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13/08/2019

"Qui cherche le centre s’est trompé de siècle."

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Italie. Revue de presse.

La crise du gouvernement continue de faire la Une de l’ensemble de la presse italienne, qui rapporte la décision des chefs de groupe du Sénat, réunis hier,  de voter ce mardi sur le ‘’calendrier de la crise ‘’, décidant si Conte s’exprimera le 14 ou le 20 août dans l’hémicycle  : « Affrontement sur le vote, réouverture du Sénat » (Corriere della Sera), « Ensemble, forcément, contre Salvini » (La Repubblica), « Salvini n’arrive pas à renverser Conte mais il retrouve les voix de Berlusconi » (La Stampa), « Première gifle à Salvini : la majorité M5S-PD-LEU naît » (Il Fatto Quotidiano),  « Elections ou gouvernement, défi au Sénat » (Il Messaggero – Il Mattino),  « Affrontement sur le débat au Sénat, Salvini prêt à retirer les ministres » (Sole 24 Ore).

Journaux télévisés : La crise du gouvernement et la convocation de la réunion du Sénat aujourd’hui à 18 heures pour le calendrier de la crise ainsi que les déclarations de Di Maio, Zingaretti et Salvini font l’ouverture des JT.

ARTICLE, La Stampa, F. Schianchi : « L’entente PD-M5S passe au Sénat. Aujourd’hui, premier test : on vote le calendrier » : « Le premier affrontement de la longue bataille qui conduira aux élections ou à un nouveau gouvernement aura lieu cet après-midi à 18 heures au Sénat. Et lors de cette convocation, insolite au mois d’août, et suite au résultat du vote qui devra décider le calendrier de la crise, les nouvelles coalitions issues de la crise prendront corps : d’un côté le centre droit uni – Ligue, Forza Italia, Fratelli d’Italia -, de l’autre M5S, PD, LeU. La première alliance est déterminée à appeler tous, demain 14 août, à voter la motion de défiance à Conte ; la deuxième, favorisée en principe par les chiffres, est d’accord pour un report au mardi 20 août, pas vraiment la motion mais plutôt la convocation du président du Conseil pour s’exprimer devant le Sénat. En fait, cette deuxième coalition demande de laisser la priorité aux communications de Conte par rapport à la motion de censure ».

RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, M. Guerzoni: « Salvini part en minorité. Mais les Démocrates craignent le raid vu les absences de la mi-août » : « Les sénateurs vont se réunir aujourd’hui au Palais Madame, pour décider quand (et si) voter la motion de censure à Giuseppe Conte. Sur le vote, Andrea Marcucci (PD), dit que c’est : « Un cadeau à Salvini, un coup de force inacceptable ». En effet, les Démocrates craignent de ne pas avoir le groupe au complet. En revanche, le leader de la Ligue, qui prévoyait cette manœuvre depuis des jours, avait intimé à ses membres à ne pas se déplacer de Rome. Toutefois, les chiffres sont en faveur des opposants de Salvini. Ainsi, l’objectif du ministre de l’Intérieur est d’aller aux urnes le 27 octobre. Concernant la date du vote, un sénateur du PD déclare : « Ce n’est pas un jour choisi au hasard. C’est le jour de la proclamation de la marche sur Rome par Benito Mussolini ».

RETROSCENA (Coulisses), La Stampa, F. Martini : « Bientôt la décision reviendra à Mattarella, qui donnera des délais courts. Prudence du Quirinal sur les hypothèses de gouvernement électoral » : « Un pas à la fois, le Président de la République continue de rester silencieux et il ne fournit pas d’informations ni de ‘’ lecture ‘’ de la crise. Mattarella souhaite gérer cette ‘’ presque-crise ’’ assez rapidement, il prend note du respect avec lequel toutes les forces politiques attendent ses décisions. Il est en train de suivre les modifications dans les relations des partis politiques, pour être prêt à entamer les consultations, après la démission de Conte qui devrait probablement avoir lieu le 20 août. Mattarella est déterminé à consulter très rapidement toutes les forces politiques sur leur disponibilité éventuelle à favoriser la naissance d’un autre gouvernement politique ou bien sur l’opportunité que l’exécutif démissionnaire puisse continuer de suivre les affaires courantes, pour adopter la loi de finances et éviter ainsi l’exercice provisoire ».

