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28/05/2019

"Et maintenant Salvini "donne les 30 jours" à Di Maio."

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Italie. Revue de presse.

Les premières orientations de M. Salvini après sa victoire aux élections européennes font les gros titres des médias italiens :  « Salvini ouvre immédiatement deux fronts » (Corriere della Sera), « Et maintenant Salvini ‘’donne les 30 jours ‘’ à Di Maio » (La Repubblica), « ‘’ Sur la dette, je dirai non à l’Europe ‘’ » (La Stampa), « Salvini dicte l’agenda, M5S en crise » - ‘UE et M5S, Salvini à l’attaque’’ (Il Messaggero, Il Mattino), « Salvini défie l’UE sur les comptes, hausse du spread » (Sole 24 Ore), « Pour les Cinq Etoiles une voie obligée, l’opposition » (Il Fatto Quotidiano).

ARTICLE, C. Lopapa, Repubblica, « L’ultimatum de Salvini au M5S : six ‘’oui’’ immédiatement ou c’est fini » : « Il l’appelle le ‘’chrono-programme’’ et c’est la liste des six conditions imposées par Salvini à Di Maio et aux siens pour poursuivre l’aventure.  ‘’D’ici cet été, je veux un « oui » concret sur l’autonomie, le décret pour lancer les chantiers, la réduction des impôts, la TAV et la réforme de la justice, en plus de la sécurité déjà au conseil des ministres de mercredi. Sinon il est inutile de rester au pouvoir, on peut retourner voter’’ : telle est la stratégie que le vice-président du Conseil italien Salvini, fort de ses 34,3%, concorde avec Giorgetti (Ligue) et l’état-major de son parti avant de quitter Milan pour rentrer au ministère de l’Intérieur. Di Maio veut une rencontre, Salvini se dit ‘’plus que disponible’’ : ils pourraient se voir ce matin avant que Conte rejoigne Bruxelles pour une rencontre informelle des chefs d’Etat et de gouvernement d’après-vote européen. Mais il est plus probable que ça se fasse demain. »

COULISSES, I. Lombardo, Stampa, « Conte soutient le gouvernement et ouvre au ‘’oui’’ pour la TAV. Les doutes sur Salvini : ‘’il veut ma place’’ » : « Dans ces moments de turbulence, Conte admet qu’il semble que Salvini veuille sa place. De nombreux thèmes sont prévus. La TAV est très importante : les discussions avec les partenaires français serviront à gagner du temps et à préparer le terrain le plus fertile pour un ok à la fin. La revoir entièrement, rediscuter les quotas de financement entre Paris et Rome seront les prémisses pour pouvoir monter la justification que le M5S devra donner aux activistes.  Les autonomies régionales seront un autre banc d’essai et comme le dit Di Maio : ‘’il ne faut pas créer des régions de série C. Tout dépendra de comment la loi s’écrira et cela dépend de l’accord entre Conte, Salvini et moi’’ ».

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « Le leader de la Ligue relance sur les impôts (et attaque l’UE) » : « Pendant les heures de la « grande émotion », Salvini n’oublie pas le conseil de Giorgetti, c’est-à-dire de ne pas oublier que Matteo Renzi, même en ayant remporté les élections européennes avec 40 % de voix, avait ensuite perdu le contact avec la réalité. Et donc, Salvini rappelle qu’il faut toujours garder les pieds sur terre. Il souligne l’importance de respecter le contrat de gouvernement et surtout que le temps des attaques est fini, il faut travailler pour le pays. Il rassure aussi Di Maio et affirme que le M5S recommencera à croître ».

