Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/12/2021

"Le dialogue entre Letta et Salvini sera décisif."

Ligue.jpg

FI-AN.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse. 

Les déclarations du Président du Conseil Mario Draghi hier en conférence de presse, notamment sur la façon dont il envisage son avenir alors que les spéculations sur son souhait de briguer la présidence de la République sont nombreuses, font la une de le presse italienne : « ´Allons de l’avant avec tous ceux qui souhaiteront être de la partie’ - Draghi et la présidentielle ´il faut que le gouvernement reste en place jusqu’en 2023, je suis un grand-père au service des institutions’» (Corriere della Sera), « Présidentielle,  Draghi regarde vers le Quirinal : le gouvernement doit avancer même sans moi » (La Repubblica), « Draghi est prêt à relever le défi de la Présidence de la République » (La Stampa), « Attention, grand-père en fuite » (Il Fatto Quotidiano),  « Les annonces de Draghi déstabilisent les partis » (Il Messaggero), « Draghi ‘les objectifs du PNRR sont atteints, je suis un grand-père au service des institutions’ » (Sole 24 Ore). 

PREMIER PLAN, La Repubblica, de M. Bocci et V. Giannoli, « Tests de dépistage pour les personnes vaccinées et pass sanitaire renforcé pour se rendre au travail, les nouvelles mesures annoncées aujourd’hui » : « Parmi les décisions qui seront prises aujourd’hui suite à la réunion au gouvernement sur la situation sanitaire, il y a la réduction de la durée de validité du pass sanitaire obtenu sur vaccination, de 9 à 6 mois. Cela aura notamment pour conséquence le passage graduel à un pass sanitaire renforcé basé sur trois doses et non plus seulement deux. A terme, les personnes vaccinées avec deux doses ou moins pourront donc être concernées par des restrictions supplémentaires ou devoir se faire tester afin d’accéder à des lieux et événements spécifiques. Cette dernière mesure est celle qui suscite le plus de débat : la Ligue y est opposée, Forza italia demande des précisions et certains démocrates sont sceptiques. Le délai pour l’injection de cette troisième dose ‘booster’ pourrait par ailleurs être réduit à 4 mois après la deuxième. En cette période de fêtes, le port du masque redevient obligatoire y compris en extérieur et les masques FFP2 pourrait devenir obligatoires en intérieur (cinémas, transports en commun, lieux de travail…). Si le gouvernement ne souhaite pas prolonger les vacances scolaire et préfère miser sur le dépistage systématiques des élèves, il envisage de tester les personnes même vaccinées pour participer aux grands événements et une réintroduction du télétravail. La vaccination pourrait être rendue obligatoire pour de nouvelles catégories professionnelles, à commencer par le secteur public ou encore celui de la restauration, de même que le pass sanitaire renforcé, ce qui exclurait les employés qui jusqu’ici avaient recours aux tests. Le gouvernement entend agir face au variant Omicron qui prend pied en Italie. Mario Draghi a évoqué une ‘nouvelle phase de la pandémie’, expliquant qu’il préférait ‘’envisager le pire et anticiper afin de défendre le peu de normalité que nous sommes parvenus à reconquérir’’. L’Italie connait actuellement un pic semblable aux chiffres de novembre 2020. Toutefois, moins de personnes sont hospitalisées. Certaines régions telles que le Piémont ou le Latium risque le passage en zone jaune. Draghi affirme que ‘’toute décision sera guidée par la science et non par la politique’’. »

