24/06/2019
"Le cannibalisme de Salvini"
Italie. Revue de presse.
Les tensions au sein du gouvernement et à l’intérieur même des deux partis de gouvernement, font les gros titres des médias transalpins : « Mini-bonds, déchirure de Giorgetti » - ‘’C’est improbable. Flat tax, nouvelles tensions Ligue-M5S’’ (Corriere della Sera), « Double front : Giorgetti dément les mini-bonds, Di Maio attaque Di Battista’’ (La Repubblica), « Mini-bonds, marche arrière de Giorgetti pour un poste à Bruxelles » (La Stampa), « Giorgetti prend de court la Ligue » - ‘’Coup de froid au sein de la Ligue, Salvini insiste sur la flat tax’’ (Il Messaggero), « Gouvernement, tensions au sein des deux partis » (Il Mattino), « Des fissures au sein de la Ligue » (Il Giornale).
COMMENTAIRE La Repubblica, C. Tito « Le cannibalisme de Salvini » : « Infarctus institutionnel : voilà ce que risque le pays avec ce que l’on peut définir comme de l’hyperactivité -un euphémisme- de Matteo Salvini. Il décide, ordonne, même sur des thèmes et des fonctions qui ne sont pas les siens : il trouve les milliards pour la loi de finances à venir, convoque les syndicats (et pas seulement celui de la Police) pour éviter la grève générale. Il prend possession du rôle de la Farnesina et se présente en Europe, et surtout aux ISA, comme celui qui gère la politique étrangère de l’Italie, et peut-être même comme l’exécuteur des ordres arrivant de l’Est. C’est une forme de cannibalisme, il se nourrit des charges des autres. Le M5S est désormais embaumé et Conte, paralysé par la lutte intestine, et, justement, par un vice-président du Conseil présumé qui lui a enlevé toutes les cartes et les redistribue où il veut. Mais il le fait sans offrir de réelle solution. La sanction de l’UE pourrait nous rendre encore plus faible. Une véritable humiliation. Pas même le minime effort ne se profile à l’horizon, qui pourrait faire sortir correctement l’Italie de la crise, on propose une recette de leader, solitaire ».
ARTICLE, Il Messaggero, D. Pirone « Budget, Giorgetti recale les ‘’mini-bonds’’ et secoue la Ligue » : « Il y a une grande confusion au sein du gouvernement. Les propos de Giorgetti surprennent et prennent tout le monde de court. ‘’Y-a-t-il encore quelqu’un qui croit en Borghi ? Les mini-bonds ne sont pas possibles, sinon tout le monde les ferait’’. Si Borghi s’est montré prudent, il faudra voir maintenant comment Salvini réagira, puisqu’il s’était plusieurs fois exposé sur ce point. C’est la première fois que l’aile la plus modérée (qui tourne autour de Giorgetti et du président de la région Vénétie, Zaia) s’expose aussi ouvertement. Quant aux propos de Salvini sur la nécessité d’une réforme des impôts avec la flat tax, cela génère de fortes préoccupations au Palais Chigi et chez les 5 Etoiles. Di Battista accuse ‘’Salvini de chercher un incident’’ pour provoquer des élections anticipées en septembre. A ce stade, Conte et Tria restent silencieux. Mercredi, lors du conseil des ministres, il sera peut-être plus facile d’avoir des explications ».
RETROSCENA, Il Messaggero, M. Conti « La stratégie de Giorgetti déchire le réseau de Salvini sur l’UE » : « Le Secrétaire d’Etat léguiste au Palais Chigi a de fait épousé la ligne de Mario Draghi et du ministre de l’Economie Tria. Une action que certains tentent d’expliquer par la perspective d’une nomination à un poste de commissaire européen mais qui a comme conséquence immédiate de reporter tout le débat sur la dette. Les déclarations du Secrétaire d’Etat marquent une fracture au sein de la Ligue entre l’aile orthodoxe (Giorgetti, Zaia, Fontana) et celle plus eurosceptique et fantaisiste (Borghi, Bagnai) mais aussi un démenti de Salvini, qui a toujours apprécie les mini-bonds »
ARTICLE La Stampa F. Capurso« Di Maio et Di Battista, règlements de compte pour diriger les 5 Etoiles » : « Di Maio devait décider entre l’unité ou la réorganisation du mouvement. Il a choisi la seconde, pour donner une nouvelle structure et une nouvelle organisation à son parti. Par conséquent, il a abandonné Di Battista, avec lequel il y a désormais une profonde division. Et il a tenu à souligner ‘’si dans cette phase délicate quelqu’un déstabilise le mouvement avec des déclarations, il déstabilise également la capacité du mouvement d’orienter les choix du gouvernement’’. Si Di Battista minimise, Di Maio se rend à Campobasso à un meeting qu’aurait dû faire Di Battista pendant la campagne électorale européenne mais qu’il a déserté. Entretemps, le M5S perd une voix au Sénat, avec le départ de Paola Nugnes, qui passe au groupe mixte. Du coup, au Sénat, la majorité ne tient que par un écart de 3 voix. Quant au troisième courant, celui de R. Fico, ses hommes sont confinés à la Chambre, sans représentants au Sénat. Une paix imposée par la force est une paix bien fragile »
ARTICLE, La Stampa, P. Mastrolilli : « FAO : victoire chinoise, le candidat soutenu par les Etats-Unis s’arrête à 12 votes. La rage de Trump, prêt à retirer les financements. » : « La défaite américaine à l’élection du nouveau directeur général de la FAO comprend plusieurs volets. Premièrement, l’Italie, qui avait marqué son rapprochement avec les Etats-Unis, la semaine dernière, par l’intermédiaire de la visite de Salvini à Washington, a voté en faveur du candidat chinois. Par ailleurs, Bruxelles a démontré être également plus proche de Pékin que du candidat géorgien (12 votes) soutenu par Washington. Concernant l’Italie, c’est un affront envers les Etats-Unis, et une marque de confiance envoyée à la Chine après l’adhésion de la part de Rome, à la nouvelle Route de la Soie. Par ailleurs, nous ne pouvons utiliser l’excuse d’une solidarité européenne puisque nous n’avons pas soutenu la candidate française. Cette défaite américaine montre comment les rapports de force mondiaux sont en train de changer. La Chine se place comme le nouveau défenseur du système global, et utilises ses ressources économiques pour attirer de nouveaux alliés. Pékin offre de grands avantages économiques (Italie, Cameroun…), et obtient en échange la fidélité. Les Etats-Unis menacent de retirer leurs financements (environ 100 millions de dollars) : ce chiffre ne devrait pas représenter de difficulté pour la Chine, et pourrait au contraire favoriser des sentiments anti-américains. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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