10/03/2025
"Les centres [pour migrants] en Albanie pourraient désormais être transformés en Centres de séjour pour les rapatriements."
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour portent sur l'Ukraine et les menaces de Musk de couper l'accès à StarLink « Ukraine, la menace de Musk » (Corriere della Sera), « Les menaces de Musk » (Repubblica), « Paix : Musk, la variable folle » (Stampa), « Kiev perd du terrain, Musk: « je ne coupe pas l'accès » » (Messaggero), « Musk : « si je coupe StarLink, Kiev tombe » » (Domani).
Le hashtag #Romania, au sujet du rejet de la candidature à la présidentielle de Calin Georgescu par la Commission électorale, fait tendance.
RearmEU. Messaggero : « Investissements pour les armes couverts par l’UE, le ministre italien de l’Economie prépare une proposition en vue de l’Ecofin, la réunion des ministres européens de l’Economie et des Finances’’. ‘’Les prochaines 24 heures seront décisives pour le maxi-plan à 800 milliards d’euros pour le réarmement de l’Europe. Aujourd’hui et demain, les 27 commenceront à discuter d’une réforme du Pacte de Stabilité, encore tout récent et qui devrait déjà être revu pour assouplir les contraintes budgétaires afin de permettre au Vieux Continent de construire la base d’une défense commune. Giancarlo Giorgetti (Ligue) présentera la proposition italienne, une troisième voie, sur le modèle d’InvestEU, pour investir dans l’armement en impliquant le secteur privé et en préservant les comptes publics. Avec un système de garanties qui reposeraient sur le budget de l’Union européenne. G. Giorgetti pourra entre autres compter sur un éventuel appui de l’Allemagne, maintenant que la victoire de F. Merz semble avoir rebattu les cartes. L’ancien Président du Conseil italien et ancien président de la Commission européenne Romano Prodi (PD), a déclaré que le réarmement de l’Europe était du reste ’une étape pour arriver à la défense commune, qu’il appelait de ses vœux’. L’impression est que désormais les tabous sont tombés et que plus Washington attaque, plus Bruxelles se prépare. Reste à affronter la bataille sur laquelle insiste fortement Paris, celle des ‘achats européens’, appuyée par von der Leyen alors que certains pays traditionnellement liés aux Etats-Unis comme l’Allemagne, les Pays-Bas et l’Italie tempèrent jusqu’à présent le chauvinisme français. A Rome, l’industrie de la Défense (c’est-à-dire Leonardo) repose beaucoup sur les composants américains. » Repubblica : « Sur ordre du ministre de la Défense Guido Crosetto (Frères d’Italie), le chef d’Etat-Major élabore un « plan de sécurité nationale » qui devrait être soumis au Parlement d’ici la fin de l’été. Objectifs : augmenter les effectifs des forces armées italiennes de 30 000 à 40 000 hommes, moderniser la logistique et accélérer la construction d’infrastructures militaires via des procédures transparentes et adaptées aux nouvelles menaces. Bénéficiant d’un soutien unanime au sein de la majorité, Crosetto plaide pour un « changement de modèle » intégrant tous les aspects de la défense nationale. Avant les sommets de Paris convoqués par Emmanuel Macron demain et mercredi, le ministre de la Défense doit rencontrer Giorgia Meloni, qui, bien que silencieuse, n’aurait pas apprécié les déclarations de Musk sur une sortie des États-Unis de l’OTAN, qualifiées en privé d’ « erreur ». En parallèle, Rome marque une discrète prise de distance avec Washington en maintenant le partage de renseignements avec l’Ukraine malgré l’interruption américaine. ». Corriere della Sera : « Après P. Gentiloni et E. Letta, c’est le tour de R. Prodi de soutenir le plan européen de réarmement, contrairement à E. Schlein. Un autre ténor se démarque ainsi de la posture de la secrétaire du PD, un parti de plus en plus divisé. Plusieurs au sein du parti ne veulent pas suivre leur secrétaire. Le courant minoritaire craint de voir le PD isolé en Europe. La gêne s’étend aussi au courant le plus modéré. Bonaccini a perdu son emprise sur ce courant, désormais dirigé par Alfieri et Guerini ». Corriere della Sera : « Selon le dirigeant 5 Etoiles G. Conte « le plan UE risque de nous embarquer dans une guerre » et annonce que le groupe parlementaire du M5S protestera à Strasbourg contre le plan de von der Leyen. C’est « une erreur », selon Conte d’évoquer le Next Generation EU pour les dépenses militaires, « cela était conçu pour les jeunes et pas pour l’achat d’armes ». Toujours selon Conte, le pacifisme de Salvini n’est qu’une stratégie de repli. Enfin Conte se prononce sur la posture du PD ‘’Je salue les critiques de Schlein sur le réarmement conçu par la Commission’’
