18/06/2019
"Di Maio et l’obsession du 20 juillet : "résister jusqu’à ce jour.""
Italie. Revue de presse.
La question de la procédure d’infraction de l’Italie continue de faire les gros titres des médias transalpins. La presse évoque un ‘’défi’’ (Corriere della Sera) lancé aux institutions européennes, G. Conte souhaitant ‘’obtenir un report de la procédure’’ demandant aussi un avis qui ne tienne pas compte exclusivement des raisons de la finance mais aussi ‘’d’autres paramètres dans l’esprit européen’’ (Messaggero). Certains observateurs parlent d’un Président du Conseil ‘’isolé’’ en Europe (Repubblica) alors que l’OCDE, l’Istat et le Patronat critiquent la proposition du M5S du salaire minimum à 9€, considéré trop coûteux et ne favorisant pas la croissance : « Défi à l’UE sur les salaires et les impôts » (Corriere della Sera), « Salaire minimum, des coûts record » (Il Messaggero), « Décret croissance, coupes structurelles à partir de 2023 » (Sole 24 Ore).
La visite de M. Salvini à Washington est aussi largement reprise : « Le grand ami américain » - ‘’Salvini ne rencontre pas Trump mais se propose comme seul partenaire fiable’’ (La Repubblica), « Salvini se plie à l’agenda de Trump » - ‘’Pompeo et Pence obtiennent des rassurances sur Russie, Chine et Venezuela’’ (La Stampa), « Salvini aux ordres de Trump » - ‘’Le leader léguiste officialise le divorce avec la Russie et se marie avec les USA’’ (Fatto Quotidiano).
ARTICLE, Il Messaggero, M. Conti : « La stratégie de Conte : aucune loi de finances rectificative et report de la procédure de sanction» : « Obtenir un report de la procédure, après avoir montré que les comptes de 2019 ont été mis en ordre : voici l’objectif de Conte vendredi à Bruxelles. Eviter ou du moins suspendre la procédure d’infraction, reportant le jugement au budget de fin d’année, ne sera pas la seule argumentation sur la table à Bruxelles. Conte n’a pas l’intention de se faire marginaliser dans la négociation en cours sur les nominations des commissaires. Raison pour laquelle la lettre mise au point par le Président du Conseil est imbibée de ce sentiment euro-critique qui est toutefois un sentiment européen. D’où la demande d’évaluer d’autres paramètres jusque-là oubliés. Ce ne sera pas facile d’éviter une procédure. Et si Conte devait obtenir le report, le problème devra ensuite être affronté en fin d’année, quand la nouvelle Commission aura pris ses fonctions ».
ARTICLE, La Repubblica, A. Ginori, C. Lopapa : « Conte isolé en Europe : ‘’ La finance ne suffit plus, il faut la croissance ‘’ » : « La visite de Giuseppe Conte au salon aéronautique du Bourget est la représentation de la distance de l’Italie par rapport à l’Europe. D’un côté, Emmanuel Macron qui arrive dans l’Airbus militaire, qui assiste au spectacle de la Patrouille de France et qui bénit le prototype du nouveau chasseur militaire Next Generation Fighter, financé par France, Allemagne et Espagne, symbole d’une nouvelle « souveraineté européenne » dans le domaine de la Défense, dont notre pays est absent. De l’autre côté, le président du Conseil italien qui est snobé par le leader français et qui est obligé, pendant sa visite des stands de Leonardo et de l’Agence Spatiale Italienne, à parer les coups de son vice-président du Conseil Matteo Salvini, en mission à Washington, et qui tente de reporter à mercredi la réponse italienne à Bruxelles sur la procédure d’infraction. La tentative de trouver en Macron une aide dans les négociations européennes s’est résolu en rien, parce que le leader français, présent au Bourget au même moment, est reparti sans voir Conte. L’Elysée a affirmé qu’il n’y a pas eu de rencontre parce qu’ils se sont déjà parlés, il y a quelques jours, à Malte. Pendant que Salvini cherche le soutien américain, à Paris le couple franco-allemand travaille précisément pour s’affranchir de la domination militaire de l’allié américain, désormais toujours moins fiable. L’Espagne, comme cela arrive de plus en plus souvent, s’est accrochée à l’axe Paris-Berlin, pour adhérer au SCAF, une plateforme militaire de communication intégrée entre chasseurs, satellites et drones. Les difficultés pour construire une Défense commune en Europe sont encore nombreuses, mais l’Italie est totalement exclue de ce parcours. Un isolement industriel et militaire qui devient de plus en plus politique et Rome risque de se retrouver encore plus marginalisé, après jeudi, quand le gouvernement aura envoyé sa réponse à Bruxelles sur la procédure d’infraction. En effet, le Palais Chigi a communiqué qu’une rencontre entre Conte et ses deux vice-présidents aura lieu mercredi soir pour se mettre d’accord sur la ligne politique à suivre avec l’Europe. Et la ligne, comme déjà révélé par le président du Conseil Conte, sera très « critique », parce que l’Italie demande à l’UE un avis qui ne tienne pas compte exclusivement des raisons de la finance mais aussi ‘’d’autres paramètres dans l’esprit européen’’, car maintenant il faut penser à la croissance. Et pendant que Salvini, aux Etats-Unis, attaque à nouveau, de son côté, les accords de la Route de la Soie, signés par Conte et Di Maio, avec la Chine, parce qu’il partage les préoccupations de Trump, Conte, tout en confirmant la fidélité euro atlantique italienne, déclare que l’Italie considère la Chine un véritable interlocuteur et qu’elle est déterminée à poursuivre le fructueux parcours entrepris. Comme s’ils faisaient partie de deux gouvernements différents ! ».
