13/05/2019
"Salvini :"le 26 mai sera un référendum.""
Italie. Revue de presse.
La campagne électorale fait les gros titres des médias transalpins. La presse écrite fait état d’un « règlement de comptes » entre les deux partis de majorité, chacun tentant d’avancer sur ses thèmes de prédilection en vue des prochaines élections européennes : « Le règlement de comptes au sein du gouvernement » - ‘’La course aux décrets avant le vote’’ (Corriere della Sera), « Le décret sur Rome et les déchets, le double défi de Salvini, qui évoque un ‘’référendum’’ » - ‘’Règlement de comptes au sein du gouvernement’’ (Il Messaggero), « Le M5S contre le conflit d’intérêt » (Fatto Quotidiano), « Elections européennes, pacte réseaux sociaux-007 contre les ‘’fake news’’ » - ‘’2,5 millions d’identifiants supprimés dont la moitié étaient proches de la Ligue et du M5S’’ (Il Mattino).
ARTICLE Corriere della Sera E. Buzzi « Mesures et venins » : « Avant les élections européennes, un Conseil des ministres sera convoqué. Les deux alliés se défient avec leurs batailles identitaires. Le règlement de compte au sein du gouvernement a une date précise : le 20 mai. Il s’agit du jour, décidé jeudi mais pas encore confirmé, du prochain Conseil des ministres, le seul et dernier avant les élections européennes. Ainsi, la table de réunion du gouvernement risque de se transformer en un dernier ring électoral. Un ring où les thématiques identitaires de la Ligue et du Mouvement 5 Etoiles seront les protagonistes. Salvini a déjà prévenu les siens lors de l’émission de la Rai 3, ½ ora in più : ses thèmes seront le décret sur la sécurité, l’autonomie et la réduction des impôts. Salvini a aussi rappelé que ‘’les relations changent si la parole donnée n’est pas maintenue’’. Or, ce sont trois sujets considérés comme sulfureux pour les 5 Etoiles. Pour son leader Di Maio, le salaire minimum reste la priorité, proposition que la Ligue a déjà écartée. Par ailleurs, Di Maio veut dépenser le milliard avancé du revenu de citoyenneté pour des mesures de soutien aux foyers. Di Maio étudie aussi la phase de « l’après élection » qui verra une évolution du Mouvement ‘’sur le plan de l’organisation et de la structure’’ ».
ARTICLE La Stampa I. Lombardo « Appels non répondus, Salvini snobe Di Maio et assure ‘’le 26 mai sera un référendum’’ » : « Le leader de la Ligue ne répond pas aux appels du collègue du Mouvement 5 Etoiles. Du coup, ce dernier attaque ‘’ce sera un défi entre ceux qui veulent les corrompus et ceux qui les chassent’’. Les ministres et les collaborateurs de la Ligue et du M5S l’ont dit pendant des mois ‘’tant que la relation entre Matteo et Luigi tient debout, le gouvernement ira de l’avant’’. Or, aujourd’hui Matteo et Luigi ne se saluent même pas. ‘’Cela fait une semaine que je demande une réunion du gouvernement pour parler de flat tax et de salaire minimum mais ils sont encore fâchés pour l’affaire Siri’’, se borne à dire le leader 5 Etoiles, sans dévoiler le coup de froid avec son allié de gouvernement. La campagne électorale est à son point le plus chaud et les deux leaders réussiront difficilement à se parler. La démission du Secrétaire d’Etat Siri risque de laisser une plaie qui pourrait ne plus se refermer. Les ministres 5 Etoiles ont été les témoins, à deux reprises, des hurlements de Salvini contre la ministre de la Défense Trenta (M5S). Conte a dû intervenir pour le calmer ».
