02/03/2023
"Meloni plaide contre "l’idéologie du genre", dont les femmes seraient d’après elle les premières victimes."
Italie. Revue de presse.
L’ouverture d’une enquête sur la gestion de la pandémie de Covid-19 en 2020, fait les gros titres « Covid, des personnalités de premier plan sont visées » (Corriere della Sera), « Covid, le gouvernement Conte est accusé de porter des responsabilités » (Il Messaggero), « Covid : Conte, Speranza, Fontana et compagnie visés par une enquête » (Fatto Quotidiano, Il Giornale). « Drame des migrants à Crotone : la garde-côtière accusée d’inaction » (La Repubblica), « Schlein : Piantedosi (Indépendant) doit démissionner » (La Stampa). « Grèce, un accident ferroviaire provoque un massacre d’étudiants » (Corriere, Messaggero). « Chine, le PIB de 2023 en croissance» (Sole 24 Ore), « Ukraine, Bakhmut assiégée » (La Stampa).
Les JT couvrent essentiellement la visite en Inde de la Présidente du Conseil, la visite du Président S. Mattarella à Crotone pour rendre hommage aux victimes du naufrage près des côtes calabraises, le débat sur les possibles responsabilités du ministre de l’Intérieur M. Piantedosi, et l’enquête sur la gestion de la pandémie de Covid-19 à Bergame, premier foyer italien à avoir été repéré en 2020.
COULISSES, Corriere della Sera, M. Guerzoni « La Présidente du Conseil rejette les accusations et défend l’Intérieur » - Les ministères se renvoient la balle et la gêne au sein du gouvernement envers Piantedosi demeure : « Unies et déterminées comme jamais auparavant, les oppositions demandent la démission du ministre Piantedosi. Dans la majorité aussi – notamment au sein de Fratelli d’Italia – il y a de l’embarras pour la réaction de l’Intérieur face à la tragédie du naufrage en Calabre. Toutefois, l’ordre venant du Palais Chigi est de protéger le responsable de l’Intérieur, car toucher à son poste signifierait désavouer l’action de l’exécutif sur un thème majeur tel que la gestion du phénomène migratoire. L’opinion publique est choquée par les images de ces petits cercueils blancs. Meloni est décidée à défendre Piantedosi. Sa gêne ne concerne pas le titulaire de l’Intérieur mais plutôt la réaction des oppositions, notamment l’accusation selon laquelle la responsabilité des 67 victimes retomberait sur les institutions. Un argument irrecevable pour Meloni. ‘’Parler d’un massacre d’Etat est une honte’’ fait-elle savoir. Les propos du Commandant de la Capitainerie du port de Cutro, qui s’est défendu de tout retard dans la prise de décision, ont déclenché un renvoi de responsabilités entre les ministères concernés. Selon lui, la responsabilité retomberait sur la Brigade des finances, qui dépend du ministère de l’Economie, représenté par le ministre léguiste Giorgetti, et du ministère des transports, dirigé par Matteo Salvini. Le chef de la Ligue défend la Garde côtière mais se garde de défendre ouvertement Piantedosi. La visite d’aujourd’hui du Chef de l’Etat S. Mattarella à Crotone suscite elle aussi les tensions. Que fera Meloni ? Elle n’a pas prévu de s’y rendre, le ministre de l’Intérieur ayant représenté tout l’Exécutif lors de son déplacement. Le Palais Chigi s’attend à une vague migratoire ‘’sans précédents’’, comme l’a annoncé le secrétaire d’Etat Mantovano. Pour la Présidente du Conseil, faire ralentir les flux migratoires demeure la priorité. »
ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco et G. Foschini, « Le gouvernement travaille à un décret sur les flux migratoires, « Chaque année, 250 000 entrées légales sur le territoire » : « Confirmé par le ministre Lollobrigida, le gouvernement Meloni annonce un plan biennal à partir de 2024 portant sur l’immigration. Il prévoit des chiffres impressionnants, car le problème est complexe et risque de poser une vraie difficulté pour le gouvernement. Mais ce type de mesures suppose aussi au préalable une modification de la loi Bossi-Fini. Sans ce changement, il ne sera pas possible de sceller de nouveaux accords bilatéraux avec les pays d’origine pour la formation des candidats au départ, afin qu’ils puissent exercer dans les