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01/07/2019

"Gouvernement uni sur les migrants, Di Maio propose de confisquer les navires humanitaires."

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Italie. Revue de presse.

Les nominations européennes font les gros titres des médias transalpins. La presse écrite évoque notamment un climat de ‘’grande incertitude’’, avec la famille des populaires divisée malgré la médiation d’A. Merkel et la possibilité que les socialistes puissent placer leur candidat à la tête de la Commission Européenne, F. Timmermans. Sur le plan interne, les observateurs soulignent les frictions entre le Président du Conseil G. Conte et le leader de la Ligue M. Salvini, ce dernier voulant imposer son véto sur le candidat socialiste F. Timmermans : « Nominations européennes, Conte répond à Salvini : c’est moi qui dicte la ligne » (Corriere della Sera), « L’Europe se fait, l’Italie absente » (La Repubblica), « Nominations européennes, la nuit de Timmermans » - ‘’Salvini pousse Conte vers les souverainistes, mais le Président du Conseil résiste’’ (Il Messaggero), « UE, bataille sur les nominations » - ‘’Conte : il est préférable de ne pas prendre parti’’ (Il Mattino).

L’affaire ‘’Sea Watch’’ et l’arrestation de son capitaine, l’Allemande Carola Rackete sont encore largement reportées. Les observateurs soulignent notamment les frictions entre Rome et d’autres capitales (Berlin, Amsterdam et Paris) sur la relocalisation des migrants débarqués après l’impasse de ces dernières semaines. « Les juges plutôt orientés vers la libération de la capitaine » - ‘’Querelle Berlin-Rome’’ (Corriere della Sera), « Rome-Berlin, coup de froid sur les migrants » - ‘’L’Allemagne : il n’y a pas de criminels sur le Sea Watch’’ (La Stampa), « Italie-Allemagne : bras-de-fer sur le Sea Watch’’ (Il Messaggero), « Tous les amis de Carola » - ‘’Paris, Berlin, la gauche et les intellectuels défendent la capitaine allemande’’ (Il Giornale).

La visite ‘’historique’’ du Président américain D. Trump en Corée du Nord est largement reportée dans les pages internes avec large couverture photographique en Une.

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Fubini : « Conte prend ses distances de Salvini : ‘’C’est moi qui choisis, j’ai les mains libres ‘’ » : « Un climat de ‘’grande incertitude’’ plane sur les nominations européennes et les frictions entre le Président du Conseil Conte et le leader de la Ligue Salvini se poursuivent, ce dernier voulant imposer son véto sur le candidat socialiste Timmermans. Qui décidera pour l’Italie est l’une des énigmes qui rendent complexe tout choix italien dans une Europe qui a perdu le nord. Le noyau politique de l’Europe, autour de la chancelière Merkel, n’est plus le même qu’avant et les relations entre capitales, toujours capables de trouver des solutions, sont profondément compromises. De simples malentendus, entre Merkel et Macron, sont toujours plus nombreux et leur relation s’est dégradée en un échange d’affronts à peine dissimulés. Le plus évident il y a trois semaines quand Macron, dans l’impasse totale sur les nominations, a proposé la candidature de Merkel à la présidence de la Commission sans la consulter : pour le Président français c’était une façon de pousser la collègue allemande au refus et faire ainsi couler la candidature du populaire allemand Manfred Weber, soutenu par l’Allemagne. Merkel a seulement dit qu’elle était ‘’ attristée ‘’, parce qu’elle n’est pas prise au sérieux quand elle dit qu’elle ne veut pas de place à Bruxelles ».

ANALYSE La Repubblica A. Bonanni « L’isolement du docteur Jekyll et de mister Hyde » : « La réunion d’hier a offert un spectacle extraordinaire de deux Italies, les deux pareillement isolées. D’un côté Salvini qui menace depuis Rome, de l’autre Conte qui, à Bruxelles, tente de remédier aux dégâts faits par le premier. La schizophrénie du gouvernement Ligue-M5S, évidente depuis longtemps pour nous, s’est montrée aussi sur le plan européen. Avec le résultat qu’à Bruxelles on ne sait plus qui commande à Rome, avec qui elle doit parler et surtout qui croire. Sur les nominations, Conte a été précédé par l’anathème de Salvini sur le candidat socialiste, pourtant concordé au G20 ».