COMMENTAIRE, Il Mattino, M. Calise: « L’opposition au sein des partis de gouvernement » : « Si ce gouvernement dépendait de Di Maio et de Salvini, il tiendrait longtemps. Comment pourraient-ils trouver une autre occasion de rester - en même temps - dans le gouvernement et dans l’opposition ? Salvini agit comme un Président du Conseil, et quelques fois, comme ministre de l’Intérieur et il passe la plupart de son temps à faire des ‘’ selfies ‘’ avec l’uniforme du moment ou à lancer des jeux de grattage. Di Maio, lui, s’est retrouvé entre les mains un Mouvement créé par Grillo uniquement parce que le fondateur était ‘’un peu fatigué‘’ et il est devenu, en deux jours, l’homme le plus puissant d’Italie. Il s’agit de 2 vice-présidents du Conseil qui savent bien que la situation actuelle, un pied dedans et l’autre dehors, est unique. Si cela ne tenait qu’à eux, ils ne feraient jamais sauter la prise et continueraient de hausser le ton, pour calmer les choses le jour d’après, en s’arrêtant toujours un mètre, ou un millimètre, avant le bord du gouffre. Ni les Cinq Etoiles, ni la Ligue, n’appartiennent à la catégorie du parti personnel, basé sur le contrôle absolu, inventé par Silvio Berlusconi. Mais cela n’a pas éliminé les systèmes historiques et les drapeaux auxquels les militants sont attachés. Les signaux d’intolérance de ceux qui voient dans l’accord entre les deux vice-présidents, l’illustration de la trahison se multiplient et la rupture la plus évidente est celle de l’aile la plus radicale du Mouvement, qui a obligé Di Maio de se durcir sur la démission de Siri. L’autre rupture est en cours à l’intérieur de la Ligue, de la part des administrateurs locaux qui ont remporté les municipalités, région après région, en modérant les polémiques anti-méridionales. Ce parti n’a rien à voir avec Matteo Salvini, il s’est développé indépendamment de lui. Les objectifs du contrat de gouvernement s’éloignent, les deux leaders sont encore très puissants mais ils devraient essayer de resserrer les rangs du contrôle interne s’ils ne veulent pas se retrouver comme Renzi ».
RETROSCENA (Coulisses), Il Mattino, V. Di Giacomo : « La tentation de Matteo : des élections anticipées si Forza Italia s’effondre » : « Le résultat de prochaines élections européennes définira sûrement le destin de l’exécutif ainsi que de l’alliance Ligue-M5S. Un élément décisif sera le résultat de Forza Italia parce que si le parti de Silvio Berlusconi s’effondrait (obtenant moins de 10 %), le leader de la Ligue pourrait s’emparer de tout, du gouvernement et de la droite. Plusieurs membres de premier plan de la Ligue (Giancarlo Giorgetti, Guglielmo Picchi, Edoardo Rixi) sont, depuis longtemps, les porte-parole du malaise au sein du parti et ont demandé plusieurs fois à Salvini de laisser tomber l’alliance avec les Cinq Etoiles. Un plan de Salvini est déjà prêt dans l’attente de décider s’il doit poursuivre l’alliance avec le Mouvement ou bien renouer les fils de l’alliance avec Berlusconi, mais la tentation du leader de la Ligue est d’organiser des élections anticipées si Forza Italia s’effondre ».
ENTRETIEN d’Antonio Tajani, Président du Parlement Européen et vice-Président Forza Italia, Il Messaggero « Des mesures sur les conflits d’intérêts ? Il ne sont plus contre Berlusconi, mais contre les nouveaux leaders » : « Salvini a compris que s’il veut donner à notre pays un tournant positif, ce dont nous avons vraiment besoin, il doit garder précieusement le soutien de « Forza Italia ». Et s’il veut donner vie à un gouvernement de centre droit, cela ne peut être qu’avec nous. En restant au gouvernement avec les « Cinq Etoiles », la Ligue se rend complice de toutes les erreurs et de tous les vices du gouvernement. Nous aurions besoin d’un exécutif ayant une vision homogène et cohérente de la politique économique. C’est-à-dire, un gouvernement de centre droit. La semaine prochaine, nous présenterons un projet de loi constitutionnel, visant à donner à Rome plus de force et plus de centralité. De plus, nous avons une série d’amendements à opposer au projet « Sauver Rome », afin de protéger la Capitale de notre Pays. Nous savons ce dont notre pays a besoin : moins de taxes sur les entreprises, le paiement des dettes anciennes de l’administration publique, l’investissement dans les infrastructures et d’une politique de croissance. »
