29/11/2019
"L’affrontement sur le MES a atteint des niveaux jamais vus. / Di Maio et Di Battista replacent le M5S à droite."
Italie. Revue de presse.
La réforme du Mécanisme de sauvetage européen (MES) fait toujours les gros titres des médias transalpins. La presse relève notamment l’opposition ferme de M. Salvini (Ligue), menaçant de porter plainte contre le Président du Conseil qui serait, selon lui, responsable d’une « norme nuisible aux intérêts des Italiens » et fait appel au Président de la République, S. Mattarela. Pour sa part, G. Conte rappelle la participation de la Ligue à l’époque des négociations : « UE, Conte dénonce Salvini » - ‘’Le Président du Conseil se prononcera à la Chambre lundi’’ (Corriere della Sera), « Di Maio-Salvini, le retour de flamme » - ‘’Le chef du M5S mobilise les siens contre le MES’’ (La Repubblica), « Salvini traite Conte de menteur et sollicite l’intervention du Quirinal » (La Stampa), « Le Gouvernement : ‘’ Le MES doit être modifié’’ » - ‘’Conte et le Trésor font pression sur l’UE pour des modifications’’ (Il Messaggero), « Le gouvernement s’adresse à l’Europe pour modifier le MES » (Il Mattino).
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Trocino : « Salvini intensifie son jeu sur Conte. Le président du Conseil : ‘’ Maintenant ça suffit, je porte plainte ‘’ » : « Matteo Salvini continue d’attaquer le président du Conseil Giuseppe Conte sur la réforme du Mécanisme de sauvetage européen (MES) menaçant de porter plainte parce qu’il serait, selon lui, responsable d’une « norme nuisible aux intérêts des Italiens » et il a fait appel au Président de la République, S. Mattarella, en traitant Conte de menteur et en sollicitant l’intervention du Quirinal. Giuseppe Conte, pour sa part, a rappelé que la Ligue avait participé aux négociations de cette réforme et il a répondu que c’est une calomnie et qu’il va porter plainte contre Salvini ».
COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « Compétition à droite, fin du tournant modéré de Salvini » : « Au vu de la journée d’hier, le tournant modéré de Salvini a fini par faire marche arrière. Dans la bataille sur le MES, il a voulu impliquer le Chef de l’Etat en lui rappelant son rôle de garant de la Constitution, comme si Mattarella n’était pas en train d’exercer ses fonctions dans la défense des intérêts de la nation. Bref, il a ôté son costume institutionnel pour remettre ses vestes polaires. Cela s’explique d’abord par le fait que Fratelli d’Italia est en train d’éroder les voix de la Ligue, avec des batailles et des langages que le ‘’Capitaine’’ avait délaissés pour suivre la ligne responsable de Giorgetti (selon ce dernier, Salvini devrait profiter de cette période d’opposition pour gagner en crédibilité internationale et européenne). Par ailleurs, c’est grâce au placet de Washington et de Berlin à barrer la voie à un gouvernement entièrement souverainiste (et prorusse) que le Conte II a pu naitre. Ensuite, l’autre raison est la tentative de Salvini de creuser l’écart entre les ‘’européistes’’ et les ‘’souverainistes’’ du M5S. Mais Salvini a eu le tort d’attaquer trop durement le Président du Conseil, sur lequel le M5S pourrait serrer les rangs ».
EDITORIAL, Foglio, C. Cerasa, « Du Mes aux alliés : il est impossible de faire confiance à Salvini. Sa modération n’était qu’une fake news » : « Le masque d’un Salvini modéré tombe chaque fois qu’il faut faire les comptes avec l’Europe. La Ligue, en votant il y a deux jours contre U. von der Leyen a montré de manière transparente qui sont ses alliés européens et s’est retrouvée du pire côté de la barricade du continent, avec des types qui font partie de son groupe parlementaire européen (identité et démocratie) et de celui de l’extrême gauche (Gue/Ngl). Et s’il y avait encore un doute, il suffit de noter que le 2 décembre, à Anvers, Salvini sera invité d’honneur d’une journée européenne organsiée par le groupe ‘’identité et démocratie’’ avec tous les nationalistes européens. Hier, il a défini l’accord sur le Mes ‘’un attentat à la souveraineté nationale’’, et a accusé Conte d’avoir commis ‘’un acte gravissime, un attentat contre le peuple italien’’, qu’il ne se souvient pas avoir commis quand le vice-président du Conseil de Conte s’appelait Salvini. »
COMMENTAIRE La Stampa M. Sorgi « La Ligue et le M5S, si loin, si proches » : « L’affrontement sur le MES a atteint des niveaux jamais vus. Salvini accuse Conte d’avoir bouclé l’accord sur le fonds de sauvetage à Bruxelles sans avoir eu aucun mandat du Parlement. Depuis l’étranger, Conte menace de porter plainte. Comme toujours, il y a beaucoup de propagande dans ce qu’affirment les leaders de la Ligue et de Fratelli d’Italia, qui tentent d’exploiter la délicate ligne droite d’une décision européenne désormais mûre. Quant à Di Maio, il se garde bien d’exprimer sa solidarité envers le Président du Conseil et laisse comprendre que le M5S a lui aussi ses réserves sur le MES. Même s’il croit qu’une énième réunion de majorité pourra faire lumière. Mais en faisant ainsi, Di Maio épaule plutôt son ancien allié Salvini et la position souverainiste de Fratelli d’Italia que la majorité dont il fait partie. Zingaretti, qui s’était leurré suite aux promesses de Grillo, est en train de faire la liste des bémols et la coupe est pleine ».
