11/03/2020
"La Lombardie demande une fermeture totale."
Italie. Revue de presse.
Le coronavirus sature toujours l’espace médiatique italien. Les observateurs relèvent notamment la proposition du président de la Lombardie A. Fontana (Ligue) d’adopter des mesures de confinement encore plus strictes que celles mises en place par le gouvernement (fermeture des bureaux et des magasins, arrêt des transports publics) : « La Lombardie demande plus de restrictions » - ‘’La région veut fermer les magasins et les bureaux’’ (Corriere della Sera), « ‘’Ce n’est pas suffisant’’ » - ‘’La Lombardie demande une fermeture totale. 10 000 contaminés, 168 décès en un jour’’ (La Repubblica), « La Lombardie à genou : fermeture totale » (La Stampa), « Virus : impôts et échéances suspendus » (Sole 24 Ore, Il Messaggero, Il Mattino).
ANALYSE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Les ouvertures au dialogue du Président du Conseil Conte » : « Certaines sources de la majorité et de l’opposition ont laissé filtré la déception de S. Mattarella face à l’échec de cette collaboration, que ce dernier souhaitait dans son appel d’il y a quelques jours. A la demande de restrictions plus draconiennes de la part des partis d’opposition, Conte a dit non. Mais il a laissé la porte ouverte, un peu pour garder ouvertes toutes les voies face à l’évolution des contaminations pour laisser un soupirail de dialogue. Malgré les résistances, le Palais Chigi aurait pris sa décision avec l’accord – dit-on – du Quirinal : dans les prochaines heures ou d’ici la fin de la semaine, il y aura la nomination d’un commissaire extraordinaire. Outre le fait d’aller à l’encontre des partis d’opposition, cela permettrait de neutraliser les polémiques. Quant à Salvini, les tergiversations du leader de l’opposition rendent sa stratégie de plus en plus fluctuante. Il est peut-être davantage poussé par un désir de délégitimer le gouvernement que protéger les zones de l’Italie où la Ligue a construit son consensus ».
COULISSE, La Stampa, I. Lombardo, P. Russo : « Conte a des doutes sur la fermeture totale : je bloque l’Italie si les experts disent de le faire » : « Giuseppe Conte s’est donné environ 48 heures : ‘’ S’il y a la nécessité de prendre des mesures encore plus restrictives nous le ferons. Mais c’est les scientifiques qui doivent le dire. Je reste cohérent par rapport à la ligne que nous avons adoptée depuis le début, depuis les deux premiers cas en Italie, quand nous avons bloqué les vols depuis la Chine et on nous disait que nous exagérions. Les experts veulent aussi voir les effets des mesures que nous avons adoptées. Si dans deux jours les contaminations ne ralentissent pas, nous interviendrons. Salvini demande une zone rouge comme celle qui a été mis en place à Codogno e Vo’Euganeo, les premiers foyers italiens où la stratégie de confinement semble avoir fonctionné : tout fermer, sauf les services essentiels, pharmacies et supermarchés, bloquer les transports, fermer les entreprises et les services publics. Conte reste fidèle à sa stratégie par grade et cercles concentriques, avec des décisions sur la Lombardie qui peuvent s’étendre après au reste du pays. Le gouverneur de Lombardie, Attilio Fontana, menace de tout bloquer de façon autonome. »
ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa : « Le dépassement ne suffit pas, Salvini et Meloni disent oui au président du Conseil mais ils demandent davantage » : « La rencontre entre le président du Conseil Conte et les leaders de l’opposition, Salvini, Meloni et Tajani, s’est déroulée hier au Palais Chigi mais elle n’a pas eu de résultats positifs. La tension a été très forte et Giorgi Meloni a offert, même au nom des alliés Salvini et Tajani, la disponibilité de la droite de contribuer pour faire face à la crise du coronavirus mais elle a souligné que les 10 milliards proposés par le