14/11/2019
"Préparation d'une nouvelle loi électorale."
Italie. Revue de presse.
La crue exceptionnelle qui touche Venise sature l’espace médiatique et fait les gros titres des médias transalpins (Unes de la presse écrite et ouverture des journaux télévisés). La presse quotidienne fait état des dégâts subis par les bâtiments de la ville. Elle relève également la polémique autour du projet « Mose », système de digues flottantes initié dans les années 70, non encore achevé, et qui fait l’objet d’une enquête pour versement de pots-de-vin : « Venise impuissante sous l’eau » (Corriere della Sera), « SOS Venise » (La Repubblica), « Venise noyée sous les vagues » (La Stampa), « Venise, 7 Mlds pour le ‘’Mose’’ toujours inexistant » (Sole 24 Ore), « Venise coule, scandale Mose » (Il Messaggero).
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Où nous amène le déclin du M5S » : « Venise dévastée devient une métaphore tragique du déclin italien en accélération évidente. Avec la digue Mose et l’Ilva, elles symbolisent à eux trois, l’inertie, l’inefficacité et la rhétorique d’un pays où la classe dirigeante a perdu depuis longtemps le sens du bien commun et des responsabilités institutionnelles. La sensation est que le tissu civil est en train de se déchirer, augmentant l’écart entre le gouvernement, le Parlement et une opinion publique déconcertée. En regardant les sondages, le PD semble tenir et gagne même quelques points au détriment du M5S. Ce qui veut dire que les 5 Etoiles sont en train de s’effondrer à un tel point qu’ils songent même à ne pas se présenter aux élections régionales. Aucun gouvernement ne peut durer avec un tel déséquilibre ».
ARTICLE La Repubblica C. Tito « La solitude de Conte, défendu uniquement par le PD » : « Pour les 5 Etoiles, Conte est désormais devenu un ‘’Président du Conseil ami’’, mais il n’est pas ‘’leur Président du Conseil’’. C’est le paradoxe solitaire qui a été remarqué surtout lors de la crise de l’usine Ilva de Tarente. Les 5 Etoiles étaient prêts à le lâcher afin de ne pas voter le ‘’bouclier judiciaire’’ en faveur des futurs acheteurs de l’usine, alors que les Renziens étaient prêts à avancer en sens inverse. Bref, le Palais Chigi est en train de devenir une tour d’ivoire. Une situation qui commence à devenir intolérable pour le Parti démocrate. Même le plus franc des ‘’partisans du gouvernement’’, Franceschini, s’est défoulé : ‘’Il n’y a que nous qui le défendons’’. Chaque Conseil des ministres se termine de la même manière : l’attaque synchronisée de Di Maio et de Patuanelli contre Conte, avec le silence complice des deux délégués d’Italia Viva. Les délégués du PD commencent à se plaindre ‘’jusqu’où pouvons-nous aller de l’avant de cette manière ? Jusqu’à quand pourra-t-on défendre le Président du Conseil ?’’. La solitude du Président du Conseil est en train de devenir une affaire. Peut-être parce que tous pensent que les élections sont imminentes ».
ARTICLE La Repubblica A. Cuzzocrea « Di Maio ne dicte plus la ligne, les 5 Etoiles en ordre dispersé de l’Ilva aux élections régionales » : « Le chef politique du Mouvement 5 Etoiles, Luigi Di Maio, évite de prendre des positions claires (Ilva et élections régionales) et risque ainsi de perdre le leadership. Toutefois, l’absence d’un vrai rival détermine la paralysie du Mouvement. Entretemps à la Chambre, énième fumée noire pour l’élection du chef de groupe. Di Maio est seul. Il n’a que le soutien de Davide Casaleggio. Il les a tous sur son dos : les anciens ministres déchus (Lezzi, Toninelli, Grillo) les ‘’non alignés’’ comme le président de la commission antimafia Morra et les nostalgiques (Di Battista et le député européen Corrao). Demain, Di Maio rencontrera les délégués régionaux d’Emilie-Romagne sans savoir s’il parviendra à imposer la décision de ne pas participer avec le symbole du M5S, pour ne pas endommager la bataille des alliés de gouvernement. Quant à l’invitation de Zingaretti à ‘’s’unir contre la droite’’, Di Maio le considère ‘’un vieux slogan des années 70’’, car dans sa tête le M5S doit rester le pivot de n’importe quel gouvernement. Grillo n’est pas du même avis et il l’a dit lors du meeting annuel du Mouvement, à Naples. Mais maintenant, le ‘’garant’’ du M5S demeure silencieux ».
