcer la lutte contre l’immigration clandestine et en même temps garantir une plus grande flexibilité dans la politique des flux. Le dialogue direct entre la Présidence du Conseil et la Commission européenne réduit, de fait, le rôle du ministre de l’Intérieur. C’est également un message adressé à Salvini, qui a pris explicitement partie pour le ministre. C’est aussi un appel indirect à se coordonner davantage sur le plan de la communication et à moins s’exposer publiquement. Matteo Piantedosi a en effet fini au cœur de la polémique pour ses propos malheureux, et ses déclarations avaient mis Giorgia Meloni en difficulté car la tragédie s’était alors transformée en affaire politique. Cela avait ensuite produit de fortes tensions avec la Ligue, Salvini reprochant à Giorgia Meloni d’avoir défendu publiquement Delmastro et Donzelli, tous deux membres de son parti Fratelli d’Italia, à l’époque de l’affaire les concernant, et pas Piantedosi (Indépendant) aujourd’hui. Dans l’attente de l’enquête, la Présidente du Conseil se préoccupe avant tout de préserver la stabilité de son gouvernement et de centraliser le sujet de l’immigration. Le plan qu’elle est en train de préparer en vue du prochain Conseil des ministres qui sera organisé à Cutro ‘’prévoit des mesures qui relèveront de la compétence de l’Etat et qui resteront inefficaces sans davantage de collégialité européenne’’. Il ne fait aucun doute que c’est là la seule voie possible : une action combinée de l’Italie et de l’UE, sollicitée hier encore par le Chef de l’Etat lui-même. Reste à voir si Elly Schlein, à peine arrivée à la direction du PD, décidera d’aller plus loin au Parlement en demandant formellement la démission du ministre. Mais Giorgia Meloni ne s’en inquiète pas plus que ça, après de nombreuses années passées à l’opposition. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, de F. Bei, « Le ministre désavoué » : « La plupart des migrants ayant perdu la vie au large de la Calabre fuyaient l’Afghanistan, un pays abandonné par l’Occident, aux mains d’un régime sectaire et atroce. Ce n’est pas un hasard si le Président Sergio Mattarella est revenu hier, dans son discours à l’Université de la Basilicate, précisément sur l’Afghanistan et les ‘’réfugiés’’ auxquels l’article 10 de la Constitution italienne – dont il est justement le garant – offre une protection totale. A la veille de l’audition du ministre Piantedosi au Parlement et peu avant le Conseil des ministres spécial qui se tiendra à Cutro, il est loin d’être anodin de rappeler que ces personnes auraient pu bénéficier du droit d’asile en Italie. C’est un message politique du Quirinal, un désaveu implicite des propos du ministre de l’Intérieur qui avait désigné coupables les victimes de cette tragédie. Sergio Mattarella prend le contre-pied de cette vision cynique, précisément dans cette Italie du Sud qui a vu tant de ses enfants émigrer. Il porte un regard inclusif et humain sur le désespoir de ces personnes, rappelle leur souffrance, l’absence de perspectives d’avenir et la légitime tentative de cherche ailleurs un futur meilleur. Dans un pays normal, après une leçon de droit constitutionnel offerte par le Chef de l’Etat lui-même, le ministre concerné devrait avoir la sensibilité politique d’en tirer seul les conséquences. Mais il est peu probable que cela arrive. La décision de Giorgia Meloni, après quelques jours d’incertitude et d’aphasie, d’organiser ce Conseil des ministres à Cutro, est juste bien que tardive. A condition que les propos de Mattarella, qui a clairement indiqué la direction, servent de boussole au gouvernement. Ces vies humaines doivent notamment cesser d’alimenter la polémique avec l’Union européenne ou les oppositions. Giorgia Meloni devrait aussi se pencher sur le problème politique au sein de son gouvernement. Il est clair que Matteo Piantedosi ne suit pas une ligne autonome mais se fait l’écho de l’ancien ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini. L’opposition au sein du gouvernement entre différentes lignes est de plus en plus évident, y compris sur des questions comme l’immigration. Meloni semble avoir compris qu’on ne va pas bien loin avec les slogans et a plutôt engagé une nécessaire et difficile négociation avec les partenaires de l’UE. L’Italie se heurte ici à l’intransigeance souverainiste des pays d’Europe de l’Est et à la légitime défiance de la France et de l’Allemagne à l’égard du nouveau gouvernement. Mais c’est l’unique voie possible. Tout le contraire de ce que fait la Ligue qui tente de rétablir les vieux ‘’décrets sécurité’’ de Salvini en matière d’immigration. Salvini défie ainsi la Présidente du Conseil à qui il veut soustraire le sujet politiquement rentable de la propagande anti-migrants. »