ANALYSE, La Repubblica, de Francesco Bei, « Le Premier ministre attend de voir la réaction des partis. Le dialogue entre Letta et Salvini sera décisif » : « Il l'a donc fait. Depuis des jours, on annonçait un "message fort" de Draghi, et la promesse a été tenue. Maintenant, personne ne peut prétendre ne pas avoir compris. C'est un jour décisif, qui officialise la candidature de Mario Draghi à la présidence de la République. Dans la forme impropre imposée par les règles constitutionnelles, qui ne prévoient pas... de candidatures officielles. Mais le Premier ministre n'aurait certainement pas pu en dire plus car il se considère sur le terrain, comme un homme (ou plutôt un grand-père) "au service des institutions". Mais aussi car si les forces politiques sont divisées sur sa candidature, Draghi considérera que le pacte du gouvernement d'union nationale est affaibli, voire complètement rompu. De Forza Italia à la Lega en passant par le Mouvement 5 étoiles, les propos du Premier ministre ont presque été accueillis avec agacement, suscitant des réactions glaciales. Draghi attend surtout les vraies réponses des deux leaders qu'il considère comme les véritables moteurs de leurs camps politiques respectifs, Enrico Letta et Matteo Salvini. Entre Letta et Salvini, le secrétaire de la Ligue a certainement les plus gros problèmes, puisqu'il doit maintenir la cohésion du centre-droit. Avec Berlusconi comme concurrent féroce de Draghi pour le Quirinal, il ne sera pas facile de maintenir l'ensemble de la coalition. A ce stade, c'est le Cavaliere lui-même qui est le principal obstacle à un pacte qui amènerait l'actuel Premier ministre au Palais des Papes et proposerait également le nom de son successeur au gouvernement. Mais Berlusconi considère l'élection du Quirinal comme le jeu d'une vie et il est très compliqué pour Salvini de se désengager. L'inconnue reste Renzi. Dans l'entourage du Premier ministre, l'attitude du leader d'Italia Viva, pour citer Churchill, est une énigme, enveloppée d'un mystère dans une énigme. Le sentiment est que la candidature fantôme de Pier Ferdinando Casini, dont on dit qu'elle est parrainée par Renzi, n'est qu'un écran de fumée pour cacher ses véritables intentions. »

ARTICLE, La Repubblica, « Seul le Parti démocrate est enclin à [envoyer] Draghi [au Quirinal]. Le M5S s’oppose : il faut qu’il reste où il est » : «   La nuit précédente, Enrico Letta, Giuseppe Conte et Roberto Speranza s'étaient quittés avec l'idée de proposer le nom d'une femme pour le Quirinal afin de s'opposer, au moins dans un premier temps, au centre-droit. Ensuite, il y a eu la conférence de presse de Mario Draghi, où "il s'est présenté aux élections sans être officiellement candidat", a résumé un poids lourd du M5S. Si quelqu'un s'attendait à une réponse enthousiaste à l'idée d’entendre Draghi se dire prêt à devenir président de la République, il avait tort. Ses déclarations ont jeté un froid, notamment au sein du parti 5 étoiles, avec le sentiment est que les propos de Draghi sonnent comme une sorte de " chantage“. "Aujourd'hui, le groupe parlementaire serait plus enclin à voter pour Silvio Berlusconi en secret dans les urnes", plaisante un haut fonctionnaire, mais pas trop. En bref, Draghi n'est pas le premier choix, certainement pas celui de Giuseppe Conte, parlant de stabilité pour souligner qu'il serait préférable qu'il reste à son poste à Chigi. Il n'est donc pas impossible qu'ils finissent par changer d'avis et se rallier à la candidature de Draghi. Mais la transition devrait alors être préparée à temps, par exemple avec la nomination d'un vice-premier ministre, pour garantir le maintien de la législature. Les dirigeants du Parti démocrate, en revanche, sont inquiets car les réactions de la plupart des élus, y compris des alliés du M5S, ont montré que les seuls à vouloir vraiment voir Draghi au Quirinal sont eux. Pour éviter une crise systémique, il serait nécessaire de relier les deux sujets, c'est-à-dire le Quirinal et le palais Chigi, selon la méthode dite "Ciampi", le Président de la République élu en 1999 au premier tour.