ANALYSE Sole 24 Ore L. Palmerini « L’impact de la visite sur le gouvernement et sur l’UE » : « A Rome, on regarde la visite de Salvini aux Etats-Unis avec un peu de préoccupation pour les retombées internes vu que la relation avec Di Maio ne s’est pas améliorée et parce que nous sommes encore suspendus dans les négociations avec l’Europe, sur lesquels se joue aussi l’équilibre de l’exécutif, avec Conte et Tria. Mercredi il y aura le traditionnel déjeuner au Quirinal anticipant les réunions européennes pour comprendre comment s’est réellement passée l’étape américaine. Toujours mercredi devrait se tenir la première rencontre entre Conte, Salvini et Di Maio sur les négociations avec Bruxelles, ensuite les communications de Conte au Parlement. Hier, le ministre Salvini a assuré que le gouvernement ‘’ira de l’avant pendant 4 ans’’, mais chez les 5 Etoiles les préoccupations demeurent car il y a la conscience que plus le leader léguiste se rapproche des positions américaines, plus la divergence avec eux sera évidente. La visite de Salvini nait aussi de l’objectif d’obtenir un rapport privilégié en surmontant Di Maio. Les déclarations de Salvini sur la flat tax ont fait croire à certains au gouvernement que le ministre de l’Intérieur veut trouver chez les Américains ce bouclier politique et financier pour se ‘’protéger’’ de l’attaque de l’Union. Il est vrai qu’une autre partie au sein du gouvernement estime que Washington n’a pas intérêt à vouloir la fin de l’UE, car les Etats seraient ensuite la proie des deux grands adversaires des USA : la Chine et la Russie. Quant au bouclier financier américain, les grands fonds bougent selon des règles de convenance. Si l’Italie devait devenir un risque, la politique ne pourrait faire grand-chose ».
COMMENTAIRE La Repubblica S. Folli « Et les 5 Etoiles subissent encore » : « L’objectif était de faire passer le message que ‘’le Président du Conseil virtuel’’ ait été reconnu en tant que tel par Washington, de manière à avoir le dos protégé au moment où l’Europe prétend tenir le gouvernement Ligue-M5S dans la quarantaine de la procédure d’infraction. A compter d’aujourd’hui, le scénario change à nouveau, à Rome. Les 5 Etoiles ont été une fois de plus délégitimés et représentés comme les parents pauvres. Depuis Le Bourget, Conte a pu mesurer le grade d’isolement de l’Italie, cette fois-ci face à Macron à qui il n’a pas pu serrer la main, malgré les mots d’amitié réservés au Président français. Désormais, il y a trop de pain sur la planche pour faire des courtoisies à Rome. La lettre de réponse de l’Italie attend le feu vert des deux vice-présidents du Conseil. Galvanisé par la Maison Blanche, il est probable que les tons de Salvini seront de défi et même plus âpres que d’habitude ».
ARTICLE, Il Messaggero, M. Conti : « Axe Salvini-Amérique, défi à l’Europe : ‘’un budget à la Trump pour l’Italie’’» : « Les possibles frictions aperçues à la veille ont été surmontées avec quelques corrections de cap par Salvini. Tout d’abord les relations avec la Chine après la signature de l’accord sur la Route de la Soie ‘’un compte c’est un accord agroalimentaire, autre chose est livrer les intérêts stratégiques à la Chine’’. Il y a eu une harmonie sur les principaux sujet de politique étrangère : de l’Iran (‘’personne ne peut se permettre de déclarer qu’un pays doit disparaitre, comme le fait l’Iran avec Israël’’, au Venezuela ‘’Personnellement j’aurais reconnu la légitimité de Guaido’’, en passant par la Libye ‘’l’Idée des Français que l’intervention d’Haftar aurait été conclusive a été démentie ; il faut maintenant se réunir autour d’une table et évaluer si l’option de Misurata peut contribuer à un nouvel équilibre dans le pays’’. Salvini rentre à Rome fort d’une reconnaissance que l’administration Trump lui a donnée, lui qui est l’homme de référence en ce moment en Italie. Le message que Salvini a donné à l’administration Trump est qu’en ce moment Rome est plus proche de Washington par rapport à Paris ou Berlin. Un message qui pourrait cependant ne pas faciliter la négociation de Conte avec Bruxelles. Cela légitime Salvini quand il dit ‘’je fais partie d’un gouvernement qui, en Europe, ne se contente plus des miettes’’ : de la musique pour les oreilles d’un Trump supporteur du Brexit. Entretemps, Conte revendique la titularité de la politique étrangère ».
