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05/03/2025

"Sur les armes, le gouvernement italien est divisé."

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Italie. Revue de presse.

Les Unes du jour portent sur l'Ukraine ("Zelensky ouvre la porte à Trump après la dispute" Corriere della Sera, "Trump, la reddition de Zelensky" Stampa, "Zelensky se plie à la paix de Trump" Giornale), le plan de réarmement de l'Europe ("l'Europe se réarme" Repubblica, "Défense UE, le plan à 800 milliards (avec des eurobonds)" Messaggero) et les droits de douane entre les Etats-Unis et l’Europe ("L’effet droits de douane, les bourses plongent" Messaggero). 

Etats-Unis – Repubblica : ‘’Le secrétaire d’Etat américain JD Vance attaque La Repubblica sur les forces de maintien de la paix et dénonce une ‘reconstruction malhonnête’. ‘’Il n’est pas fréquent que le vice-président des États-Unis attaque publiquement un journaliste et un journal étrangers. Après la joute verbale vendredi dernier avec le président ukrainien V. Zelensky, il a nouveau fait irruption sur le devant de la scène, déclenchant une polémique au niveau international. Dans une interview sur Fox News, le vice-président américain a apparemment moqué l’engagement à mobiliser ‘20000 soldats envoyés [en Ukraine] par des pays au hasard qui n’ont jamais combattu une guerre depuis trente ou quarante ans’. Le correspondant à Londres de la Repubblica, Antonello Guerrera, a reposté sur X la séquence dans laquelle Vance dépréciait le possible rôle des troupes britanniques et françaises. Le bras droit de Trump a rapidement réagi en dénonçant une reconstruction des faits ‘absurdement malhonnête’ mais ses propos ont toutefois été interprétés de la même façon par la sphère politique britannique qui a réagi avec dédain. Travaillistes comme Conservateurs jugent ‘honteuse’ cette ‘insulte aux soldats morts au combat’ et il y a eu une vague de protestation sur les réseaux sociaux. Downing Street a préféré ne pas réagir pour l’instant. »

Repubblica : « Sur les armes, le gouvernement italien est divisé. Matteo Salvini dit non au paquet [d’aides militaires à l’Ukraine] et Giorgia Meloni réunit les leaders de la coalition. Le sommet s’est tenu au Palais Chigi au terme d’une journée marquée par de fortes tensions. Antonio Tajani (Forza Italia) pour sa part dit oui au plan d’U. von der Leyen. Le ministre de la Défense Guido Crosetto (Frères d'Italie) affirme que ‘la défense est une garantie de liberté". Pour A. Tajani, qui s’exprime en tant que ministre des Affaires étrangères et secrétaire de Forza Italia, ‘des avancées concrètes sont réalisées afin de construire une défense européenne indispensable’. Forza Italia revendique presque la parternité du plan d’U. von der Leyen : ‘C’était le rêve de De Gasperi et Berlusconi’. Matteo Salvini dit le contraire. Il ne loue pas seulement les actions du président américain, qui a suspendu l’aide à Kiev avant-hier, mais continue à taxer la commission UE et son programme pour la défense du continent de ‘belliciste’: ‘Von der Leyen veut réarmer l’Europe d’une puissance de feu de 800 milliards en laissant aux États la possibilité de produire de la dette pour acheter des armes. Est-ce la voie pour laisser à nos enfants un continent en paix ?’. On a déjà trop dépensé, selon Salvini, en armes ‘plutôt que pour la santé et les écoles’. »

