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01/03/2023

"Piantedosi ne s’excuse pas et prépare un nouveau tour de vis, mais Frères d'Italie prend ses distances."

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Italie. Revue de presse.

Le drame du naufrage de migrants à Crotone, et la révélation selon laquelle la chaine des secours n’aurait pas été activée, fait les gros titres de la presse italienne, avec large couverture photographique des cercueils alignés : « Migrants, polémiques sur les secours » - Les accusations croisées de Frontex et de la garde côtière italienne sur les secours. Le Parquet de Crotone ouvre une enquête (Corriere della Sera), « Personne n’a voulu les sauver » - Le navire, en difficulté, avait été repéré 7 heures plus tôt. Le repérage a d’abord été traité comme une affaire criminelle, sans activer les secours. Frontex et la garde côtière italienne se rejettent la responsabilité (La Repubblica), « Un massacre d’Etat » - Toutes les omissions et le renvoi de balle entre le ministère de l’Intérieur, la garde-côtière et Frontex (La Stampa), « Migrants, enquête sur les secours » - Les enquêteurs de Crotone annoncent vouloir faire la lumière sur les faits. Frères d’Italie fait pression sur le ministre Piantedosi (Indépendant) afin qu’il fournisse des explications] (Il Messaggero), « La garde-côtière savait, mais n’a pas sauvé les migrants » (Fatto Quotidiano), « Augmentation du nombre de morts en mer avec les ONG » - Le rapport des services de renseignement accuse les ONG : ils passent les informations aux passeurs, favorisent leurs affaires, et les drames augmentent. Piantedosi fait pression pour activer les corridors humanitaires (Il Giornale).

L’invasion russe en Ukraine, et notamment les tensions en Moldavie et les drones abattus en Russie, est aussi citée : « Attaques de drones en Russie » - Le gouvernement moldave est assiégé. Zelensky reconnait que la situation à Bakhmut est difficile (Corriere), « Moldavie, les pro-russes tentent un putsch. Une pluie de drones sur les villes russes » (La Stampa), « Assaut sur le palais du gouvernement en Moldavie, Kiev prévient Poutine et envoie ses drones sur Moscou » (Il Messaggero).

ARTICLE, Corriere della Sera, « L’ordre de lancer la mission de sauvetage n’a jamais été donné ; ‘’la navigation est normale’’ » : « Soixante-six vies noyées dans une mer de bureaucratie, de réglementation, de signalements… Y a-t-il eu des lacunes dans la gestion du naufrage par les secours ? Les principales autorités concernées sont l’agence Frontex, la Garde côtière et la Garde des Finances. Compte tenu de l’épilogue, il y a vraisemblablement eu un dysfonctionnement dans la chaîne des secours. Il semblerait qu’il y ait au moins eu une sous-estimation du risque encouru par l’embarcation de fortune. Peut-être aussi qu’il y a eu une approche plus policière qu’humanitaire dans la tentative de récupérer l’embarcation, comme s’il s’agissait davantage d’effectuer des contrôles pour trafic de migrants que de leur porter secours. Auditionné par la Commission des affaires constitutionnelles au Sénat, le ministre Matteo Piantedosi a déclaré qu’une enquête était en cours et que ‘’personne ne pourrait s’y soustraire’’. L’embarcation avait quitté la Turquie en pleine nuit le 22 février. La veille, les passeurs avaient amené les migrants d’Istanbul à Izmir avec deux grands camions puis ils avaient fini à pied jusqu’à Çeşme. Une panne de moteur est survenue après trois heures en mer, les migrants sont alors transférés sur une autre embarcation en piètre état. Trois jours plus tard, ils sont repérés par un hélicoptère de Frontex au large des côtes calabraises. Les données relevées suggèrent dès lors qu’il s’agit de trafic de migrants et que le bateau est surchargé. Frontex lance un signalement à l’International coordination center, c’est-à-dire aux autorités de police chargée des opérations contre la contrebande, le trafic de migrants… dont fait partie la Garde des finances. La Garde côtière romaine est également informée. Mais le signalement n’alerte en aucun cas sur le danger encouru par l’embarcation et indique au contraire de bonnes conditions de navigation. La Garde des finances informe la Garde côtière que deux de leurs bateaux ont été envoyés - ceux qui servent aux contrôles et pas ceux destinés à récupérer des personnes en difficulté lors des tempêtes. La garde côtière n’intervient pas, aucune alerte n’est lancée et les secours ne sont pas déployés. La Garde des Finances entend alors ‘’intercepter’’ l’embarcation et non la secourir. Malgré les difficiles conditions en mer, le mécanisme de secours n’est pas déclenché mais les patrouilles ne parviennent pas à rejoindre leur ‘’cible’’, rentrent au port et déclenchent ensuite le ‘’dispositif de recherche depuis la terre ferme’’. Dimanche matin, l’embarcation poussée par la tempête s’écrase au large des côtes avec 180 personnes à bord et au moins 66 personnes meurent. Cette fois, la grande alerte est lancée, la Garde côtière déploie les secours mais c’est trop tard. Elle souligne que c’est la première notification d’urgence qu’elle a reçu. Comme si, avant, elle n’était pas concernée.  » 

