23/05/2019
"Le tour de vis de Salvini : "après les élections tout change, Di Maio sera de plus en plus faible.’’
Italie. Revue de presse.
La convocation du Président du Conseil G. Conte et du Ministre Salvini au Quirinal fait les gros titres des médias transalpins : « Le gouvernement ne tient qu’à un fil » - ‘’Conte et Salvini convoqués au Quirinal. Mattarella, inquiet pour les querelles, demande des garanties en vue du budget’’ (Il Mattino), « Le décret sécurité après les élections » - ‘’Conte souligne : aucune censure préalable du Quirinal’’ (Corriere della Sera), « Les ‘’refoulements’’ de Mattarella » - ‘’Le Président de la République bloque le décret-sécurité après la rencontre avec Conte et Salvini’’ (La Repubblica), « La capitulation du gouvernement : les élections décideront le cap » - ‘’Les décrets reportés, Mattarella demande à Conte des garanties sur les comptes publics’’ (Il Messaggero),
Les prévisions de croissance revues à la baisse (0,3% au lieu de 1,3%) et l’appel du patronat Confindustria pour un changement de cap sont également reprises : « Le choix du patronat Confindustria : nous sommes protégés par Mattarella » - ‘’Mattarella acclamé, coup de froid avec le gouvernement’’ (La Stampa), « Boccia : fini le temps des bluffs, il faut un projet pour l’Italie’’ » (Sole 24 Ore).
Journaux télévisés : Les journaux télévisés se focalisent sur l’entrevue Conte-Mattarella au Quirinal, sur le report des deux décrets Sécurité et Famille et sur la commémoration à Palerme de l’attentat mafieux à Capaci contre le magistrat Giovanni Falcone.
ANALYSE Sole 24 Ore L. Palmerini « Conte et Salvini reçus au Quirinal, les décrets reportés » : « Au Quirinal on souligne ce que le Président du Conseil dira en conférence de presse : dans cette histoire le rôle du Chef de l’Etat n’a pris aucune coloration politique. Il s’est juste limité à expliquer les difficultés constitutionnelles constatées sur les deux décrets ‘’Sécurité’’ et ‘’Famille’’. Après les deux entrevues, tout le monde a baissé de ton et Conte a pu trouver un armistice équilibré. Bref, il a été possible de trouver une issue à une sorte de court-circuit institutionnel après la tentative du monde politique d’impliquer le Chef de l’Etat dans un énième duel. Une polémique qui avait échappé à tout contrôle, au point de pousser Conte à expliquer le climat de l’entrevue avec Mattarella : « il n’est pas possible d’attribuer au chef de l’Etat une censure préalable ». Lors de la conférence de presse, Conte a confirmé que les doutes signalés par le Quirinal seront accueillis, évitant ainsi d’aller contre des inconstitutionnalités évidentes. Salvini sur le plateau de Porta a Porta (Rai Uno) confirme cela ‘’Le décret sécurité est dans les mains de Mattarella : la partie la plus importante concerne la lutte contre la mafia. Celle sur les migrants n’est qu’une petite partie’’. Ce qui veut dire que les parties critiques, celles sur les ‘ports fermés’’ et les sanctions contre les navires et sur certaines dispositions d’ordre public ont été revues selon les observations des services juridiques présidentiels ».
COULISSES Il Messaggero M. Conti « Le Quirinal demande des garanties en vue de la loi de finances » : « Le déjeuner au Quirinal entre Mattarella et Conte, au-delà du décret-sécurité, a surtout été une occasion d’évaluer le ‘’climat’’ régnant au sein du gouvernement. La campagne pour les européennes conduite par Salvini et Di Maio sur le fil de l’insulte, a représenté une nouveauté même pour le Président Mattarella, avec une difficulté, par ailleurs générale, de comprendre la différence entre ‘’théâtre de boulevard’’ et vérité et a convaincu l’électorat que le gouvernement actuel risque de ne pas durer. Conte a tenté de le rassurer : « ce n’est pas vrai » a-t-il dit « que les deux vice-présidents du Conseil ne se parlent pas. Ils ont juste eu peu de temps pour se voir durant cette campagne. Tout devrait revenir dans la norme après les élections ». Le double entretien de Mattarella hier, d’abord avec Conte, ensuite avec Salvini, confirme avec combien d’attention et d’inquiétude le Quirinal suit l’après-vote. Que le gouvernement dure quatre ans, comme l’assurent Di Maio et Salvini, il sera possible de le confirmer qu’après le 5 juin (et non le 26 mai, date des européennes), quand Bruxelles donnera ses devoirs de vacances à l’Italie : c’est là que Mattarella comprendra si la récréation est vraiment finie ».
RETROSCENA (Coulisses), La Repubblica, T. Ciriaco, C. Lopapa : « Giorgetti menace l’adieu et Salvini veut un autre président du Conseil » : « Le président du Conseil Giuseppe Conte est dans le collimateur de Matteo Salvini et de Giancarlo Giorgetti (Ligue). La stratégie est simple : si la Ligue remporte les élections européennes, la seule alternative au vote anticipé sera le remplacement du Président du Conseil par un homme de la Ligue. Le secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil Giorgetti a déclaré qu’il ne voulait pas du tout accuser Conte mais qu’on ne peut pas continuer ainsi et il a aussi menacé de démissionner. Hier le Quirinal a convoqué Conte et le ministre de l’Intérieur Salvini, avec lequel le Président Mattarella a discuté sur le décret sécurité pour apporter des modifications essentielles à son adoption, après les élections. De son côté, Luigi Di Maio a affirmé que tous les jours il y a quelqu’un qui menace d’une crise de gouvernement, sur la base des sondages et que maintenant il faut arrêter avec les intimidations ».
