Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/03/2020

"Toute l’Italie est désormais fermée."

M5S.jpg

Ligue.jpg

FI-AN.jpg

Italie. Revue de presse.

Le coronavirus sature encore l’espace médiatique italien. Il fait toujours l’ouverture des JT et les gros titres de la presse écrite. Les observateurs relèvent la décision du Président du Conseil de placer toute l’Italie en isolement, limitant les déplacements injustifiés et interdisant les rassemblements publics. Les médias reviennent également sur les émeutes et les évasions dans les prisons contre les nouvelles mesures restrictives : « Toute l’Italie est désormais fermée » - ‘’Interdictions dans toutes les régions. Conte exhorte à rester chez soi’’ (Corriere della Sera), « Tous chez soi » - ‘’Les nouvelles mesures. Environ 8 000 cas. Bourses en chute’’ (La Repubblica), « Coronavirus, le gouvernement verrouille toute l’Italie » (La Stampa), « Toute l’Italie en zone orange, les bourses en berne » (Sole 24 Ore), « ‘’Bloquez tout pour de bon’’ » - ‘’Les écoles et les événements sportifs arrêtés jusqu’au 2 avril’’ (Il Messaggero), « Tout est fermé » (Il Giornale).  

Sur twitter le hashtag dominant est #Italiazonarossa (#Italiezonerouge) en référence aux nouvelles mesures adoptées par le gouvernement italien.

ANALYSE, La Repubblica, M. Giannini : « Et maintenant c’est à nous » : « Pour l’Italie c’est ‘’ le moment le plus noir ‘’ et Giuseppe Conte n’a pas exagéré quand il a demandé un sacrifice extrême au pays, en évoquant les mots de Churchill en 1940 qui demandait de lutter contre le monstre du nazisme. Aujourd’hui, nous sommes en train de mener une autre guerre contre un ennemi différent. La menace du coronavirus est si grave, si actuelle et réelle que maintenant il ne s’agit pas de bloquer une seule région mais c’est toute la nation qui devient ‘’zone rouge ’’, c’est tout le pays. Le président du Conseil Conte, après une journée dramatique, lance l’énième message : il nous faut tous renoncer à quelque chose, pour le bien de l’Italie. Il était évident qu’il fallait adopter une mesure plus radicale et extrême et Conte a placé toute l’Italie en isolement. Aucun autre pays du monde ne s’était enfermé dans ses frontières, limitant les déplacements injustifiés et interdisant les rassemblements publics, fermant les musées, les cinémas, les théâtres et les stades. Mais les raisons de cette thérapie de choc sont désormais claires et objectives : le virus ne ralentit pas et la contagion se répand dans les corps et dans les territoires ».

ARTICLE, La Repubblica, M. Bocci : « L’impulsion des experts : Les fermetures à moitié sont inutiles » : « Les experts pressaient depuis des heures pour faire adopter des mesures plus restrictives dans tout le pays, comme elles avaient déjà été adoptées au Nord. Le gouvernement a donc décidé de bloquer l’Italie et de la placer en isolement, limitant les déplacements injustifiés et interdisant les rassemblements publics. Le Président du Conseil Conte a parlé hier soir à la Nation pour expliquer les nouvelles restrictions, après avoir décidé la fermeture totale de toutes les écoles et universités sur le territoire national. Giovanni Rezza, chef du département des maladies infectieuses à l’ISS (Istituto Superiore di Sanità), a affirmé qu’il n’y a aucun sens de fermer les écoles et de laisser ouvert tout le reste et qu’il faut donc donner un signal fort et logique. Fermer tout évitera les déplacements injustifiés et aidera le ralentissement de la contagion ».

