13/03/2020
"Salvini est convaincu de la nécessité de tout fermer pendant 15 jours ‘’sans laisser des travailleurs de série A et de série B."
Italie. Revue de presse.
Le coronavirus sature encore l'espace médiatique italien. Les observateurs relèvent les réactions italiennes après les déclarations de C. Lagarde sur le spread. Les propos de la directrice de la BCE sont qualifiés de « couac » et de « gaffe » par une presse italienne qui tient C. Lagarde pour responsable de l’effondrement des marchés financiers. Les médias transalpins sont unanimes pour considérer que l’Italie est laissée « seule »: "Pas de trêve" - "La bourse s'effondre, Mattarella demande à ce que l'UE aide l'Italie" (La Repubblica), "Pour l'UE le dépassement des 3% n'est plus un tabou" - "Le couac provoqué par Lagarde irrite le Quirinal et l'Elysée" (La Stampa), "Gaffe de Lagarde, Mattarella réagit" (Sole 24 Ore), "l'Italie seule, Mattarella critique l'UE" ( Il Messaggero), "La gaffe de Lagarde fait couler l'Italie" (Il Fatto), "Feu ami" - "La BCE fait couler l'Italie. La bourse à -17%" (Il Giornale), "Tensions sur les nouvelles règles" - "Les régions demandent des règles plus claires" (Corriere della Sera).
ARTICLE, Sole 24 Ore, A. Franceschi : « Les Bourses s'effondrent, spread à 253 » : « Jeudi noir, les marchés financiers européens s'effondrent et la bourse de Milan enregistre l'une des pires séances de l'histoire, à - 17 %. C'est l'effet de la panique du coronavirus ainsi que le résultat des déclarations de Christine Lagarde, présidente de la BCE, qui ont fait couler l'Italie. Même au moment du crach de Lehman brothers de 2008 il n'y avait pas eu une telle chute en Europe qui a fait perdre 800 milliards de capitalisation ».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Breda : « La réaction. Mattarella intervient, l'Europe doit nous aider, non pas créer des obstacles » : « La colère du Quirinal : ''l'Italie traverse une période difficile et son expérience servira à tous, l'UE doit se solidariser''. La déclaration de Christine Lagarde nous a coûté la plus importante chute de la Bourse de tous les temps et une hausse record du spread. Des performances jugées dévastatrices par le Quirinal. Lagarde a fait le contraire du « whatever it takes » de Mario Draghi. L’intérêt général étant en jeu, Mattarella était obligé d'intervenir. Non seulement pour stigmatiser la BCE mais aussi pour que le thème soit porté correctement à la réunion de la Commission Européenne aujourd’hui à Bruxelles. Son message est double : il veut faire comprendre que nous sommes préoccupés mais aussi exigeants, et que nous ne sommes pas disponibles à nous faire cornériser par l'Europe.»