COMMENTAIRE, La Repubblica, de Stefano Folli, « Pour le Quirinal, un consensus à trouver » : « Ce serait une erreur de ne lire dans les propos du Premier ministre qu'une volonté d’aller Quirinal dans quelques semaines. Draghi a en fait dit bien plus. Il se dit "à la disposition des institutions", mais avec l'habitude de se définir comme un simple "grand-père" : ce qui fait allusion au Quirinal, bien sûr, mais n'exclut pas le Palais Chigi. Sous certaines conditions, qu'il a expliquées pour la première fois avec précision, il est possible d'imaginer que la législature se poursuive jusqu'en 2023, mais avec le même équilibre ayant permis l’unité nationale recherchée par Mattarella pour soutenir l'exécutif Draghi. La cohésion politique a été cimentée par les questions de santé, certes, mais surtout par la nécessité de ne pas disperser les fonds européens destinés à alimenter la reprise. Cette cohésion semble être le bien précieux à préserver. Aujourd'hui, le problème est de savoir comment maintenir ce même équilibre : car il est clair qu'une majorité émiettée lors de l'élection du chef de l'État est une majorité qui n'existe plus, même en termes de gouvernement. Ce n'est donc pas Draghi qui menace de partir s'il ne va pas au Quirinal, comme le prétend la "vox populi", mais c'est le cadre général qui s'écroule si la majorité ne tient pas pendant les jours du Quirinal. Pour l'instant, nous sommes loin d'une convergence sur le nom de l'actuel premier ministre. Berlusconi et la Ligue se sont empressés de demander la "continuité", c'est-à-dire que Draghi reste au palais Chigi. Mais il y a plusieurs possibilités : ceux qui veulent maintenir Draghi au gouvernement peuvent construire une convergence sur un autre nom destiné à jouer le même rôle que Mattarella. Giuliano Amato remplit les conditions. Deuxièmement, tout accord sur Draghi devra faire face à l'armée des "francs-tireurs" et à leurs dangers, qui ne doivent pas être sous-estimées. Troisièmement, la grande coalition ne pouvait pas être dirigée par "n'importe qui". Sans l'actuel premier ministre, les motivations divergentes risquent de refaire surface comme le feu sous la cendre. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, Marco Gazzullo, « Le Pd approuve l'intervention de Draghi : nous partageons les analyses sur le gouvernement. Mais le M5S, FI et la Ligue lui demandent de rester où il est. » : « "Le gouvernement continuera, peu importe qui est au pouvoir", a déclaré le Premier ministre Mario Draghi. Les interprétations ont immédiatement afflué : "Draghi est en quelque sorte un candidat au poste de Premier ministre, il ne peut pas le dire explicitement mais il envoie des signaux sans équivoque", ont déclaré en chœur les journalistes présents à la conférence de presse de fin d'année. Même les agences internationales s'emballent. Chaque mot est tracé, pesé, écouté puis réécouté. Ils lui ont même demandé s'il envisageait un chef d'État qui pourrait en quelque sorte " accompagner " le futur exécutif, s'il pensait que c'était possible, si la Constitution le permettait : aucune chance, " la réponse est non, le chef d'État est un garant " mais ne peut avoir aucun rôle de substitution. Il n'est donc pas fait mention du fait qu'il pourrait être celui qui, depuis les bureaux du Quirinal, soutiendrait l'action de tout futur exécutif. Mais on en revient toujours à lui : que va-t-il faire, que veut-il, a-t-il déjà fait ses valises pour le Quirinal ? Veut-il rester au gouvernement ? Et il se protège toujours : "Bravo, vous avez posé la question que tout le monde dans cette salle avait en tête", tel est le gag et la réponse au journaliste au début de la conférence de presse.  Est-ce trop ou trop peu pour le définir comme étant prêt à gravir les échelons et à devenir chef d'État ? Les experts inventent un jeu de mots, Draghi s'avère "pas indisponible" et reste sur une crête qui autorise des réactions politiques différentes et des lectures disparates. Bref, le pays peut se passer de lui, et face au risque que la perte de son leadership au sein du gouvernement plonge l'Italie dans l'instabilité financière, la réponse est également empreinte d'ironie : "S'il est vrai que le spread est plus élevé maintenant que lorsque je suis arrivé, souligne Draghi, cela signifie que je ne suis pas un bouclier, donc qu'il n'y a pas de problème". Enfin, ce qui peut aussi être lu comme un appel aux partis : "Ayant dit qu'il faut une grande majorité, plus grande encore que celle d'aujourd'hui, pour que le travail de ce gouvernement se poursuive, peut-on imaginer, et c'est ce que je demande à tout le monde, mais surtout aux forces politiques, une majorité qui se divise sur l'élection du Président de la République et qui, comme par magie, se reconstitue au moment de soutenir le gouvernement ?“ C'est la question que nous devons nous poser. »

