13/06/2019
"L’insistance de Salvini sur la réduction des impôts malgré son feu vert pour négocier avec l’UE."
Italie. Revue de presse.
Les tensions au sein du gouvernement pour déterminer la stratégie de négociation avec la Commission Européenne afin d’éviter une procédure d’infraction pour dette excessive font les gros titres des médias italiens : « Les conditions de Di Maio pour la flat tax » - ‘’Salvini quitte la réunion avant l’heure’’ (Corriere della Sera), « Salvini à ses ministres : tenez-vous prêts » (La Stampa), « Flat tax, un piège pour le gouvernement » - ‘’Le Trésor s’y oppose pour manque de couvertures, Salvini réunit les siens mais donne son feu vert pour négocier avec l’Europe’’ (Il Messaggero), « Flat tax, le g
ouvernement vacille » (Il Mattino), « Tria s’oppose à la flat tax en déficit, colère de Salvini » (Il Sole 24 Ore), « Une manœuvre de sortie » - ‘’La majorité divisée sur la réduction des impôts en déficit’’ (Avvenire), « Salvini-Toti-Meloni, les trames pour les élections anticipées » (Il Giornale).
ENTRETIEN, Luigi Di Maio, vice-président du Conseil et ministre du Développement économique, Corriere, « Pas de remaniement prévu. Une loi de finances en déficit ? Nous ferons ce qu’il faut » : « ‘’Nous allons en Europe justement pour défendre les Italiens. Nous voulons nous faire respecter, bien sûr, mais avec une attitude responsable. Un dialogue avec l’Europe est nécessaire, et je suis le premier à le vouloir. L’Italie est un pays européen et doit le rester, mais il n’est pas non plus possible que les Italiens doivent courber l’échine. Notre objectif est de baisser les impôts et nous le ferons, la TVA n’augmentera pas. Contre l’Europe des coupes et de l’austérité, le M5S ne s’est jamais laissé faire. Sur la flat tax nous avons immédiatement dit qu’elle devait servir à la classe moyenne et non aux riches. Sur le décret-sécurité bis, nous avons demandé un approfondissement pour éviter des normes inconstitutionnelles. L’important, quoi qu’il en soit, est que l’Italie ait un portefeuille comme le budget ou la concurrence’’. »
ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Fiammeri : « L’ultimatum du leader de la Ligue » : « Sans une réduction des impôts, à commencer par la flat tax, il est inutile d’aller de l’avant. Voici le message que Salvini a laissé hier sur la table autour de laquelle étaient assis Conte, Tria et Di Maio. Si ce n’est pas un ultimatum, ça y ressemble beaucoup. La préoccupation exprimée par le ministre de l’Economie pour les tensions croissantes avec Bruxelles et le risque d’une infraction ne le touchent pas. Salvini évoque plutôt une ‘’Commission sortante, délégitimée’’. Salvini s’active en jouant contre la montre. Il est persuadé qu’en gardant la ligne dure, cela aidera à éviter un compromis au rabais ».