COMMENTAIRE La Repubblica M. Giannini « Un défi qui demande du sérieux » : « G. Conte et G. Tria s’étaient battus contre l’automatisme du MES et avaient reporté leur bataille, comme l’ont confirmé Moscovici et Scholz. Alors, était-il opportun d’accuser Conte et d’impliquer le Chef de l’Etat dans la querelle, comme l’ont fait Salvini et ses troupes ? Non. Et cela pour deux raisons. D’abord pour une question de décence : sur le MES, Tria en a parlé en Conseil des ministres et aux Chambres. Le ‘’Capitaine mitraillette’’ ne pouvait ne pas savoir. Soit il est ignorant, soit il ment. Ensuite, pour une question d’intelligence. Poser le véto italien sur la réforme du MES aurait des conséquences en termes d’isolement diplomatique. C’est la crédibilité et la stabilité du pays qui sont en jeu. Cela concerne aussi Di Maio. Si cela devenait un prétexte pour mettre Conte en échec, ce serait alors la grande arnaque du populisme moderne : nuire au peuple au nom du peuple ».
ARTICLE La Repubblica A. Cuzzocrea « Guerre contre Conte et le PD, Di Maio et Di Battista replacent le M5S à droite » : « Le non aux alliances régionales, la fronde sur le MES et l’usine Ilva, enfin la protection des eurodéputés qui ont voté contre Ursula : la stratégie des deux leaders est de ne pas laisser le souverainisme dans les mains de la Ligue. Chaque déplacement est décidé et évalué ensemble. Le chef du Mouvement et l’ancien député ont des contacts réguliers et se trouvent d’accord sur plusieurs fronts. Le paradoxe : le leader s’est désormais mis du côté des rebelles. De plus, les 4 eurodéputés du Mouvement qui n’ont pas voté pour la Commissaire von der Leyen, (dont un, Carrao, est un proche de Di Battista) n’ont reçu aucun reproche officiel. De fait, Di Maio est en train de remettre le M5S sur l’axe souverainiste. Ou du moins loin des positions du PD et du Président du Conseil Conte. Et Grillo ? La réponse d’un des ténors a été ‘’mais vous croyez vraiment que Grillo puisse placer Di Maio sous tutelle ?’’. La réponse est non. Plus personne n’y croit. Le PD non plus ».
ENTRETIEN, La Stampa, de Matteo Salvini, chef de la Ligue et ancien Ministre de l’Intérieur : « Conte raconte des mensonges. Avec le Mes l’argent des italiens est à risque » : « ‘’La réforme mettrait dans les mains d’un organisme privé la possibilité de décider comment distribuer l’argent. Et je vous assure qu’avec ces paramètres en Italie nous en verrions très peu ‘’. ‘’C’est surtout les banques allemandes, qui sont plus en crise que les nôtres, qui seront à l’abri. ‘’. ‘’ Ce traité augmente notre dette publique ‘’. ‘’Si Mattarella appose sa signature sur le traité ce serait une cession de souveraineté nationale non équilibrée, nous sommes très intéressés à connaitre l’avis du Président. ‘’. Q : ‘’Conte veut vous citer en justice et vous aussi ‘’ : ‘’ La voie de la justice est la dernière que je veux parcourir. Je préfère que ce soient les citoyens, à travers le vote, qui expriment leur jugement sur la façon dont ils sont gouvernés. ‘’ ‘’ Di Maio a toujours été de notre avis. Il disait exactement les mêmes choses que je dis maintenant, avec les mêmes mots et contenus. ‘’Je ne connais pas et je ne veux pas parler de l’enquête Open. Je veux battre Renzi politiquement, et non par le biais des magistrats. ‘’ ‘’L’alliance de centre droit est en train de gagner partout. Nous gagnerons aussi en Emilie-Romagne et en Calabre. ‘’ ‘’ Avec les Chinois il faut entretenir des relations mais sans jamais oublier la sûreté nationale. Il ne s’agit pas d’une démocratie. En Russie, on vote. Il y a des journaux et des juges. C’est différent. ‘’ »
ENTRETIEN, Sole 24 Ore, de Giorgia Meloni, secrétaire de Fratelli D’Italia « Cessons de verser de l’argent au revenu de citoyenneté et soutenons les entreprises et les investissements » : « ‘’Nous proposons d’utiliser les dix milliards d’euros destinés au revenu de citoyenneté pour relancer les investissements productifs et d’infrastructures. Entretemps, nous attendons que Conte vienne nous dire la vérité sur le MES, car c’est de cela que notre avenir dépend et seul le Parlement est légitimé pour ce genre de choix, sinon ce serait une haute trahison’’ ».
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Silvio Berlusconi, président de Forza Italia : « ‘’ Une fois au gouvernement avec la Ligue, nous éviterons l’isolement dans l’UE ’’ » : « ‘‘ Si le gouvernement devait tomber la seule voie serait le retour aux élections et je ne crois pas que Giorgetti voulait proposer d’autres solutions de majorité. Nous sommes profondément alternatifs aux gauches, de celle de Renzi et de Di Maio à celle de Zingaretti. Si le centre-droit remportait les élections, une fois au gouvernement avec la Ligue nous aurons, en tant que membres influents du PPE, la plus grande famille politique européenne, un rôle fondamental pour éviter l’isolement de notre pays. Penser à l’entrée de la Ligue dans le PPE relève de l’imagination, je crois qu’elle n’est pas du tout intéressée. Je ne suis pas satisfait des dimensions actuelles de FI, qui sont le résultat de beaucoup d’inventions judiciaires et nous devons beaucoup travailler pour récupérer les électeurs déçus ‘’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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