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28/01/2022

"La bifurcation qui se présente devant Salvini."

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Italie. Revue de presse. 

Les discussions entre les dirigeants politiques pour élire le Président de la République font toujours les gros titres de la presse italienne. Plusieurs observateurs relèvent l’absence d’une entente préalable entre les coalitions. Le centre droit serait tenté de voter pour un candidat issu de ses rangs (E. Casellati ou F. Frattini) lors du 5e scrutin, afin de vérifier le nombre de voix dont il dispose, tandis que le centre gauche insiste sur la nécessité de trouver un candidat transversal « Le centre droit joue la carte Casellati » - La candidature de Belloni échoue, provoquant la colère de Letta et de Conte à l’égard de Salvini. Le centre droit choisit Casellati avant de tenter la candidature de Casini et celle de Draghi (Corriere della Sera), « Le Quirinal des vétos croisés » - Fumée noire lors du 4e scrutin. Le centre droit revient sur la candidature de Casellati ou de Nordio. Draghi téléphone à Berlusconi à l’hôpital (La Repubblica), « Quirinal, tous contre tous » - Les bulletins blancs diminuent et ceux en faveur de Mattarella augmentent. Massolo figure dans la liste du centre droit. La Ligue relance la candidature de Frattini et joue la carte de Casellati (La Stampa), « Quirinal, le nom de Casellati est évoqué à droite » - Salvini et ses alliés pourraient voter la présidente du Sénat, quitte à choisir Draghi à partir de samedi. L’option Casini reste valable ainsi que celle de Mattarella (Il Messaggero), « L’imbroglio du Quirinal » - Les partis sont enlisés sur des candidats clivants et le Parlement se prononce en faveur de Mattarella (Il Giornale). 

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « La bifurcation qui se présente devant Salvini (et la mandature) » : « Aujourd’hui, un cinquième ou un sixième scrutin sans fumée blanche donnerait l’idée d’une sorte de partitocratie sans partis, avec un parlement fissuré par des factions désormais fatiguées face à la vielle discipline. Du coup, c’est le président sortant Mattarella qui a dominé la scène en obtenant 166 voix. Certes, c’est en partie une façon de suggérer sa réélection, ce qui représente une possibilité faible mais pas irréalisable. Il s’agit surtout d’un acte d’accusation de l’incertitude et de l’impuissance des dirigeants politiques. Il est assez surprenant que le centre gauche, en raison des divisions entre le PD et le M5S, ne parvienne pas à proposer un nom et préfère attendre de répondre aux propositions du centre droit. A long terme, cette stratégie pourrait se révéler comme dangereuse. Il n’est peut-être pas très sage d’attendre que l’inertie fasse émerger la candidature de Draghi comme le fruit non pas d’un choix net mais d’une inertie. Les 166 voix pour Mattarella indiquent l’exigence de trouver un profil comme ce dernier, du point de vue de la culture, du style et des habitudes, afin d’en incarner la même continuité. Cela serait essentiel afin d’établir l’harmonie nécessaire avec le Président du Conseil Draghi et éviter des turbulences au sein du gouvernement. Pour sa part, le centre droit tente de cacher ses failles en décidant de ne pas retirer le bulletin de vote. C’est un choix bizarre qui, après des années de populisme et d’antipolitique, aurait été préférable d’éviter à tout prix. Ainsi, Salvini se trouve devant une bifurcation et a dû mal à prendre une décision : la candidature de Frattini représente un affront au PD, c’est une option élaborée pour obtenir des voix auprès des proches de Conte (surtout pas de Di Maio). Le résultat serait l’implosion du gouvernement et des élections anticipées. La candidature de Cassese préfigure en revanche un accord avec le PD mais payerait le prix d’une hostilité de Conte et des 5 Etoiles. Par ailleurs, il a été constaté que la droite ne dispose pas d’une majorité sûre, au vu des 441 abstenus. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « La tentative d’éviter la candidature de Draghi » : « Des rumeurs indiquent que Salvini serait prêt à présenter un candidat provenant des bancs du centre droit, comme preuve de son rôle de faiseur de roi pour le Quirinal. Or, tout laisse croire qu’il ne s’agira pas d’un candidat pouvant débloquer l’impasse. Le chef de la Ligue semble plutôt intéressé à garder sa coalition de centre droit bien unie. Toutefois, cette opération apparait de plus en plus fragile. Il y a une tentation d’aller vérifier les voix dont ils disposent en proposant leurs candidats. Pas ceux concordés avec Forza Italia et FdI mais d’autres noms. C’est un jeu risqué qui souligne l’incapacité de trouver une synthèse. Ces propositions sont destinées à diviser le gouvernement et la majorité qui le soutient. L’opposition de Salvini, de Forza Italia et de G. Conte à la candidature de Draghi semble de plus en plus à un alibi. Si ces derniers revendiquent la primauté de la politique, dans leurs listes c’est surtout l’absence de représentants politiques qui surprend. Les 166 voix remportées hier par Mattarella représentent surtout une volonté d’une solution qui soit forte et unitaire, pour que la nouvelle phase soit cohérente avec son septennat. » 