ARTICLE, Il Messaggero, A. Gentili « Tav, la flat tax, l’autonomie, les conditions des gagnants aux alliés » : «’’C’est du jamais vu : un leader d’un parti politique qui perd la moitié des voix et demande de convoquer un sommet de la majorité’’. Commentant les propos de Luigi di Maio, Salvini ne cache pas son irritation. Et, il présente à son allié haï le compte des trente jours : d’ici fin juin, il veut recevoir une réponse à la requête de la Ligue. Si la réponse est non, notamment par rapport à la liaison Lyon-Turin (Tav) et à l’autonomie, alors ce sera la crise. Des élections auront alors lieues en septembre. Demain, le premier Conseil des Ministres post-vote aura lieu, Salvini a décidé d’y porter le décret de sécurité bis. Dans la soirée, un projet avait circulé : le ministre de l’Intérieur pour des raisons d’ordre public pourrait bloquer les bateaux sur les eaux italiennes en s’appuyant sur les autres ministres compétents, de la Défense et des Transports tout en « informant le président du Conseil des Ministres ». Invoqué par Di Maio, la réunion de la majorité n’a pas encore eu lieu. Pour le moment, ce qui tient le plus à cœur à Salvini, ceux sont les coupes fiscales. La Flat Tax est la première proposition brandie par Salvini dimanche soir. Il l’a relancée hier soir pour toute la journée. Si Salvini veut s’imposer face à Bruxelles, Giuseppe Conte, lui, n’a pas l’intention d’aller à l’encontre de l’avis de Bruxelles. Sur cette opération sur le fisc, Salvini est bien décidé à obtenir la réhabilitation de Siri. »

ARTICLE, Corriere della Sera, E.  Buzzi : « Di Maio, la rencontre avec Di Battista. Maintenant le leadership sera partagé » : « Une rencontre qui donne le feu vert à la troisième phase de la vie du Mouvement ainsi qu’à une redistribution des tâches. Le jour après la défaite du M5S aux élections européennes, il y a eu une rencontre des leaders des Cinq Etoiles, pour trouver une stratégie commune dans le but de surmonter l’impasse. Luigi Di Maio est assiégé par les demandes de clarification et par la nécessité d’une réaction. Ses choix sont dans le collimateur. Tous. Di Maio a affronté la conférence de presse en soulignant la ligne politique et en demandant une rencontre avec le président du Conseil Conte pour repartir immédiatement. Mais autour de lui, les autres leaders sont en train de réfléchir sur l’avenir. Grillo et Casaleggio ont parlé au téléphone et, probablement, le garant a aussi parlé avec Di Battista, qui serait prêt à rentrer avec un rôle important dans la nouvelle structure que le Mouvement va lancer. L’ancien député a, en effet, quelques heures plus tard, confirmé sa disponibilité. Une rencontre de trois heures s’est déroulée au ministère du Développement Economique avec Di Maio et tous les responsables, pour souligner la cohésion. Mais il y a eu aussi des moments de tension, Di Maio a affirmé qu’il est prêt à faire un pas en arrière, mais tous ses collaborateurs lui ont confirmé leur confiance. Le vice-président du Conseil a été d’accord sur la nécessité de maintenir une relation étroite avec le territoire et a assuré sa participation aux prochaines assemblées régionales. La ligne politique reste celle de garder l’identité du Mouvement et de laisser travailler l’allié, mais sans reculer. Et il y a quelqu’un qui dit que si la Ligue veut faire la flat tax, elle doit s’adresser au ministère de l’Economie et Finances, où il y en a beaucoup qui la demandent ».

