03/08/2012
Union européenne, euro, BCE,...
« Le nœud de la politique : admettre qu’on aura besoin de Monti après 2013 » (Stefano Folli, Il Sole) : « Quand Mario Monti affirme que perdre la bataille du spread signifie ouvrir la porte à un gouvernement d’eurosceptiques, ou plus précisément d’ennemis de l’Europe, il est difficile de lui donner tort. Mais son analyse peut aussi être lue différemment : pour tenir face à la complexité du défi européen, il est indispensable que l’Italie ne fasse pas de sortie de route. Toute erreur ou faiblesse politique risque de se payer au prix fort. En cas d’échec au plan européen, le contrecoup interne favorisera les forces hostiles à l’euro. Beppe Grillo bien sûr, mais aussi tous ceux qui à droite ou à l’extrême gauche attendent le moment opportun pour lancer une offensive de type nationaliste ou même ‘localiste’. Chaque jour qui passe, la mosaïque politique se complique encore. Les nouvelles émanant des marchés demeurent très préoccupantes et la journée d’hier a confirmé toute l’incertitude de la situation. Monti a appuyé là où ça fait mal en commençant à aborder la question des prochaines élections, début 2013, lors desquelles se feront face ceux qui appuient sans ambigüité les efforts de l’exécutif et ceux qui misent sur l’effondrement de l’Europe et de la monnaie unique. Aussi nombreux que soient les partis en lice et aussi insatisfaisante que risque de se révéler la loi électorale en cours d’élaboration, le dilemme politique de ce scrutin sera simple : pour ou contre l’Europe telle que nous l’avons connue ces dernières décennies ; pour ou contre l’Italie dans l’Europe. D’où cette question : l’Italie peut-elle se passer de Monti au palais Chigi ? Impossible, à ce jour, de répondre ‘oui’ si l’on désire que l’Italie reste dans le cadre européen. Les chances de voir les élections de 2013 déboucher sur un gouvernement Monti seront d’autant plus fortes si voit le jour un mouvement (un ‘rassemblement’ à la française) capable de faire sien le défi européen et réclamant explicitement le maintien de Monti. C’est ainsi, au nom de la stabilité, que se dénouera le nœud politique. Et c’est aussi ce que les marchés demandent à l’Italie. »
« Pour Francfort, c’est un pas en avant » (Andrea Bonanni, la Repubblica) : « Les marchés qui ont réagi négativement à l’issue du conseil de la BCE ne semblent pas avoir saisi la portée des nouvelles annonces de Draghi. Le président de la BCE a fait deux pas en avant, mettant dos au mur les Allemands, mais aussi les Espagnols et les Italiens à qui il demande un engagement formel et substantiel qui les lie à la discipline budgétaire au-delà de l’avenir politique immédiat, avec en ligne de mire l’Italie et les incertitudes qui pèsent sur l’après-Monti. Sur l’irréversibilité de l’euro et la détermination à faire ‘tout ce qui sera nécessaire’ pour sauver la monnaie unique, Draghi a réussi obtenir l’unanimité du board et du Conseil des gouverneurs. Quant à la perspective d’une intervention de la BCE sur le marché des titres d’Etat afin de juguler le spread, seule la Bundesbank a exprimé des réserves. L’intervention pourra donc se faire, au moment et de la façon que la BCE jugera opportuns. Draghi a aussi obtenu de pouvoir utiliser des ‘moyens non conventionnels’, comme de nouvelles facilitations de crédit aux banques, qui sont en ce moment à l’étude et pourraient être mises en œuvre dans les semaines à venir. La BCE a aussi laissé entendre que son intervention sera conditionnée à l’activation du mécanisme anti-spread du FESF, puis du MES, et donc à l’acceptation de ses conditions. Il s’agit pour elle de s’assurer que les politiques d’assainissement budgétaire ne se verront pas remises en cause dans le futur, notamment dans des pays marqués comme l’Italie par une profonde incertitude sur l’avenir politique. Concrètement, les gouvernements des pays recourant au bouclier anti-spread s’engageront à respecter strictement la feuille de route fixée avec Bruxelles, notamment en soumettant leur projet de budget à l’aval de la Commission. Dans le cas contraire, ils s’exposeront à la suspension des interventions anti-spread, risquant ainsi le défaut de paiement. Draghi veut s’assurer qu’une fois sauvés, nous ne ferons pas de nouveau chavirer le navire européen par des comportements irresponsables. C’est précisément pour cela qu’il a hier reçu l’appui de la chancelière et des banquiers centraux du Nord. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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