ARTICLE, La Stampa, G. Riotta : « Salvini se plie à l’agenda Trump. La commune vision souverainiste. » : « La mission américaine de Salvini n’a pas résolu les dilemmes stratégiques qui opposent l’Italie et les Etats-Unis, et qui risquent de se prolonger, également en cas de victoire démocrate en 2020. Cependant, l’orientation politique des deux hommes se ressemble : fermeté contre l’immigration, défense des intérêts nationaux, rejet des institutions internationales et du multilatéralisme. Par ailleurs, la rencontre entre Matteo Salvini et Mike Pence, vice-président des Etats-Unis, ainsi qu’avec Mike Pompeo, secrétaire d’Etat, démontre la reconnaissance officielle du succès électoral du leader de la Ligue aux dernières élections par les Etats-Unis. Washington sait que l’homme fort de Rome est désormais Matteo Salvini. Ainsi, les divergences sont nombreuses entre les deux pays : de l’enthousiasme de Giuseppe Conte sur l’adhésion de l’Italie au programme d’hégémonie chinoise « Cintura Strada » (« Nouvelle route de la soie »), au soutien à Nicolas Maduro au Venezuela, en passant par les sympathies pro-russes des italiens. Washington attend de l’Italie une plus grande stabilité et fidélité. En effet, l’Italie ne peut se permettre, à la manière des Etats-Unis, de faire cavalier seul, elle n’en a pas l’envergure. Rompre avec l’Allemagne, la France, l’UE et maintenant « l’ami Trump », serait une dérive catastrophique. En travaillant avec les collaborateurs les plus proches de Trump, le volcan Salvini semble en prendre acte. »
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo : « Di Maio et l’obsession du 20 juillet : “résister jusqu’à ce jour.” » : « Di Maio a rencontré ses ministres 5 étoiles pour évoquer les projets de Salvini. Di Maio est persuadé que le vice-premier léguiste souhaite faire tomber le gouvernement avant le 20 juillet. Cependant selon certains de ses proches collaborateurs, Salvini ne souhaiterait pas rompre si tôt, pour éviter d’affronter la loi de bilan seul. D’ici au 20 juillet, l’arme la plus importante de Salvini est le défi contre l’UE sur la procédure d’infraction, ainsi que la flat tax. Selon Di Maio, Salvini pourrait profiter de la faiblesse de Conte pour s’opposer à Bruxelles et provoquer de nouvelles élections, dont il serait vainqueur. La rencontre de Salvini aux Etats-Unis a renforcé le sentiment des 5 étoiles, sur la légitimité dont joui Salvini outre-Atlantique, ou il est vu comme le véritable homme fort italien. Les ministres 5 étoiles redoutaient hier un remaniement, avec deux ministères particulièrement sensibles : la Santé, dirigé par Giulia Grillo, et les Transports de Danilo Toninelli. Finalement, il n’en a rien été. Cependant, pour éviter des élections anticipées, Di Maio serait prêt à sacrifier quelques postes. »
ARTICLE Corriere della Sera, L. Salvia « Salaire minimum, accélération de Di Maio. Mais l’Istat et les entreprises le recadrent » - « Le vice-président du Conseil défend son décret dignité mais les entreprises le critiquent : cela coûtera 4,3 milliards. L’OCDE : 9 euros est trop élevé » : « Le chiffre de 9 euros serait ‘’le plus élevé de la zone euro’’ signale l’OCDE. Les coûts augmenteraient aussi pour l’Etat pour les salaires des employés publics. Toujours selon l’Istat, la dépense augmenterait de 698 millions. Une somme qui ‘’avalerait’’ quasiment le milliard prévu cette année pour le revenu de citoyenneté. Et donc l’argent que le gouvernement devrait utiliser pour stopper la procédure d’infraction de l’UE ».
ARTICLE Corriere della Sera A. Trocino « Dibba attaque Di Maio (et Salvini). Mais il est dans le collimateur au sein du M5S » : « Di Battista a écrit un ‘’pamphlet’’ comme il le définit, un de profundis du gouvernement, une petite bombe contre le gouvernement, sur Salvini et sur Di Maio. Les parlementaires n’ont pas lu le livre mais les anticipations les font bondir. Le mot ‘’argent’’ revient souvent, ils l’accusent d’avoir écrit ce livre pour en gagner. Un climat très lourd. Di Battista dit qu’il ‘’faisait confiance’’ à Salvini ‘’mais plus maintenant’’. Sur Di Maio, il estime de son devoir de ‘’le critiquer, le piquer quand nécessaire’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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