ARTICLE, La Stampa, Francesco Bei : « Le gouvernement embourbé dans les peurs. » : « Les 5 étoiles redoutent un vote anticipé qui leur serait fatal. L’arrestation de Paolo Arata, accusé d’être un important médiateur entre la Ligue et le crime organisé, montre le climat de peur qui inonde la vie politique italienne. Les 5 étoiles, auparavant attentifs aux affaires de corruption se taisent et courbent l’échine face à la Ligue. Au sein du gouvernement, l’affrontement entre Tria et Salvini sur la politique à mener face aux menaces de sanctions de l’UE, renforce ce climat pesant. Enfin, Salvini s’ingère dans des dossiers industriels de première importance (Alitalia, Ilva, Whirlpool, Iveco), et montre sa divergence avec les orientations de Di Maio. Le sort réservé à ces milliers de travailleurs concernés par ces affaires sera déterminant, avec le risque de féroces protestations. Les menaces et la peur concernent désormais l’ensemble des composantes du gouvernement. »
ARTICLE, La Stampa, A. La Mattina : « Salvini accuse Di Maio sur les crises industrielles et prévient ses ministres « maintenant tenez-vous prêts. » » : « Salvini a fait comprendre à ses ministres de se tenir prêts car « les choses ne vont pas dans le bon sens », et que la corde peut se rompre à tout moment. Hier, chez lui, avec ses ministres Fontana, Centinaio, Bongiorno, Stefani et Bussetti, le leader du « Carroccio », a répété ce qu’il affirme en public : il ne souhaite pas de crise gouvernementale, mais il y a trop de questions ouvertes et difficilement traitables, notamment concernant Alitalia, que Salvini souhaite privatiser, et l’Ilva : Di Maio souhaite modifier des accords avec sa société mère ArcelorMittal, au risque de fragiliser les établissements présents sur le sol italien. Par ailleurs, Bruxelles et les pays prônant la rigueur budgétaire, souhaitent que la procédure sanctionnant l’Italie soit effective. Sur ce sujet, les dissensions sont fortes entre Salvini et Tria le ministre de l’Economie. Tria, avec le soutien de Conte, a demandé des comptes à Salvini, notamment sur les couvertures financières concernant la flat tax. Salvini a répondu qu’un projet de loi était prévu, mais qu’un dépassement budgétaire était inévitable. »
ARTICLE, Il Messaggero, A. Gentili : « ‘’Nous respectons les pactes mais maintenant de nouvelles règles” : la lettre de Conte et le soutien de Paris» : « D’après des informations du Palais Chigi, Conte dans sa lettre pointe du doigt ces pays (notamment l’Allemagne) qui ne respectent pas les règles du surplus commercial et dénonce le comportement ‘’déloyal’’ de ceux qui utilisent ‘’le levier fiscal particulièrement favorable à l’intérieur du marché unique, générant une sorte de dumping fiscal’’. Pour tenter de bloquer la procédure d’infraction, Conte a un besoin absolu d’alliés. D’après l’entourage de Conte, parmi les alliés potentiels figurerait Emmanuel Macron. Le Président du Conseil et le Président français auront une rencontre bilatérale vendredi à Malte, à l’issue du sommet Med7. Tout comme Conte, Macron a un grand besoin de desserrer les contraintes budgétaires pour galvaniser la croissance. Un peu comme l’Espagne, le Portugal et aussi la Belgique ».
ARTICLE, Il Messaggero, M. Conti : « L’insistance de Salvini sur la réduction des impôts malgré son feu vert pour négocier avec l’UE » : « La réunion de mercredi matin a donné le feu vert à la négociation avec Bruxelles pour bloquer, ‘’coûte que coûte’’, la procédure d’infraction et a permis à Tria de partir pour le Luxembourg sans craindre le feu ami. La politique des ‘’petits pas’’ est la seule possible pour le gouvernement. On assiste à une sorte de paix armée destinée à se terminer fin juillet : une fois évitée la procédure d’infraction, Salvini commencera à demander une réduction des impôts. La flat tax représente cet alibi que Salvini pourrait utiliser pour pousser l’Italie à des élections anticipées, tout en attaquant Bruxelles ».
ARTICLE, La Repubblica, A. Cuzzocrea : « Avec Di Maio ou avec Conte, désormais il y a deux M5S » : « Luigi Di Maio a tenté, par tous les moyens, de maintenir le front du M5S uni, par des rencontres avec les conseillers et les maires, par les ‘’ sages ‘’ au téléphone, par un déjeuner avec Beppe Grillo, pour essayer de sauver le gouvernement. Mais les ‘’loyalistes‘’ sont de moins en moins. Les déclarations de Giuseppe Conte à La Repubblica ont été considérées, par les dirigeants des Cinq Etoiles, « parfaitement équilibrées ». Céder devant Salvini sur le décret sécurité bis, l’imiter avec des contrôles ad hoc dans les magasins des Chinois et des Pakistanais (du jamais vu, un contrôle sur une base ethnique) et le suivre dans les propositions de la Ligue, tout cela est, pour beaucoup, une stratégie suicide. La première préoccupation de Conte est de ne pas donner de prétextes à l’Europe pour aller de l’avant avec la procédure d’infraction pour dette excessive, parce qu’il est convaincu que les deux vice-présidents du Conseil sont en train de sous-estimer le problème et qu’ils n’ont pas compris que, suite aux résultats de dernières élections européennes, le poids de l’Italie en Europe n’a pas augmenté. Au contraire, il s’est réduit. Conte était jusque-là un sparring-partner. Maintenant, il a un rôle en tant que protagoniste au sein du M5S. Les relations entre les deux hommes politiques ne se sont pas encore détériorées, mais la compétition est désormais ouverte. L’alarme du président Conte est partagée par le président de la Chambre Roberto Fico qui, même avec le ministre de l’Economie Tria, en en train de travailler sur plusieurs dossiers. Di Maio n’a aucune envie de faire de l’autocritique, mais il pourrait être obligé à le faire pour deux raisons. La première due à l’absence de limites dans les ambitions de la Ligue, la deuxième à cause de Beppe Grillo. Il reste un grand point d’interrogation : Alessandro Di Battista, toujours en équilibre entre ‘’ loyalistes ‘’ et ‘’ orthodoxes ‘’ ».