ARTICLE, La Repubblica, A. Franschilla « Les pressions du milieu agricole poussent Fdi à revoir le quota des travailleurs étrangers » Le gouvernement devrait adopter un nouveau décret pour multiplier par deux les 82 700 places déjà prévues. Le ministre Lollobrigida (Frères d'Italie) devra convaincre ses collègues Piantedosi (Indépendant) et Calderone (Indépendante), mais surtout la Ligue : « La Présidence du Conseil veut adopter au plus vite un nouveau décret régulant les flux de travailleurs étrangers. Or, sur ce point, la majorité doit d’abord trouver une entente. Fratelli d’Italia fait pression pour multiplier par deux le nombre d’entrées d’ici fin 2023 à travers un nouveau décret prévoyant 60 à 80 000 travailleurs étrangers. C’est surtout le secteur de l’agriculture qui sollicite une action du parti de Giorgia Meloni en ce sens. Il s’agit de l’association Coldiretti d’Ettore Prandini, proche du ministre Lollobrigida et donc du cercle le plus proche de Meloni. Les agriculteurs comptent obtenir un accord pour l’autorisation d’environ 40 000 arrivées régulières en vue du 27 mars [jour à partir duquel il sera possible de faire la demande en ligne, ndt.] prévu par le décret de Mario Draghi. Toutefois, il en faudrait le double pour cet été. Une réunion avec les ministres du travail (Calderone) et de l’Intérieur (Piantedosi) s’impose, mais c’est surtout avec la Ligue qu’il faudra trouver une médiation. Par ailleurs, les pressions viennent aussi du secteur touristique. Hier, l’association Asso-hotel-confesercenti de l’Emilie Romagne a fait une estimation, calculant un manque d’environ 10 000 travailleurs saisonniers pour cet été. »

REPORTAGE, La Stampa, F. Capurso, « La Russa en Israël condamne la Shoah mais il biaise et ne répond pas aux questions sur le fascisme » : « À l’occasion de sa visite en Israël, La Russa a été interrogé par un journaliste de la Stampa concernant le fascisme. Contrairement à Gianfranco Fini qui l’avait qualifié, face au mur des lamentations, de « mal absolu », La Russa n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet : « J’ai terminé mes déclarations » et « nous ne sommes pas en Italie, vous ne pouvez pas me poursuivre avec votre micro ». Peu de temps avant, à l’occasion d’un échange avec le président de la Hevràt Yehudé (l’organisation hébraïque italienne en Israël), il avait également déclaré « ne pas savoir si l’Italie est antifasciste dans son ADN » mais être sûr qu’elle l’est « dans sa Constitution ».  La Russa rencontrera notamment le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, attendu à Rome jeudi pour rencontrer Giorgia Meloni. Ce face-à-face anticipera la visite de Meloni en Israël, qui est prévue pour la fin de l’été. Un sommet intergouvernemental se prépare pour augmenter le niveau de coopération sur les stratégies d’approvisionnement énergétique et sur les investissements dans les nouvelles technologies, à travers le PNRR ». 

ARTICLE, Sole 24 Ore, C. Condina « La grande alliance Ansaldo-Edf pour le nucléaire aussi en Italie » : « Le géant français Edf, sa filiale italienne Edison et le groupe Ansaldo ont scellé un accord pour "collaborer au développement de la nouvelle énergie nucléaire en Europe et promouvoir sa diffusion", mais surtout pour vérifier "son potentiel de développement et d'application en Italie, où le système électrique a des besoins croissants en termes de sécurité et d'indépendance énergétique". Dans cette perspective, Foro Buonaparte vise à "ouvrir un débat sérieux, complexe et non idéologique avec les citoyens, les institutions et les politiques", souligne le DG Nicola Monti, "sur le rôle de l'énergie nucléaire dans notre pays, en vue de la diversification des sources d'approvisionnement et de la décarbonation", ainsi qu'à soutenir le système industriel avec un approvisionnement énergétique "à un coût compétitif, fixe et garanti à long terme", complémentaire des énergies renouvelables. Il s'agit essentiellement d'une alternative au gaz en tant que source de secours, bien que certains experts considèrent que les deux sources sont de plus en plus obsolètes si les actifs verts sont développés rapidement. A ce stade, les trois entreprises ont juste signé une lettre d'intention. Toutefois, des accords contraignants pourraient être conclus à l’avenir. Cette initiative ne suscite pas la surprise : depuis un an déjà, en raison aussi de la crise du gaz liée à la situation en Ukraine, les prises de position en faveur du nucléaire de nouvelle génération n’ont pas manqué : de Salvini (infrastructures) à Pichetto Fratin (Environnement et sécurité énergétique, Forza Italia), en passant par Urso (Entreprises et Made in Italy, Frères d'Italie). Sur ce point, Giorgia Meloni a été plus prudente. C’est assez singulier que cette nouvelle arrive à quelques jours de la décision du gouvernement italien de ne pas s’associer à l’alliance proposée par la France pour relancer le nucléaire en Europe. Néanmoins, cette annonce peut marquer un tournant avec l’implication de trois géants tels Ansaldo, Edf et Edison. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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