ENTRETIEN de Francesco Lollobrigida, Ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, La Stampa : « Jusqu’à 500 000 emplois pour des immigrés formés dans leur pays » : « ‘’ En Italie entre 300 et 500 000 emplois sont disponibles et cela peut générer une immigration légale, que nous considérons juste. Nous sommes ici à Bruxelles, où nos grands-parents sont venus travailler dans les mines grâce à une migration légale. Cela peut être un argument pour des discussions avec plusieurs pays nord-africains, d’où arrivent beaucoup d’immigrés clandestins, comme par exemple la Tunisie. Les décrets sur les flux doivent être structurés de sorte à satisfaire d’abord la demande interne d’emplois, par exemple en donnant la possibilité de travailler à ceux qui affirment de façon prétentieuse que la seule alternative au revenu de citoyenneté est de devenir des voleurs. Analysons les emplois que nous ne pouvons pas combler avec notre offre interne et choisissons ensuite de donner accès légalement à la main d’œuvre qui arrive de l’étranger. Nous voulons également apporter plus d’attention aux accords bilatéraux, ainsi que multilatéraux, avec les autres pays. A la Tunisie, par exemple, nous pouvons demander de contenir leur exode en garantissant plus de coopération internationale, pour qu’il y ait plus de travail chez eux ; mais également en définissant ensemble de faire arriver leurs ressortissants d’une meilleure façon qu’à travers les bateaux des passeurs. Et en échange demander un accord sur les rapatriements. Je considère qu’il est inacceptable de laisser des personnes arriver chez nous et puis de se désintéresser de ce qu’ils font ; pour assurer la même dignité il faut favoriser l’intégration. C’est pour cette raison qu’il faut garantir une formation avant le départ, de type professionnelle mais aussi culturelle, qui puisse permettre aux migrants d’être formés sur nos normes comportementales, sur nos coutumes. L’intégration doit se bâtir.’’ »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Un court-circuit sans solution qui alimente la dispute entre l’Italie et l’Europe » : « L’immigration qui arrive depuis la Méditerranée demeure un problème structurel, exacerbé par les guerres, les famines et le dérèglement climatique. Or, il est encore traité comme une urgence. L’absence de toute stratégie le rend, en apparence, irrésoluble et alimente les tensions et les pressions entre les pays d’arrivée et l’UE. Quand les services de renseignement reconnaissent qu’il est toujours difficile d’arrêter les arrivées, ils ne font que confirmer une réalité bien connue depuis une dizaine d’années. Ils font comprendre également que, sans une intervention d’envergure pouvant stabiliser les pays de départ, le phénomène se reproduira à l’infini. Cela multipliera, en parallèle, les polémiques sur le comportement des gouvernements les plus exposés au phénomène des flux, outre alimenter la propagande populiste des partis les plus extrémistes voulant gagner facilement des points auprès de leur électorat. Les récentes lois adoptées ne résoudront pas le problème et peuvent au mieux atténuer le phénomène. Elles sont aussi perçues par l’opinion publique européenne comme l’expression, simpliste, d’un gouvernement italien « anti-immigration ». Il s’agit d’un court-circuit duquel l’Italie, les pays alliés et les institutions de Bruxelles ne parviennent pas à se sortir. Cela alimente la conflictualité dans les relations sans résoudre le problème. Quand le ministre de Fratelli d’Italia, Francesco Lollobridiga, invoque ‘’une solution européenne’’ car ‘’l’Italie ne peut pas se charger toute seule de ce problème’’, il ne fait que répéter des mots prononcés depuis des années par ses prédécesseurs venant de traditions politiques différentes. Cela confirme aussi que rien n’a été fait, et réduit d’autant [l’importance] des engagements pris jusque-là lors les réunions européennes. »