Immigration. Messaggero : « Les centres [pour migrants] en Albanie pourraient désormais être transformés en Centres de séjour pour les rapatriements (CPR). L’hypothèse d’un décret est de nouveau sur la table. Ce qui est sûr, c’est que Giorgia Meloni a reçu l’appui européen et qu’elle ne peut pas gâcher cette opportunité. La Présidente de la Commission U. von der Leyen a annoncé pour mardi un nouveau plan pour le rapatriement des migrants clandestins, laissant présager d’un durcissement des règles à tous les niveaux, facilitant notamment les expulsions. Le paquet de mesures devrait aussi inclure les centres de rapatriements installés en pays tiers, où envoyer les migrants clandestins dont la demande de protection internationale a été rejetée. La fonction des centres italiens en Albanie pourrait donc évoluer en ce sens, alors qu’ils étaient initialement prévus pour la rétention de migrants dans l’attente de l’examen de leur demande d’asile. Un décret léger pour transformer la fonction initiale de ces hotspots seraient déjà prêt au ministère de l’Intérieur, que Giorgia Meloni pourrait décider de présenter, évitant ainsi de devoir obtenir la validation des juges qui bloquent jusqu’à présent la rétention. ‘Une main tendue arrive de Bruxelles que Giorgia Meloni ne pourra certainement pas ignorer’ commentent des sources proches de la Présidente du Conseil, ce qui impliquerait de modifier le Protocole entre Rome et Tirana. Giorgia Meloni aura toutefois besoin de l’accord du Président albanais qui tend à éviter le sujet à deux mois des élections en Albanie. La liste des pays tiers jugés sûrs attendue au printemps sera un autre point d’appui important et pourrait être annoncée avant que la Cour de Justice ne rende son verdict. »
StarLink. La Stampa : « Le Président italien Sergio Mattarella érige un mur contre le Tycoon. La pression augmente pour un accord avec sur les satellites [Starlink]. Monsieur Tesla, Elon Musk, a demandé un rendez-vous avec le Président italien car il craint que l’accord soit finalement écarté. Mais Matteo Salvini insiste, il faudrait selon lui signer d’ici demain matin. Le gouvernement italien se trouve dans l’embarras. Toutefois, c’est le Chef de l’Etat italien qui préside le Conseil suprême de Défense et qui a le dernier mot en la matière, or la Présidence de la République a des doutes concernant le comportement d’Elon Musk et sur un possible conflit d’intérêts. ». Repubblica : « Si Matteo Salvini critique Musk sur l’OTAN – ‘’il a tort, l’alliance transatlantique est fondamentale pour garantir la paix’’ –, il continue néanmoins de plaider pour un contrat entre l’Italie et StarLink, estimant qu’il en va de ‘’l’amélioration de la sécurité nationale’’. Une position jugée « déséquilibrée » par le reste de l’exécutif, qui explore d’autres options, notamment Eutelsat, avec qui il a eu des « pourparlers ». Giorgia Meloni, prudente, freine sur Musk, tandis qu’au sein de Fratelli d’Italia, même les plus enclins à traiter avec lui évaluent désormais des alternatives, jugeant « impossible » de confier la sécurité nationale au tycoon sud-africain après ses récentes déclarations. Le problème : l’UE n’a pas encore d’alternative prête. L’opposition en profite pour attaquer Meloni sur les risques pesant sur la loi récemment approuvée sur l’économie de l’espace, accusant le gouvernement de « se faire dicter sa ligne sur l’espace par Musk » (Schlein, PD), qui utiliserait Starlink comme « arme de chantage » (Ruffino, Azione) afin de « piéger l’Italie » (Magi, +Europa). »