ARTICLE, Il Fatto quotidiano, L. De Carolis : « Le tourment de Di Maio : “on débranche ou pas ?” : « Dans ce gouvernement, le M5S est en enfer et la Ligue suffisamment puissante pour prétendre donner toutes les cartes. C’est un désastre pour Di Maio qui doit trouver une solution et regrouper les siens, il s’appuie notamment sur Alessandro Di Battista, son premier conseiller et membre M5S de la première heure. Di Maio doit premièrement comprendre si le M5S veut sa démission. Cependant, le Mouvement ne semble pas vouloir destituer son leader, car les alternatives manquent. Di Battista insiste sur le besoin de retrouver l’identité initiale du M5S, à travers des thèmes comme l’environnement ou la corruption. Di Maio a avoué s’être trompé d’alliés aux élections européennes, reconnaissant un résultat désastreux. Par ailleurs, l’abstention a été forte dans le Sud, ce qui joue en la défaveur du M5S. Cette semaine, la Commission évalue le déficit italien sur 2018, que le revenu de citoyenneté a agrandi : la menace d’une lourde sanction est grande. Conte et Di Maio souhaitent que le gouvernement aille de l’avant, tandis que Di Battista assure que les valeurs du Mouvement seront défendues. La ligne du M5S est de continuer, et d’insister, « parce que si nous faisons tomber le gouvernement, les gens ne comprendraient pas », explique Di Maio. Mais le vainqueur est bien Salvini, et les cartes sont dans ses mains. »

ARTICLE Sole 24 Ore R. D’Alimonte « Le Sud a été déterminant pour le renversement des pouvoirs entre la Ligue et le M5S » : « Avec la ‘’Ligue du Nord’’, Salvini a réussi à dépasser la barre des 40% des voix en Vénétie et en Lombardie, à remporter les élections régionales au Piémont et à faire de la Ligue le premier parti en Emilie-Romagne. Avec la ‘’Ligue du Sud’’, il a pratiquement multiplié par 4 son score dans les régions méridionales en passant de 6,2 à 23,5%. Salvini a été habile mais il a également eu de la chance : la coïncidence des élections européennes et locales, ce qui l’a favorisé clairement, aux dépens du M5S. Pour les 5 Etoiles, ces élections semblent révéler une fracture profonde avec une partie significative de son électorat. Et soulèvent plusieurs doutes sur son avenir. Quant au PD, Zingaretti a réussi à donner une physionomie et une unité au parti. Toutefois, il ne faut pas se faire piéger par les pourcentages : en 2018 le PD de Renzi avait remporté 6 153 081 voix, le PD de Zingaretti 6 050 351. Le chemin pour revenir au gouvernement est très compliqué ».

ARTICLE, Il Messaggero, M. Ajello « La route habituelle pour les vainqueurs » : « Les problèmes de la victoire, comme disait Wiston Churchill, sont plus plaisants mais pas moins exigeants que ceux de la défaite. Matteo Salvini expérimentera sans doute par lui-même cette vérité alors que la vie politique va s’intensifier d’ici les prochains jours. Le leader victorieux se retrouve devant une série de difficultés découlant de la faiblesse du vaincu Di Maio. Ce dernier se retrouve avec des votes diminués. »

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Fubini : « Dette, l’Italie risque la lettre UE » : « Une rencontre, qui était déjà prévue depuis longtemps a eu lieu hier au Palais Chigi. Cette salle de contrôle devait prendre deux décisions immédiates : ce qu’il fallait écrire dans la lettre que le gouvernement doit envoyer à la Commission UE dans les jours à venir et, avant même, ce que le président du Conseil Conte pourra dire à Jean- Claude Juncker, ce soir à Bruxelles, pour le rassurer sur la situation italienne. Juncker devra probablement gérer la situation du budget italien en automne, dans l’attente de l’élection du prochain président de la Commission, et il a donc choisi de ne pas attendre le dernier moment pour annoncer la procédure pour déficit excessif. L’année dernière, le gouvernement de Paolo Gentiloni s’était engagé, pour éviter la procédure, à réduire de 0,3 % du PIB le déficit ‘’ structurel ‘’. Il y a une autre raison derrière cette annonce de Juncker et de Moscovici : ils ne sont pas convaincus du programme italien de cette année ni de celui de l’année prochaine. Bruxelles a remarqué que les leaders du gouvernement italien sont en train de promettre des fortes coupes aux impôts (la flat tax), malgré des comptes pas clairs mais, en même temps, ils excluent l’augmentation de la TVA. La rencontre d’hier répondait, en fait, à la nécessité de faire comprendre à la Commission que la situation économique italienne est meilleure que prévue mais peut-être que cela ne suffira pas. Les ministres des Finances européens devront décider d’ici le 9-10 juillet. À la suite des déclarations d’hier de Salvini, qui a refusé l’approche à la procédure, les investisseurs ont vendu les bons Italiens, en faisant augmenter de 13 points le spread. Il s’agit donc d’une situation très délicate et dangereuse, que Juncker ne veut pas laisser ouverte. Bruxelles se sent trompé par les engagements non respectés de l’Italie, tandis que la dette augmente. La Commission a affirmé de comprendre les inconvénients d’ouvrir la procédure, mais elle s’est aussi demandé l’utilité de ne pas le faire ».