ARTICLE, La Repubblica, A. Fraschilla, « Piantedosi ne s’excuse pas et prépare un nouveau tour de vis, mais FdI prend ses distances » : « Piantedosi tente d’atténuer ses propos polémiques et déclare s’émouvoir du naufrage de Crotone. Il estime que le mécanisme de relocalisation n’est pas satisfaisant, car il n’a conduit qu’à 370 relocalisations sur les 8000 prévues. On exprime la crainte qu’un éventuel nouveau décret sur les débarquements, qui sera discuté la semaine prochaine au Conseil des Ministres, reprenne en partie des éléments des dénommés «décrets Salvini », qui visaient à une fermeture des ports et la limitation des demandes d’asiles et d’accompagnement. Hier, lors de son audition à la chambre, des explications sur la tragédie de Crotone lui ont été réclamées par l’opposition, mais aussi par Fratelli d’Italia, par la voix de Alberto Balboni. Cela pourrait être le signe que des tensions sur ce sujet pourraient émerger au sein même de la majorité. A la requête d’un compte rendu détaillé du déroulement des événements, Piantedosi répond : « une enquête est en cours, dans laquelle nous devons avoir confiance et à laquelle personne ne se soustrait ». Il promet également de rendre compte régulièrement à la chambre de l’avancée de celle-ci. Dans la soirée, il déclara à la télévision que « le bateau n’a jamais appelé à l’aide ».

ARTICLE, Corriere della Sera, V. Piccolillo « L’alerte des services de renseignement : les navires des ONG favorisent les passeurs » : « La communication annuelle devant le Parlement par les représentants des services de renseignement, notamment le ministre en charge de la tutelle sur ceux-ci, A. Mantovano, aborde plusieurs sujets, allant de l’invasion russe en Ukraine aux cyberattaques, en passant par la désinformation et la campagne hybride chinoise, jusqu’à la menace djihadiste et le risque posé par la mouvance anarchiste, les appétits de la mafia sur les appels d’offre du PNRR ou le trafic de migrants. Sur ce dernier aspect, les renseignements signalent ‘’une augmentation des flux de migrants irréguliers’’ en Italie qui représente la principale porte d’accès à l’UE et que les départs se font principalement depuis la Libye. Il y a surtout une forte augmentation (+60%) des départs depuis la Tunisie. D’où l’envoi de la lettre de G. Meloni aux institutions européennes afin de mettre l’accent sur les prêts alloués à ce pays. Le rapport met également en évidence la question des secours en mer. Si les opérations de secours qui augmentent le plus concernent notamment la garde-côtière italienne, les opérations de sauvetage menées par les ONG augmenteraient elles aussi, notamment dans la zone Sar libyenne. Le rapport estime que leur activité, faisant l’objet de publicité sur les réseaux sociaux comme ‘’garantie de sécurité’’, représenterait un avantage pour les passeurs. « C’est une observation objective n’a pas de lien avec des considérations éthiques », fait savoir le rapporteur Mantovano. Enfin, les renseignements font savoir que ‘’la Russie ne cessera pas d’interférer dans les dynamiques politiques et dans les processus décisionnels des pays de l’Otan’’ par le biais de ‘’cyberattaques et l’exploitation du levier migratoire et énergétique’’. »