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Le coup de force d’août » : « La coalition qui tend à se former a de fortes connotations de droite eurosceptique et de faibles chromosomes modérés. Cette coalition déplace l’Italie sur un axe continental inédit et plein de menaces au plan international. Mais Salvini n’est pas intéressé par tout cela. Il a intérêt à aller aux urnes le plus vite possible, en vue de ne pas perdre l’avantage dont il bénéficie dans les sondages. Aujourd’hui le Sénat décidera le calendrier de la crise, et le résultat reste une énigme. Le premier ministre Giuseppe Conte ira probablement au Sénat le 20 août : une date malvenue pour Salvini, qui aurait voulu des délais plus courts. Les dynamiques qui sont ressorties hier au Sénat donnent l’impression que le leader de la Ligue risque beaucoup, en mobilisant des résistances transversales. Et cela n’inquiète pas seulement l’Italie, où les contestations contre le ministre de l’Intérieur se multiplient. Ainsi un exécutif conduit par Salvini élirait le prochain Chef d’état en 2022. Le président de la République attend que le Parlement lui fournisse des indications moins confuses ».

EDITORIAL, E. Mauro, Repubblica : « Le big bang du système » : « Les premiers signaux d’une réalité à laquelle les leaders n’étaient pas préparés se profilent derrière la crise actuelle : toute la géographie politique existante, sur laquelle nous avons eu l’habitude de raisonner, est sur le point de sauter. Il paraît incroyable de voir comment une crise de gouvernement, née comme un bas règlement de comptes à l’intérieur du nouveau populisme italien, ait la capacité, après un an de mauvaise gouvernance, de déboulonner un mécanisme politique complet et articulé. Cette fracture du système frappe en particulier Forza Italia et le Parti démocrate, qui sont deux survivants de la République majoritaire, qui ont, avec de gros efforts, porté jusque-là – dans cette Troisième République autoritaire en formation -  les résidus de deux cultures de gouvernement : celle réformiste de centre gauche, et celle modérée-conservatrice, qui s’inscrivent dans le cadre de l’Europe, de l’Union et de ses institutions, et de l’Occident – mis à part l’engouement personnel de Berlusconi pour Poutine. Le danger le plus grand du double populisme qui nous a récemment gouvernés : la proposition d’une hégémonie à basse intensité, sans théorie, où tout s’explique en se faisant, dans un étonnement féroce continue qui lie gouvernants et gouvernés, où l’on peut abolir la pauvreté par décret, on va sur le balcon du palais Chigi si le déficit est dépassé, on décrit comme merveilleuse l’année politique sans résultats, on laisse faire des rituels fascistes, on fait preuve d’arrogance raciste. Jusqu’à la crise, qui efface tout dans la misère des résultats : moins la nouvelle agressivité d’une Italie devenue méchante et des Italiens transformés. Cette réduction de la politique à une technique de pouvoir est signe de l’époque. Forza Italia a été mangée par la Ligue, avec qui il fera un pacte mortelle, ce qui lui reste d’âme en échange d’un ministère. Le PD, c’est encore plus grave, est divisé avant d’annoncer sa scission.  Il y a un leadership-ombre qui veut dérouter le parti même s’il n’a pas les chiffres pour, et un leadership officiel hypnotisé par l’ombre. Il y a un groupe dirigeant qui semble ne rien voir du paysage dramatique qu’il a sous les yeux, comme des âmes mortes sans Gogol. Le leader de la Ligue, cependant, en se radicalisant, en se mettant du côté le plus extrémiste de l’Europe, sans le vouloir, pousse le système politique à une reconfiguration post-Big bang selon la ligne noire de son défi. L’alternative, après les années de la confusion, sera de nouveau entre droite et gauche : qui cherche le centre s’est trompé de siècle ».

COMMENTAIRE, M. Riva, Repubblica : « Trop de peur des souverainistes » : « L’Italie est de nouveau observée avec inquiétude par les plus importantes capitales européennes. Ces sensibilités et solidarités européennes face à la menace des ‘’pleins pouvoirs’’ à Salvini, qui ouvrirait de sérieuses interrogations sur la tenue des institutions démocratiques en Italie et des conséquences en Europe, sont bienvenues. Mais le souverainisme de Salvini n’est pas une mauvaise herbe sortie à l’improviste dans le beau champ fleuri bien tenu par les jardiniers attentifs de l’Union. Cela fait longtemps qu’on tolère la présence et la croissance, dans le pré européen, de plantes vénéneuses. Même Juncker s’est plaint des difficultés de réunir une majorité suffisante pour démarrer la procédure d’infraction contre la Pologne et la Hongrie pour avoir bafoué les règles de l’Etat de droit. Au lieu de parler de ‘’chair de poule’’ (comme l’a fait la télé allemande) en cas de victoire de Salvini, il faut qu’au-delà des Alpes on retrouve la lucidité politique nécessaire pour lutter contre le cancer souverainiste. A quand, par exemple, l’expulsion du parti d’Orban du PPE par l’Allemagne ? L’inertie politique des démocraties libérales européennes nourrit la bête souverainiste ».