secteurs stratégiques pour lesquels il y a une pénurie en Italie. Le Ministre de l'Agriculture a notamment avancé le chiffre de 500 000 travailleurs dont le pays aurait besoin chaque année, mais que l’Italie ne pourrait pas absorber sur un an. D’où l’idée d’un plan sur deux ans, avec des entrées régulières pour près de 250 000 individus par an. Des chiffres qui ne correspondent pas aux estimations du ministère de l’Intérieur, qui parle de 100 000 travailleurs immigrés réguliers annuels. Ce plan prévoirait que le ministère du travail définisse les besoins pour chaque secteur, ce qui permettrait de lancer la formation des travailleurs. Toutefois, ce qui complique la donne, c’est que les décrets sur les migrations légales pris jusque-là ont surtout permis de régulariser les migrants déjà présents sur le territoire. Et on suspecte que le gouvernement veuille donc gérer l’augmentation de la pression migratoire par ce même biais consistant à régulariser les présents, mais le ministre Lollobrigida nie. Selon lui, les travailleurs seront « formés dans leur pays d’origine » et pourront ensuite « rentrer chez eux avec des compétences professionnelles utiles ». L’idée serait aussi d’accorder une « prime » [par le nombre de permis de travail] aux pays qui coopèrent le mieux dans la lutte contre les départs illégaux, « comme la Tunisie et le Bangladesh ». Compte tenu de la densité du projet de Meloni, son délai de mise en œuvre ne devrait pas être rapide. »
ARTICLE, Corriere della Sera, d’A. Arachi, « Meloni plaide contre ‘’l’idéologie du genre”, dont les femmes seraient d’après elle les premières victimes » : « A une semaine de la Journée internationale des droits de la femme, Giorgia Meloni donne sa première interview sur les femmes à la revue Grazia. Elle y affirme que ‘’les premières victimes de ‘’l’idéologie du genre“ sont les femmes’’. ‘’Le masculin et le féminin sont enracinés dans les corps et c’est une donnée incontestable’’ explique-t-elle, ‘’la revendication d’un droit unilatéral à se proclamer homme ou femme indépendamment de tout parcours chirurgical, médicamenteux ou même administratif desservira la cause des femmes’’. Certaines féministes partagent son avis, comme la présidente de l’association « Arcilesbica » qui se dit ‘’d’accord avec Meloni sur le fait qu’il n’est pas possible d’être une femme lorsqu’on est de sexe masculin simplement en l’auto-déclarant’’. A l’inverse, [le député et militant LGBT] Alessandro Zan, très proche de la nouvelle secrétaire du PD Elly Schlein, est particulièrement dur : ‘’les femmes sont victimes de Giorgia Meloni et de ses politiques réactionnaires, pas d’une prétendue ‘’idéologie du genre“ qu’elle a inventée de toute pièce. […] Les victimes sont, entre autres, celles qui n’ont pas accès à l’avortement dans les régions dirigées par la droite’’. ‘’Sur les questions de genre, Giorgia Meloni reflète la position de l’Eglise’’ explique un membre de Fratelli d’Italia. ‘’La Présidente du Conseil veut effacer notre communauté qui représente 15% d’Italiens’’ dénonce Fabrizio Marrazzo (du parti « gay LGBT+»). Dans son entretien, la Présidente du Conseil aborde également le sujet délicat de l’avortement à travers un témoignage privé (sa mère aurait été tentée d’y recourir compte tenu des problèmes qu’elle avait avec son mari) et qualifie par ailleurs la gestation pour autrui d’ ‘’esclavagisme du nouveau millénaire’’. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de F. Fubini, « ‘’Nous avons mis fin à une addiction’’ affirme Giorgetti (Ligue), ‘’à une grande illusion, et le marché apprécie’’ » : « Le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti est très direct lorsqu’il commente le système des bonus et primes à la rénovation en Italie, auquel le gouvernement a décidé de mettre fin il y a deux semaines. ‘’Nous avions créé un véritable chaos, les bonus avaient un effet addictif et les gens en demandaient toujours plus : il fallait intervenir’’. Le déficit public a déjà été revu à la hausse de 80 milliards du fait des dépenses fiscales liées aux crédits d’impôts verts. Mais le ministre souligne