ENTRETIEN, La Repubblica, de Matteo Renzi, leader de Italia Viva : "Le chef de l'Etat peut aussi être élu avec une autre majorité" : « Matteo Renzi, qui a été l'un des principaux soutiens de Draghi, n'est pas d'accord avec le principe selon lequel la majorité gouvernementale doit se traduire par une majorité pour le Quirinal. Au contraire, rappelant le précédent de Mattarella (dont il était le principal artisan), il rappelle que le Quirinal "fait l'histoire en soi". « Il y a un an, nous étions en crise avec Conte. Avec courage, nous avons ouvert une crise gouvernementale qui était difficile à expliquer à l'époque, mais facile à comprendre aujourd'hui compte tenu des résultats. Ça en valait la peine. En 2015, nous avons choisi Mattarella et toute la majorité gouvernementale n'était pas d'accord : certains partis étaient sceptiques ou opposés. Aujourd'hui, nous pouvons dire que le fait d'avoir choisi Sergio Mattarella a été bon pour l'Italie. Mais il y a sept ans, la majorité parlementaire était différente de la majorité présidentielle. Sur les noms qui circulent, je suggère de ranger le boulier et de profiter de Noël. Cette discussion devrait être reprise le 10 janvier, pas avant. Je pense que Draghi serait un excellent président de la République, tout comme je pense qu'il serait un excellent Premier ministre. Le mettre dans le loto des noms aujourd'hui ne sert qu'à semer de la confusion. Jusqu'au 24 janvier, laissons Draghi s'occuper de la troisième dose, du PNRR et de la reprise économique. Puis, tous ensemble, nous choisirons le meilleur locataire pour le Quirinal. Je répète le même concept qui s'applique à Berlusconi : je ne fais pas de loto des noms, j'espère le plus large consensus. J'ai lu que Meloni a demandé qu'un patriote soit envoyé au Quirinal. L'image semble intéresante, j'aime bien. Mais pour moi, un patriote, c'est Sergio Mattarella, comme Giorgio Napolitano, comme Carlo Azeglio Ciampi : nous avons élu des patriotes au Quirinal sans attendre que Giorgia Meloni se réveille. "Conte au centre-gauche est une blague qui n'est pas drôle. Et penser que le camarade Taverna est considéré comme plus à gauche que Bellanova à la Festa dell'Unità requiert l'imagination des super-héros. Je peux voir que les cinq étoiles ont changé par le fait qu'ils ont fait un amendement ad hoc pour changer la loi sur le financement public des partis. Mais ce changement n'est qu'un feu de paille : le Mouvement 5 étoiles est destiné à imploser. » 

SONDAGE, La Repubblica, de Roberto Brunelli, “La peur des migrants, la moitié des Européens est favorable aux murs” : “Désorientée, apeurée et divisée, c’est ainsi que l’Europe apparait face au phénomène des grands flux migratoires. D’après un sondage réalisé par YouGov dans 10 pays européens (Italie, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Espagne, Pologne, Hongrie, Suède, Belgique et Suisse), la moitié des personnes interrogées serait favorable à la construction de murs pour se défendre de l’arrivée d’étrangers en situation irrégulière. Une grande majorité, diffuse sur l’ensemble du continent, juge ‘’trop élevé’’ le taux d’immigration dans son pays. De même, la plupart sont convaincus que l’arrivée d’étrangers représente une menace pour leur ‘’identité nationale’’, une perception partagée par 44% des Italiens. Dans l’ensemble, 60% des interrogés jugent qu’il y a ‘’trop d’immigration’’ dans leur pays. L’Italie est en tête avec 77% de réponses dans ce sens, mais il y a des disparités politiques : c’est l’avis de 91% des électeurs de la Ligue et de 63% des électeurs du Parti démocrate. Il y a également une césure Nord/sud de ce point de vue : la perception de la menace est plus forte au Nord qu’au Sud. Cette opinion est plus contenue en France (66%) ou au Royaume-Uni (51%), et, paradoxalement, elle chute à 39 et 34% en Pologne et en Hongrie. Ces derniers sont toutefois les plus bas favorables à la construction de murs, à 58 et 71%, contre 36% des Français et des Espagnols. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.