ARTICLE, Il Fatto quotidiano, S. Feltri : « L’Italie va seule contre l’austérité. » : « Après sa victoire aux européennes Salvini a annoncé un changement dans le mode de fonctionnement de l’UE, avec davantage de marge laissée aux Etats membres dans leur gestion financière. Cependant, la Commission est prête à ouvrir une procédure contre l’Italie pour déficit excessif en 2018, elle risque une sanction de 3.5 milliards d’euros. L’actuelle Commission Juncker restera encore quelques mois et gèrera cette affaire, d’autant que la composition du prochain Parlement européen ne sera pas très différente de l’actuelle (entre Socialistes, Libéraux et Populaires), malgré une poussée des partis souverainistes. La possible procédure envers l’Italie sera dévoilée le 5 juin prochain, ainsi que l’ensemble des recommandations spécifiques pour chaque pays, et sera discutée et votée au Conseil européen du 20 juin. L’attention des marchés, bien disposés à l’égard de la Ligue, sera forte. La Ligue de Salvini est assez isolée au sein de la nouvelle Union, et il sera compliqué pour l’Italie de demander une révision des règles budgétaires. L’axe méditerranéen qui faisait opposition aux pays du Nord, guidés par l’Allemagne, est en train de se fracturer. En Grèce, se profile le retour au pouvoir de la Nouvelle Démocratie, au détriment de Tsipras. L’UE a vanté le retour à la stabilité budgétaire de l’Espagne et du Portugal. En effet, Salvini se retrouve isolé dans sa volonté de défendre le droit à la souveraineté budgétaire. Par ailleurs, certaines normes européennes se sont insérées dans la Constitution italienne, et engager une réforme de la loi italienne enverrait un message fort aux marchés. Si Salvini et Conte s’y essayent, les réactions risquent d’être douloureuses pour l’Italie. »

EDITORIAL, Maurizio Molinari, directeur la Stampa, « Souverainistes avec racines en Italie » : « Lors des élections européennes de dimanche, l’Italie a montré trois caractéristiques qui en soulignent le rôle de laboratoire du populisme européen. La première a trait à la fluidité de l’électorat, dont une composante importante change rapidement d’avis, ce qui affaiblit les forces politiques. La seconde caractéristique est liée au fait que le total des électeurs de la Ligue et des Cinq étoiles reste stable dans l’ensemble par rapport aux élections de l’an passé : donc, la protestation vis-à-vis des partis traditionaux reste valable. Mais la troisième caractéristique populiste qui a le plus conditionné le vote italien c’est le petit crucifix que Salvini montre dans son discours sur la victoire de la Ligue et qui met en avant le facteur-clé qui lui a permis de dévaliser les voix de l’allié–rival : le rappel à l’identité ethnico-nationale.  Ces racines ethniques sont communes à Salvini et à ses alliés Le Pen et Farage. Il est impossible de savoir ce que la tentative de transformer le souverainisme est une entité politique organisée à Strasbourg   comme destin mais il est certain que c’est un processus dont la genèse se fait dans notre pays laboratoire ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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