ARTICLE, La Stampa, F. Amabile : « Le nombre de contaminés en hausse mais pour la première fois il y a plus de guéris que de morts » : « Les personnes décédées sont au nombre de 463, tandis que 724 sont guéries. C’est un signal d’espoir dans une situation qui reste difficile : les contaminés sont presque arrivés au seuil psychologique de 10 000 personnes, ils sont 9.172. Une augmentation de +25% dans les dernières 24 heures. 75% des personnes décédées avaient plus de 70 ans. ‘’ Nous traversons la phase d’augmentation qui précède le pic, à ce stade il est difficile de prévoir quand on le rejoindra. La France et l’Allemagne traversent aussi une phase d’augmentation exponentielle, avec 1000 cas en quelques jours ‘’ affirme l’expert Giovanni Maga, directeur de l’Institut de génétique moléculaire du Conseil National de la Recherche. Rome est sous observation. Il n’y a pas de foyer, tous les cas ont un lien avec le Nord de l’Italie. ‘’ Le mois prochain sera décisif, peut-être même les deux suivants. Il faut attendre, dans la première zone rouge il y a une petite évolution positive ‘’. »

RETROSCENA (coulisses) Corriere della Sera F. Verderami « Le feu vert (avec réserve) de Salvini » : « La rencontre prévue aujourd’hui entre le Président du Conseil et le leader de l’opposition est un acte qui s’imposait à l’égard d’un pays en pleine urgence sanitaire et économique. Après ses appels téléphoniques à Conte et à Zingaretti, Salvini a fait savoir aux siens qu’il n’irait pas au Palais Chigi pour ‘’mettre les pieds dans le plat’’. Il est clair que le climat d’unité national est autre chose par rapport à un gouvernement d’unité national. La preuve, la prise de distance publique de Salvini à l’égard des décisions du Palais Chigi qui seraient uniquement ‘’un premier pas appréciable mais pas résolutif’’. G. Meloni aussi demande des décisions plus radicales. Le Parlement est pratiquement fermé. L’accord trouvé entre les chefs de groupe et les présidents des Chambres pour le scrutin autorisant le dépassement budgétaire verra uniquement 161 sénateurs et 350 députés : il n’y aura pas les parlementaires provenant des zones du Nord les plus touchées par le Coronavirus ».

ENTRETIEN La Repubblica de Matteo Renzi, leader d’Italia Viva » : « Des aides économiques à toute l’Italie et un super commissaire immédiatement. Bientôt l’UE nous suivra » : « ‘ C’est un événement historique, le virus n’a pas de frontières, aujourd’hui l’Italie est la zone rouge mais, dans quelques jours, les zones rouges seront Paris, Madrid et Berlin. L’Europe est comme nous il y a dix jours mais le coronavirus ne s’arrête pas. Nous nous concentrons sur l’urgence pour limiter la contagion et pour gérer au mieux les équipes de secours. Le gouvernement est maintenant sur la bonne voie, il y a eu beaucoup de confusion, surtout à propos des vols directs pour la Chine, jusqu’au dernier décret chaos sur la Lombardie mais aujourd’hui les mesures adoptées aideront la lutte contre le virus. Il est impossible de choisir ceux qui doivent être soignés, il faut absolument éviter ce dilemme dévastant et c’est pour cette raison qu’il faut ralentir la contagion, pour pouvoir soigner tout le monde. Il y a eu aussi des émeutes et des évasions dans les prisons contre les nouvelles mesures restrictives, maintenant il est nécessaire de rétablir la légalité et après on pourra parler de mesures alternatives ».

EDITORIAL Il Messaggero V. Cusenza « Trop de maillons larges, que l’Etat impose sa loi » : « Président Conte, il y a une grosse faille dans les mesures restrictives qui viennent d’être prises par le gouvernement. C’est surtout sur l’aspect des déplacements des personnes dans tout le territoire national ‘’pour des raisons de nécessité’’ qui nous met les frissons dans le dos. Car avec une pareille formulation, les maillons sur le nombre de personnes pouvant circuler librement ne peut qu’être trop large. Nous ne pouvons non plus accepter cette « roulette russe » des permissions auto-certifiées. Encore si cela était fait par les entreprises ou les employeurs, cela aurait un sens. On risque ainsi de mettre en danger des communautés entières, ce qui est intolérable ».