gouvernement ne sont pas du tout suffisants et qu’il faut insister avec l’UE pour une hausse du déficit public pour pouvoir arriver à 30 milliards. Les trois leaders de l’opposition ont aussi demandé d’adopter des mesures de confinement encore plus strictes pour tout le territoire national, comme la fermeture totale des magasins, des bureaux et des transports publics ainsi que la suspension des impôts et des échéances ’’ ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Conte - opposition, dialogue obligé » : « La réunion hier au palais Chigi a montré avec évidence qu’il n’y avait pas de gouvernement d’unité nationale. Mais la rencontre entre le président du Conseil Conte et les leaders de l’opposition de droite, Salvini, Meloni et Tajani, a été caractérisée par un air de partage de la gravité du moment. La priorité est la flexibilité que l’Europe doit maintenant absolument accorder à un pays en difficulté comme l’Italie, en tenant compte du fait que la France, l’Espagne et l’Allemagne sont en train d’entrer dans le même tunnel, même si c’est avec un peu en retard. Bien sûr, les trois leaders ne pouvaient pas être totalement d’accord avec Conte et ils ont donc exprimé leur soutien à des mesures beaucoup plus restrictives, comme demandé par le président de la Région Lombardie Fontana, en contradiction avec leurs propositions précédentes. Conte n’a pas pu aller de l’avant tout seul, il a été obligé d’inviter et d’impliquer les leaders de l’opposition pour faire face à cette crise sanitaire si difficile et les trois n’ont eu aucune difficulté à accepter, surtout pour montrer un profil institutionnel et leur volonté de coopérer. L’opinion publique soutient davantage les forces de gouvernement dans les urgences plutôt qu’une opposition qui se limite seulement à dire non ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, Attilio Fontana, gouverneur de Lombardie, de retour après s’être mis en auto-quarantaine, Corriere, « Je veux aller de l’avant pour fermer plus, Rome doit nous donner son aval. Les industriels ici sont d’accord » : « ‘’La Lombardie agit comme une grande communauté ; les citoyens ont compris que nous sommes engagés dans une bataille pour notre avenir’’. Même s’il ne donne pas prise à la polémique politique, une référence implicite est évidente : celles aux vidéoconférences interminables face à ‘’eux’’, les hommes du gouvernement, avec qui se joue un affrontement épuisant entre chiffres alarmants, choix difficiles, reports, etc. ‘’Avec les maires, nous avons écrit pour que des mesures encore plus drastiques soient mises en place’’. ‘’Demain matin aura lieu un conseil des ministres duquel j’espère arriverons des réponses claires’’. ‘’Avec le ministre Speranza, nous travaillons en grande harmonie. Ensuite le président Conte fait la synthèse. Et puis nous sentons le Président Mattarella très proche de nous’’. ‘’Les exportations vers l’Italie de masques, gants et produits sanitaires ont été bloquées. Tous maintenant ont peur et préfèrent les garder. C’est ça l’Europe ?’’ ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, Matteo Salvini, leader de la Ligue « Que toute l’Europe devienne maintenant zone rouge. Guerre commerciale pour frapper l’Italie » : « ‘’Si l’Europe existait, lundi une grande zone rouge européenne serait créée. Ce sont les entrepreneurs qui le disent, pas moi ‘’. Salvini n’est pas satisfait après la rencontre avec les partis d’opposition au Palais Chigi avec G. Conte, à cause du ‘’manque de courage’’ vis-à-vis des Italiens et de l’UE’’. ‘’De Luca, en Campanie, a fait fermer les coiffeurs, pourquoi pas à Rome ?’’. ‘’Si le virus se diffusait en Calabre, ce serait un désastre étant donné la fragilité du système sanitaire’’. ‘’Il faut 50 milliards, et ils ne suffiront peut-être pas. Quand j’ai parlé de 10, on a dit que j’étais fou : maintenant ils sont insuffisants’’ ».
