07/03/2025
"Réarmement, le oui de Meloni."
Italie. Revue de presse.
Les Unes du jour portent sur le Sommet européen d'hier à Bruxelles « Europe, feu vert au plan de réarmement » (Corriere della Sera), « Réarmement, le oui de Meloni » (Repubblica), « Ukraine, Meloni ouvre la porte à Macron » (Stampa), « Défense UE, des dépenses décorrélées » (Messaggero), « Pour la défense un enjeu à hauteur de 30-35 milliards » (Sole 24 Ore), « Une paix en défense » (Avvenire).
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, l’état de santé du Pape François, les déclarations du Président Sergio Mattarella sur la paix en Ukraine et le plan de défense européen, et les positions de la majorité et de l’opposition sur le réarmement européen.
Le plan de réarmement européen. Corriere della Sera : « C’est le sommet du tournant, avec et malgré Orban. L’accélération sur la défense commune et le réarmement présenté par la Présidente de la Commission Européennes a vu le soutien des Vingt-sept, ouvrant la voie aux 800 milliards d’euros d’investissements dans les 4 prochaines années et l’assouplissement des règles sur le budget et sur l’endettement afin de permettre aux pays membres de dépenser davantage pour la défense ». Sole 24 Ore : « Après des décennies de doutes et d'incertitudes, l'Europe se rend à l'idée de devoir assumer le fardeau de sa propre sécurité, en concevant une architecture de défense sans les États-Unis. Au-delà de la question du réarmement, l'Union européenne ne part pas de zéro. Ces dernières années, des organes de coordination ont vu le jour au niveau militaire. Reste l'inconnue d'une chaîne de commandement à la fois politiquement légitime et opérationnellement efficace. » Repubblica : « Rome encaisse le découplage des dépenses militaires du pacte de stabilité, un point sur lequel le Palais Chigi se battait depuis longtemps. Mais pas seulement : notre Défense participera au sommet des chefs d’état-major convoqué mardi à Paris par Emmanuel Macron. Il y aura le général Luciano Portolano. La réunion, a fait savoir l’Élysée, concernerait l’éventuel « déploiement de forces européennes » en Ukraine. Option sur laquelle Meloni a encore exprimé hier soir « beaucoup de perplexités, un autre chose serait une mission ONU », mais pas au point de faire déserter nos plus hauts gradés de la réunion parisienne. »
Le positionnement italien. Sole 24 Ore : « La proposition de la Commission, qui vise une augmentation moyenne des dépenses de défense de l'ordre de 1,5 % du PIB de chaque pays, pourrait coûter à l'Italie entre 30 et 35 milliards d'euros. Dans le paquet soumis hier au Conseil européen, il y a aussi la partie des ressources communes, qui pourrait représenter pour Rome jusqu'à 18 milliards : des prêts, qui doivent également être remboursés. Des chiffres importants pour un pays très endetté, qui expliquent la mise en garde du ministre Giorgetti (Ligue) : « avant les chiffres et les paramètres, c'est l'idée qui compte, il faut des plans précis ». Dans le paquet soumis hier au Conseil européen, il y a aussi la partie des ressources communes, qui pourrait se baser sur les presque 100 milliards non consommés du PNRR et s'étendre à 150 milliards avec l'aide de nouvelles émissions. Dans ce contexte, suivant les clés de répartition des contributions au budget de l'UE proportionnelles au poids économique de chaque État membre, l'Italie pourrait se voir attribuer une tranche d'environ 18 milliards : mais il s'agit toujours de prêts, qui doivent être remboursés ». Repubblica : « les garanties demandées par Rome, évitent, selon les convictions du Palais Chigi et du ministère de l’Economie, que la course aux armements aboutisse finalement à des comptes séparés entre les pays de l'UE. La crainte est que l'Italie soit obligée de payer plus que les autres en raison d'un endettement déjà élevé. C'est pourquoi la présidente du Conseil parle de « risques liés à la dette ». Et pour les mêmes raisons, les célébrations de la séparation des dépenses et du déficit ne peuvent pas être considérées comme suffisantes ». Messaggero : « « Lorsque des pays comme le nôtre abordent la question de la dette », remarque G. Meloni « il y a des risques qui