ARTICLE La Repubblica C. Lopapa, « Conte, freiné par les vétos de la Ligue, promet la flat tax à Salvini » : « Etant un pays fondateur avec une marge de manœuvre restreinte au sein de l’UE, l’Italie et son premier ministre se trouvent à faire face à deux enjeux. Tout d’abord les tensions entre le leader de la Ligue du nord et Luigi di Maio. De plus, faisant suite aux rencontres avec Mme Merkel et M. Macron, le Président du Conseil italien tente de trouver un équilibre en vue d’éviter la procédure d’infraction pour endettement excessif. Cependant tout va dépendre de ce que le Conseil des ministres présentera ce soir ».

ARTICLE, La Stampa, F. Sforza : « De Carola à la Thyssen, crise diplomatique entre l’Italie et l’Allemagne » : « Sur Carola Rackete, un bras de fer en cours entre l’Italie et l’Allemagne risque de se propager au niveau européen, dans une phase où les relations entre notre pays et Bruxelles présente plusieurs fronts ouverts. Les Allemands en font une affaire de valeurs, plus qu’un cas judiciaire. Des valeurs européennes, comme la solidarité et l’accueil. La ligne italienne est claire : garder l’affaire Carola dans le périmètre d’un cas judicaire et éviter d’en faire un symbole de solidarité européenne. Une ligne plutôt fragile, selon des sources diplomatiques allemandes. Dans une phase où l’Europe doit montrer sa force, imposer une réflexion sur les valeurs apparaît comme une perspective bien plus efficace. L’intervention de la France, hier, le montre bien ».

ARTICLE, Corriere della Sera, R. Frignani : « Sea Watch, querelle avec l’Allemagne. Le président allemand sur ‘’ l’affaire ‘’ » : « C’est le moment des accusations de la part de l’Allemagne et de la France et c’est aussi le moment des réponses de la part de l’Italie. Le président allemand Steinmeier a déclaré que ceux qui sauvent des vies ne peuvent pas être considérés des criminels et que, même s’il existe les lois de la mer, l’Italie n’est pas seulement un Etat mais elle est au cœur de l’UE, un Etat fondateur. La porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye, en a rajouté en soulignant que la stratégie italienne rend « hystérique » le débat sur des thèmes très douloureux et que Salvini se sert de cette situation tandis que la France répond avec des chiffres. La réaction du ministre de l’Intérieur a été très froide, Salvini a invité le président allemand à s’occuper de ce qui arrive en Allemagne et la France, si généreuse avec les migrants, à accueillir les prochains navires à Marseille ».

ARTICLE, La Stampa, F. Grignetti : « Gouvernement uni sur les migrants, Di Maio propose de confisquer les navires humanitaires » : « Après le revers électoral du M5S, Di Maio ne s’oppose plus tant que ça aux idées brutales de son allié. La ligne du ministère de l’Intérieur est de mettre en discussion l’« alerte sanitaire » présumée et qui a été évoquée par le Capitaine Rackete. En démontrant l’absence d’urgence, il n’y aurait que l’irruption dans le port. Et si l’arrestation de la jeune allemande devait ne pas être confirmée par les juges, un ordre d’expulsion serait prêt au ministère de l’Intérieur. C’est désormais la position de tout le gouvernement et pas seulement du vice-président du Conseil. Conte est intervenu ‘’je n’y vois pas un acte de désobéissance mais un chantage politique avec l’exploitation de 40 personnes’’. Quant à la ministre de la défense E. Trenta (M5S), elle a déclaré que : ‘’ce qu’a fait Carola Rackete est très grave car elle a désobéi à l’ordre de la Brigade des finances, violant les lois de l’Etat italien’’ ».