LE POINT, S. Folli, Repubblica : « Ligue et Berlusconi, quelle Europe » : « Pour Salvini, les choses ne vont pas comme il l’avait espéré. Le Parlement et les institutions ne se sont pas ouverts comme la mer rouge devant Moïse, et il ne fallait pas trop de fantaisie pour le savoir. Des failles apparaissent chez le leader de la Ligue, qui s’est dépêché d’aller voir Berlusconi, en plus de Meloni. L’emblème du ‘’passé’’, dont il a voulu s’affranchir, revient dans les faits. La phase de l’autosuffisance se clôt, arrive celle du réalisme. Berlusconi dispose d’une cinquantaine de sièges au Sénat, certains déjà en mains salviniennes, mais il est essentiel de retenir ceux qui reste de Forza Italia, qui pourrait glisser vers un exécutif ‘’institutionnel’’ ou ‘’de responsabilité nationale’’. Ceci permet à Berlusconi de demander beaucoup : en termes politiques et extrapolitiques. Restent des inconnues, d’abord sur l’Europe : Salvini aime se présenter comme défiant l’establishment franco-allemand, alors que Berlusconi est retourné à Strasbourg et tient beaucoup au PPE. Il sera intéressant de comprendre comment se résoudra cette contradiction ».

RETROSCENA (Coulisses), Il Messaggero, E. Pucci : « Ce pacte chez le notaire avec Forza Italia : ‘’Mais ce sera un nouveau centre droit‘’ » : « Matteo Salvini, lors d’une rencontre avec les parlementaires de la Ligue, a déclaré que c’est lui qui pense aux alliances et il a ajouté faire confiance au Président Mattarella. Il rencontrera ce matin Silvio Berlusconi et Giorgia Meloni, mais le leader de la nouvelle coalition ce sera lui, parce que c’est la Ligue qui distribue les cartes, cette fois-ci, les schémas du passé n’existent plus. Salvini a aussi affirmé qu’il est prêt à retirer tous les ministres de la Ligue d’ici 48 heures ».

ENTRETIEN de Giorgia Meloni, présidente du parti Fratelli d’Italia : « ‘’ Ils ont sous-estimé le danger des magouilles. Forza Italia ? On va voir quelles garanties il donne ’’ » (Il Messaggero) : « ‘’ Matteo Salvini a ouvert une crise le 8 août et maintenant il a donc besoin de Berlusconi. Le vote au Sénat pour le calendrier de la crise signifie permettre les essais techniques d’une grande magouille. Nous sommes prêts à nous mobiliser contre un gouvernement institutionnel, parce que le front du ‘’ non ‘’ aux élections pourrait s’unir déjà aujourd’hui au Sénat. Il fallait tout simplement voter la défiance à Conte tandis que lui, même s’il est un président du Conseil défié et que son gouvernement n’est plus opérationnel, veut s’exprimer devant le Sénat ‘’ ».

ARTICLE, Corriere della Sera, C. Zapperi : « Les sondeurs : Ligue au top mais prévision difficiles. Electeurs turbés par les tensions » : « Selon les sondeurs il est difficile de relever les humeurs électoraux des Italiens. Ces derniers sont embêtés par les tons employés pendant ces jours. Ainsi, le leader de la Ligue d’un côté pourrait renforcer les consensus, de l’autre il risque de payer le désir de « monétiser » les sondages favorables en sièges au Parlement. Selon les dernières chiffres, la Ligue et Fratelli d’Italia atteint 8%, Forza Italia reste stable au 6,5%. Le centre-droit pourrait donc dépasser 50%. On constate également une faible hausse du Parti démocrate (environ 23%), alors que le Mouvement 5 Etoiles baisse au 16,5% ».  