Concernant les prises de position de l'opposition : "Elly Schlein, Giuseppe Conte et l’Alliance des Verts et de la Gauche (AVS) estiment qu’ ‘Ursula est sur la mauvaise voie’. Cette position commune resserre de fait l’axe M5S-PD qui s’était distendu dernièrement mais les éloigne des forces plus modérées du centre-gauche telles que Azione et +Europa qui défendent le plan de réarmement européen. Carlo Calenda dit se sentir beaucoup plus proche de la position de Forza Italia à ce sujet et s’interroge sur le sens du ‘camp large’ formé par les oppositions. La secrétaire démocrate a donc pris ses distances vis-à-vis de la Présidente de la Commission européenne : ‘ce n’est pas la stratégie qu’il faut à l’Europe ; l’UE a besoin d’une défense commune, pas d’un réarmement national’ jugeant ‘inacceptable’ l’utilisation pour cela les ‘fonds de cohésion’. L’aile réformiste du parti a tout de suite réagi, notamment la vice-présidente du Parlement européen Pina Picierno. A l’opposé, Giuseppe Conte attaque beaucoup plus durement que le PD le plan de réarmement qui ‘soustrait des fonds aux écoles et à la santé’ et le M5S ne participera pas à la manifestation du 15 mars pour l’Europe.’’

Stampa « Face au plan ambitieux d’investissements dans la défense présenté par Ursula von der Leyen, Giorgia Meloni adopte une posture prudente. Officiellement, elle prend le temps d’en analyser les détails, mais elle cherche aussi à ne pas approfondir le fossé avec son vice-président Matteo Salvini, qu’elle aurait recadré en privé en lui reprochant de lui compliquer la tâche. Sur X, son ministre de la Défense, Guido Crosetto (Frères d’Italie), attaque implicitement la Ligue « Ce n’est pas un sujet sur lequel on devrait chercher à gagner quelques points dans les sondages ». Le dilemme de Meloni transparaît dans les réactions de ses proches : alors que Nicola Procaccini (Frères d’Italie), affiche son enthousiasme en affirmant que « les dépenses militaires sont un moteur de développement », Carlo Fidanza (Frères d’Italie), se montre plus réservé en insistant sur la nécessité d’attendre les détails des mesures avant de se prononcer. L’Italie ne peut pas se soustraire à cette décision historique, mais Palazzo Chigi craint trois écueils majeurs. D’une part, l’exploitation du débat par l’opposition et la Ligue, qui pourraient accuser Meloni de privilégier la défense au détriment du social. D’autre part, l’impact de ces investissements sur la dette publique italienne. Enfin, le risque de voir la France bénéficier d’un avantage concurrentiel si le plan favorise l’achat d’armement européen, ce qui pourrait fragiliser les liens de l’Italie avec Trump et l’industrie de défense américaine. »

Messaggero : "Giorgia Meloni pose des limites sur les financements : on ne peut pas utiliser les fonds pour le Sud. Elle appelle Matteo Salvini et Antonio Tajani à faire désormais preuve d’unité. Lors du sommet convoqué par la Présidente du Conseil avec les alliés, elle clarifie la ligne et demande à ce que l’utilisation des fonds consacrés à la cohésion territoriale soit laissée à la discrétion de chaque pays, sur une base volontaire, après avoir échangé avec Bruxelles sur ce point. La leader tente une médiation entre les positions de ces deux alliés quant au plan européen’’. ‘’800 milliards d’euros et cinq leviers financiers pour permettre au Vieux Continent d’opérer un sursaut sur la défense après que les Etats-Unis aient sonné la cloche. L’enjeu est énorme, de même que les risques pour un pays appelé à des dépenses en armement alors que le secteur sanitaire tombe en ruine, l’école publique souffre et le montant des factures ne baissent pas."