ARTICLE, Il Messaggero, S. Can. : « Les élus appellent Grillo ‘Reprends le contrôle’ » : « Du dernier coup de téléphone, lundi, s’est chargé un sénateur M5S au nom d’un groupe assez important de mécontents : ‘’On t’on prie Beppe, reviens. Prends en main la situation, sinon nous allons imploser. On ne sait pas quoi faire. ‘’ Mais Beppe Grillo semble prendre du temps. Il ne prend pas position et, à ceux qui le cherchent il envoie ce message ‘’vous avez un chef politique, il se débrouillera ‘’. Il n’a pas l’intention d’intervenir. Les rapports avec Luigi Di Maio sont ‘’inexistants, mais courtois ‘’. Il est devenu le catalyseur des plaintes, toujours sur les mêmes arguments : le manque d’une boussole, le rôle de Di Maio, les rapports avec le PD, les alliances aux régionales. Comme l’affaire du chef de groupe qui stagne depuis un mois et demi et qui a eu une fumée noire encore hier. Le fossé entre les groupes parlementaires et la distance avec le leader sont sous les yeux de tout le monde. Nous sommes au ‘tous contre tous’. L’activisme de Stefano Patuanelli sur l’affaire Ilva n’est pas passé inaperçu »
RETROSCENA Corriere della Sera « Les électeurs opposés et les venins, haute tension entre le PD et Renzi » : « Matteo Renzi a déjà fait savoir qu’il ne se rendra pas au conclave voulu par Giuseppe Conte pour discuter du programme gouvernemental et il en explique la raison ‘’les 5 Etoiles ont accepté de soutenir le gouvernement à condition que je ne participe à aucune réunion, c’est une requête que je partage volontiers’’. Italia Viva a annoncé un meeting vendredi après-midi à Turin alors que le PD en organise un en même temps à Bologne. Au quartier général des démocrates cela a suscité l’irritation. Et c’est surtout la phrase de Renzi dans son entretien à la Stampa ‘’nous ferons au démocrates ce que Macron a fait aux socialistes français : en absorber le consensus pour élargir le centre à la droite modérée’’. Chez les démocrates la tension monte et on reprend à considérer la possibilité d’élections anticipées afin de rendre impossible le projet renzien d’ici les trois prochaines années ».
ENTRETIEN de Nicola Zingaretti, secrétaire du PD : « ‘’ Il y a un climat des années 20. Renzi est en train de détruire le PD et ouvre la voie à la droite ’’ » (La Stampa) : « ‘‘ Renzi est en train de menacer le PD et veut nous faire ce que Macron a fait aux socialistes, c’est-à-dire s’étendre au centre et à la droite modérée, il ne faudrait pas le dire. Il risque de rendre un service à Matteo Salvini et il devra assumer ses responsabilités. Les démocrates sont en Italie le pilier principal autour duquel on peut organiser une alternative à une droite très forte qui a manifesté à Rome et à laquelle il faut donner une réponse très claire. Le PD existe et sera présent pour les prochaines élections régionales et chaque région décidera de manière autonome sur la possibilité d’autres éventuelles alliances avec le M5S. Le PD est réellement le seul grand rempart en Italie contre la droite ‘’ ».
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardi : « Ex ILVA, les groupes du M5S désavouent Di Maio : ‘’ Il ne faut pas demander un vote de confiance sur l’immunité pénale » : « La réalité de l’affaire ILVA de Tarente est que le gouvernement n’est pas en danger. Le ministre de la Justice Alfonso Bonafede a déclaré, hier, lors de sa participation à l’émission télévisée de Bruno Vespa, Porta a Porta, que la question de l’ex-ILVA ne fera pas tomber le gouvernement ».
COULISSE, Il Messaggero, M. Conti : « Proportionnel avec seuil de barrage à 5%. Entente pour être prêt en cas d’élection » : « Même si dans la majorité gouvernementale un retour aux urnes est exclu par presque tous les parlementaires, on s’y prépare quand même avec une nouvelle loi électorale. Une réunion hier au Palais Montecitorio a décidé d’insérer un texte en Commission mi-décembre. Il est significatif que la majorité décide d’accélérer sur un des points d’entente qui fut rejoint au moment de la formation du gouvernement. C’est-à-dire une loi électorale qui empêche un seul parti d’assumer les ‘pleins pouvoirs’, s’il n’obtient pas 50% des votes. Il est probable qu’à la fin, le système proportionnel avec un seuil à 5% soit le point de chute. »
(Traduction : ambassade de France)
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