ARTICLE, La Stampa, M. Sorgi : « La journée noire du Capitaine » : « Tria, le ministre de l’Economie, cherchera dans les prochaines semaines à convaincre ses partenaires européens. Il est prêt à payer un acompte, en attendant de renégocier avec la nouvelle Commission en octobre. Cependant, l’Italie doit se dépêcher de fournir des éléments, et pourrait déjà envisager sérieusement l’application de la procédure et des sanctions. Les paroles rassurantes de Conte ne doivent pas nous cacher la tempête à venir. »
COULISSES Corriere della Sera T. Labate « ‘’On veut me remplacer ?’’ : les doutes des ministres M5S et la pression de la Ligue » : « Quand G. Conte, au forum Ansa, dit qu’il n’y aura pas de remaniement, le thème a déjà mis le feu aux fusibles des téléphones du palais Chigi. Sur le tapis, le vieux dossier du remplacement de Savona aux Affaires européennes, dont l’intérim est assuré par Conte, et les ‘’mauvaises notes’’ donnés aux ministres M5S dont les cas les plus chauds sont celui de Giulia Grillo (Santé) et Danilo Toninelli (Infrastructures). Le jeu est calqué sur les équilibres de la guerre froide en cours entre Conte et le tandem Salvini-Di Maio. Le M5S, qui s’attend à ce que Salvini fasse officiellement la demande, pourrait céder à la fois sur le choix du Commissaire européen, le remplacement de Savona et sur la Santé, tandis qu’il ne cèdera pas sur les Infrastructures qui lui ‘’revient’’ ».
ARTICLE, La Stampa, F. Manacorda : « Des annulations dans la boîte » : « Le gouvernement jaune-vert ferme les yeux sur de nombreuses évasions fiscales. L’objectif est de satisfaire une base électorale à la recherche de remises fiscales. Mais à force de chercher à plaire et d’effectuer des remises, le risque pour le gouvernement est d’accepter de l’argent de n’importe quelle provenance, et de ne pas être trop regardant sur l’origine des fonds. L’idée de Salvini de « libérer tout le monde », peut faire faire à l’Italie un pas en arrière dans le respect des normes. »
ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, W. Mara : « Les possibilités pour Moavero et Giorgetti en perte de vitesse » : « Qui sera le commissaire européen italien ? L’actuel ministre des Affaires étrangères Moavero Milanesi ou le Secrétaire d’Etat Giorgetti ? Le débat italien s’est fait autour de ces deux noms, les seuls qui semblent adéquats. Or, aucun des deux ne convainc pleinement. Cela pour des raisons différentes. Moavero y travaille depuis des mois, il aurait un CV parfait, avec son expérience en Italie et en Europe. Toutefois, la Ligue ne peut pas le souffrir et le M5S le soutient tièdement. Des sources du Palais Chigi font noter à quel point Moavero est peu incisif à la Farnesina. Mattarella lui-même le soutiendrait de moins en moins. Quant à Giorgetti, il semblerait n’avoir aucune intention de se porter candidat. Par ailleurs, il ne parle ni le français ni l’allemand. Entretemps, Conte fait son possible pour éviter le pire : Weidmann à la tête de la BCE. D’où son accord immédiat à la proposition de Macron pour Merkel à la tête de la Commission Européenne. Dans ce cas, un Allemand à la Banque Centrale serait impossible ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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