07/05/2019
"Environ 30% des Italiens décident s’ils vont voter et pour qui ils vont voter dans les quinze jours précédents le vote."
Italie. Revue de presse.
L’affaire de l’enquête sur le Secrétaire d’Etat de la Ligue A. Siri fait toujours les gros titres des médias transalpins dans la perspective du Conseil des ministres de mercredi qui devrait traiter de la question de son éventuelle démission : « Preuve de force sur l’affaire Siri, duel Ligue-M5S » (Corriere della Sera), « Siri, le jour du jugement prévu pour mercredi » (La Repubblica), « Siri, nouvelle enquête sur des achats d’immeubles douteux » (Il Messaggero), « Le Parquet de Milan enquête sur Siri » (Fatto Quotidiano).
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « Di Maio et Salvini et le risque d’un détachement de la réalité » : « S’il est vrai que les deux alliés de gouvernement ont décidé de se livrer bataille pour se partager le bassin d’électorat, il n’est pas dit que le résultat soit celui attendu. L’effet collatéral pourrait être celui d’un détachement de la réalité. Encore hier, le M5S et la Ligue se livraient bataille sur l’affaire Siri, donnant l’idée d’une majorité autoréférentielle qui se focalise uniquement sur la compétition électorale, oubliant ce qui est en train de se passer. Comme cela avait été fait avant eux par Renzi, Di Maio et Salvini ne s’intéressent qu’à leurs intérêts et leurs étendards alors que des évènements graves se déroulent dans le pays. Comme le drame de la petite Noemi blessée à Naples par un projectile de la Camorra. On assiste à un bras-de-fer qui a lieu alors que certaines mesures-clé tournent à vide : par exemple le décret ‘’débloque-chantiers’’. Sans un accord sur les chantiers à débloquer et quels commissaires à nommer, ces normes risquent la paralysie ».
RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, E. Buzzi : « Les soupçons du leader 5 Etoiles : Matteo veut la rupture, après les élections avec la droite » : « Une double ombre s’installe : celle du Conseil des ministres de demain, qui pourrait marquer un véritable tournant dans l’histoire de l’exécutif Ligue-M5S et celui – parallèle – des soupçons. Luigi Di Maio et les Cinq Etoiles sont en train de se convaincre que la position de Salvini et de la Ligue sur l’affaire Siri s’explique par des motivations qui vont au-delà de la question personnelle du Secrétaire d’Etat. Selon le Mouvement, le plan de Matteo Salvini est de faire tomber le gouvernement et de revenir avec Silvio Berlusconi, pour réorganiser des élections avec le « vieux centre droit », après une parenthèse technique pour la prochaine Loi de Finances ».
ARTICLE, Il Messaggero, A. Bassi et A. Gentili « Coupes des dépenses et réductions, le gouvernement prévoit déjà l’année 2020 » « J. Katainen, le vice-président de la Commission européenne, a utilisé des paroles prudentes en ce qui concerne Rome. En effet, la situation des comptes italiens ne s’est pas « nécessairement aggravée » d’après lui. La récession tant redoutée ne s’est pas encore réalisée, et elle ne se réalisera sans doute pas, selon les prévisions actuelles de Bruxelles. Si le gouvernement actuel réussit à résister aux crises qui secouent le Palazzo Chigi, au lendemain du vote du 26 mai, il sera alors l’heure du bilan. Pour le moment, l’heure est aux divisions : Salvini proclame l’efficacité qu’aurait immédiatement la flat tax tandis que Di Maio répète qu’il est contre cette taxe qui va servir exclusivement aux « riches ». C’est le schéma opposé sur le salaire minimum : Di Maio et les Cinq Etoiles s’empressent de faire passer cette décision de gouvernement tandis que les membres de la Ligue font obstacle. Mais les résultats électoraux nous indiqueront si c’est ce gouvernement qui décidera de la manœuvre économique à effectuer pour l’année prochaine. