30/09/2010
Berlusconi a gagné et pourtant il a perdu.
« Il a gagné et pourtant, il a perdu » (Marcello Sorgi, La Stampa) : « Il n’est pas simple d’expliquer pourquoi Berlusconi a été vaincu alors qu’il a obtenu l’une des majorités les plus larges que l’on ait jamais vu à Montecitorio, 342 voix (275 non, 3 abstentions). La confiance que le président du Conseil a obtenue de la Chambre n’aurait pas été possible sans les votes déterminants des finiens et du MpA (Mouvement pour l’autonomie), le mouvement autonomiste du gouverneur sicilien Lombardo. On le sait, Berlusconi est un chat aux sept vies et ces seize dernières années, l’après-Berlusconi a été trop souvent annoncé sans jamais commencer. Toutefois, il est difficile de croire que celui qui le tient désormais ne soit pas tenté de fermer le robinet d’oxygène d’un chef de gouvernement qui a ces derniers mois été décrit comme un tyran, un despote habitué à balayer par la menace, la censure et l’expulsion, non pas les désaccords mais toute discussion au sein de son parti. De quelque point de vue que l’on se place, en effet, le diagnostic est alarmant pour Berlusconi : comme tous les grands malades, le gouvernement peut résister encore un peu, si Fini décide de cuisiner à feu doux son ex-allié devenu son persécuteur, de manger froid, de façon classique, le plat de sa vengeance. Mais il peut tomber rapidement, par exemple sur la motion de confiance contre Bossi, ou parce que Bossi lui-même décidera de se défiler. Tout est donc en mouvement et nombreux sont ceux qui veulent se libérer de Berlusconi, un peu trop peut-être, parce que le chat aux sept vies pourrait bien surprendre une fois encore. »
« Un ‘oui’ empoisonné » (Massimo Franco, Corriere della Sera) : « Berlusconi a obtenu du Parlement un feu vert plein de pièges car le gouvernement n’a plus de majorité autonome. Il dépend désormais des finiens, honnis, et du MpA de Lombardo, qui répond uniquement à des logiques méridionales. Si Bossi entrevoit des élections anticipées, Berlusconi, lui, les craint, comme le prouve la prudence de son discours. Pourtant les 342 voix emportées nous rapprochent dangereusement des urnes. On note la revanche parlementaire des rebelles finiens qui ont annoncé la naissance du nouveau parti Futur et Liberté. La division entre le Cavaliere et le Président de la Chambre est encore bien là. Le paradoxe est que Fini, voulant contraster l’axe du Nord, a fini par renforcer la Ligue, actionnaire principal de la majorité. Le masochisme du PdL risque de l’emporter sur la lucidité politique et sur les intérêts du pays. Fini, lui, pourrait démissionner de son poste de président de la Chambre pour mieux guider le combat contre ses ex-alliés. Le centre droit va mal et le fait que le centre gauche n’aille pas mieux ne peut guère le consoler. La majorité veut interrompre une spirale qui risque de porter la législature vers l’abîme. S’il n’existe pas d’alternative à cette majorité, le Cavaliere l’a lui-même reconnu : il faut voir maintenant s’il y a la volonté et la force de panser les blessures existantes ou si le processus est irréversible. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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