Stampa: « Schlein se détache du S&D, malaise au sein du PD. Elly Schlein a exprimé ses doutes à Pedro Sánchez sur le plan de défense d’Ursula von der Leyen, au risque d’isoler son parti au sein du S&D, alors que Français, Allemands et Espagnols, avec quelques nuances, ne l’ont pas rejeté.  Au sein du PD, cette position divise. Un manifeste porté par Pina Picierno (vice-présidente du Parlement européen) et soutenu par des figures influentes, dont Lorenzo Guerini (ex-ministre de la Défense et président actuel du Copasir), plaide pour une approche plus pragmatique : « Le renforcement de la défense est inévitable, même si les fonds de cohésion ne doivent pas être touchés. Il faut un véritable saut européen » (Guerini). »

Droits de douane – Messaggero : « Le risque pour l'Italie "Les mesures adoptées pourraient peser pour 6 milliards d’euros sur le secteur automobile européen et les droits de douane généralisés qui entreraient en vigueur le 2 avril risquent d’entraîner une stagnation. D. Trump a annoncé l’introduction de nouveaux droits de douane qui frapperont directement l’Europe. Les secteurs les plus à risque, selon les analystes, sont une fois de plus l’automobile, la chimie et la pharmacie. L’Europe a un excédent de 157 milliards vis-à-vis des États-Unis. Pour l’Italie, l’Amérique est le deuxième partenaire commercial avec un excédent de 40 milliards. Selon le Centro Studi di Confindustria, l’estimation de l’impact des droits américains sur l’économie européenne et italienne n’est actuellement pas possible. Beaucoup dépendra de la façon dont ils seront effectivement mis en œuvre et des contre-mesures qui seront prises. Mais dans des situations similaires, dans les trois mois suivant l’introduction des tarifs, le commerce mondial a reculé de 10%. Selon Alessandro Terzulli, économiste en chef de la SACE, les nouveaux tarifs n’auront pas d’impact en 2025, mais pèseront dans les années suivantes entre 6,8 et 10 milliards d’euros pour l’Italie. En outre, dans un scénario de "guerre commerciale", l’année prochaine le pays pourrait entrer dans la stagnation économique. Selon plusieurs économistes, les conséquences pour l’Amérique seraient encore pires, car elle se retrouverait en récession dans un an."

Repubblica, Matteo Piantedosi (indépendant), ministre italien de l’Intérieur : ‘’Immigration, nous travaillons à l’ouverture de 5 nouveaux centres pour migrants en Italie et un nouveau centre de rétention pour les personnes en provenance de pays sûrs’’. ‘’Les centres en Albanie sont prêts à accueillir d'autres migrants et sont déjà organisés pour remplir davantage fonctions, une partie étant déjà dédiée aux CPR. Le fait d'avoir renvoyé la question du droit à la Cour de justice européenne ne peut que retarder leur entrée en fonction, qui aura lieu le plus tôt possible sous une forme ou sous une autre. Il faut regrouper les référendums lors d’un jour dédié (un ‘election day’)’’. ‘’Nous voulons faire coïncider ce jour avec les élections locales au printemps, notre but étant de favoriser la participation des citoyens au vote et de lutter contre l'abstentionnisme. Nous travaillons sur une mesure visant à permettre le vote sur deux jours’’. ‘’Nous souhaitons aussi que les dates des scrutins pour les régionales prévus à l’automne convergent vers une unique date’’. ’’Concernant l’affaire Paragon et l’espionnage de journalistes, les polémiques se basent sur la présomption qu’il s’agissait d’initiatives illégales, alors que les écoutes sont toujours mises en place par des autorités judiciaires’’. ‘’Concernant le sondage lancé par Andrea Stroppa, l’homme d’E. Musk en Italie, il est exclu que ce type de manœuvres puissent venir de la majorité, qui est composée de personnes intelligentes.’’

Corriere della Sera, Luca Zaia, président de la région Vénétie, membre de la Ligue : : « Les droits de douane sont un fléau, les Etats-Unis sont un partenaire essentiel pour nos entreprises. Le canal de dialogue entre Trump et Meloni est unique au sein des pays européens membres du G7 et très utile, mais aucun pays n’a la force négocier tout seul avec les Etats-Unis. En tant que marché le plus riche au monde, l’Europe doit ainsi faire bloc face à Trump, il faut construire un véritable axe États-Unis-UE. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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