ARTICLE, Corriere della Sera, Marco Cremonesi : « Giorgetti: Notre alliance ne peut vivre au point mort: elle verra la grêle et les faibles tomberont. » : « Le 5 juin, l’Italie entrera en procédure pour excès de déficit public, le sous-secrétaire indique que l’Italie ne se laissera pas faire. Par ailleurs, Giorgetti est revenu sur ses propos sur Giuseppe Conte : « le président du Conseil n’est pas au-dessus des partis, seul le Président de la République l’est. Conte est 5 étoiles et moi de la Ligue. » Mais après sa révélation de l’apathie du gouvernement, Giorgetti invite au changement : « si l’on ne change pas quelque chose, la situation risque de devenir révolutionnaire. » Quant aux résultats des élections européennes ? : « Si la Ligue arrive à 30%, je sors le champagne ».
ARTICLE, La Stampa, A. La Mattina : « Le tour de vis de Salvini ‘’après les élections tout change, Di Maio sera de plus en plus faible’’ » : « Les 5 Etoiles devront sérieusement se préparer à répondre aux requêtes que la Ligue présentera au prochain Conseil des ministres au lendemain des élections européennes : l’autonomie régionale, la flat tax, le décret sécurité-bis, les ports fermés, l’accélération sur la TAV et les procédures des travaux publics. Si les alliés veulent continuer à être alliés, ils n’auront qu’à mettre la signature sur ces requêtes. Plus il y aura de signatures, plus il y aura de possibilité que la majorité survive. Autrement, c’est la crise de gouvernement et des élections anticipés. Et ceux qui ont eu déjà deux mandats, comme Di Maio, resteront à la maison. Voici les raisonnements au sein de la Ligue. Le ministre de l’Intérieur prépare l’escalade mais il devra faire face au sentiment qui prévaut au sein de son parti : il n’y a pas un ministre, un vice-ministre ou un secrétaire d’Etat qui pense qu’il soit encore possible de gouverner avec les 5 Etoiles. Même le bras droit de Salvini, Fontana, partage le sentiment de Giorgetti : ‘’s’il n’y a pas la volonté de faire les choses, autant se le dire clairement’’. Les hommes de la Ligue assurent qu’il n’y a pas de divisions entre Salvini et Giorgetti : « il y en a un qui parle au ventre de l’Italie l’autre à sa tête ».
ARTICLE, La Stampa, I. Lombardo : « Casaleggio confirme la limite des deux mandats et amoindrit Di Maio » : « Les 5 Etoiles qui fréquentent régulièrement Davide Casaleggio assurent qu’il fonctionne ‘’comme un ordinateur’’, sur un programme binaire qui ne prend pas en considération les nuances de la politique, ni l’importance du timing des déclarations. C’est ainsi qu’il confirme au quotidien Le Monde ‘’la limite des deux mandats n’est pas modifiable’’. Or, cette loi des deux mandats affaiblit les 5 Etoiles dans la compétition contre la Ligue. C’est l’arme en plus dont dispose Salvini, celle qu’il pourrait utiliser pour déclencher une crise ou bien pour l’éviter, selon sa convenance. C’est une marge d’avantage indiscutable que Di Maio a bien à l’esprit. Casaleggio Jr garde son pouvoir sur le M5S, il est le garant des règles, c’est lui qui a en main les dons. Le logiciel informatique qui dirige le M5S est à lui. Le rôle de la plateforme Rousseau a des périmètres de plus en plus étendus, en échange Di Maio a obtenu le feu vert à la fameuse réorganisation du Mouvement à l’instar d’un parti, chose qui n’a pas encore vu le jour ».
ENTRETIEN de Giuliano Pisapia, ancien maire de Milan et candidat européen pour le Parti Démocrate : « ‘’ Jamais un accord avec le M5S de Di Maio ’’ » (La Repubblica) : « ‘‘ Il ne faut plus avoir une idée ‘’solitaire ‘’ de la politique, nous sommes Européens et il faut être plus ouverts et briser les chaînes des courants. Zingaretti est en train de le faire, il veut ouvrir le PD, c’était aussi ma proposition, sans succès, lors de dernières élections politiques qui ont eu le résultat catastrophique que nous connaissons. La coalition doit être large, il ne faut pas courir après le centre mais il faut être crédibles et compétents, parce que les formules politiques et les tactiques sont une illusion. La discussion sur une alliance avec le M5S est surréelle, les Cinq Etoiles sont au gouvernement avec la Ligue, sauvent Salvini et votent pour fermer Radio Radicale. Ils ne font que des polémiques stériles, dans cette législature aucun accord n’est possible ‘’ ».
ARTICLE Il Messaggero M. Conti « Le public glacial avec le gouvernement à l’assemblée de Confindustria – Déception face au manque d’indications concrètes sur comment relancer l’économie – Craintes de la Ligue à une potentielle alliance PD-M5S – Ovation à Mattarella » : « La chute des investissements publics, les mesures d’assistanat de la dernière loi de finances, l’absence d’une politique industrielle, la bagarre irresponsable qui a fait remonter le spread, le trou à boucher à hauteur de 32 milliards. Dernier appel au gouvernement lancé par Vincenza Boccia, président de la Confindustria. Les applaudissements nourris, debout, pour Mattarella montrent que les entrepreneurs sont inquiets. Conte et Di Maio sont plus en accord que Salvini sur ce que demande Boccia pour l’après-vote, et PD-M5S pourraient faire un pacte pour le développement, ce qui inquiète la Ligue. Ce serait inacceptable pour Salvini, qui même s’il a enlevé le mot ‘’nord’’ du symbole du parti, le gouverne justement grâce au rapport avec entreprises et professionnels – les mêmes qui ont applaudi Boccia hier et qui dimanche votent ».
(Traduction : ambassade de France)
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