ANALYSE, Corriere della Sera, F. Fubini : « La présidente française et la partie allemande : le pouvoir de Weidmann sur la Banque Centrale » : « La phrase vient d'une de ses collègues allemandes mais c'est elle qui l'a prononcée. La présidente de la BCE a porté atteinte à sa crédibilité hier à 15h. Si elle l'a prononcée avec une apparente insouciance c'est parce qu'il ne s'agissait pas de ses propres mots. C'était une phrase d'Isabel Schnadel, l'allemande dans le comité de la BCE. L'aspect le plus révélateur de cette « gaffe » de Lagarde n'est pas son impréparation mais les points de repère de la française. Hier, il est devenu clair que les voix les plus influentes au sein de la direction de la BCE sont celles des Allemands, surtout celle du président du Bundesbank Jens Weidmann. En répétant les mots de Schnabel, la française a fait comprendre quel pays est son point de repère à Francfort. Avant même qu'elle n'ait finie de parler, les spread d'Italie, de la Grèce, de l'Espagne et de la France subissaient des violents contrecoups ; des appels furieux ont commencés depuis Rome. Peu avant 17h, la présidente a fait marche arrière : '' Nous sommes engagés contre toute fragmentation de la zone euro''. Au-delà de sa négligence, l'autre gaffe de Lagarde a été de se présenter en conférence de presse avec une vielle version de l'accord ; elle a révélé, que, jusqu'au dernier moment la BCE s'était partagée entre ceux qui veulent aider plus et ceux qui veulent aider moins les économies contaminées par le virus : c'est la fracture qui traverse l'Europe. »
ANALYSE, La Repubblica, S Folli : « Tous les dangers de l’affaire Lagarde » : « Christine Lagarde n’est sans doute pas Mario Draghi. Ceux qui avaient encore des doutes ont pu s’en rendre compte. Tous ceux qui croient encore dans l’Europe espéraient que la Banque Centrale Européenne aurait fait quelque chose d’extraordinaire pour l’Italie, le pays le plus touché par le virus et exposé à la récession économique. Non seulement cela n’a pas eu lieu, mais la nouvelle présidente de l’Institut a oublié le « Whatever it takes » de son prédécesseur, créant la panique dans les marchés en affirmant que son travail ne consistait pas à s’occuper du spread qui s’envole. Sur le point de vue pratique, le sens de ce qui s’est passé peut être résumé par les propos du Président de la République ‘’ l’Italie a besoin de solidarité, pas d’obstacles ‘’. Or, si ces obstacles viennent de la BCE, c’est préoccupant. Les propos de Lagarde sont sans doute une gaffe et n’annoncent pas une ligne de la BCE opposée à celle de Draghi. Toutefois, ils trahissent un préjugé ou mieux l’incapacité de comprendre que l’Union est fragile et que la crise du coronavirus peut accentuer les poussées divergentes non pas entre gouvernements mais entre les opinions publiques des différentes nations. Cela vaut surtout en Italie, où le front sceptique est large et bien représenté sur le plan politique. En ce moment de climat de convergence face à l’urgence, les relations avec l’Europe sont cruciales. La Commission qui s’apprête à abandonner l’orthodoxie de l’austérité pourrait être une décision destinée à avoir des conséquences positives pour l’Italie, malgré le faux pas de Lagarde ».
ANALYSE, Il Messaggero, O. De Paolini : « La grave erreur de Francfort fait du mal au pays » : « Christine Lagarde ne pouvait pas faire des débuts plus désastreux quand hier, lors de sa première véritable épreuve du feu, pendant la traditionnelle conférence de presse, elle a provoqué le pire effondrement des marchés financiers européens des 80 dernières années. A la différence de ce que Mario Draghi avait fait en 2012 avec son « whatever it takes », à la défense de l'euro, Lagarde, après avoir précisé que ce n'était pas à la BCE de protéger le spread, causant des dommages très graves à l'Italie, s'est seulement limitée à constater le « grave choc subi par les perspectives de croissance en raison du coronavirus ». Elle aurait dû souligner que la BCE était prête à aller de l'avant et à ne s'arrêter devant rien. Et si à cela l'on ajoute à cela, le fait qu’elle n’ait pas parlé de la baisse des taux, on comprend la grave erreur de communication qui a provoqué une chute des Bourses de 800 milliards, dont - 7 % à la Bourse de Milan »
RETROSCENA (Coulisses) La Stampa I. Lombardo « Conte : il n’est pas possible de tout arrêter, nous ne sommes pas comme en Chine’’ » : « La crise sanitaire pourrait avoir des conséquences économiques graves. Mais aussi sociales. C’est un scénario vraisemblable que Conte prend en considération depuis quelques jours, après les protestations de certains ouvriers, les grèves des syndicats et la révolte de plusieurs employés, comme des livreurs et toutes ces catégories exclues par la mise en quarantaine prévue par décret. Le Président du Conseil tiendra une visioconférence aujourd’hui avec les associations des industriels et les représentations syndicales. Salvini est convaincu de la nécessité de tout fermer pendant 15 jours ‘’sans laisser des travailleurs de série A et de série B’’, brisant la trêve avec Conte et toute sorte de bonne intention »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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