Les droits de douane. Il Foglio : « Meloni et Trump, un conflit d’intérêt national ». « La droite italienne (et européenne) se retrouve dans une situation impossible. D’une part, elle est écrasée par les positions du président américain, avec qui elle partage l’appartenance à la même famille politique. D’autre part, il est évident que les politiques de la Maison Blanche ne peuvent que nous nuire. Ne pouvant pas abandonner Trump ni s’aligner, la présidente du Conseil devra chercher de manière continue un équilibre. Les conséquences des droits commerciaux américains s’opposent à notre intérêt national. Meloni a tout intérêt à éviter cela et ne peut pas se tirer d’affaire en mettant en avant uniquement son rapport personnel avec Trump : il est insensible à ce genre d’attitude. »
Corriere della Sera, Antonio Tajani (Forza Italia), ministre des Affaires Etrangères : « La défense, ce n'est pas seulement des chars et des canons. C'est la cybersécurité, c'est la lutte par le biais de partage d’information entre services de renseignement et pas seulement la lutte contre le trafic d'armes, l'immigration clandestine, la criminalité sur le territoire et l'aide en cas de catastrophe naturelle. La défense, ce sont des missions de maintien de la paix et de protection de nos exportations. Nous devons impérativement aller vers une dépense de défense de 2 % du PIB, en séparant cette dépense du pacte de stabilité. Nous devrons utiliser un mécanisme similaire au Fonds de relance, dont nous n'avons pas l'intention de détourner les fonds. […] Quant aux propos de Salvini sur le Président Français, ce dernier n’est pas « fou », il a ses positions qui ne sont pas les nôtres. En tant que ministre des affaires étrangères je ne me permettrai pas de qualifier avec ce ton quelqu’un qui a une position différente par rapport à la mienne. Et surtout j’ai tout mon respect pour le Chef d’Etat d’un pays ami. Nous espérons que ce que prévoit Macron ne soit pas nécessaire car nous pensons, à l’instar de Zelensky, que la guerre peut finir d’ici la fin de l’année. Nous avons d’autres fronts ouverts et nous devons œuvrer pour un traité de paix qui soit juste, qui voit l’Europe comme protagoniste et qui respecte la position de l’Ukraine. Nos militaires n’iront pas au front en Ukraine, ni sous une mission OTAN et encore moins sous une mission européenne. En revanche, une mission sous l’égide ONU serait autre chose, il s’agirait d’une mission pouvant faire de force d’interposition une fois arrivés à la paix. Concernant StarLink et E. Musk, il faut distinguer les propos de propagande des faits et garder son sang-froid. Au G7 au Canada je rencontrerai mon homologue Rubio et je le ferai avec un esprit d’amitié et de confrontation constructive. Entretemps, j’œuvrerai pour tenter de relier un rapport solide entre l’Europe et les Etats-Unis ».
Il Foglio, Matteo Piantedosi (indépendant), ministre de l’Intérieur : « Nous reconnaissons, en tant qu'Europe, que le monde change et que nous devons marquer notre autosuffisance par rapport à l'Amérique. Au-delà du terme de réarmement ou de défense commune, je ne vois pas le plan d'une manière idéologiquement négative. Au contraire, la paix peut être atteinte aussi de cette manière. La rencontre entre Trump et Zelensky dans le Bureau Ovale n’a pas été un beau spectacle dans un moment où c’est la diplomatie qui doit être privilégiée. Notre atlantisme est lié à un système de valeurs non négociables. Les attaques russes, que ce soit par le biais de propagande ou de cyberattaques ou économiques, m’inquiètent. Raison pour laquelle, quand on parle de réarmement, il s’agit d’une chose bien plus complexe. Concernant l’immigration et notamment sur le plan albanais, ceux qui ont parié sur l'échec de ce projet sont appelés à changer d'avis précisément parce que la législation européenne sur les pays sûrs et les retours rapides va dans ce sens. L’Italie s’est activée avant les autres et a conditionné voire accélérer le débat en Europe sur la migration. Quant à ce qu’a dit la Cassation au sujet du fait que le gouvernement doive dédommager les migrants sur le navire « Diciotti », il faut respecter les décisions des juges mais il est aussi possible de les commenter et je peux dire que je ne partage absolument pas cette vision, connaissant bien la complexité du dossier ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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