Le dilemme de Maroni : simple épurateur ou refondateur de la Ligue ?

« Le dilemme de Maroni : simple épurateur ou refondateur de la Ligue ? » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) :  « Rosi Mauro est-elle un bouc émissaire ? Oui, car son expulsion, décidée avec l’abstention de Bossi et une voix contre (Reguzzoni), a servi un dessein politique : montrer que le pouvoir de R. Maroni se renforce au sein du parti. Il était nécessaire de donner au ‘peuple léghiste’ la sensation ‘physique’ que l’équilibre interne a changé. R. Mauro était un peu le symbole du fameux ‘cercle magique’, le petit groupe de courtisans qui décidait tout au sein de la Ligue et se cachait derrière le visage fatigué d’Umberto Bossi. Son expulsion et celle de l’improbable ex-trésorier Belsito font clairement comprendre que le cercle a implosé. Il était évident que tous suivraient le nouveau pouvoir émergent, trop faibles et déconcertés pour s’y opposer – comme Calderoli, membre du triumvirat provisoire et ancien homme fort de la période berlusconienne, sur lequel la magistrature est en train d’enquêter. Et maintenant que se passera-t-il ? Maroni avait promis de ‘faire le ménage’. Si l’ancien ministre de l’Intérieur emploie ce terme pour rebâtir de fond en comble la Ligue, éliminant en quelques mois la vieille direction et en se proposant comme nouveau monarque, il ne pourra pas s’arrêter à Mauro et à Belsito. Sans doute a-t-il commencé par ces deux noms pour aller bien au-delà, et on peut imaginer que le couperet maronien s’abattra tôt ou tard sur le jeune Bossi, puis sur Boni, président du conseil régional de Lombardie, puis sur Calderoli, etc. Dans une logique de survie, après vingt ans de pouvoir absolu de Bossi, son successeur doit faire sentir aux électeurs de base la même poigne de fer. Le ‘nettoyage’ devient source de légitimation pour Maroni, pourvu qu’il soit sérieux et qu’une nouvelle direction soit ainsi créée. Si tel est le cas, alors l’expulsion de R. Mauro sert à un dessein de pouvoir ambitieux et Maroni devra se montrer à la hauteur. Par contre, s’il s’agit juste de donner quelques noms en pâture aux sympathisants du parti pour apaiser leur mécontentement, laissant l’oligarchie intacte, il faudra s’attendre à une grande instabilité et à de mauvaises surprises au moment des élections. Maroni doit décider maintenant : simple épurateur ou véritable refondateur du mouvement, de son message politique et éventuellement du système des alliances ? Il est trop tôt pour le dire mais la réponse devra être rapide. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)