ARTICLE, La Stampa, A. Mattioli : « Ils vont à la mer, au ski, en avion à Madrid. L’armée des téméraires qui désobéissent » : « Un très grand nombre de personnes n’ont pas pris au sérieux les prescriptions du gouvernement : il y a ceux qui ont échangé l’épidémie avec des vacances hors programme, ceux qui ont fui la zone rouge per aller faire du ski, ceux qui rêvaient de l’ile de Procida et qui n’ont pas voulu annuler. Il y a aussi ceux qui sont rentrés au Sud depuis la Lombardie et qui vont dans les bars pour fêter. Une fois encore, s’est déclenché le réflexe anarchique des Italiens, la rébellion pérenne vis-à-vis d’un État qui est toujours vu comme un ennemi, l’intolérance aux normes, le mélange habituel d’insouciance et de ruse. Mais quand tu vois le grand rassemblement de schtroumpfs à Landernau, en France, avec 3.500 déments peints en bleu qui hurlent : ‘’Nous schtroumpferons le Coronavirus ‘’, tu te dis que personne n’a pas le monopole de la stupidité. »

COMMENTAIRE, La Repubblica S. Folli « Le match sur le commissaire » : « L’argument qui prévaut est celui selon lequel il n’est pas possible de changer le gouvernement actuel face à une dévastation d’une telle ampleur. Sur cette base, le soutien du Quirinal à Conte demeure solide. C’est alors l’hypothèse d’un « homme-fort » placé à côté du Président du Conseil dans la gestion de la crise qui est évoquée par M. Renzi et qui sera proposée aujourd’hui par M. Salvini. Si la gestion devait se révéler efficace, cela approcherait la fin politique de ce gouvernement. Ce n’est pas un hasard, alors, si cette proposition rencontre les résistances de l’exécutif. D’où l’idée d’une figure moins encombrante, celle d’un secrétaire d’Etat placé sous l’autorité du Président du Conseil, afin de ne pas provoquer de problèmes. Cela ne se traduit pas en une unité nationale mais elle rapproche la majorité et les oppositions. Il est clair que ce n’est pas apprécié par tous ».

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Sorgi : « Qui doit diriger la crise » : « Il reste à décider – et sur ce point il manque l’unanimité politique– qui devra gérer en première ligne cette phase très compliquée de l’urgence : Conte, aidé par la Protection Civile, ou un Super Commissaire avec les pleins pouvoirs, pour mettre fin à l’anarchie des différents pouvoirs territoriaux et à la légèreté innée des Italiens. La liste des désobéissances qui a rendu impossible le travail du Président du Conseil commence par celles des gouverneurs de Lombardie et Vénétie qui font chacun de leur côté. Après il y les maires, comme Sala, qui est passé des tee-shirts ‘milannesarretepas’ à implorer ses concitoyens de rester chez eux. D’où l’idée d’un Commissaire. Proposée par Renzi, soutenue par Zingaretti, qui est d’ailleurs positif au virus, elle est combattue par Conte et le M5S. Cela crée une division dans la majorité la veille de l’extension du niveau d’alerte maximum à tout le pays. Le M5S craint qu’en nommant un Commissaire, Conte puisse se retrouver sous tutelle aussi. Il préfèrerait pouvoir nommer un secrétaire d’État, qui est soumis par définition au chef du gouvernement. Mais en faisant ainsi, il serait critiqué pour ralentir l’adoption de décisions urgentes. Ce sont des jugements ingrats pour un leader qui est engagé jusqu’à l’épuisement contre cette urgence, qu’il compare sans exagérer à une guerre.  Il est vrai que depuis le début il a assumé en première ligne beaucoup de décisions, en citant l’exemple de Churchill. Il faudrait rappeler à Conte l’expérience du Président français, Georges Clémenceau, qui affirmait que ‘’la guerre est une chose trop sérieuse pour la laisser aux généraux ‘’ mais qui, à un certain moment, dû se résigner au fait que sans eux la guerre ne pouvait pas se faire »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.