ARTICLE, La Repubblica, C. Tito « La vague longue qui pousse pour un second mandat de Mattarella, à droite comme à gauche » : « Il est évident que les 166 voix remportées hier par Mattarella sont le fruit d’initiatives individuelles. Le projet d’une réélection du président sortant n’existe pas encore. Mattarella garde un silence absolu, voulant éviter toute ingérence dans le débat actuel. Toutefois, l’hypothèse de sa réélection bénéficie d’une énergie autonome, venant ‘’du bas’’. Ce n’est pas le fruit d’une analyse venant des groupes dirigeants. C’est plutôt le sentiment de la base parlementaire et dont le nombre est important. A la buvette, le chevronné Mastella n’hésite pas à dire, ‘’si les parlementaires étaient laissés libre d’agir, sans indications ni consignes, ils voteraient largement pour Mattarella. Et comme second choix, ils s’orienteraient vers Casini’’. Le président de la Région de Vénétie, le léguiste L. Zaia, présent à Rome en tant que grand électeur, a avoué à un ami ‘’Draghi représente la meilleure des solutions, mais Mattarella est certainement mieux que le chaos’’. C’est un autre acteur qui s’est manifesté hier, et qu’il ne faut jamais sous-estimer en Italie : les évêques italiens ont diffusé un communiqué officiel pouvant ressembler à une exhortation pour un Mattarella bis : ‘’nous souhaitons que le Parlement sache saisir le désir d’unité exprimé par le Pays. L’exemple de Mattarella demeure un point de repère’’. A Bruxelles aussi, on commence à suivre avec inquiétude le prolongement des scrutins. Le raisonnement qui se fait de manière informelle à la Commission est le suivant : l’Italie a su repérer un duo idéal composé par Draghi et Mattarella. Pourquoi le remplacer ? Et pourquoi courir le risque de les perdre ensemble ? Il s’agit là d’un raisonnement qui commence à se frayer un chemin parmi les différentes évaluations des parlementaires italiens. »