qu’une trentaine de milliards doivent encore être pris en compte, liés au dispositif de prime plus traditionnel et qui émergera progressivement, au fur et à mesure que les bénéficiaires paieront moins d’impôts. Le ministre est transparent, il est inévitable que tout cela pèse sur la dette publique : ‘’malheureusement, quelqu’un devra bien payer ces 110 milliards d’euros de crédits’’. Par ailleurs, ‘’nous accorderons la prime et les crédits d’impôts à ceux qui ont déjà présenté un projet ou une notification de début de travaux avant novembre 2022, donc la dette fiscale générée augmentera’’ déclare Giorgetti. La question est de savoir si les entrées fiscales moindres avaient déjà été anticipées et intégrées dans les prévisions budgétaires de l’Etat. Giorgetti est clair ‘’dans la mise à jour de la Loi de Finances en octobre dernier, nous n’avions pas anticipé et calculé un recours aussi fort au crédit d’impôts’’. Il tient toutefois à souligner que la réaction du marché et des autorités européennes à la suspension de la mesure a été bonne et que la réaction de l’actuel gouvernement a été appréciée. ‘’Certains ménages et entreprises étaient convaincus que l’Etat aurait tout payé, tout de suite, nous avons dû remettre un peu d’ordre’’ alerte-t-il. Giancarlo Giorgetti, l’éternel réaliste, ne nie pas l’évidence : ‘’un impact sur le déficit de l’Etat pourra être enregistré dès cette année’’. ‘’Une discussion est en cours avec le secteur bancaire afin que les banques acceptent de nouveaux crédits d’impôts’’. Pour le ministre le ‘’désastre a été causé par la façon dont la mesure avait été conçue’’ et envisage un régime plus souple pour les ‘’ménages aux revenus les plus bas, sous réserve de contrôles fiscaux rigoureux’’. Il sait bien que ce coup de frein peut avoir un impact sur le secteur du bâtiment et donc sur l’économie mais invite les entreprises à se tourner davantage vers les appels d’offre du Plan de Relance et à miser sur les grands travaux publics. Enfin, le ministre a tenu à revenir sur les réserves exprimées par l’Italie sur le passage à la voiture électrique dès 2035, indiquant que l’Allemagne et la Commission européenne semblent prendre le temps d’y réfléchir. »
ARTICLE, Il Foglio, M. Zanon « La lenteur côté français met en danger la réalisation de la ligne ferroviaire Lyon-Turin » : « Huit mois après l’appel à accélérer, lancé par la coordinatrice européenne responsable de la ligne Lyon-Turin (TAV), Iveta Radiova, rien ne bouge à Paris. Les délais pourraient se prolonger face aux doutes des Français, ‘’ même après 2038’’ selon le quotidien Les Echos, qui a rapporté les inquiétudes de La Transalpine, le comité de la TAV réunissant les autorités publiques et les acteurs économiques mobilisés pour la réalisation du projet. Exploitant ce qu’ils jugent comme une indécision qu’aurait manifestée à plusieurs reprises le ministre des Transport Clément Beaune, le front des opposants à la TAV, galvanisé par la gauche de Mélenchon et par l’aile radicale des Verts, donne de la voix. En janvier, un groupe de députés et des représentants écologistes a demandé à la Première Ministre Borne de retirer ‘’le caractère d’utilité publique’’ de la ligne ferroviaire. Hier, notre quotidien a contacté le ministère de l’Economie français pour demander si l’Exécutif considère le chantier comme une priorité. ‘’Ce projet est naturellement essentiel pour la France et pour la décarbonation du transport routier alpin. La Première ministre a annoncé un plan d’investissement à hauteur de 100 milliards d’ici 2040 pour le réseau ferroviaire, c’est un signe clair de la priorité que nous réservons à ce réseau’’. Demain, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire se rendra à Rome pour évoquer les coopérations industrielles bilatérales avec son homologue Giorgetti et le ministre des entreprises et du Made in Italy Urso, sur fond de Traité du Quirinal, entré en vigueur le 1er février dernier. Le dossier de la ligne Lyon-Turin sera sans doute évoqué. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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