07/03/2024
"La porte entrouverte à Meloni par le PPE et la place qu’il reste à Salvini."
Italie. Revue de presse.
Plusieurs sujets se partagent la Une ce matin : le missile russe lancé sur Odessa à 150 mètres du cortège présidentiel ukrainien : « Zelensky échappe à la mort » (Corriere della Sera), les résultats des primaires républicaines du « Super Tuesday » : « L’avalanche Trump » (Repubblica), les attaques houthies en Mer Rouge « Des missiles sur un navire grec, une Mer Rouge de sang » (Stampa), l’affaire du fichage de nombreuses personnalités par un agent de la garde des finances : « Le marché des fichages illégaux » (Messaggero), et enfin la crise humanitaire dans la Bande de Gaza : « Gaza sans trêve, ni eau ni nourriture » (Avvenire), « L’UE demande un corridor humanitaire pour Gaza » (Sole 24 Ore).
ARTICLE, T. Ciriaco, Repubblica, « Une campagne visant à attiser la peur à trois mois des élections européennes - L'appel à la mobilisation après le bras de fer avec le Quirinal - L'alerte autour des manifestations au printemps » : « La présidente du Conseil mêle la peur à une alerte - pour l'instant contenue, à vrai dire - et surveillée par le gouvernement. Elle suit la ligne de la fermeté malgré les appels du Quirinal à plus de prudence après les images de coups de matraques utilisées à Pise lors d’une manifestation. Mais Meloni s’appuie sur des indications qu’auraient donné les services de renseignement et le ministère de l’Intérieur, qui signalent que la guerre au Moyen-Orient pourrait être un détonateur potentiel autour de manifestations au printemps. C’est peut-être une recherche cynique d’accroitre sa popularité, en même temps que transparait une certaine inquiétude dans les paroles prononcées par Giorgia Meloni devant les syndicats de police. Elle a convoqué les représentants des agents pour montrer que la droite gouvernementale est de leur côté, après dix jours de polémique. Elle construit un message visant à rappeler quelle est la loi, message qu'elle entend porter lors des prochaines élections régionales et surtout dans la perspective des élections européennes. Mais elle pointe aussi un événement, un lieu et une date - le G7 des 14 et 15 juin dans les Pouilles - qui est depuis longtemps au centre de l’attention des services de renseignement et des responsables de l'ordre public. La crainte est que ce sommet risque, d'une manière ou d'une autre, de faire converger des mondes dissidents très éloignés les uns des autres - c'est du moins la thèse - avec des effets potentiellement imprévisibles. Meloni choisit de s'exposer sur un sujet cher à la droite, celui de la sécurité et du risque d'incidents. Et ce malgré l'appel du Quirinal, qui semblait aussi indiquer que les discours apaisants était la meilleure façon de faire baisser les tensions. Son activisme semble également en contradiction avec la position prise il y a quelques jours par Matteo Piantedosi (Indépendant), qui s'était présenté comme celui qui portait le discours du gouvernement dans son rapport avec les forces de l'ordre. On craint simplement de voir les groupes pro-palestiniens converger, et qu’avec les pacifistes et les forces politiques, des infiltrations d'anarchistes puissent avoir lieu. Tout cela pourrait se répercuter sur la réunion du G7 dans les Pouilles, où un plan extraordinaire de maintien de l'ordre public est en cours de préparation. Les indications fournies ces derniers jours par le Viminal sont toutefois beaucoup plus mesurées : l'objectif est de limiter autant que possible les risques potentiels liés aux manifestations. Cette approche s'accompagne de la protection des sites sensibles, mais dans tous les cas, elle réduit autant que possible la confrontation directe avec ceux qui manifestent. »