COULISSES, G. De Marchis, Repubblica : « Renzi bloque la scission » : « Matteo Renzi, si les sondages sur son nouveau parti sont dans le vrai, jouera le tout pour le tout. Il le dit lui-même : il arriverait à 7%, soit 25 personnes à la Chambre, très bon en ces temps de vaches maigres pour la gauche, mais d’autres le donnent à 4, avec un potentiel de croissance quasi-nul – beaucoup de gens ne voterait jamais son parti justement à cause de sa présence. Mais en campagne électorale, Renzi sait y faire et il peut remonter. Sur les parlementaires actuels : 30 députés et 25 sénateurs seraient prêts à le suivre. Zingaretti et Gentiloni lui ont fait savoir qu’une sortie de sa part serait vue comme un acte hostile, une vraie rupture. Matteo Renzi veut maintenant attendre l’issue de la crise, l’idée reste de faire le Parti de la Nation, mais il est prévenu : pas d’accord électoral s’il quitte le PD. Voyons comment évolue le gouvernement actuel puis le reste suivra. Mais les dualismes ne fonctionnent pas, les doubles leaderships encore moins ».

ARTICLE, La Stampa, C. Bertini: « Trêve Zingaretti-Renzi. La scission s’éloigne, les élections sont plus proches » : « Après la tempête d’août, le beau temps revient au sein du PD. Renzi et Zingaretti signent une trêve ‘’simulée‘ ’et la scission, au moins pour le moment, s’éloigne. Le secrétaire du parti invoque l’unité, il ne croit pas au tournant d’un gouvernement de législature avec le M5S, il considère que le Mouvement devrait faire un pas en arrière et un peu d’autocritique. Les Cinq Etoiles, eux, ont demandé au PD le non à la ligne ferroviaire Lyon-Turin (TAV) et le oui à la coupe des parlementaires, une réforme qui, selon le PD, élimine les minorités. Les conditions du M5S sont donc inacceptables et Zingaretti souligne qu’il est très difficile de construire une entente avec eux. Renzi, de son côté, a fait un pas en arrière, déclarant que c’est Zingaretti qui doit tenter de faire un accord et que s’il échoue il en sera responsable ».

COULISSES, A. Cuzzocrea, Repubblica : « Di Maio ferme la porte à Renzi : ‘’je ne ferai pas le premier pas’’. Grillo lance des signaux au PD » : « Di Maio n’est pas seul à ne pas vouloir ‘’s’asseoir à une table avec Renzi’’. Grillo a publié son second post en trois jours, indiquant la voie : en résumé ‘’les vautours volent’’, il faut ‘’parler avec des gens élevés et non en chute libre’’. C’est aussi une fermeture aux sirènes renziennes ».

ENTRETIEN de Carlo Calenda, ancien ministre du gouvernement Gentiloni et député européen : « ‘’Pour battre les populistes, il faut accueillir les Italiens’’» (La Stampa) : « ‘’Il faut défier les populistes par les élections, avec un front basé sur les valeurs de la République et de la démocratie. Il faudrait partir du PD et ensuite construire une alliance comme celle qui existe en Europe, entre populaires, libéraux-démocrates et sociaux-démocrates, pour établir un programme qui nous rapproche des standards européens : compétitivité et vie, Santé, Education, davantage d’investissements pour l’industrie et l’environnement. Nous parlons beaucoup de migrants, mais nous avons oublié l’accueil des Italiens, il faut leur offrir des structures  publiques qui fonctionnent et les faire se sentir en sécurité ‘’ ».

ENTRETIEN de Goffredo Bettini, ancien sénateur du Parti démocrate, Corriere della Sera : « Confrontons-nous avec le Mouvement 5 Etoiles. Il faut un gouvernement de législature » : « D’après Bettini, le gouvernement doit être politique, en nommer un institutionnel serait une erreur tragique. Ainsi il affirme : « La tentative est très difficile mais il faut essayer. Avec un exécutif institutionnel, on irait voter dans pas longtemps, avec la certitude de voir la dérive plébiscitaire de Salvini ». En vue d’assurer un gouvernement de législature, l’ancien sénateur met l’accent sur l’importance de garder l’unité du Parti démocrate ».

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Giambertone : « De la France aux Etats-Unis, tous les Pays qui ont moins de parlementaires que les Chambres italiennes » : « Dans un système bicaméral comme celui Italien, en France on compte 925 membres au Parlement. Ces derniers sont divisés entre 577 députés de l’Assemblée nationale et 348 sénateurs. Au total il y a 20 membres de moins qu’en Italie, au sein d’un pays avec 7 millions d’habitants de plus ».

ARTICLE, C. Zuino, Repubblica : « La crise fait couler le décret Ecole, 79.000 personnes restent précaires » - « Le texte avait été adopté ‘’en attente d’accords’’, désormais impossibles. Le parcours d’aptitude professionnelle, qui aurait permis la régularisation de 55.000 enseignants, et le concours pour 24 mille autres, ont disparu ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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