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Et en Europe, Salvini isolé par ses amis » : « A moins de trois semaines des élections européennes, le véritable nœud qui peut troubler le sommeil de Salvini est celui décrit par Tonia Mastrobuoni samedi dans La Repubblica, et souligné hier par La Stampa, à savoir l’entretien du Chancelier autrichien Kurz. Ni les populaires autrichiens, ni la CSU, alliée historique d’Angela Merkel, n’ont intérêt à soutenir l’Italien, qui est porteur de requêtes totalement déstabilisatrices pour ceux qui, au contraire, défendent l’équilibre politique dont le PPE constitue depuis des années l’épine dorsale. Les derniers mois, Salvini avait tenté une approche avec les Autrichiens et les Bavarois, en tant que ministre de l’Intérieur, mais les résultats avaient été négatifs. Cela a été un coup bas très dur pour le leader de la Ligue qui espérait construire une alternative à l’Europe franco-allemande, espoir qui n’a trouvé aucun allié. Pire encore, Kurz et les autres ont confirmé qu’il n’existe, au sein de la droite qui compte en Europe, aucune compréhension envers l’Italie endettée et stagnante. Et on en comprend la raison : les partis conservateurs du centre et du Nord de l’Europe ont des électeurs qui n’ont aucune intention de prendre en compte les problèmes des Italiens. En définitive, le cadre européen est hostile à la Ligue, même plus que prévu et le résultat électoral de Salvini aura une valeur nationale mais il sera sans influence à Bruxelles et à Strasbourg. C’est le facteur de faiblesse le plus important que Salvini doit affronter une sorte de cordon sanitaire que ses opposants européens, ainsi que certains de ses amis potentiels, ont étendu autour de lui. Salvini n’a pas beaucoup de choix : pour défendre le Secrétaire d’Etat Siri, il doit accorder un espace croissant aux Cinq Etoiles dans la campagne électorale. Laisser Siri démissionner avant que Conte ne le vire est maintenant la solution la moins chère en terme politique. C’est une défaite mais pas encore une débâcle ».
ARTICLE, La Stampa, A La Mattina : Salvini au chancelier autrichien : “Vous ne pouvez pas donner de leçons à l’Italie.” : « Le gouvernement italien n’a pas beaucoup d’amis à Bruxelles et dans les capitales européennes lorsqu’il faut parler de comptes publics et de politique migratoire. Le chancelier autrichien Kurz a mis en avant la rigueur que la nouvelle Commission devra mettre en place après les élections européennes. Il demandera plus de sanctions envers ceux qui ne respectent pas les règles sur la dette publique, ou permettent aux migrants d’aller d’un pays à l’autre. Encore de la rigueur et de l’austérité pour l’Italie, l’empêchant de faire ses propres choix, alors qu’en automne arrive l’élaboration de la loi de finances pour 2020. Mais Salvini le répète : l’Italie ne prendra de leçons de personne, pas plus du Fpö autrichien, de son ami Heinz-Christian Strache, avec lequel il forme un groupe de souverainistes au Parlement européen. Concernant les propos de Kurz, il souligne qu’il est membre du PPE, tout comme Merkel, et qu’il n’est donc pas son allié. Salvini souligne que les Etats membres de l’UE doivent être libres de leurs choix budgétaires, et de leur politique fiscale, et que l’Italie a par le passé trop donné pour d’autres Etats membres. Il souhaite que le PPE se dirige vers la droite, et trouve une alliance avec les souverainistes, comme en atteste sa récente rencontre avec Orban, membre du PPE. Les propos de Kurz gênent également les 5 étoiles qui les considèrent comme une ingérence et demandent des excuses aux italiens »
ENTRETIEN d’Alessandra Ghisleri, directrice d’Euromedia Research, Il Messaggero « Un électeur jaune-vert sur quatre est désorienté par la guerre entre les leaders. » « Les électeurs de la Ligue et des Cinq Etoiles ne cessent de faire cette demande : pourquoi les leaders ne vont pas dans la direction qu’ils avaient indiqué au début. Je serai probablement surprise des résultats des élections. En effet, environ 30% des Italiens décident s’ils vont voter et pour qui ils vont voter dans les quinze jours précédents le vote. Quant à l’influence de l’affaire Siri sur les électeurs, cela dépendra de l’évolution des évènements et du timing par rapport aux élections. En tous cas, les Italiens sont toujours très sévères face aux cas de corruption au sein du gouvernement, que cela soit vrai ou présumé. La force de ces deux partis est d’avoir donné une solution aux demandes des gens et d’avoir identifié un ennemi commun pour les électeurs. Mais ce mécanisme n’est pas facilement durable, après les élections ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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