26/06/2019
"TAV et autonomie, haute tension au sein du gouvernement."
Italie. Revue de presse.
Les divergences au sein de la majorité gouvernementale font les gros titres des médias transalpins. La presse évoque notamment les différences de vues entre la Ligue et le M5S sur la question de l’autonomie régionale et le chantier de la liaison Lyon-Turin (TAV). Les observateurs insistent notamment sur la décision de l’UE d’augmenter son financement et sa demande d’avoir une réponse sur la poursuite des travaux : « Querelles et vétos, le gouvernement enlisé » - ‘’Salvini veut accélérer sur l’autonomie, Di Maio freine’’ (Corriere della Sera), « TAV, Conte prêt à dire oui, Di Maio au pied du mur » - ‘’L’UE disposée à financer 55% de l’œuvre’’ (La Stampa), « TAV, feu vert aux avis de marché et fonds européens à 55% » (Sole 24 Ore), « Le Palais Chigi freine sur l’autonomie » - ‘’Les techniciens retoquent la réforme, trop onéreuse’’ (Il Messaggero), « TAV et autonomie, haute tension au sein du gouvernement » (Il Giornale).
Journaux télévisés : La réunion de majorité de mardi soir au Palais Chigi, la décision de la Cour de Strasbourg de rejeter la saisine des migrants sur le navire Sea Watch et enfin les tensions Washington-Téhéran dominent largement les titres des JT.
Réseaux sociaux : La tendance la plus suivie #SeaWatch, du nom du navire de l’ONG qui a recueilli les migrants et se trouve au large des eaux italiennes.
ARTICLE Corriere della Sera, M. Guerzoni « Enième affrontement sur l’autonomie, Di Maio veut la tête d’Autostrade » : « Pas de trêve. La réunion sur l’autonomie de la Vénétie, de la Lombardie et de l’Emilie-Romagne s’est terminée bien après minuit, après trois heures d’altercations et d’accusations réciproques. Di Maio s’énerve quand Salvini, au milieu d’une réunion très tendue, quitte le Palais Chigi pour se rendre au plateau télévisé de Bianca Berlinguer (Rai Tre) en laissant sa place à Giancarlo Giorgetti. Le gouvernement est bloqué et le spectre d’élections anticipées plane entre Montecitorio et le Palais Chigi. Sur l’autonomie, Di Maio demande plus de temps pour ‘’défaire les nœuds sur l’environnement, la santé publique, les transferts fiscaux, les écoles’’. ‘’Ils veulent une sécession’’ aurait-il dit aux siens. Des soupçons infondés, selon les hommes de la Ligue : ‘’le projet n’enlève même pas un sou au Sud’’. La tension est très haute. Et quand Di Maio et Toninelli veulent formaliser la révocation de la concession d’Autostrade sur le destin du pont de Gênes, Salvini s’y oppose. Car arrêter la concession pourrait empêcher d’impliquer le groupe Benetton (actionnaire dans Autostrade) dans le match Alitalia, réduisant à zéro les possibilités de sauver la compagnie aérienne nationale ».
COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « Salvini dicte les conditions sur la tenue du gouvernement » : « Salvini a dicté ses conditions qui obligent maintenant Di Maio à un changement de ligne politique, s’il veut éviter les élections anticipées. La preuve hier, la ligne Lyon-Turin (TAV) et l’autonomie renforcée figurent dans l’ordre du jour du gouvernement. Le leader de la Ligue veut encaisser ses bénéfices et modifier l’agenda en mettant Di Maio au pied du mur car il est clair que les deux sujets peuvent représenter d’excellents prétextes pour des élections anticipées. L’annonce que les fonds européens passent à 55% peut modifier les termes de l’analyse coûts-bénéfices en remettant la décision sur la table. Ce qui surprend, c’est la réaction de Di Maio. Au lieu de s’en prendre à Salvini, il a attaqué le ‘’parti du ciment’’ qui, s’il existe, est plus du côté de la Ligue que du M5S. La réaction du leader du M5S semble désespérée, faite plus de rhétorique que de signification politique, puisqu’il n’a pas la force de rompre et de provoquer les élections anticipées. Di Maio a ainsi passé le témoin à Conte en lui attribuant la responsabilité d’une décision qui va vers un feu vert. Le M5S ne peut pas se permettre d’aller aux élections ».
COMMENTAIRE La Stampa, M. Sorgi « Pourquoi Salvini tire la veste du M5S » : « ‘’Quitte ou double’’, c’est la nouvelle méthode du vainqueur des élections européennes qui dicte l’agenda du gouvernement. Chaque jour, le leader de la Ligue l’utilise pour les questions les plus controversées de l’alliance avec le M5S. Hier, c’était la fois de la TAV. Salvini a répété qu’il n’y avait pas de plan B. Il appelle l’attribution des JO de 2026 aux deux régions léguiste le succès de ‘’l’Italie des oui’. Il pousse ainsi Di Maio à épouser sa ligne sans utiliser le bouclier de Conte. Avec la même attitude, Salvini s’est présenté hier soir à la réunion au Palais Chigi en prétendant que la question des autonomies régionales est prioritaire sur les décisions à prendre dans le cadre des négociations avec Bruxelles. Il faut maintenant comprendre si cette méthode brusque de Salvini envers Di Maio vise à une improbable soumission des 5 Etoiles ou plutôt à pousser ces derniers à une rupture, avec les risques d’élections anticipées. Chose que le M5S veut éviter à tout prix (sans savoir s’il y parviendra vraiment) ».