doivent être pris en compte ». Il peut s'agir de problèmes de réputation ou de simple durabilité. C'est pourquoi, lors du sommet, Mme Meloni a proposé une autre option : une éventuelle garantie européenne pour les investissements en matière de défense, sur le modèle d'InvestEu, dans le but de ne pas faire retomber le poids sur les budgets nationaux. « Nous travaillons sur une proposition qui sera présentée par le ministre Giorgetti à l'Ecofin mardi », a annoncé la Présidente du Conseil. Une alternative, donc, au fameux système d'euro-obligations cher à Bruxelles ». Corriere della Sera « Rome, opposée à l’usage des fonds de cohésion pour le réarmement, a toutefois accepté qu’il reste facultatif, permettant aux États frontaliers de la Russie d’y recourir. En contrepartie, le gouvernement italien devra obtenir que investissements dans le cadre de ce plan soient comptabilisés dans les dépenses de défense de l’OTAN via un mécanisme de reconnaissance quasi automatique. G. Meloni a réitéré son opposition à l’envoi d’un contingent européen en Ukraine, tout en plaidant pour une extension à l’Ukraine de l’article 5 de l’OTAN, qu’elle juge « plus efficace et moins complexe », l’Alliance restant selon elle « la meilleure garantie de sécurité stable et durable » pour Kiev. »
Décret législatif sur l’Espace. La Stampa : « La Chambre des députés a approuvé le projet de loi sur l’économie de l’espace, qui passe désormais au Sénat. Outre un fonds de 35 milliards d’euros et des mesures de soutien aux startups, le texte ouvre l’industrie aérospatiale italienne aux acteurs privés non européens, sous le contrôle de l’Agence Spatiale Européenne, qui pourra révoquer leurs autorisations en cas de violations. L’opposition dénonce un « cadeau à Musk », pressenti comme principal fournisseur du réseau de satellites destiné à une « réserve de capacité de transmission » prévue par l’article 25 de la loi. « Ils se disent souverainistes, mais vendent la souveraineté technologique et la sécurité nationale », critiquent PD, Avs et M5S. Toutefois, Musk fait face à une concurrence accrue : le projet européen Iris 2 -prévu pour 2030-, Jeff Bezos et plusieurs entreprises plus petites mais compétitives. La française Eutelsat, qui a racheté 650 satellites de OneWeb et négocie avec Bruxelles pour remplacer Starlink en Ukraine, aurait eu, selon sa PDG Eva Berneke, des « échanges très positifs » avec le gouvernement italien, ce dernier ayant pourtant démenti toute « négociation formelle ». Au sein de la majorité, La Ligue, complimentée publiquement par Musk, s’oppose à un éventuel accord avec Eutelsat, avançant la crainte d’une implication chinoise en raison des discussions de l’entreprise avec Pékin sur des plateformes de lancement de satellites. »
Corriere della Sera, Elly Schlein, secrétaire du Parti démocrate « Comme je l'ai également répété à Bruxelles aux socialistes européens, nous sommes convaincus qu'il faut aujourd'hui faire un bond en avant vers une défense européenne commune. Si cela n'est pas fait, hélas, c'est qu'il n'y a manifestement pas encore de volonté politique de la part des Etats. La défense commune doit être soutenue par des investissements communs réalisés avec la dette européenne, mais dans le cadre d'un plan global qui comporte également d'autres priorités. Le seul instrument qui semble aller dans le sens de ce que nous soutenons est un instrument similaire au SURE, car il finance des projets européens communs. Mais il s'agit de prêts et non d'investissements directs. De plus, c'est un instrument qui ne passe pas par le Parlement et qui sera donc difficile à améliorer. Tous les autres instruments, je pense à la flexibilité du pacte de stabilité ou à la demande de financement à la Banque européenne, doivent être conditionnés à des projets communs présentés par plusieurs pays, parce que sinon c'est le réarmement des 27 et, comme je l'ai dit aux dirigeants socialistes européens, ce n'est plus efficace, cela ne fait pas d'économies d'échelle, cela n'augmente pas l'interopérabilité et, donc, cela n'augmente pas la dissuasion »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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