ARTICLE, Il Messaggero, A. Gentili : « Le bras-de-fer avec les Français et les Allemands complique le dossier avec l’UE » : « L’escalade ne cesse pas. L’affaire ‘’Sea Watch’’ et l’arrestation de Carola Rackete pousse la querelle sur les migrants (avec en première ligne M. Salvini, G. Conte et L. Di Maio) au niveau le plus élevé des chancelleries européennes. Après les ministres de l’Intérieur de France et d’Allemagne, samedi, critiquant l’arrestation de la citoyenne allemande, hier ce sont le président allemand Steinmeier et celui français Macron qui sont intervenus. Une situation qui complique les parties que l’Italie joue sur les tables européennes : le ‘’risiko’’ des nominations et la procédure d’infraction pour dette excessive. Soulignant qu’il serait ridicule, comme le voudraient certains partenaires européens, de négocier une double table comptes publics-migrants, il est vrai aussi que sans le support de Berlin et de Paris, il ne sera pas facile pour le gouvernement italien de s’en sortir correctement. ‘’Car sans cette sorte de complicité et d’aptitude à l’entente qui a toujours caractérisé les relations avec Paris et Berlin, tout devient plus difficile, l’isolement plus grave et marqué’’, assure une haute source diplomatique. La spirale de querelles inquiète Sergio Mattarella. Le Chef de l’Etat, en visite aujourd’hui en Autriche, enverra sans doute un signe de distension. Et de La Haye, un mail de la Secrétaire d’Etat hollandaise à l’immigration explique ‘’Si la Hollande souscrit pleinement l’obligation de sauver les personnes en mer en vertu de la loi internationale, toutefois, comme vous l’observez justement, les interventions de la Sea Watch III ne devraient pas se placer aux côtes des passeurs et leur faciliter la tâche’’. La lettre hollandaise coupe le voile d’hypocrisie : une bonne partie de l’Europe du Nord et des pays de Visegrad est bien contente que Salvini soit disposé à faire le sale boulot».

COMMENTAIRE Il Messaggero M. Gervasoni « Ces indulgences à sens unique de Berlin et de Paris » : « Imaginez un navire au large des eaux françaises qui tenterait de pénétrer sans autorisation et entrerait, malgré les ordres du garde-côte, dans le port de Marseille. Ou dans un port allemand. L’impression est qu’à l’intérieur de l’UE s’impose la devise de Giolitti qui veut que les règles s’appliquent aux ennemis et s’interprètent pour les amis (dans ce cas-là, les amis sont bien entendu ceux du bloc allemand et français). Les Allemands peuvent se permettre de nous renvoyer les immigrés sur des vols charter ou, quand cela sert, de suspendre Schengen. Quand ils bougent à l’intérieur de leur espace souverain, Berlin et Paris pensent à juste titre que personne ne peut les critiquer. Alors qu’ils n’ont aucun problème à protester contre les décisions souveraines de l’Italie, qui applique les lois pour défendre ses propres frontières. Deux poids et deux mesures qui reflètent exactement la philosophie de l’Union européenne ».

ARTICLE La Stampa A. Di Matteo « Missions à l’étranger et accords libyens, le PD (Parti Démocrate, centre-gauche) de Zingaretti est déjà divisé » : « Nicola Zingaretti semble ne pas éviter le destin du PD : la querelle interne sur les passages cruciaux de l’agenda politique. Ainsi, le PD devrait présenter, à ce stade, deux motions sur les missions à l’étranger. Deux lignes que le PD tentera de recomposer avec l’assemblée des élus et des sénateurs. Une bonne partie de la minorité renzienne souhaite que le leader Zingaretti y participe. Or, ce dernier préférerait ne pas se faire impliquer dans la querelle. Par ailleurs, le blitz d’Orfini et de Delrio sur le navire Sea Watch a laissé perplexes plusieurs parlementaires proches de Zingaretti ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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