ARTICLE Il Messaggero A. Gentili « Di Maio prêt au feu vert, l’attribution des JO a changé la donne » : « Le leader 5 Etoiles est prêt à négocier voire à donner son consentement car ‘’Salvini serait aux anges si on devait dire non’’ et ‘’sur la TAV il pourrait ouvrir une crise imminente’’. Aussi parce que si un gouvernement technique n’est pas trouvé, on rentre tous chez nous. Raison pour laquelle voyons voir ce que Conte peut obtenir dans les pourparlers avec les Français. J’ai pleine confiance en lui ». Au Palais Chigi on explique que ‘’tout dépendra de la négociation avec la France. Si Macron devait prendre en charge des dépenses en plus, puisque ses coûts sont mineurs, tout changerait. Il faut aussi comprendre la hauteur des pénalités en cas de renonce. Telt a aussi lancé ses avis de marché et l’UE a haussé ses fonds à 55%. On verra bien, le dossier est ouvert’’. Bref, Conte pourrait décider une sorte de réédition de la tactique du gazoduc TAP en évoquant in extremis les pénalités exorbitantes pour aller de l’avant, chose qui avait suscité la colère des 5 Etoiles. Par ailleurs, le feu vert du CIO aux JO d’hiver 2026 à Milan et Cortina ont changé le climat, avec la pluie de milliards et d’emplois, les 5 Etoiles anticipent un ‘’changement de phase, l’approche idéologique n’est plus la même’’ ».
EDITORIAL Corriere della Sera, A. Panebianco « La force du centre perdu » : « On perçoit très bien dans le pays un désir diffusé et non avoué d’un nouveau parti. C’est la requête de ceux qui s’opposent aux partis actuellement au gouvernement et qui, en même temps (comme l’ont prouvé les récentes élections européennes) ne sont pas attirés par les partis d’opposition (PD et Forza Italia). L’entreprise ne serait pas impossible : la mobilité électorale, aujourd’hui, est très élevée. Il n’y avait jamais eu auparavant une disponibilité d’autant d’électeurs à bouger politiquement d’un coté à l’autre. Avec le bon leadership et la bonne offre, un nouveau parti pourrait très bien obtenir un mandat électoral fort ».
ARTICLE, La Repubblica, Stefano Folli : « Di Maio et le bluff du gouvernement technique. » : « L’évocation d’un gouvernement technique de la part de Di Maio représente bien sa détresse : il n’a plus confiance en aucune formule ou alliance, et est prêt à tout pour éviter des élections anticipées. Luigi Di Maio porte sur ses épaules toutes les contradictions du M5S, y compris sa confrontation avec son rival Di Battista, fondée sur une lutte pour le pouvoir. En évoquant un gouvernement technique, il investit un champ constitutionnel qui ne le regarde pas : il concerne celui du Président de la République. Di Maio souhaite donc prolonger au maximum le gouvernement actuel qui « durera encore quatre ans », et évoque la « stabilité », parole d’ordre du M5S gouvernemental. Cependant, les vœux de Di Maio semblent être au-dessus de ses possibilités. Le PD, par exemple, a exclu la solution d’un gouvernement technique, privilégiant des élections anticipées. Enfin, selon les derniers sondages, la Ligue dépasse les 35% et Fratelli d’Italia (Meloni) les 6%. Comment peut-on penser recourir à un gouvernement technique, contre la volonté d’une telle expansion ? ».
ENTRETIEN de Roberto Fico (M5S), Président de la Chambre, La Repubblica : « Le blog ne suffit plus, revenons au dialogue ou nous finirons piétinés. » : « ‘’Concernant la fermeture des ports, je ne pense pas que ce soit une solution, nous avons besoin de règles, certes, mais également de critères justes, et de responsabilité européenne. L’Italie a les moyens de sauver ces personnes, nous ne sommes pas en situation d’urgence, la vraie bataille se trouve en Europe sur la révision du règlement de Dublin. Concernant la procédure, la négociation doit être menée par le Premier ministre et le ministre de l’Economie, l’Europe n’écoutera pas les multiples voix, elle les écoutera eux. Concernant le dialogue, nous avons aussi développé, en plus du blog, une participation territoriale, mais actuellement nous devons la réviser car elle s’est beaucoup affaiblie. Pour moi, les européennes n’ont pas été un référendum sur la TAV, sur ce sujet, je ne change pas d’idée. Enfin, nous devons redéfinir rapidement notre identité et nos valeurs, en mettant par exemple en avant les enjeux environnementaux’’».
ARTICLE La Stampa, M. Tropeano « TAV, l’UE décide une remise à hauteur d’1,6 milliards pour l’Italie » : « Si l’on devait suivre la trace de l’argent, alors un grand pas en avant a été fait hier à Paris pour la ligne Lyon-Turin lors du Cda de Telt. Par ailleurs, l’UE a officialisé sa volonté de financier le quota de financement communautaire également pour les routes nationales. Ce qui se traduit pour l’Italie d’une remise à hauteur de 1,6 milliards. La dépense du gouvernement de Rome passerait de 3, 104 milliards à 2,367 milliards. Une bonne nouvelle aussi pour Paris dépensera pour son tunnel de base 1,764 mlds au lieu de 2,289. Bruxelles contribuera à hauteur de la moitié de l’œuvre. Avant de signer le chèque, Bruxelles veut d’ici 15 jours la confirmation des engagements pris par les deux gouvernements de réaliser l’œuvre. Cela devra ensuite être confirmé par le nouveau Parlement européen et par la nouvelle Commission européenne ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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