ARTICLE, Il Messaggero, M. Ajello : « Les tensions à la RAI : en dépit du défi de la Ligue, Salini va de l’avant. Mais Fazio « perd » trois soirées. » : « Le conseiller d’administration de la Ligue a été hier très virulent, dans un entretien à ce journal, il a critiqué fortement les lenteurs des réformes de Salini, son omnipotence, ainsi que le nombre excessif de salariés et l’archaïsme de la RAI. Par ailleurs, depuis hier, le présentateur de l’émission Che tempo che fa perd trois soirées sur la Rai1. Sur les prochaines nominations, les confrontations croissent entre la Ligue et le M5S, en particulier sur la prochaine nomination du vice-président de Rai1. La Ligue, grâce à sa montée dans les sondages et sa possible victoire aux européennes, voudrait mettre davantage la main sur la RAI : il a réussi, comme vu précédemment, avec Fabio Fazio, considere comme le véritable bouc émissaire de Salvini. Il aimerait maintenant obtenir la démission de l’administrateur délégué Fabrizio Salini, proche du M5S, pour mettre à sa place un homme plus obséquieux. La possible victoire de la Ligue aux européennes pourrait transformer rapidement le visage des dirigeants et présentateurs de la RAI. »
ENTRETIEN d’Igor De Biasio, membre du Conseil d’administration de la RAI « L’impasse de la Rai est inacceptable, la confiance de l’AD Salini est arrivée au bout » : « Choisi par le gouvernement ‘’jaune-vert’’, il est surtout proche de la Ligue. Il a une expérience de manager. ‘’Il y a un enlisement culturel et dans la gouvernance de la Rai. Il y a des professionnels forts mais tous ne pas sont valorisés comme il le faudrait car il existe encore des privilèges et une caste interne. Aujourd’hui l’AD n’a pas changé la vieille politique de gestion du personnel. Quand nous sommes entrés, Foa (le Président) Salini (AD) et moi-même avions mis le même maillot : celui du changement. Or, Salini semble avoir changé de maillot, celui de l’immobilisme. Nous avons déterminé le cap, mais le capitaine n’a pas encore allumé les moteurs. Fabio Fazio ? Son contrat est absurde et il a été signé sous la précédente direction. Son maintien à la RAI ? D’après moi il devrait y avoir deux conditions : un salaire acceptable aux yeux des Italiens qui paient la redevance et qu’il parte sur une autre chaine, comme Rai Due ou Rai Tre’’ ».
ARTICLE, La Repubblica, M. Puccarello « Les « posts », l’équipe de communication et l’argent : ainsi la « Bestia » (la bête) oriente le vote » : « Luca Morisi, le chef de la communication sur les réseaux sociaux a toujours aimé les paroles simples et évocatrices : on lui doit le surnom de Salvini « Il Capitano », et la « Bestia » pour le système éditorial qui administre aujourd’hui les réseaux sociaux du leader de la Ligue (3.6 millions de « fans » Facebook, 1.4 millions sur Instagram, et 1.1 millions sur Twitter). L’objectif est ambitieux : guider, orienter le débat public. Aujourd’hui en Italie, seul un journal a plus de fans sur Facebook qu’eux : La Repubblica. Au sein de la « Bestia », le travail s’apparente à celui d’un quotidien : le verbe du « Capitano » est diffusé à intervalle régulier, en alternant entre photos, vidéos, directs, messages. Les réactions aux contenus sont également analysées, pour mieux cerner les messages qui fonctionnent, et ceux à éviter. Sur le plan de la communication, la Ligue et le M5S ont beaucoup en commun : « il y a une base commune entre nos électeurs, sur le plan de la communication », explique Luca Morisi. Pour tout le monde cette alliance semblait une hérésie, pas pour la « Bestia ». »
ARTICLE, Il Mattino, A. Calitri : « FB : des fake news et haine, 23 pages proches de Ligue – M5S fermées » : « A deux semaines des élections européennes, FB a fermé 23 pages de comptes et groupes, en bloquant des profils avec 2,4 millions de followers, pour lutter contre les fausses nouvelles et les contenus anti-migrants, anti-vaccins et antisémites. Plus de la moitié de ces pages soutenaient la Ligue et le M5S. Selon le porte-parole de FB, cette procédure, qui a eu lieu à la suite d’une plainte d’une ONG, servira à protéger l’intégrité des élections dans l’UE et dans le monde entier ».
ARTICLE, La Repubblica, A. di Cori : « Le Cardinal Konrad Krajewski réactive l’électricité dans un immeuble occupé. » : « Le cardinal a rétabli la lumière. En effet, depuis 6 jours, 450 personnes vivaient sans lumière, ni eau chaude, dans un immeuble occupé du centre de Rome. « Un geste d’humanité devant la détresse de ses personnes », explique la cardinal Krajewski, révélant avoir été en Pologne un électrotechnicien, avant d’entrer dans les ordres. Lundi dernier, sans aucun préavis, sur ordre du groupe Hera (entreprise publique dont relève le contrat de l’immeuble) l’interruption de l’électricité a été décidée. En cause, un retard de paiement de plus de 300.000 euros, contracté en 6 ans d’occupation. Le cardinal est arrivé sur les lieux, en expliquant avoir parlé au préfet, le priant de rétablir le courant. Il a cependant, au risque de poursuites judiciaires, il a pris l’entière responsabilité de ce geste, en laissant une carte à son nom sur le compteur. Le cardinal bénéficie du soutien du Vatican : « Un acte d’humanité. » Les occupants, quant à eux, mettent en avant la programmation de spectacles pour le remboursement des arriérés. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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