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini « La porte entrouverte à Meloni par le PPE et la place qu’il reste à Salvini » : « Si les élections dans les Abruzzes représentent aujourd’hui la priorité de la majorité, la perspective stratégique demeure néanmoins l’Europe. Hier, nous avons assisté à un moment important pour la Présidente du Conseil. Au congrès des Populaires européens tenu à Bucarest, on a observé un déplacement des positions vers la droite, avec une réécriture de certains sujets du moment : un souhait de freiner le pacte européen sur la transition verte et surtout sur les migrants. C’est une ambiance de plus en plus accueillante et cohérente, au sein du PPE, qui est en train de se développer pour des partis comme celui de Meloni. Par ailleurs, la nouvelle candidature de von der Leyen à la Commission Européenne en favorise le rapprochement voire, qui sait, une future entrée dans la famille des populaires. Les slogans sur les migrants, comme celui prononcé par le président du PPE Weber ‘’c’est à nous et pas aux passeurs de décider qui faire entrer en Europe’’, représentent une main tendue à Meloni qui voit une porte s’entrouvrir pour elle. Pour comprendre si le PPE est en train de faire une opération de rapprochement à droite ou de détachement des socialistes, il faudra attendre les résultats des élections européennes. Quel que soit ce résultat, il donne au PPE la possibilité de jouer les arbitres de la future majorité, voire d’imposer l’entrée de nouveaux amis, comme Meloni, que le PSE refuse catégoriquement. Si cela devait se concrétiser, nous aurions alors deux partis du gouvernement (Forza Italia et Frères d'Italie) au sein de la même famille européenne. La Ligue de Salvini serait alors isolée en Europe mais aussi à Rome. Bref, la Ligue reste l’épine dans le pied de Meloni avant et après les élections européennes. »
ARTICLE, Repubblica, « Un attentat s'est déroulé à 200 mètres des deux leaders. S'il les avait touchés, il y aurait eu un risque de réaction de l’Alliance. Un missile russe menace l'OTAN, Zelensky et le premier ministre grec. »
ARTICLE, M. Cremonesi, Corriere, « L'enthousiasme de la Ligue : « ‘’Une bouffée d'air frais’’ - Et Conte qui refuse de choisir [entre Biden et Trump] inquiète le Pd » - L'investiture de Trump et les partis italiens. Forza Italia : ‘’l'important, c'est la stabilité’’ » : « Sans surprise sensationnelle, Donald Trump défiera Joe Biden à l'élection présidentielle américaine. Pour certains, comme la Ligue, c'est une fête. Matteo Salvini se réjouissait hier : "En avant Trump, en avant le changement ! En 2024, il y aura du changement, aux États-Unis et en Europe". La Ligue considère comme injustifiée l'irritation ressentie par Fratelli d'Italia après les célébrations de Salvini pour Trump à la suite de la visite du Premier ministre Meloni chez Biden : cela a toujours été leur ligne. Il s'agit peut-être d'un paradoxe : les pro-Salvini regardent de l'autre côté de l'Atlantique, à la recherche de rivages qu'ils ne trouveront probablement pas en Europe, si leurs compagnons de route restent les mêmes. Mais Trump, s'il est élu, sera le président le plus "isolationniste" que l’on ait pu voir depuis longtemps. De l'autre côté de l'échiquier politique, les 5 étoiles hésitent. S'il est impossible d'oublier les vœux trumpiens pour '’Giuseppi’' [Conte] en 2019, il y a quelques jours, Conte a invité Meloni à faire un rapport au Parlement sur sa visite : elle irait à Washington ‘’pour recevoir de nouvelles instructions’’. Carlo Calenda (Azione), après la sortie de Conte, a explosé : ‘’Il a flirté avec Trump, Xi Jinping et Poutine s'indigne d'une rencontre avec le démocrate Biden’’. Giorgia Meloni a reçu un baiser sur le front du président américain qui a fait couler beaucoup d'encre. Pour Fabio Rampelli (Frères d'Italie) : ''C'est un témoignage d'estime et d'amitié du chef d'État de la nation la plus puissante du monde envers la présidente du Conseil italien. Il n’y a aucune gêne". »
Giorgia Meloni et Joe Biden
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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