COULISSES, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Draghi téléphone à Berlusconi et ouvre un canal de dialogue » : « Derrière l’infini « casting » de noms évoqués, Draghi résiste. Il téléphone, il fait des rencontres, il négocie et il espère que les partis puissent trouver au plus tôt une solution à l’énigme. Cela afin de reconstituer la majorité et permettre au gouvernement de reprendre le travail. Draghi a fait tout son possible pour éliminer l’un des principaux obstacles sur son chemin vers le Quirinal : l’opposition de Berlusconi. Le dégel a eu lieu hier. Draghi a téléphoné à Berlusconi, qui est toujours hospitalisé à Milan, pour s’intéresser de son état de santé. Le Cavaliere aurait apprécié le geste ‘’courtois’’. D’après les équipes respectives, les deux n’auraient pas abordé les sujets politiques. Berlusconi a confié à Tajani le mandat pour négocier, avec la consigne de ne mettre aucun vétos sur le nom de Draghi. Quelques heures plus tard, Tajani s’est rendu au Palais Chigi pour rencontrer le Président du Conseil. La rencontre a été longue. Le numéro deux de Forza Italia a rappelé que pour son parti il serait préférable de laisser Draghi là où il est car ‘’nos ministres ont bien travaillé et l’équipe de doit pas être modifiée’’. Au-delà des communications officielles, Forza Italia laisse filtrer qu’un ‘’canal de dialogue s’est ouvert’’, cela aussi grâce à la médiation de Gianni Letta. Les sources proches du gouvernement évoquent pour leur part ‘’une harmonie retrouvée’’. Au Palais Chigi on sait bien que le chemin n’est pas encore dégagé. Le deuxième obstacle est représenté par Giuseppe Conte. Ce dernier a promis de se venger et considère l’éventualité de la nomination de Draghi au Quirinal comme une défaite. D’après des rumeurs, le président des 5 Etoiles serait tenté par la carte Frattini, évoquée par Salvini. Une cinquantaine de parlementaires seraient prêts à le suivre. Mais c’est Di Maio qui a mis en garde ses élus ‘’attention, arrêtons de jouer avec les noms, car si la majorité se divise, tout saute et ce sera les élections anticipées’’. La stratégie des « draghiens » est donc de convaincre un nombre plus large possible de grands électeurs que la stabilité du gouvernement passe par l’élection du Président du Conseil au Quirinal. Et Draghi l’a dit clairement : cette responsabilité relève exclusivement des partis »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Verderami, “Des messages envoyés par Casellati aux leaders de la coalition ; Casini et Draghi restent les principaux candidats au sein des négociations » : « La réunion du centre-droit qui s’est terminée tard dans la nuit présage que le nouveau Président de la République italienne ne sera peut-être toujours pas élu aujourd’hui. Mais ce cinquième scrutin aura une valeur politique, c’est l’épreuve voulue par Giorgia Meloni pour maintenir la cohésion de l’alliance avant le passage décisif : le vote de demain. Ce devrait en effet être une façon d’estimer le nombre de voix sur lequel le centre-droit peut compter. Et le chef de la Ligue a accepté ce nouveau tour de piste, après avoir passé la journée d’hier à appeler aux côtés de Conte à ‘une solution rapide afin d’éviter que le nom de Draghi ne s’impose’. Les deux leaders avaient ainsi relancé la candidature de Frattini, une stratégie mise en échec par le reste du centre-droit, Ligue comprise. Enième stratégie de Salvini pour lutter contre la force de gravité et contre l’insistance de Meloni. Pour lui, c’est un jeu risqué, car son propre camp, qui apparait morcelé, est prêt à aller contre lui. Mais alors on ne comprend pas bien pourquoi Casellati aurait passé la journée à envoyer des messages privés aux membres les plus importants de la coalition demandant à voter pour elle. Et son souhait a été exaucé. Concernant Salvini, il est difficile de mener des négociations si, en plus des adversaires, il faut gérer les ambitions de ses alliés. Hier il a dû prendre acte de la faiblesse de la ligne rouge tracée avec Conte pour éviter l’élection de Draghi. C’est ainsi que certaines candidatures jugées crédibles et intéressantes, comme celle d’Elisabetta Belloni, se sont retrouvées sacrifiées, au regret notamment de Di Maio qui met en garde sur le risque de faire tomber le gouvernement et de provoquer des élections anticipées. Et c’est bien à Draghi que l’on pense, maintenant que les leaders se retrouvent à court de candidats et de munitions. Une voie envisagée aussi bien par Renzi que par Letta, une convergence assez rare pour être soulignée, et même par certains membres de la Ligue. A voir si Berlusconi franchira le pas, après son entretien avec l’ex-président de la BCE. Sur la table des négociations, il n’y a plus que les noms de Draghi et Casini. S’il veut vraiment ‘préserver l’unité du centre-droit et de la coalition de gouvernement’ comme il le dit, alors il n’a pas vraiment le choix. »

PREMIER PLAN, Corriere della sera, de M.T. Meli, « Letta dit non aux propositions unilatérales. Et le PD pourrait s’abstenir. » : « Avant de découvrir que Salvini proposerait une liste de noms parmi lesquels celui de Franco Frattini, Enrico Letta était persuadé que le centre-droit s'était décidé pour de bon à converger sur Draghi. Il est donc probable qu'aujourd'hui le PD décide de ne même pas retirer le bulletin pour poursuivre les négociations dans la journée. En effet, le secrétaire du PD ne perd pas espoir et il est de plus en plus persuadé que le centre-droit finira par voter pour Draghi malgré les manœuvres de dernières minutes de Salvini et la ferme opposition de Conte. En effet, la rumeur que la rencontre entre Tajani et Draghi s'était bien passée, n'a pas tardé à arriver au sein du PD. Casini se place en deuxième position et le ministre Dario Franceschi fait de tout pour soutenir sa candidature. Une partie du PD continue également d’espérer en un second mandat de Mattarella et songe même à préparer un appel au président sortant pour l’inviter à bien réfléchir et à prendre sérieusement en considération de consentir à renouveler son mandat. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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