ENTRETIEN, La Stampa, de Giorgia Meloni, leader de Fratelli d’Italia : « ‘’Il faut un commissaire qui ne cherche pas le consensus. Pourquoi pas un militaire »: « ‘’ Il ne s’agit pas de ne pas faire confiance aux Italiens : la très grande majorité d’entre eux se rend compte du problème mais les gens ne savent pas ce qu’ils doivent faire. Il n’y a pas eu d’indications claires. On ne peut pas changer le décret toute les 48 heures. On ne peut pas continuer avec cette agonie. De cette façon nous naviguons dans des eaux troubles, avec des mesures contradictoires qui créent de l’incertitude. Il faut tout fermer. Nous avons reçu des réponses plutôt vagues. Et ils sont restés assez fermés, même en ce qui concerne les mesures économiques à mettre en place. Conte a dit que le MES n’est pas une priorité pour le gouvernement. 7.5 milliards ne sont pas suffisants et 10 non plus. Nous avons indiqué au moins 30 milliards. Nous n’avons proposé aucun nom pour le Commissaire, mais son portrait est clair. Un militaire m’irait très bien mais les profils peuvent être différents. Ce qui s’est passé dans les prisons est inacceptable, l’État doit répondre de façon exemplaire.’’ »
ARTICLE, La Stampa, A. Mattioli : « Tout fermé pendant 15 jours. La Lombardie, proche de l’implosion, invoque le modèle Wuhan » : « Tout fermer, sauf les magasins d‘alimentation et les pharmacies, réduire au minimum les services publics et les transports. Adopter le modèle Wuhan. C’est ce que demande le gouverneur de Lombardie, Attilio Fontana, mais que veut aussi toute la région à bout de forces. Les douze maires des communes chefs-lieux de province sont tous d’accord, même ceux du PD, Beppe Sala à Milan et Giorgio Gori à Bergame. Hier a été une autre journée dramatique. ‘’ Nous ne tiendrons pas encore quinze ou vingt jours avec une aussi forte hausse du nombre de personnes aux urgences et dans les soins intensifs ‘’ affirme Giorgio Gallera, conseiller régional aux Affaires sociales. Mais dans l’ex-zone rouge la tendance est en train de s’invertir, finalement, signe que tout bloquer fonctionne. Pour la première fois, hier, il n’y a eu aucun contaminé dans la commune de Codogno. Le gouvernement pour l’instant prend du temps et décide de ne pas décider. Confindustria exprime une grave préoccupation pour un éventuel ‘’ blocus total des usines et des transports ‘’. Les syndicats sont pour une fermeture totale. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, N. Picchio : « Le patronat Confindustria lance l’alerte : les usines et les transports ne peuvent pas s’arrêter » : « Dans une note diffusée hier, Confindustria a exprimé sa ‘’préoccupation pour la demande de la région Lombardie d’augmenter les mesures pour limiter la contamination du virus’’ pour une ‘’Italie déjà fortement compromise et qui en sortirait définitivement anéantie’’. Donc il faut faire attention au virus mais ‘’non au blocus total des usines et des transports’’ ».
ARTICLE, La Repubblica, F. Tonacci : « Rome ville fermée ‘’ » : « L’urgence éteint la Capitale, zéro circulation et peu de touristes, tous les magasins et les restaurants fermés à 18 heures, Rome se rend parce que cette fois-ci, on ne plaisante pas. Certains gestionnaires se demandent s’il est utile de garder ouverts les magasins et les restaurants puisqu’il n’y a personne dans les rues. La Capitale s’éteint, comme un coucher de soleil dehors des horaires, et le silence envahit la ville vide, sans circulation et spacieuse seulement comme il arrive pendant le mois d’août. Gigi Proietti, acteur romain, nous conseille d’aller voir Piazza Trilussa, au cœur de Trastevere : ce sera comme voir la neige à Rome, l’émerveillement sera identique mais le spectacle complètement différent. Il n’y a même pas les Romains qui circulent, les rues du centre- ville sont désertes et les terrasses des bars et des restaurants sont vides : cela n’était même pas arrivé pendant la guerre ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
Giorgia Meloni et Matteo Salvini
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