Il Sole 24 Ore, R. D’Alimonte, « Le défis de Schlein, des alliances [avec les autres partis] à la question du Sud » : « On ne sait pas ce que sera le PD de Schlein, cela dépendra de ses choix. Il pourrait être un parti totalement différent de celui des origines, en 2007, ou le parti d’une nouvelle gauche, ou une expérience ratée. Une chose est sûre, c’est que le PD a un électorat plutôt citadin, notamment au regard des chiffres des dernières élections législatives si on se penche sur les scores obtenus dans les villes de plus de 100 000 habitants, où il a rassemblé en moyenne 23% des votes tandis qu’il faisait 19.1% au niveau national. Le problème pour le PD, c’est que ces grandes villes ne représentent que 18% des électeurs italiens. Les résultats de ces élections montraient aussi que le PD prenait surtout l’avantage au Nord de l’Italie, dans l’ancien bassin traditionnel « rouge » tandis que dans le sud, il fait face plus fortement à la concurrence du M5S, qui y avait obtenu ses meilleurs résultats. Un sondage complémentaire permet de préciser le profil type des électeurs et montre qu’il s’agit d’individus généralement instruits et plutôt aisés.  Le profil de Elly Schlein reste toutefois trop atypique pour séduire l’électorat des petites et moyennes villes du Nord et des grandes villes du Sud, afin d’élargir son électorat. A première vue, Schlein ne semble pas être la bonne personne pour le faire, mais nous vivons dans une période où la diversité et la nouveauté sont primées. Beaucoup dépendra des choix qu’elle fera. Jusqu’à présent, le PD n’a réussi à dépasser les 30% qu’avec deux personnalités très différentes de Schlein, Veltroni et Renzi. Dans le contexte institutionnel actuel, le premier objectif du nouveau secrétariat pour s’assurer la victoire ne sera cependant pas les votes, mais les alliances, notamment avec le Terzo polo ou avec le M5S, dont Schlein est la plus proche. Toutefois, ce n’est qu’en unissant toute la gauche qu’elle pourrait l’emporter. Mais si sur le revenu de citoyenneté et sur la politique étrangère elle penche davantage du côté des M5S, elle perdra définitivement le soutien hypothétique du Troisième pôle ».

Il Messaggero, R. Amoruso « Aux côtés de l’Allemagne, la Pologne et la Bulgarie, l’Italie s'oppose à la fin des voitures thermiques dans l’UE » : « Avant de faire entendre sa position Conseil européen, l’Italie interviendra aujourd’hui en Coreper à Bruxelles pour affirmer son opposition à l’échéance fixée pour 2035 de fin de fabrication de voitures à moteur thermique dans l’UE. « L’automobile représente 20% de notre secteur industriel et nous devons protéger nos emplois » a déclaré le ministre de la transition énergétique M. Pichetto-Fratin.  Il a affirmé que qu’il lui semblait important de revoir les modalités de la transition vers l’électrique pour les fabricants, mais que la question du délai, jugé trop court, doit aussi être posée. Au regard des enjeux économiques et industriels pour le pays, « le choix de l’électrique ne doit pas représenter, dans la phase de transition, l’unique façon d’arriver à l’objectif de zéro émission». Les Etats doivent réfléchir conjointement pour décarboner le secteur des transports, en tenant compte des réalités nationales des différents États. À l’occasion de la ratification prévue au Conseil de l’UE le 7 mars, l’Italie, la Pologne, la Bulgarie et l’Allemagne constitueraient également un bloc pour stopper l’accord. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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